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BOND, sir ROBERT, homme politique et gentleman-farmer, né le 25 février 1857 à St John’s, fils de John Bond, de Kingskerswell, Angleterre, et d’Elizabeth Parsons ; décédé célibataire le 16 mars 1927 à Whitbourne, Terre-Neuve.

John Bond travailla à Terre-Neuve pour Samuel Codner*, lui aussi de Kingskerswell, avant d’avoir sa propre entreprise à St John’s. En 1847, il épousa Elizabeth Parsons, avec qui il eut sept enfants. Robert, le sixième d’entre eux, étudia cinq ans à la St Andrew’s School de St John’s, puis un an à la General Protestant Academy. En avril 1872, il s’inscrivit à la Taunton Wesleyan Collegiate Institution à Somerset, en Angleterre. Deux mois plus tard, son père fut frappé de paralysie et mourut. En 1925, Robert Bond se remémorerait « la débâcle de 1872–1873 ». Néanmoins, il persévéra dans ses études. Il remporta un prix de chant solo et, à un moment donné, apprit le piano.

Dans son testament, John Bond prescrivait de liquider après son décès ses biens immobiliers et personnels à Terre-Neuve et d’investir le produit dans des titres portant intérêt. Elizabeth serait la première usufruitière, mais les enfants survivants reçurent aussi des legs. Robert ainsi que ses frères George John et Henry bénéficièrent de telles donations. En plus, George John et Robert figuraient à titre d’héritiers sur le testament de Henry et sur celui de leur cousin John Bussell Bond, de Montréal, qui aidait à gérer les affaires familiales. À la mort d’Elizabeth en 1900, l’usufruit du reliquat de la succession de son mari fut transmis à parts égales à George John et à Robert.

Le 10 avril 1874, la succession de John Bond avait été évaluée à 54 932,66 $. Au 14 juin 1886, elle détenait au crédit d’Elizabeth et de Robert (la moitié chacun) 200 actions de la Banque canadienne de commerce, 100 actions de la Banque du peuple et 19 actions de la Banque d’Ontario. De John Bussell Bond, Robert finit par recevoir 24 actions de la Banque de Montréal. En 1896, Elizabeth et Robert perdirent 7 062,50 $ à cause de la faillite de la Banque du peuple [V. Jacques Grenier*] et 2 974,68 $ dans la vente de leurs actions de la Banque d’Ontario. Malgré ces revers, Robert Bond fut riche durant toute sa vie d’adulte. Il possédait cet atout rare pour un homme politique sur la scène terre-neuvienne : l’indépendance financière.

Le 11 décembre 1874, Robert et Elizabeth Bond (à titre de garante) conclurent avec William Vallance Whiteway*, éminent avocat de St John’s, un contrat en vertu duquel Robert étudierait le droit auprès de lui durant cinq ans. Cependant, il ne fut pas reçu au barreau, pour des raisons de santé semble-t-il. Après un voyage en Europe en 1880 et une dizaine de semaines de camping sur le littoral ouest de Terre-Neuve l’année suivante, il entra en politique. Premier ministre depuis 1878, Whiteway lançait en 1881, conformément à sa politique progressiste, la construction d’un chemin de fer de St John’s à la baie de Halls. Au scrutin général du 6 novembre 1882, dont Whiteway sortit grand vainqueur, Bond, candidat gouvernemental, fut élu dans Trinity Bay. Le Parti conservateur de Whiteway était essentiellement protestant, mais avait noué une alliance à la Chambre d’assemblée avec les libéraux catholiques. Les principaux adversaires du gouvernement à l’époque étaient des marchands de St John’s qui s’opposaient à la construction du chemin de fer.

En 1884, le consortium qui avait obtenu le contrat de construction du chemin de fer fit faillite. L’année suivante, en tirant profit de l’émeute qui avait opposé des protestants et des catholiques à Harbour Grace en 1883, les marchands réussirent à priver Whiteway de ses appuis parmi les catholiques. À l’issue de ce réalignement, Bond succéda à Robert John Kent*, libéral bien en vue, à la présidence de la Chambre. Sa nomination eut lieu le 27 février 1885, deux jours après qu’il eut atteint l’âge de 28 ans. En octobre, on poussa Whiteway vers la sortie, et Robert Thorburn*, le nouveau premier ministre, lança un mot d’ordre carrément sectaire. Aux élections générales du 31 octobre, Thorburn remporta la victoire et Bond, candidat indépendant, fut élu dans Fortune Bay. Thorburn offrit la présidence de la nouvelle Chambre à Bond, qui la refusa parce qu’il « ne pouvait, en conscience, s’allier à un gouvernement sectaire ».

En février 1888, sur les instances de Bond et d’Alfred Bishop Morine* (qui était d’origine canadienne), Whiteway accepta de prendre la tête d’un nouveau parti. Bond en devint le secrétaire. Morine, lui, ne tarda pas à quitter cette formation, car sa combine en vue de faire entrer Terre-Neuve dans la Confédération y rencontrait des résistances. L’année précédente, le Parlement avait adopté un projet de loi présenté par Bond en faveur du scrutin secret. Les élections du 6 novembre 1889 seraient les premières à se tenir sous ce nouveau régime. Bond rédigea le manifeste du Parti libéral de Whiteway. Daté du 22 juin 1889, le document promettait de continuer la construction du chemin de fer et de mettre en valeur les richesses naturelles, mais rejetait la Confédération. Whiteway remporta le scrutin et Bond fut élu dans Trinity. Le 17 décembre 1889, il fut nommé secrétaire de la colonie dans le nouveau gouvernement.

Les années 1880 furent aussi une période très propice aux affaires de Bond. Le 18 février 1884, lui-même et Alexander McLellan Mackay* achetèrent une propriété de huit milles carrés à l’intérieur de la presqu’île d’Avalon. Près du centre de cette propriété se trouvait Harbour Grace Junction, relié par chemin de fer à St John’s depuis l’année précédente. En 1887, la propriété fut transférée à la Townships Timber and Land Company, dont Bond et Mackay étaient les principaux actionnaires. Bond fut élu président de cette société qui entendait « établir une municipalité, faire le commerce du bois d’œuvre et se départir des terres en les vendant à des colons sérieux ». Le plan de la municipalité fut conçu en 1887. À l’initiative de Bond, le Parlement adopta en mai 1889 une loi donnant à Harbour Grace Junction le nom de Whitbourne en l’honneur de sir Richard Whitbourne*, un des premiers promoteurs anglais de Terre-Neuve.

Whitbourne était la première localité située dans l’arrière-pays terre-neuvien, et Bond s’employa à en faire une communauté modèle. La compagnie exploitait une scierie au lac Junction. Bond bâtit près de Whitbourne une maison dont il se servit « comme d’un pavillon de chasse » avant de l’agrandir et d’en faire sa résidence permanente, The Grange. En 1903, après que la compagnie eut opté pour la liquidation, il acheta aux enchères tout le territoire de Whitbourne. Déjà, il avait quitté son domicile de St John’s – une ravissante maison néogothique de l’époque victorienne – et vivait à The Grange (où sa mère était décédée). Au fil des ans, il consacra beaucoup de temps, d’énergie et d’argent à l’exploitation et à l’embellissement du domaine. Située sur une colline, près d’un lac, The Grange offrait une vue imprenable. À cet endroit, Bond régnait sur tout ce qu’il embrassait du regard.

Depuis la fin des années 1870, Bond faisait également de la spéculation minière. Une part de la mine Colchester, sur le bras sud-ouest de la baie Green, lui appartenait. Le 15 décembre 1892, il obtint une concession à l’intérieur des terres, soit au nord-ouest du lac Georges et au sud de la baie des Îles. Au fil du temps, il dépensa 20 000 dollars pour mettre en valeur cette propriété où se trouvait un gisement d’amiante, mais son investissement ne lui rapporta jamais rien et il n’arriva jamais non plus à vendre la mine.

À titre de secrétaire de la colonie, Bond fut mêlé de près à l’interminable litige dont faisait l’objet la côte française de Terre-Neuve – cette bande de terre située le long du littoral nord et ouest où la France détenait des droits de pêche et de débarquement. En juillet 1890, il visita la région avec le député libéral George Henry Emerson, président de l’Assemblée. Ensuite, tous deux se rendirent en Angleterre où, en qualité de membres d’une délégation officielle avec Whiteway et Augustus William Harvey*, ils revendiquèrent la pleine autorité de Terre-Neuve sur son territoire. Leurs pressions à l’égard de la France ne donnèrent pas grand-chose, mais Whiteway parvint à convaincre les Britanniques de laisser la colonie négocier une entente de réciprocité avec les États-Unis.

Cette initiative s’inscrivait dans une histoire compliquée dont l’un des éléments était les droits de pêche accordés aux États-Unis par la convention anglo-américaine de 1818. L’interprétation des clauses sur ces droits avait donné lieu à plusieurs différends, qui avaient cependant été apaisés par certaines stipulations du traité de réciprocité de 1854 puis du traité de Washington en 1871. Jusqu’à ce que les États-Unis déclarent leur intention d’abroger ce dernier traité le 1er juillet 1885, Terre-Neuve n’avait pas contesté le principe de solidarité des gouvernements de l’Amérique du Nord britannique dans les négociations avec les Américains. Toutefois, le geste des États-Unis et ses répercussions diplomatiques encourageaient l’expérimentation. En permettant aux Terre-Neuviens de tâter le terrain à Washington, les Britanniques semblaient consentir à des changements.

Bond fut désigné pour représenter Terre-Neuve aux négociations. Le 7 octobre 1890, il rencontra à Washington le secrétaire d’État James Gillespie Blaine, après quoi il se rendit à New York, à Boston et à Gloucester au Massachusetts, afin d’expliquer la position de Terre-Neuve à divers groupes de gens d’affaires. Le 18 octobre, l’envoyé de la Grande-Bretagne aux États-Unis, sir Julian Pauncefote, soumit à Blaine un projet d’entente. Sur ce, Bond rentra à Terre-Neuve. On le rappela en novembre pour continuer les pourparlers. Déçu d’apprendre que Pauncefote n’était pas autorisé à signer le projet de traité, Bond reprit l’initiative et rencontra Blaine en privé à la mi-décembre. Ces échanges aboutirent à une entente qui, selon la déclaration ultérieure de Bond à l’Assemblée, « ne pouvait qu’être acceptable » même pour son « plus virulent adversaire […] dans l’île ». Bond retourna à Terre-Neuve enivré par le succès, mais il allait être déçu. Les autorités impériales décidèrent finalement de ne pas appliquer la convention Bond–Blaine parce que les pourparlers à Washington avaient été officieux et que le Canada n’avait pas été dûment consulté. En somme, le Canada put opposer son veto à une entente à laquelle Terre-Neuve tenait beaucoup.

Évidemment, les relations entre St John’s et Ottawa tournèrent à l’aigre. Au printemps de 1891, Terre-Neuve refusa de délivrer aux pêcheurs canadiens des permis pour acheter de l’appât, à la suite de quoi les deux parties exercèrent une série de représailles. Le 25 juin, tandis que ce duel se poursuivait, Bond fit part à Whiteway de ses réflexions concernant l’avenir de la colonie. Qu’adviendrait-il à long terme, étant donné que les revenus publics baissaient et que les habitants s’exilaient ? La solution privilégiée par Bond était la réciprocité avec les États-Unis « indépendamment des Canadiens ». Si la chose ne pouvait se réaliser, Terre-Neuve devrait demander une garantie financière aux autorités impériales, mais, précisait-il, « sans que nous soyons tenus de leur céder la direction de nos affaires ». Autrement, le seul recours était la Confédération. Vu la conjoncture, Terre-Neuve avait des chances d’obtenir des conditions intéressantes. La menace de la réciprocité pouvait « servir de levier », à l’instar de l’interruption de l’approvisionnement en appât, qui causait déjà « une perte considérable » au Canada. Dans le scénario de Bond, la négociation des conditions de l’union par Whiteway serait suivie d’un référendum à Terre-Neuve.

L’entrée de la colonie dans la Confédération deviendrait un sujet d’actualité, mais dans des circonstances tout à fait différentes de celles imaginées par Bond. Entre-temps, du 9 au 15 novembre 1892, Terre-Neuve et le Canada tinrent une conférence à Halifax en vue de résoudre leurs différends. Terre-Neuve était représentée par Whiteway, Bond et Harvey, et le Canada, par Mackenzie Bowell*, Joseph-Adolphe Chapleau* et sir John Sparrow David Thompson*. Les délégués examinèrent diverses propositions sans que rien de concret n’en ressorte. Après, Terre-Neuve continua de presser le gouvernement impérial de mener à terme la convention Bond–Blaine.

Le 29 juillet 1893, à l’issue de plusieurs mois de réflexion, de maladie et de déception grandissante devant l’attitude de Whiteway (particulièrement à propos de la question de la côte française, sur laquelle il le trouvait trop porté au compromis), Bond présenta une lettre de démission. Toutefois, il décida finalement de rester en poste. Aux élections du 6 novembre 1893, il remporta de nouveau la victoire dans Trinity et le gouvernement recueillit une majorité de 13 sièges, ce qui semblait confortable. Puis, le 6 janvier 1894, sur l’initiative de Morine, les conservateurs déposèrent à la Cour suprême une plainte contre Whiteway, Bond et 15 autres libéraux pour malversations commises à l’encontre du Controverted Election Act de 1887. Dans le premier procès, le juge, sir James Spearman Winter*, conclut qu’il y avait eu dépenses de fonds publics sans les autorisations exigées. Les deux députés en cause furent privés de leur siège et déchus de leur mandat. Craignant que l’appareil judiciaire ne gruge sa majorité, Whiteway fit part au gouverneur, sir John Terence Nicholls O’Brien*, de son intention d’agir au nom de ceux qui étaient touchés par le litige. Comme le gouverneur refusait de coopérer, Whiteway démissionna. Le 14 avril, Augustus Frederick Goodridge forma un gouvernement tory minoritaire. Les poursuites judiciaires continuèrent et, le 25 juillet 1894, Whiteway et Bond furent invalidés à leur tour.

Cette crise fut suivie en décembre 1894 par la faillite des deux principales banques de la colonie, la Commercial Bank of Newfoundland et la Union Bank of Newfoundland. Les investisseurs et financiers étrangers avaient perdu confiance en l’économie locale, et les administrateurs des banques subissaient les conséquences de leur mauvaise gestion [V. James Goodfellow*]. La seule autre institution financière de St John’s, la Newfoundland Savings Bank, se trouvait aussi dans une position précaire, car elle avait immobilisé son actif dans des titres invendables – des débentures coloniales et des billets des banques en faillite.

Comme la ruine guettait même le gouvernement, Goodridge demanda une aide financière aux autorités impériales. Voyant qu’aucun secours ne viendrait de ce côté, il démissionna. Le 13 décembre 1894, un gouvernement libéral se forma sous la direction de Daniel Joseph Greene. Sans délai, Greene fit adopter une loi qui levait les interdictions imposées aux députés privés de leur siège, après quoi il tira sa révérence. Ces manœuvres ouvrirent la voie à Whiteway, qui reprit le fauteuil de premier ministre le 8 février 1895. Bond retrouva son poste de secrétaire de la colonie le même jour et, à compter du 25 avril 1895, il siégea au Conseil législatif. Il retournerait à l’Assemblée après avoir été élu sans opposition dans Twillingate à un scrutin complémentaire le 26 septembre 1895. Il représenterait ce district jusqu’à la fin de sa carrière politique.

Bien que la situation n’ait pas été rose, Whiteway et Bond refusèrent la condition imposée par le gouvernement impérial en retour d’une aide financière, soit une commission royale d’enquête. À la place, ils entreprirent de nouvelles démarches auprès du Canada pour savoir à quelles conditions Terre-Neuve pourrait entrer dans la Confédération. Comme Whiteway avait des problèmes de santé, Bond dirigea la délégation qui se rendit à Ottawa en mars 1895. Les pourparlers commencèrent le 4 avril. Les Canadiens offrirent moins que ce que les Terre-Neuviens étaient disposés à accepter et les Britanniques refusèrent de combler l’écart.

Bond eut plus de chance avec les banquiers. Avec l’aide de sir Robert Gillespie Reid*, le promoteur de chemin de fer qui avait surgi sur la scène terre-neuvienne en 1890, il parvint – par une négociation intelligente et tenace – à obtenir des emprunts à Montréal et à Londres et, ainsi, à renflouer les coffres de la colonie. Dans une transaction compliquée, il cautionna un emprunt à court terme pour la banque d’épargne avec une garantie personnelle de 100 000 $. Accueilli en héros à St John’s le 23 juillet 1895, il resterait celui qui avait accepté de risquer sa fortune pour sauver son pays. En fait, l’argent que lui-même et sa mère perdirent dans la faillite de la Banque du peuple fut le prix à payer pour son geste. À cause de cette garantie, son courtier « ne fut pas en position de vendre », d’où une « perte totale ».

Malgré le succès de Bond, les libéraux perdirent les élections du 28 octobre 1897 au profit d’un Parti conservateur qui avait retrouvé sa vigueur sous la direction de l’ex-juge Winter. Battu dans sa circonscription, Whiteway laissa aux membres de son caucus le loisir de choisir leur leader parlementaire. Ils optèrent pour Bond mais Whiteway, toujours chef en titre du parti, finit par devenir amer et par se retourner contre lui.

Le 3 mars 1898, le gouvernement Winter signa un contrat sur l’exploitation du chemin de fer transinsulaire avec sir Robert Gillespie Reid, qui en avait achevé la construction jusqu’à Port-aux-Basques (Channel–Port-aux-Basques) dans le cadre d’ententes conclues en 1890 et en 1893 et prévoyant à la fois des paiements en argent et des concessions foncières. Le contrat de 1898, dont les détails étaient connus depuis le 22 février, autorisait Reid à exploiter le chemin de fer durant une période de 50 ans et lui concédait d’autres terres, le tout en échange d’un versement immédiat de un million de dollars. À la fin de cette période, les héritiers de Reid seraient propriétaires du chemin de fer. Reid s’engageait en outre à mettre en place un service de vapeurs côtiers, à prendre en charge les lignes télégraphiques du gouvernement, à acheter le bassin de radoub de St John’s, à fournir de l’électricité à la capitale et à y établir un service de tramways. Bond s’opposait à l’entente, qui nécessitait l’approbation de l’Assemblée, en faisant valoir qu’elle transférerait des biens publics pour beaucoup moins que leur valeur et qu’elle instaurerait un monopole. Par contre, Edward Patrick Morris*, député libéral de St John’s West, l’approuvait parce qu’elle réglerait la crise financière et créerait des emplois, ce dont on avait grand besoin, surtout dans la capitale. À une réunion du caucus le 23 février, Morris s’était dissocié de Bond à ce sujet. Après avoir perdu la bataille à l’Assemblée, Bond demanda au ministère des Colonies de refuser de sanctionner la loi mettant en application le contrat de Reid. Les autorités impériales refusèrent d’intervenir.

En novembre 1898, soit en plein débat sur le contrat, on apprit qu’Alfred Bishop Morine, membre du cabinet, était le solicitor de Reid au moment de la rédaction du projet de loi sur le chemin de fer et qu’il le représentait toujours. Le gouverneur, sir Herbert Harley Murray*, força Morine à démissionner, ce qui divisa le parti gouvernemental. Quatre chefs – Winter, Morine, Bond et Morris – se mirent à rechercher des appuis, mais Bond réussit à tourner la situation à son avantage. Au cours d’une assemblée publique tenue le 20 octobre 1899 à St John’s, il fut choisi à l’unanimité chef du Parti libéral après lecture d’une lettre de démission de Whiteway. Lui qui jouait depuis si longtemps le rôle de second violon auprès de Whiteway avait enfin trouvé une cause – le contrat ferroviaire – qui lui permettait de déclasser son mentor.

Le 19 février 1900, pendant que Morine était en Angleterre, le gouvernement Winter perdit un vote de censure parce que plusieurs des partisans de Morine rompirent les rangs pour rejoindre Morris, qui à son tour s’allia à Bond. À la suite de cette défaite, le gouvernement démissionna et, le 15 mars, Bond prêta serment à titre de premier ministre (il occuperait aussi le poste de secrétaire de la colonie). Enfin parvenu au premier rang du monde politique terre-neuvien, Bond demanda au gouverneur, sir Henry Edward McCallum, de dissoudre le Parlement sans délai, mais McCallum refusa, préférant des élections à l’automne. Morris entra au cabinet après avoir arraché, au nouveau premier ministre Bond, la promesse que le contrat de Reid serait non pas résilié mais modifié. En vue de le réviser, le gouvernement, dont la majorité se réduisait à deux sièges, entama des négociations avec le fils de Reid, William Duff. Elles n’aboutirent pas, mais politiquement, ce fut un atout plutôt qu’un handicap. Aux élections générales du 8 novembre 1900, Bond remporta une victoire écrasante : il conquit 32 des 36 sièges sur une opposition dirigée par Morine et financée par les Reid.

Au lendemain du scrutin, Bond s’attaqua en priorité à la renégociation du contrat ferroviaire. Il fit si bien que, le 2 août 1901, une nouvelle loi fut adoptée. Elle stipulait que Reid renonçait à son intérêt réversif sur le chemin de fer et au contrôle du réseau public de télégraphe et que le gouvernement lui rendrait son million de dollars plus les intérêts. Contre un paiement de 850 000 $, Reid remettait 1,5 million d’acres de concessions foncières et était autorisé à former la Reid Newfoundland Company, qui administrerait ses biens fonciers et exploiterait le chemin de fer, les caboteurs à vapeur, les services de tramway et d’électricité de St John’s ainsi que le bassin de radoub. Cette nouvelle loi instaurait une paix fragile entre Bond et les Reid.

Pendant la période où Bond fut premier ministre, lui-même et Terre-Neuve eurent droit à plusieurs distinctions. Bond reçut le titre de chevalier le 24 octobre 1901, au cours de la visite du duc et de la duchesse de Cornwall à St John’s. En 1902, il prêta serment en qualité de membre du Conseil privé impérial. En outre, il fut nommé citoyen d’honneur de la ville d’Édimbourg en 1902, puis de la Cité de Londres, de Manchester et de Bristol en 1907. La University of Edinburgh lui décerna un doctorat honorifique en droit le 26 juillet 1902. Guglielmo Marconi, qui attira sur la colonie l’attention du monde entier en captant le 12 décembre 1901, sur la colline Signal de St John’s, le premier message de télégraphie sans fil, avait été accueilli à Terre-Neuve par Bond et bénéficiait de son soutien. Il était logique que Bond, qui réclamait depuis longtemps qu’une liaison transatlantique rapide par navire et par train passe par Terre-Neuve, s’intéresse aux travaux de Marconi.

Bond représenta Terre-Neuve aux conférences coloniales de 1902 et de 1907 à Londres. Des photographies prises en ces deux occasions le montrent aux côtés des autres dirigeants de l’Empire britannique. À la conférence de 1902, Bond préconisa l’augmentation de l’effectif de la force armée pour laquelle le recrutement avait commencé à Terre-Neuve en 1900 en vertu du Royal Naval Reserve Volunteer Act adopté par le Parlement du Royaume-Uni en 1896. Les premiers Terre-Neuviens envoyés outre-mer au cours de la guerre de 1914–1918 appartiendraient à cette force de réserve. Bond manifesta aussi sa ferveur impérialiste en présentant un projet de loi en vue de faire du Jour de l’Empire [V. Clementina Trenholme*] un jour férié dans la colonie. Ce projet reçut l’assentiment unanime de l’Assemblée le 24 avril 1903.

Sur le plan économique, Bond bénéficia d’une conjoncture favorable. L’industrie des pêches connut de grosses prises et de bons prix. De nouvelles activités forestières et minières, en particulier les mines de fer de l’île Bell, ouvertes en 1895 sous des auspices canadiens pour approvisionner les hauts fourneaux de Sydney en Nouvelle-Écosse, généraient des recettes. L’augmentation des revenus permit au gouvernement de faire preuve de prudence dans sa gestion financière tout en haussant les crédits alloués à l’éducation, aux installations maritimes, à l’agriculture et au réseau de communication de la colonie. Dans les petites localités, l’État encouragea l’unification des écoles confessionnelles et inaugura en 1904 un service de caboteurs à vapeur avec la Bowring Brothers pour compléter le service offert par les Reid. En matière de relations du travail, le gouvernement Bond essuya plusieurs grèves : celle des mineurs de l’île Bell en 1900, celle des chasseurs de phoque à St John’s en 1902 [V. Simeon Kelloway*], celle des débardeurs à St John’s en 1903 et celle des travailleurs du chemin de fer (contre la Reid Newfoundland Company) à Placentia en 1904.

Une fois premier ministre, Bond reprit sa croisade en faveur d’une entente de réciprocité avec les Américains. Le Canada s’opposait encore vigoureusement à ce que Terre-Neuve signe un traité seule avec les États-Unis, mais ses arguments n’avaient plus de poids à Londres. Des années après la convention Bond–Blaine, le gouvernement britannique pouvait difficilement accuser Terre-Neuve d’affaiblir le pouvoir de négociation du Canada. En août 1902, avec la bénédiction de Londres, Bond se rendit à Washington et entama des pourparlers avec le secrétaire d’État, John Milton Hay. Signée en novembre, leur entente prévoyait entre autres qu’une assez longue liste de produits terre-neuviens entreraient en franchise aux États-Unis et que les bateaux de pêche américains auraient droit à un traitement de faveur relativement à une large gamme d’activités à Terre-Neuve. Ce projet de traité témoignait de la persévérance et de l’habileté de Bond, mais un sénateur du Massachusetts, Henry Cabot Lodge, fervent défenseur de l’industrie de la pêche de la Nouvelle-Angleterre et membre influent du comité des relations étrangères du Sénat, le saborda. Le comité fit état de l’entente seulement en janvier 1905, et encore, sous une forme tellement modifiée que Terre-Neuve ne pouvait plus l’accepter. Bref, Bond avait perdu un autre épisode dans cette vieille bataille et, en cours de route, il s’était fait un formidable adversaire.

Sans nul doute, ce fut dans le dossier des droits de la France à Terre-Neuve que le premier ministre Bond remporta sa plus éclatante victoire. Il n’avait pas réussi à faire inscrire la question de la côte française à l’ordre du jour de la conférence coloniale de 1902, mais en 1904, il bénéficia indirectement de l’intention de rapprochement de la France avec la Grande-Bretagne. Soudain, Londres était libre de troquer des concessions ailleurs dans le monde contre un règlement satisfaisant du litige de la côte française. En vertu de la convention intégrée à l’Entente cordiale du 8 avril 1904, la France renonçait aux droits que le traité d’Utrecht lui avait donnés en 1713 à Terre-Neuve ; elle conservait cependant le droit de pêcher en été le long de la côte française (mais non d’y débarquer). Une note jointe à la convention garantissait que Terre-Neuve ne pourrait priver d’appât les pêcheurs français travaillant légitimement sur la côte en refusant de leur délivrer des permis d’achat.

D’abord méfiant envers cet accord, Bond l’accepta bientôt avec enthousiasme et battit une motion de censure présentée à l’Assemblée le 27 avril 1904 contre le gouvernement impérial par l’intransigeant Morine. D’un seul coup, Terre-Neuve se trouva libérée d’un fardeau qui pesait sur elle depuis près de deux siècles. On peut dire que Bond eut de la chance d’être premier ministre de la colonie à ce moment-là ; il n’empêche que tout le mérite du règlement lui revint. Pour la deuxième fois de sa vie, il accéda au rang de héros national. « Enfin nous récupérons notre patrimoine, claironna l’Evening Telegram de St John’s, et [c’est] purifiée de tout droit étranger que nous pouvons transmettre à nos enfants la côte accidentée de notre chère Terre-Neuve. » Le règlement de cette question donne une idée du progrès accompli en divers domaines par Terre-Neuve pendant cette période et illustre l’importance qu’avait ce dominion naissant de l’Atlantique Nord au sein de l’Empire britannique.

En outre, la solution du litige de la côte française donna le ton aux élections générales du 31 octobre 1904. Les libéraux de Bond affrontaient alors le Parti d’opposition unie, qui comptait cinq chefs – Donald Morison, Winter, Goodridge, Morine et l’ex-libéral Whiteway – et dont le programme se limitait à déloger le parti au pouvoir. Bond, pour qui l’opposition n’était qu’un ramassis de confédérateurs soutenus par les Reid, fit campagne en mettant de l’avant les « réalisations accomplies [par son gouvernement] en faveur du bien public ». Il remporta 30 des 36 sièges et, parmi ses cinq principaux adversaires, seul Morine fut élu.

Le 12 janvier 1905, le gouvernement put porter une autre réussite à son actif en signant avec l’Anglo-Newfoundland Development Company Limited une entente qui mènerait à l’ouverture d’une usine de pâtes et papiers à Grand Falls. Cependant, la même année, Bond contraria encore une fois les Reid en refusant d’acheter leur chemin de fer et leurs navires à vapeur. Cet événement, bien sûr, raffermit leur volonté de l’évincer du pouvoir. Ils n’eurent pas à ronger leur frein longtemps puisque, toujours en 1905, Bond tenta de forcer ses adversaires de la Nouvelle-Angleterre à accepter l’entente Bond–Hay en perturbant leurs activités de pêche à Terre-Neuve. Cette nouvelle croisade ruinerait sa carrière politique.

Bond fit modifier le Foreign Fishing Vessels Act de manière à interdire aux Américains d’embaucher des équipages à Terre-Neuve, d’y acheter du poisson et de s’y procurer des fournitures. Les Américains ripostèrent en continuant d’exercer ces activités à l’extérieur de la limite de trois milles. Bond voulut alors les empêcher de recourir à cette échappatoire au moyen d’une autre modification de la loi, mais Washington s’y opposa avec véhémence et Londres bloqua sa tentative. Pour les Britanniques, resserrer leurs liens avec les États-Unis était un objectif trop important pour qu’ils le mettent en péril à cause de l’arrogance d’une petite colonie. Bond était allé beaucoup trop loin. Il paierait bientôt le prix de son erreur de calcul.

Pour la saison de pêche 1906–1907, un modus vivendi anglo-américain imposé à Terre-Neuve vint contrecarrer les manœuvres de Bond. Une entente du même genre s’appliqua en 1907–1908. Entre-temps, les Britanniques conclurent que le seul moyen de sortir du guêpier terre-neuvien était de soumettre à la Cour permanente d’arbitrage de La Haye tous les litiges relatifs à la convention de 1818. Bond commença par refuser obstinément cette solution pudique, mais capitula à la conférence coloniale de 1907. Ainsi, les Britanniques purent obtenir l’assentiment du Canada à l’arbitrage – assentiment que le premier ministre sir Wilfrid Laurier*, encore humilié par la décision de 1903 sur la frontière de l’Alaska, donna de mauvais gré.

Après d’autres turbulences, Bond accepta les modalités du renvoi à la cour de La Haye. Ce geste, son dernier dans cette longue bataille sur les pêches, ne le sauva pas. À force de défier Ottawa, Washington et Londres durant des années, il s’était fait beaucoup d’ennemis en dehors de Terre-Neuve. En plus, les Terre-Neuviens étaient loin de tous le soutenir dans son combat. Sur la côte Ouest, où se concentraient les pêches américaines, les pêcheurs n’étaient pas du tout d’accord avec lui, car ils entretenaient des relations commerciales avantageuses avec les gens de la Nouvelle-Angleterre. Le gouverneur de Terre-Neuve, sir William MacGregor, toujours à l’affût d’une occasion de contrecarrer son premier ministre, était sympathique à leur cause. Le gouverneur général du Canada, lord Grey*, espérait que l’échec de Bond ouvrirait la voie à l’entrée de Terre-Neuve dans la Confédération. Grey et d’autres, tel l’homme d’affaires Harry Judson Crowe, complotèrent à cette fin, sans résultat.

De plus mauvais augure pour Bond était la démission d’un fin politique de son cabinet, Edward Patrick Morris, survenue le 26 juillet 1907. Officiellement, Morris partait à cause d’un désaccord sur les salaires payés aux ouvriers de la voirie dans sa circonscription, mais de toute évidence, il choisit son moment de manière à profiter des ennuis grandissants de Bond. En mars 1908, il fonda le Parti du peuple, qui réunissait divers groupes et avait des liens étroits avec la Reid Newfoundland Company. Aux élections du 2 novembre 1908, le parti de Bond et celui de Morris remportèrent chacun 18 sièges.

Ce match nul déclencha une longue crise constitutionnelle. Le 18 février 1909, Bond demanda au gouverneur de dissoudre la nouvelle Chambre le 25, soit le jour prévu de l’ouverture de la session. MacGregor refusa ; Bond remit sa démission, qui entra en vigueur le 3 mars. Morris devint alors premier ministre, puis la dissolution eut lieu le 10 avril. Aux élections du 8 mai, le Parti du peuple rafla 26 sièges et les libéraux durent se contenter de 10. Un incident survenu pendant la campagne rendait la défaite de Bond encore plus cuisante. En descendant d’un petit bateau à Western Bay le 30 avril, il s’était fait jeter à l’eau. Un pêcheur, Alfred W. Bishop, avait été condamné pour cette voie de fait, mais les accusations de Bond à l’endroit de John Chalker Crosbie*, le candidat local du Parti du peuple, présent sur le quai au moment de l’incident, n’avaient pas eu de suites. En 1905, Bond avait misé son avenir politique sur sa capacité d’affirmer la présence de Terre-Neuve sur la scène internationale, mais il avait fait une mauvaise lecture des réalités diplomatiques et sous-estimé les conséquences politiques qu’une exténuante bataille livrée à l’extérieur pouvait avoir à Terre-Neuve même. Il paierait le prix de cette erreur de calcul pendant le reste de sa vie.

Au lendemain des élections, Bond, toujours à la tête des libéraux, dut affronter avec réticence une situation tout à fait nouvelle, engendrée par la formation du Fishermen’s Protective Union. Ce syndicat, né sur la côte Nord-Ouest, territoire traditionnellement libéral, avait été créé en 1908 par William Ford Coaker*. Il s’agissait d’un ancien agent électoral des libéraux que Bond avait récompensé en 1902 en lui donnant un poste d’importance modeste, mais qui avait ennuyé le gouvernement par ses activités syndicales. Fatigué et abattu par les deux rudes campagnes électorales qu’il avait dû livrer en seulement un peu plus de six mois, Bond mit du temps à mesurer le potentiel du Fishermen’s Protective Union et à évaluer la menace que cet organisme représentait pour le Parti libéral.

Le Fishermen’s Protective Union, qui se nourrissait de la profonde déception des pêcheurs à l’endroit du système économique de Terre-Neuve, gagna rapidement des adeptes dans les baies du Nord. En 1910, il opta pour l’action politique ; son objectif était de détenir la balance des pouvoirs après les élections suivantes, ce qui lui permettrait de faire avancer son programme, axé sur la coopération et l’équité envers les petits producteurs de la colonie. La présence de Coaker à la tête du Fishermen’s Protective Union obligeait Bond à mettre de côté sa fierté et à traiter d’égal à égal avec quelqu’un qui avait déjà bénéficié de ses faveurs.

Coaker rechercha d’abord une alliance avec Bond et, le 16 novembre 1911, il écrivit au chef libéral à ce sujet. Bond répondit qu’il croyait au « principe du syndicat » et avait invité les partisans libéraux à se joindre au Fishermen’s Protective Union. Les syndicats, écrivait-il, s’étaient souvent révélés d’« une réelle utilité en favorisant la communication intelligente entre des travailleurs séparés par de longues distances et en établissant une juste rémunération pour le travail ». Cependant, Bond rejetait l’idée d’un parti unioniste et dit à Coaker que, s’il avait su que le Fishermen’s Protective Union entendait présenter des candidats, il n’aurait pas encouragé les libéraux à y adhérer. Le Fishermen’s Protective Union devait soutenir « le parti politique […] le plus proche de ses idéaux » et comprendre que, s’il combattait les deux partis, il pouvait « difficilement s’attendre à exercer de l’influence sur l’un ou l’autre après le scrutin ». « Il ne faut pas oublier, ajoutait Bond, que les deux partis politiques existants, qu’ils soient bons ou mauvais, représentent toute la population de la colonie et qu’ils doivent tenir compte de l’intérêt de toute la population. »

Coaker écarta cet avis et, au congrès annuel du Fishermen’s Protective Union, tenu du 27 au 30 novembre 1911, il obtint l’assentiment des membres à la rédaction d’un programme politique. À la grande vexation de Bond, plusieurs libéraux importants assistèrent à ce congrès à titre d’invités. William Frederick Lloyd*, rédacteur en chef d’un journal libéral, l’Evening Telegram, tenta de combler le fossé entre Bond et Croaker, en vain. Réuni à Bonavista du 12 au 16 décembre 1912, le Fishermen’s Protective Union adopta son propre programme électoral, qui promettait des changements radicaux dans l’organisation sociale et économique de Terre-Neuve.

Affligé de problèmes de santé et songeant sérieusement à la retraite, Bond alla en Angleterre en février 1913 pour passer des examens médicaux. Il manqua donc la dernière session législative avant les élections. Laissés à eux-mêmes, les membres de son parti, qui craignaient les conséquences d’une campagne du Fishermen’s Protective Union, étaient démoralisés et désorganisés. En avril, lorsque Bond revint, Lloyd, James Mary Kent et d’autres libéraux influents le pressèrent d’entamer des négociations avec Coaker pour conclure un pacte électoral. Le 15 août, Bond invita le chef syndical à The Grange afin qu’ils puissent « discuter à fond de la question sans être dérangés ». Leur rencontre eut lieu le 18. Le 26, Bond fit parvenir à Coaker une proposition en vertu de laquelle les libéraux réserveraient au Fishermen’s Protective Union six candidatures, soit le sixième du total nécessaire pour une liste complète. Cette offre d’alliance, soutenait Bond, était « très généreuse puisque la grande majorité des pêcheurs n’appart[enaient] pas au syndicat et n’[avaient] pas nécessairement tous les mêmes opinions et les mêmes intérêts ». « Si le syndicat peut prétendre à une représentation spéciale, poursuivait Bond, ainsi en va-t-il pour chaque métier, profession et secteur des affaires. » En retour, Coaker promit d’appuyer le leadership de Bond et une « opposition unie », mais l’alliance était bien fragile. Dans son manifeste, publié le 3 octobre, Bond minimisa ses liens avec le programme adopté à Bonavista. Quant à Coaker, il nomma neuf candidats au lieu de six, dont sept dans les onze districts du Nord.

Les élections du 30 octobre 1913 se soldèrent par une victoire de Morris : le Parti du peuple récolta 21 sièges, le Parti de l’union 8 et les libéraux 7. Sauf celui de Port de Grave, où George Frederick Arthur Grimes l’emporta, tous les sièges du Parti de l’union se trouvaient dans le Nord ; le Fishermen’s Protective Union avait enjoint les électeurs de « jouer le tout pour le tout et d’appuyer Coaker ». Les résultats du scrutin plaçaient Bond dans une position des plus ingrates, « presque au delà des limites de la dignité et de l’estime de soi », se plaignait-il. La loyauté des unionistes allait d’abord à Coaker, qui avait collaboré avec les libéraux « uniquement par opportunisme » et dont l’objectif serait désormais de conduire le Parti de l’union au pouvoir sans conclure d’alliance. Le 2 janvier 1914, Bond démissionna à la fois de la direction du Parti libéral et de son siège de député. James M. Kent prit la tête du parti et, avec l’assentiment de Coaker, celle de l’opposition. L’élection de Coaker sans opposition au scrutin complémentaire tenu pour combler le siège de Twillingate acheva d’humilier Bond.

Retiré à The Grange, Bond suivit avec un mélange de colère et de dégoût les événements politiques qui se déroulèrent à Terre-Neuve au cours de la Grande Guerre. On l’invita plusieurs fois à revenir sur la scène publique, mais il avait perdu son enthousiasme. « J’ai fait une indigestion de politique terre-neuvienne ces derniers temps, fit-il observer en novembre 1918, et je me détourne de cette sale affaire avec amertume. »

Dans les années 1920, quelques satisfactions tempérèrent les fortes angoisses de Bond. Il était resté célibataire, mais sa cousine Sarah Roberts, veuve et âgée de 19 ans de plus que lui, vivait en sa compagnie dans la grande maison ainsi que sa gouvernante Mary Ford, « la bonne et fidèle Mary ». Les visiteurs étaient rares. « Je ne suis pas, écrirait-il, ce que les Américains appellent « a good mixer » ([un homme très liant]). Je suis un Anglais tout ce qu’il y a de conservateur. » Il adorait faire chaque jour la tournée de The Grange et de son exploitation agricole. Accomplir des travaux manuels lui plaisait, et il aimait se promener en « veste de tweed irlandais et culottes de cheval ». Pourtant, le 28 août 1922, il confia la vente du domaine de Whitbourne à la Dowden and Edwards de St John’s (tout en demandant que l’offre ne soit pas annoncée dans la presse). Rien n’en résulta et, en août 1924, sa tentative de vendre la propriété au gouvernement fut tout aussi infructueuse. En fin de compte, il ne quitta jamais The Grange et continua de laisser libre cours à sa passion pour les activités champêtres. Cette passion, il en était convaincu, lui avait permis « d’échapper à une tragédie et de transformer en plaisir [sa] retraite de la politique active ». Il vivait dans le raffinement, lisait beaucoup, observait les oiseaux, adorait la musique et fut de bonne heure un grand amateur de radio. Bien qu’il ait affirmé détester écrire des lettres, il entretenait une correspondance pleine de verve avec son frère George John et avec les enfants de celui-ci, Frank Fraser et Roberta.

Bond n’aimait pas St John’s et, dans les années 1920, il se rendit rarement dans la capitale. Sans doute, son profond désespoir devant « l’état pitoyable [des] affaires publiques » explique en partie son attitude. Selon lui, depuis qu’il avait été évincé du poste de premier ministre en 1909, Terre-Neuve avait abandonné « la voie royale de la probité financière » et, à moins d’« un changement radical » dans l’administration, elle courait à la catastrophe. Sa désillusion englobait jusqu’à son titre de chevalier, « appendice sans valeur » étant donné que « des créatures de toutes sortes sont faits chevaliers et lords », dit-il en 1920. Cette pique était sans doute dirigée contre Edward Patrick Morris, sa bête noire, baron depuis 1918. Lorsque sir Richard Anderson Squires*, devenu premier ministre en 1919 avec l’appui de Coaker, convoqua des élections pour le 3 mai 1923, Bond prédit le pire : « Mon pauvre pays ! “ La fin [est] éminente ” » Squires fut réélu, mais peu de temps après, son gouvernement tomba à cause d’un scandale financier. Selon Bond, les événements lui donnaient raison : « La société est pourrie jusqu’à la moelle. Il y a de quoi avoir honte, franchement honte, et être triste. Cependant, j’avoue éprouver une certaine satisfaction à regarder les choses de si haut – de mon terrain, je domine tout Avalon – et à dire aux dupes – “Je vous avais prévenus”. » Même à cette date tardive, Bond s’imaginait probablement encore dans le rôle de sauveur de Terre-Neuve, mais au lieu de saisir une occasion d’agir, il se complaisait dans sa douleur. En 1926, un mouvement public se dessina en faveur de sa nomination au poste de gouverneur. Il grogna : « [J’]aimerais beaucoup mieux gagner ma vie en piégeant des lapins qu’en recevant l’aristocratie qui fréquente maintenant la résidence du gouverneur ». Par le désespoir qu’il exprimait au sujet de la politique terre-neuvienne dans les années 1920, il contribua à faire naître le climat d’opinion qui en 1934 rendrait possible la suspension du gouvernement responsable et l’instauration d’une commission de gouvernement [V. Frederick Charles Alderdice*].

Plus les années 1920 passaient, plus la maladie et les problèmes de la vieillesse minaient Bond. Depuis longtemps, il s’inquiétait de sa santé ; en 1921, il avait connu une « explosion » qui l’avait laissé « ébranlé d’esprit et de corps ». Sa cousine Sarah Roberts mourut d’un cancer en avril 1924 ; il ne s’en consola pas. « J’ai traversé, dit-il à Frank Fraser, une expérience que, je l’espère, tu n’auras jamais à traverser, et je l’ai traversée seul. Seul ! Maintenant je sais tout ce que ce mot signifie, [je connais] la misère, le désespoir, l’horreur qu’il renferme. » La détérioration de sa condition physique le poussait à chercher du réconfort auprès des membres de sa famille, sa nièce surtout. Tout en étant fier de la réussite scolaire de Roberta et de son dévouement envers les malades (elle obtiendrait son diplôme de médecine de la Dalhousie University en 1925), il n’hésitait pas à lui signaler – pour la taquiner peut-être, mais sa remarque est tout de même révélatrice – que la profession médicale était « trop inconvenante pour que le sexe féminin s’y amuse ». Il aurait beaucoup aimé que Roberta soit la troisième femme de sa vie, après sa mère et Sarah Roberta. Malheureusement pour lui, les aspirations bien naturelles de Roberta ne s’accordaient pas toujours à ses besoins insatiables.

En avril 1924, ayant deviné que quelque chose tracassait Roberta, alors âgée de 21 ans, Bond l’invita à se confier. « Parle sans crainte et je verrai si je peux prescrire un remède pour ta maladie. J’espère que ce n’est pas une histoire d’amour, car je n’ai hélas aucune expérience de cette maladie-là. » Cependant, lorsque Roberta lui avoua qu’elle envisageait d’épouser Edward Wilber Nichols, professeur d’humanités de Dalhousie qui était de 20 ans son aîné, il n’hésita pas à intervenir de la manière la plus brutale. Il signifia à Roberta son opposition à ce mariage en lui disant que Nichols n’était pas assez bien pour elle. En outre, il dit à sa nièce que c’était sa faute à elle si, peu après une visite à The Grange en 1924, il s’était blessé. « Rien de cela ne serait arrivé, lui lança-t-il, si tu ne m’avais pas abandonné si précipitamment à [mon] sort. » Ces paroles durent mettre à rude épreuve la relation de Roberta avec cet oncle dévoué, irascible et possessif, mais elles ne provoquèrent pas de rupture. Après l’obtention de son diplôme, la jeune femme alla habiter chez lui et pratiquer la médecine dans la région de Whitbourne. Sa présence ragaillardit Bond, dont l’état physique continuait néanmoins d’empirer. Lorsque Roberta quitta Terre-Neuve en juin 1926, il la poursuivit avec une lettre pleine de reproches.

Cette année-là, Bond passa un Noël « tranquille ». Lui qui aimait le rituel des fêtes de fin d’année et se plaisait à décorer sa maison « avec des conifères, des fougères et des fleurs » était seul à table au dîner. Après le repas, sans doute Mary Ford vint-elle boire « son verre annuel de vieux porto », mais l’atmosphère était d’une tristesse palpable, d’autant plus que Bond était convaincu que « [ses] chéris », ceux qui dînaient avec lui naguère, n’étaient « pas loin ». Le 1er février 1927, alarmé par l’irrégularité de ses battements cardiaques, il alla à St John’s consulter son médecin, James Sinclair Tait, qui fut surpris par l’aggravation de son état. Il rentra à Whitbourne de peine et de misère. Le 28 février, trois jours après son soixante-dixième anniversaire, il dit à son frère George John qu’il « déclin[ait] rapidement ». George John arriva à St John’s le 10 mars et, le même jour, se rendit avec le docteur Tait à Whitbourne, où ils trouvèrent Bond à l’article de la mort. Bien qu’âgé de 76 ans, George John se mit en devoir de lui prodiguer « des soins rudimentaires [et] maladroits ». Bond s’éteignit « tout doucement » vers huit heures trente du soir le 16 mars.

George John s’occupa de la toilette du défunt et veilla la dépouille dans la maison jusqu’au 21 mars, car Robert avait demandé que son frère « s’assure qu[’il était] bien mort » avant de le faire inhumer. Il avait aussi fait savoir qu’il ne voulait « ni chichi ni ostentation ». La cérémonie du 21 mars se déroula donc en toute simplicité. La dépouille fut transportée à l’église anglicane St John the Baptist dans la voiture express du domaine, que George John avait peinte en noir pour l’occasion. La Newfoundland Railway Company mit un train spécial (au tarif habituel, nota George John) à la disposition des nombreux amis et personnages publics venant de St John’s. Quand tout fut terminé, Bond fut inhumé dans le sol rocheux de la presqu’île d’Avalon, cette région qu’il avait explorée dans sa jeunesse et célébrée dans sa maturité. Une gerbe d’œillets envoyée par Roberta avait été placée « sur son cœur dans le cercueil ».

Bond laissait un testament enchevêtré, fait le 28 décembre 1914, dans lequel il nommait George John exécuteur. L’inventaire joint à la demande d’homologation évaluait la succession à 92 750 $ (dans un calcul de 1924, Bond l’estimait à 141 251,86 $). Bond léguait son domaine de Whitbourne, « propriété idéale », au gouverneur et au Conseil exécutif « afin qu’ils l’administrent en fidéicommis pour le peuple de Terre-Neuve comme une ferme modèle à perpétuité ». La plus grande partie du reliquat de la succession allait à Frank Fraser, mais le testament prévoyait des legs précis à l’intention de George John, de Roberta, de Sarah Roberts (eut-elle été encore en vie) et de Mary Ford. Après étude de la question, le gouvernement refusa la propriété pour le motif que la ferme modèle serait coûteuse, d’une valeur éducative limitée et difficile à exploiter « sans contrôle politique » et qu’elle livrerait une concurrence inéquitable aux fermiers privés. Toutefois, le gouvernement accepta divers dons pour le musée de St John’s ; ceux-ci furent remis au gouverneur à l’occasion d’une cérémonie tenue à sa résidence le 7 octobre 1927.

Comme le testament n’indiquait pas ce qu’il fallait faire si le gouvernement refusait la propriété de Whitbourne, George John Bond sollicita l’avis de la Cour suprême. Dans un jugement rendu en 1928, celle-ci l’attribua à Frank Fraser, qui la convoitait. En 1949, il vendit la résidence et quatre milles carrés du domaine à la nouvelle province de Terre-Neuve, qui projetait d’installer une école de réforme à cet endroit. Trois ans plus tard, autorisation fut donnée de démolir The Grange, la maison qui incarnait le rêve de Bond et tout ce qu’il chérissait. Cet acte de vandalisme culturel priva les citoyens de Terre-Neuve et du Labrador de l’un de leurs héritages les plus originaux et les plus précieux.

Sur la scène publique, sir Robert Bond fut un nationaliste terre-neuvien, un fervent impérialiste et un adepte de la réciprocité avec les États-Unis. Être tout cela à la fois relevait de l’impossible et lui causa beaucoup de tourments et de déceptions. Dans sa vie privée, surtout à The Grange, il chercha à créer un monde à l’abri du monde, mais il n’y parvint pas davantage. Bien que la politique ait été sa vocation, c’est avant tout son ambitieux projet à Whitbourne qui le définit. Bond est un personnage historique complexe ; sa carrière illustre à la fois les ambitions et les limites de Terre-Neuve. Divers hommages ont été rendus à sa mémoire ; le plus intime est un vitrail de l’église St John the Baptist de Whitbourne qui reproduit un tableau de William Holman Hunt, The Light of the World. Don de Frank Fraser Bond et de Roberta Nichols, il fut dévoilé le 7 septembre 1927.

Melvin Baker et Peter Neary

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Melvin Baker et Peter Neary, « BOND, sir ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bond_robert_15F.html.

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Auteur de l'article:    Melvin Baker et Peter Neary
Titre de l'article:    BOND, sir ROBERT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    19 mars 2024