Titre original :  A.A. Parsons. 
Encyclopedia of Newfoundland and Labrador, volume 4, page 220 - Memorial University of Newfoundland - Digital Archives Initiative.

Provenance : Lien

PARSONS, ALEXANDER A., imprimeur, éditeur et rédacteur en chef de journal, homme politique, fonctionnaire et auteur, né probablement en 1847 à Harbour Grace, Terre-Neuve, fils d’Ambrose Parsons et d’Amelia Parsons ; le 26 août 1871, il épousa au même endroit Maria Raven Thompson (décédée le 17 janvier 1925), et ils eurent trois fils et une fille (Gertrude Isabella*, qui deviendrait peintre et écrivaine), puis, le 21 août 1926, à Petty Harbour (Petty Harbour-Maddox Cove, Terre-Neuve), Lillian R. Ellis ; décédé le 2 avril 1932 à St John’s.

Alexander A. Parsons était le fils d’un planteur pionnier qui construisait ses propres navires pour pratiquer la pêche à la morue et au phoque. Le jeune homme compta parmi les quelques garçons du coin à étudier à la Harbour Grace Grammar School, dont le directeur, John Irving Roddick, avait la réputation de former des érudits en littérature. À l’âge de 13 ans, Parsons entama son apprentissage auprès de William Squarey à l’hebdomadaire Standard and Conception-Bay Advertiser (qui serait renommé Harbour Grace Standard).

En 1872, en compagnie de William Rydall Squarey, fils de son employeur, Parsons lança à Harbour Grace le Star and Conception Bay Semi-weekly Advertiser, qui cessa de paraître un an et demi plus tard. Il fit ses premières armes en politique électorale en 1873, en tant que candidat opposé à la Confédération pour la circonscription de Harbour Grace et partisan du premier ministre Charles James Fox Bennett* ; il ne fut pas élu. Parsons travailla ensuite pour des journaux à Boston et à New York. Il revint à Terre-Neuve vers l’époque où William James Herder, imprimeur au Courier de St John’s, racheta l’équipement de cet hebdomadaire qui connaissait des difficultés financières [V. Joseph Woods*].

La capitale comptait alors environ 30 000 habitants, et Herder et Parsons crurent que le moment était bien choisi pour présenter un quotidien. Ils lancèrent l’Evening Telegram le 3 avril 1879, sur un marché encombré que se disputaient à peu près huit hebdomadaires, bihebdomadaires et trihebdomadaires. À un cent le numéro, l’Evening Telegram figurait parmi les moins chers à St John’s. En deux mois, le tirage atteignit quelque 1 200 exemplaires par jour. On déplaça bientôt l’atelier d’imprimerie plus près de la rue Water, voie commerciale principale. Il disparaîtrait dans l’incendie de 1892, qui ravagea une grande partie du cœur de la ville, mais la publication se poursuivit dans des bureaux temporaires ; un nouveau bâtiment verrait le jour avant la fin de 1893. La composition se faisait encore à la main et un collègue observa que, « en période de pointe », Parsons « pouvait retirer son manteau pour se rendre à la casse ». Même s’il semble avoir été rédacteur en chef dès sa fondation, son nom ne figura dans le cartouche de titre qu’à partir de 1882. Cette année-là, le journaliste et homme d’affaires James Murray prétendit qu’Albert L. Blackman, entrepreneur ferroviaire, l’avait assailli physiquement à l’extérieur des bureaux du journal à cause de ses éditoriaux dépréciatifs. Dans la cause judiciaire subséquente, Murray déclara qu’il n’avait jamais « vraiment [été] le rédacteur en chef responsable » du périodique.

Au début des années 1880, le premier ministre sir William Vallance Whiteway* gagna l’appui de la plupart des libéraux et des conservateurs pour la construction d’un chemin de fer transinsulaire. L’Evening Telegram, cependant, s’opposa au projet, tout comme les principaux marchands de poisson de la colonie, inquiets des concessions accordées aux promoteurs et du poids de la dette qui résulterait du chemin de fer. Dans le débat, Parsons affronta un nouveau rival, l’Evening Mercury de St John’s, publié à l’origine sous la direction de Moses Harvey*, qu’il décrivit comme la « création » de Whiteway dans le seul but de faire avancer son programme.

Dans la tourmente politique, Whiteway démissionna en 1885, de nouveaux liens politiques se nouèrent, et l’Evening Mercury appuya les réformistes de Robert Thorburn*. En 1888, Parsons, apparemment insatisfait de ne pas avoir obtenu de contrats d’imprimerie gouvernementaux lucratifs, fit volte-face. Il accepta une invitation de Whiteway, qui désirait discuter de la formation d’un parti d’opposition. Le procès-verbal de la réunion, qui eut lieu dans la maison de l’ancien premier ministre, indique que Parsons « eut la gentillesse de mettre son journal à la disposition du parti de Whiteway ». Il confirmerait son offre « pourvu qu’une fois le parti au pouvoir son journal profite du parrainage que le parti serait en mesure d’offrir légitimement ». Whiteway et Robert Bond*, député de la circonscription de Trinity Bay, « [se chargeraient] des éditoriaux » jusqu’à ce qu’on mandate un comité pour les remplacer. Les contemporains de Parsons qualifièrent ses éditoriaux de « pugnaces ». Mais, selon un portrait paru en 1906 dans le Newfoundland Quarterly, « il dut souvent encourir le blâme et [assumer] la responsabilité de nombreuses déclarations dont il n’était pas responsable », affirmation étayée par l’engagement de Parsons auprès de Whiteway et de Bond.

Whiteway reprit le pouvoir en 1889 sous l’étiquette libérale, en faisant encore une fois la promotion du chemin de fer, désormais avec l’appui sans réserve de Parsons et de l’Evening Telegram. Quatre ans plus tard, Parsons remporta l’investiture libérale dans St-Barbe et l’élection. En réponse à un mot de félicitations de Bond, il affirma qu’il savait « que c’[était] presque entièrement à [lui…] qu’[il devait] le siège », et lui promit son « approbation et son appui enthousiastes, à la fois dans la presse et à l’Assemblée ».

Parsons brigua de nouveau les suffrages en 1897. Il fut battu, tout comme le gouvernement Whiteway. Il avait toujours protégé ses sources et, en 1898, Herder et lui furent accusés d’outrage au tribunal parce qu’ils refusèrent d’identifier l’auteur d’une lettre adressée au journal dans laquelle on indiquait que des fonctionnaires des tribunaux itinérants se servaient du Fiona, navire du gouvernement, d’une manière qui le « réduisait pratiquement » à une maison de passe. Ils furent tous deux condamnés à 30 jours de prison, mais une pétition qui circula pour défendre la liberté de la presse inspira la clémence du gouverneur sir Herbert Harley Murray* ; les deux hommes furent libérés au bout de neuf jours.

Aux élections générales de 1900, Parsons reconquit le siège de St-Barbe et Bond, alors chef du Parti libéral, remporta une victoire décisive. Parsons occupa le poste de greffier de l’Assemblée pendant le mandat de premier ministre de Bond. En 1904, il se retira de la vie politique et céda sa place à la direction du journal pour devenir directeur du pénitencier de Terre-Neuve, emploi qu’il conserverait jusqu’en 1926 (William Frederick Lloyd lui succéda à l’Evening Telegram). Pour reprendre les mots du Newfoundland Quarterly, Parsons était « humain à l’extrême » à l’égard des condamnés dont il avait la responsabilité. Persuadé que « le style et la qualité de [leurs] produits surpass[aient] tout ce qu’on pouv[ait] importer », il sollicita le parrainage des commerçants locaux pour les balais, les balayettes pour l’âtre et les petits balais de paille fabriqués dans son établissement [V. John Roche McCowen*]. Il autorisait également les détenus à se faire engager pour l’entretien du terrain de la résidence du lieutenant-gouverneur. Une fois, à l’occasion d’un goûter organisé par le gouverneur sir Charles Cavendish Boyle* pour le directeur et ses prisonniers, Parsons dit qu’il n’avait pas d’objection à ce que ces derniers y prennent part, « à condition de ne pas leur permettre de boire à la santé de Son Excellence trop souvent ». Partisan d’une réforme pénitentiaire, il admettait toutefois que les criminels endurcis pouvaient nécessiter la réclusion permanente, mais l’emprisonnement en tant que mesure dissuasive ne lui semblait guère efficace. Les retards dans le processus judiciaire et les peines sévères, à son avis, tendaient à renforcer les comportements asociaux et à engendrer de la haine pour l’appareil judiciaire.

Après avoir quitté son poste au pénitencier, Parsons continua d’approfondir ces idées dans des articles qu’il écrivit pour le Newfoundland Quarterly. Parmi ses nombreuses contributions, parfois incohérentes, répétitives et souvent parsemées de vers de Tennyson et d’autres poètes qu’il aimait, figurent des notices biographiques de chefs politiques et de gouverneurs coloniaux qu’il avait connus, et de personnes avec lesquelles il avait socialisé ou qu’il avait défiées dans des éditoriaux. Dans certains articles, il critiquait les journalistes contemporains et laissait entendre qu’ils manquaient de « convictions profondes » ; ailleurs, il soutenait que le gouvernement relevait de gens issus d’une petite partie seulement de la population et avait besoin d’une vaste réforme.

Parsons était un fervent méthodiste ; ses contes de Noël décrivent des célébrations religieuses unissant tout le monde, indépendamment des croyances. Enfant, il avait été témoin de la violence sectaire dans les rues de Harbour Grace, mais il se souvenait aussi de jours plus heureux où les mummers de Noël passaient de porte en porte, revêtus de leur déguisement. Dans les années 1860, les grands marchands de la ville avaient ramené le « bon rhum pur non trafiqué », qui n’occasionnait pas de « maux de tête le matin » ; Parsons, malgré son militantisme modéré pour la tempérance, déplorait le fait que, en 1909, l’alcool constituait une source très importante de revenus du gouvernement et était « taxé au point de ne plus être à la portée du planteur ». Il décrivit avec exubérance les attraits touristiques de Terre-Neuve, évoquant parfois ses propres aventures de pêche à la truite dans les « étangs [se trouvant] dans les landes de Heart’s Content et de New Harbor » ou dans les « grands cours d’eau de la baie Bonne, de la baie des Îles et de White Bay ». Les récits de ses excursions de camping en compagnie de son vieil ami Squarey regorgent de moments intimes passés à monter des mouches artificielles ou à préparer le poisson « à la royale » et le faire dorer sur un feu à ciel ouvert.

Au cours de sa vie, Alexander A. Parsons fut témoin de la pose du câble transatlantique se rendant jusqu’à Heart’s Content en 1866 [V. Frederic Newton Gisborne*], de l’achèvement d’un chemin de fer transinsulaire par Robert Gillespie Reid* et ses fils en 1898, de la réception du premier message sans fil par Guglielmo Marconi sur la colline Signal en 1902, ainsi que du déploiement outre-mer du Newfoundland Regiment ordonné par le gouvernement de sir Edward Patrick Morris en 1914. Il dîna avec la famille royale à la table du gouverneur et fit des promenades en compagnie de premiers ministres. Il écrivit sur ces événements, mais c’était au fond un homme simple, plutôt effacé, sensible à la beauté naturelle et aux coutumes de sa région. Comme journaliste et rédacteur en chef, il fit preuve d’une conscience civique prononcée ; comme homme politique, il contribua à forger les règles pour encadrer une société naissante.

Maudie Whelan

Sans compter ses contributions à l’Evening Telegram (St John’s), Alexander A. Parsons a écrit plus de 50 articles ; ceux-ci ont paru à St John’s dans le Newfoundland Quarterly, le Cadet, le Veteran et le Newfoundland Magazine. On peut les trouver en ligne à l’aide de l’outil de recherche des Memorial Univ. Libraries, « Periodical article bibliography » : capelin.library.mun.ca/v/pab (consulté le 3 décembre 2018). Des exemplaires numérisés du Newfoundland Quarterly et du Veteran sont accessibles sur le site Internet de la Memorial Univ. of Nfld, « Digital archives initiative » : collections.mun.ca/index.php (consulté le 1er mai 2014).

Memorial Univ. of Nfld, Queen Elizabeth II Library, Arch. and Special Coll. (St John’s), coll-237.— Daily News, 5 avril 1932.— Evening Herald (St John’s), 10–12, 19 oct. 1898.— Evening Telegram, 2 mai 1882 ; 19 sept. 1889 ; 21 oct., 2 nov. 1893 ; 1er sept., novembre 1897 ; 25 avril 1904 ; 2, 4 avril 1932.— Harbour Grace Standard (Harbour Grace, T.-N.), 1er nov.1873, 14 juin 1879, 29 avril 1904.— Sentinel and Conception Bay Advertiser (Carbonear, T.-N.), 12 janv. 1837.— « Alexander A. Parsons, esq., j.p., superintendent Newfoundland penitentiary », Newfoundland Quarterly, 5 (1905–1906), no 4 : 19.— Hist. directory of Nfld and Labrador newspapers.— The Telegram, « The history of the Telegram » : www.facebook.com/note.php?note_id=83483021235 (consulté le 1er mai 2014).— Maudie Whelan, « The newspaper press in nineteenth-century Newfoundland : politics, religion, and personal journalism » (thèse de ph.d., Memorial Univ. of Nfld, 2002).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Maudie Whelan, « PARSONS, ALEXANDER A. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/parsons_alexander_a_16F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/parsons_alexander_a_16F.html
Auteur de l'article:    Maudie Whelan
Titre de l'article:    PARSONS, ALEXANDER A.
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2019
Année de la révision:    2019
Date de consultation:    22 nov. 2024