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PICARD DESTROISMAISONS, THOMAS-FERRUCE (il signait Thomas Destroismaisons), prêtre, missionnaire, né le 12 janvier 1796 à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud (Saint-Pierre-Montmagny, Québec), fils de Philippe Picard Destroismaisons et de Rosalie Fournier, décédé le 5 avril 1866 à Saint-François, île d’Orléans.
Après ses études secondaires au séminaire de Québec, Thomas-Ferruce Picard Destroismaisons est envoyé au collège de Nicolet pour y faire sa théologie et y enseigner (1816–1819). Ordonné prêtre le 17 octobre 1819 dans la cathédrale de Québec, il se rend immédiatement à Saint-Hyacinthe pour y devenir vicaire à la paroisse Notre-Dame.
Dès 1818, l’abbé Joseph-Norbert Provencher*, premier missionnaire de la Rivière-Rouge, se cherchait « un prêtre et un ecclésiastique » qui viendrait l’assister. Même s’il n’a pas toutes les qualités requises par Provencher – connaître l’astronomie, l’anglais et la « langue sauvage », s’entendre à bâtir et à conduire les gens – l’abbé Destroismaisons est choisi par Mgr Joseph-Octave Plessis* pour devenir missionnaire dans l’Ouest. Il arrive à la Rivière-Rouge le 12 août 1820, quatre jours avant le départ de Provencher pour Québec. Avant même son retour en août 1822, Provencher songe déjà à faire repartir le jeune missionnaire pour le Bas-Canada « quand on pourra se passer de lui », car il « ne prend guère ». Toutefois, Destroismaisons demeure sur place et travaille auprès des Indiens : à la rivière Qu’Appelle en 1823, à Pembina (Dakota du Nord) en 1824 ; il passe chaque été à la Rivière-Rouge. Malgré tous ses efforts, il ne réussit pas à apprendre la langue des Indiens qu’il visite et il doit se servir d’un interprète. Pendant les dernières années de son séjour dans l’Ouest, il est surtout attaché à la mission de la prairie du Cheval-Blanc dont il devient le premier desservant.
Enfin, en 1827, l’abbé Destroismaisons reçoit son congé. Malgré le demi-échec de sa carrière de missionnaire, il laisse un bon souvenir à Mgr Provencher qui écrit à l’évêque de Québec, Mgr Bernard-Claude Panet* : « M. Destroismaisons est un bon prêtre plein de bonne volonté. Il ne donnera pas de trouble à son évêque. » Les autorités civiles l’ont en haute estime ; George Simpson*, alors gouverneur du département de Northern de la Hudson’s Bay Company, le propose même comme missionnaire pour les postes du roi dans l’Est.
De retour au Bas-Canada, Thomas Destroismaisons devient, en 1827, le premier curé de Saint-Urbain (Saint-Urbain-de-Charlevoix), où il s’occupe spécialement de la construction de l’église. De 1833 à 1850, il est curé de Saint-Germain (Rimouski) avec la charge de plusieurs missions environnantes. Il révèle encore ses talents de bâtisseur en s’occupant, entre autres, de la construction d’une salle publique à Saint-Germain et d’une église dans la mission Sainte-Luce. Ces travaux et la grande étendue des territoires à desservir le fatiguent assez vite, et il écrit : « je ne me sentois pas doué des talens requis pour diriger et administrer une grande, ou plutôt plusieurs paroisses. » À partir de 1848, il fait de moins en moins de ministère. Malgré la fatigue, il demande de demeurer à Rimouski où il se sent bien apprécié de la population. L’abbé Célestin-Zéphirin Rousseau, son vicaire, l’admet volontiers, mais il y voit un effet de sa bonasserie : « Le père est le meilleur homme du monde et vis à vis de ses paroissiens, il a une bonté sans bon sens. À toutes les demandes qu’on lui fait, il répond par une suite de oui interminables, mais lorsqu’il faut agir les oui deviennent inefficaces. » Une seule catégorie de gens échappe à cette bonté excessive, les orphelins irlandais. À des dates différentes, deux vicaires reprochent au curé Destroismaisons de se désintéresser de ces petits malheureux. Le fait semble bien avéré, mais rien ne nous permet de l’expliquer.
Malgré son peu d’enthousiasme, l’abbé Destroismaisons est finalement transféré, en 1850, à la petite cure de Saint-François, île d’Orléans, où il achève ses jours en avril 1866.
AAQ, 330 CN, I.— Archives de l’archevêché de Rimouski, 355.106.— [J.-N. Provencher], Lettres de Monseigneur Joseph-Norbert Provencher, premier évêque de Saint-Boniface, Manitoba, Soc. historique de Saint-Boniface, Bull., III (1913) : 5–124.— Morice, Hist. de l’Église catholique, I.
Nive Voisine, « PICARD DESTROISMAISONS, THOMAS-FERRUCE (Thomas Destroismaisons) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/picard_destroismaisons_thomas_ferruce_9F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/picard_destroismaisons_thomas_ferruce_9F.html |
Auteur de l'article: | Nive Voisine |
Titre de l'article: | PICARD DESTROISMAISONS, THOMAS-FERRUCE (Thomas Destroismaisons) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |