Malgré la résistance du clergé catholique, la presse libérale tente de propager le message politique véhiculé par Wilfrid Laurier. Dans la région de Québec, cette mission incombe au quotidien le Soleil et à son rédacteur en chef Ernest Pacaud :
Le 27 décembre 1896, les curés lisent en chaire une lettre collective des évêques de la province ecclésiastique de Québec qui interdit la lecture de son journal. Les chefs libéraux décident de résister. Pacaud change le titre de son journal [, l’Électeur,] et publie le lendemain, sur les mêmes presses et avec la même équipe, le Soleil. Il en appelle à la Propagande et, pour donner le change, on met sur pied la Compagnie d’imprimerie de Québec, dont Pacaud est l’actionnaire principal. Mgr Labrecque récidive en interdisant le Soleil. Le délégué apostolique Rafael Merry del Val lève cette interdiction à l’occasion de son séjour au Canada en 1897. Dès lors, Pacaud navigue par temps calme dans le sillage de Laurier. Il appuie le règlement Laurier-Greenway, disserte sur les multiples nuances de l’impérialisme, dénonce les pièges d’une trop grande autonomie provinciale, s’en prend au nationalisme d’Henri Bourassa* et de Joseph-Israël Tarte, plaide en faveur du Grand Trunk Pacific Railway et de la Compagnie du pont de Québec.
Offusqué de voir son journal la Presse subir, au profit d’un concurrent, une perte d’influence auprès de son principal commanditaire, le Parti conservateur, Trefflé Berthiaume saisit en 1901 l’occasion de faire passer son organe dans le giron libéral :
Berthiaume fit comprendre à Laurier que son gouvernement pouvait compter sur l’appui, d’autant plus puissant qu’il était discret, du plus grand quotidien français d’Amérique.
De son côté, la presse indépendante subit, à la même époque, les assauts répétés du Parti libéral, comme en fait foi l’extrait suivant de la biographie du journaliste Olivar Asselin, virulent critique du régime Laurier :
La position éditoriale des Débats, toutefois, survit moins d'un an aux manœuvres de Tarte pour faire racheter le journal par des partisans de Laurier.
À la Vérité, le journaliste franc-tireur catholique Jules-Paul Tardivel fait de Laurier la cible de ses nombreuses attaques :
Il peint sous un jour noir les libéraux comme Wilfrid Laurier*, à ses yeux fossoyeurs en douce de la religion et de la nationalité canadienne-française.
Pour de plus amples informations sur le rôle de la presse dans la vie publique canadienne à l’époque de Laurier, nous vous invitons à consulter les listes de biographies suivantes.