PANET, BERNARD-CLAUDE, prêtre catholique et archevêque, né le 9 janvier 1753 à Québec, fils de Jean-Claude Panet*, notaire, et de Marie-Louise Barolet ; décédé le 14 février 1833 à l’Hôtel-Dieu de Québec et inhumé quatre jours plus tard dans la cathédrale Notre-Dame de Québec.

Bernard-Claude Panet est issu d’une famille de 14 enfants, dont Jean-Antoine*, qui deviendra le premier président de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, et Jacques, curé à L’Islet de 1779 à 1829. Il fait toutes ses études au petit et au grand séminaire de Québec. Ordonné prêtre par Mgr Jean-Olivier Briand* le 25 octobre 1778, il enseigne la rhétorique et la philosophie au petit séminaire de 1777 à 1780, et il compte parmi ses élèves Joseph-Octave Plessis.

À l’automne de 1780, Panet est choisi pour desservir les paroisses de Batiscan et de Champlain et, l’année suivante, il devient curé de Notre-Dame-de-Liesse, à Rivière-Ouelle, paroisse progressive mais minée par les dissensions. L’autorité du curé précédent, Jean-Louis-Laurent Parent, avait toujours été chaudement contestée, surtout durant l’invasion américaine de 1775. En 1780, des gens l’avaient même sommé de quitter les lieux. Mgr Briand avait résisté aux paroissiens rebelles, mais après la mort de Parent en mars 1781, il devait lui trouver un remplaçant capable de pacifier les esprits. « Naturellement bon et affable, pieux, zélé et charitable », au dire de Mgr Henri Têtu*, l’un de ses biographes, Panet fait preuve de beaucoup de patience et de diplomatie et ramène l’harmonie dans la paroisse. Pratique et méthodique, il l’administre d’une façon exemplaire. Il se révèle aussi d’une grande charité, offrant la nourriture aux enfants pauvres du catéchisme ou aux gens éloignés de l’église qui attendent l’heure des vêpres. Il ne refuse l’aumône à personne, pas même aux étrangers. En 1792, il obtient le consensus de ses paroissiens en vue de la construction d’une nouvelle église ; il se fait nommer trésorier et premier surveillant des travaux. L’église est terminée en 1794, et il continue à l’ornementer pendant plusieurs années, donnant des contrats aux artisans Louis Dulongpré*, François Baillairgé et Louis Quévillon, entre autres. Il achète régulièrement des vases sacrés de grande valeur. Panet, qui porte un intérêt particulier à l’enseignement, fait construire un couvent en 1807 et y installe les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame deux ans plus tard. Il fait établir une école élémentaire de fabrique en 1824. Il s’intéresse aussi à l’agriculture et à la colonisation. Il donne l’exemple en devenant membre de la Société d’agriculture du district de Québec en 1791 et en acceptant le patronage de la Société auxiliaire d’agriculture de Sainte-Anne de la Grande-Anse.

Le rayonnement de Panet dépasse bientôt les limites de sa paroisse. L’évêque de Québec le choisit comme délégué dans la région comprise entre Québec et Rimouski, particulièrement pour les missions délicates que sont souvent les enquêtes pour la construction d’un presbytère (à Kamouraska, par exemple) ou d’une église (à Trois-Pistoles, entre autres). Tout le monde reconnaît sa sagesse et son sens de l’équité. Cette réputation n’échappe pas à ses supérieurs. Mgr Plessis, nommé évêque de Québec en 1806, demande Panet comme coadjuteur, car, écrit-il à Rome, c’est « le plus qualifié du côté de la piété, des talents et de la réputation » et « il est en très bonne odeur auprès de ses ouailles, qu’il a constamment édifiées par la régularité de sa vie et par son exactitude à la prédication et aux fonctions du saint ministère ».

Agréé par les autorités britanniques et romaines, Panet est élu évêque de Saldae in partibus infidelium et coadjuteur de l’évêque de Québec le 12 juillet 1806. Il est sacré par Mgr Plessis le 19 août de l’année suivante. Ce dernier se propose d’installer le nouveau prélat au séminaire de Saint-Sulpice à Montréal, mais, deux fois, le supérieur de l’institution, Jean-Henry-Auguste Roux, s’y oppose par crainte de voir son autorité éclipsée et son indépendance diminuée. Panet est heureux de demeurer curé de Rivière-Ouelle, où il ajoute au ministère d’une importante paroisse qui compte 1 400 communiants en 1804 et 2 007 en 1826 les tâches inhérentes à son nouveau titre. Celles-ci l’obligent à s’absenter plus souvent tout comme à participer d’une façon régulière à la vie sociale, assez brillante à l’époque.

En tant que coadjuteur, Panet continue à présider diverses enquêtes et à régler à peu près tous les problèmes des paroisses en bas de Québec, non sans les rapporter à son évêque dans une abondante correspondance. Sa tâche principale est cependant de faire la visite pastorale, y compris celle de la Côte-Nord. Il se rend dans la région de Montréal où l’accompagne le sulpicien Jean-Jacques Lartigue* à partir de 1814.

Pendant le séjour de Mgr Plessis en Europe en 1819–1820, Panet s’installe à Québec et administre l’archidiocèse selon les directives laissées par son supérieur, devenu archevêque en 1819. En toutes occasions, le coadjuteur est le principal conseiller de Plessis. Ainsi, quand ce dernier avait voulu publier un nouveau catéchisme, il l’avait encouragé en reconnaissant que « le petit cathécisme de Québec pourrait être de beaucoup réformé », il lui avait adressé des observations qu’il avait communiquées aux curés de son district et, plus tard, des remarques sur le texte rédigé par l’évêque lui-même ; quand, après la publication du nouveau Petit Catéchisme du diocèse de Québec approuvé et autorisé en 1815, s’était élevé un débat entre Plessis et certains sulpiciens, le coadjuteur s’était rangé du côté de l’évêque, tout en blâmant, lui aussi, quelques expressions ou certains tours de phrase incorrects. Cet exemple illustre bien ce qu’a voulu être Panet comme coadjuteur : un conseiller judicieux pour son supérieur qu’il appuie tout en conservant le droit d’avoir des idées personnelles.

À la mort de Plessis en décembre 1825, Panet, alors âgé de 72 ans, devient archevêque de Québec. En certains endroits, particulièrement à Montréal, on appréhende l’attitude du nouveau titulaire. Cet « homme tranquille », cet esprit conciliant ne se laissera-t-il pas circonvenir par les habiles manœuvres des autorités gouvernementales ou par les subtiles argumentations des sulpiciens ? Lui-même, cependant, fait connaître très tôt son désir de suivre les traces de son prédécesseur et de laisser les choses telles qu’il les avait trouvées « sans y rien changer en quoi que ce soit ». Les sulpiciens sont les premiers à apprendre que ces propos ne sont pas des paroles en l’air. Dès décembre 1825, leur supérieur Roux, venu sonder le terrain et proposer certains accommodements, se fait répondre par le nouvel archevêque qu’il adoptera la même position que Mgr Plessis. Dans les difficultés que Lartigue, auxiliaire de l’archevêque de Québec à Montréal depuis le 21 janvier 1821, rencontre avec ses anciens confrères de Saint-Sulpice, Panet le soutient totalement et n’hésite pas à condamner sévèrement la conduite des sulpiciens. De même, quand ceux-ci proposent aux autorités britanniques de troquer une partie des biens de Saint-Sulpice contre une rente fixe et perpétuelle [V. Jean-Henry-Auguste Roux], Panet se joint à Lartigue pour dénoncer cette « spoliation des biens de l’Eglise canadienne » et pour la faire échouer à Rome et à Londres [V. Thomas Maguire*]. D’ailleurs, en mars 1830, Rome suspend temporairement la permission donnée en 1827 à Roux d’aliéner les biens du séminaire, tandis qu’en octobre, le gouvernement britannique décide de ne pas donner suite à l’accord conclu avec les sulpiciens. Enfin, tout en modérant parfois son impétueux auxiliaire, Panet l’appuie constamment dans ses efforts pour créer un diocèse à Montréal. Il montre la même fermeté avec le reste de son clergé. Pour faire respecter certaines de ses décisions et notamment des changements de cures, il n’hésite pas à se montrer sévère même si son caractère naturellement bon le porte plutôt à l’indulgence. On l’accuse parfois d’être autocrate, mais tout prouve qu’il sait s’entourer d’un conseil d’hommes sages qu’il consulte à propos de toute question importante.

Les rapports de Panet avec les autorités gouvernementales sont empreints de prudence et de crainte. Au contraire de Mgr Lartigue qui prône l’indépendance vis-à-vis de l’État, Panet n’ose rien entreprendre sans l’approbation du gouvernement et il remet souvent à plus tard des interventions qui pourraient heurter le Conseil exécutif. Il se réfère toujours à l’attitude qu’avait Mgr Plessis pour justifier cette conduite.

Enfin, l’éducation de la jeunesse constitue l’une des principales préoccupations de Panet durant son épiscopat. Il appuie de son influence et de ses deniers le collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et surtout le séminaire de Nicolet. À défaut d’un comité catholique de l’Institution royale pour l’avancement des sciences, dont il rêve un moment, il contribue à faire accorder, par la loi scolaire de 1829, des allocations pour la construction d’écoles et pour le soutien des divers collèges, académies et couvents du Bas-Canada. Toujours en 1829, il complète la réforme catéchistique de son prédécesseur en publiant Grand Catéchisme à l’usage du diocèse de Québec.

Plusieurs autres dossiers accaparent Bernard-Claude Panet : le projet de loi des fabriques [V. Louis Bourdages] qu’il réussit à faire bloquer par le Conseil législatif ; le problème de l’érection civile des paroisses enfin réglé en 1831 ; l’épidémie de choléra qui frappe Québec et Montréal en 1832. Ces préoccupations et son âge avancé le poussent à offrir sa démission pour céder ses pouvoirs à son coadjuteur, Mgr Joseph Signay*. Rome refuse deux fois, à l’automne de 1831 et en janvier 1832, tout en lui permettant de déléguer une partie de son autorité. Mais comme ses forces déclinent rapidement, Panet confie l’administration de l’archidiocèse à Mgr Signay le 13 octobre 1832 et se retire à l’Hôtel-Dieu de Québec le mois suivant. Il y meurt le 14 février 1833, laissant, selon Mgr Signay, le souvenir d’une « piété tendre, une douceur inaltérable, une charité compatissante envers les autres, un zèle constant pour le salut de ses ouailles ». Quant à Mgr Têtu, il souligne que « ses talents modestes, son rare bon sens » lui ont néanmoins permis de n’être pas totalement éclipsé par son illustre prédécesseur.

Nive Voisine

AAQ, 20 A, IV ; 210 A, VIII-XIV ; 24 CP, I-IV.— ANQ-Q, CE1-1, 10 janv. 1753, 18 févr. 1833.— Arch. du séminaire de Nicolet (Nicolet, Québec), Séminaire, I : 21.— ASQ, Polygraphie, XIV : 7A.— [J.-O. Plessis], le Petit Catéchisme du diocèse de Québec approuvé et autorisé (Québec, 1815).— « Testament de Mgr Panet, évêque de Québec », BRH, 51 (1945) : 203–205.— Allaire, Dictionnaire.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Panet », ANQ Rapport, 1933–1934 ; 1934–1935 ; 1935–1936.— Henri Têtu, Notices biographiques ; les évêques de Québec (Québec, 1889 ; réimpr. en 4 vol., Québec et Tours, France, 1930).— Raymond Brodeur, « Identité culturelle et Identité religieuse, étude d’un cas : le Petit Catéchisme du diocèse de Québec, approuvé et autorisé par Mgr J. O. Plessis, Québec, le 1er avril 1815 » (2 vol., thèse de ph.d., univ. de Paris-Sorbonne, 1982).— Chaussé, Jean-Jacques Lartigue.— P.-H. Hudon, Rivière-Ouelle de la Bouteillerie ; 3 siècles de vie (Ottawa, 1972).— Lambert, « Joseph-Octave Plessis ».— Lemieux, l’Établissement de la première prov. eccl.— [M.-E. Perreault] e E. Croff, Nos ancêtres à l’œuvre à la Rivière-Ouelle (Montréal, 1931).— Ivanhoë Caron, « la Mort de Mgr Panet racontée par Mgr Signay », BRH, 44 (1938) : 7–8.

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Nive Voisine, « PANET, BERNARD-CLAUDE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/panet_bernard_claude_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    20 nov. 2024