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PERLEY, MOSES HENRY, avocat, entrepreneur, naturaliste, auteur et fonctionnaire, né le 31 décembre 1804 à Maugerville, comté de Sunbury, Nouveau-Brunswick, d’une lignée de pré-loyalistes de cette province, fils de Moses Perley et de Mary Perley, une cousine de son père ; le 6 septembre 1829, il épousa Jane Ketchum et ils eurent huit enfants ; décédé le 17 août 1862 à bord du hms Desperate, au large de la côte du Labrador.
Le père de Moses Henry Perley mourut accidentellement peu avant la naissance de son fils. Alors que celui-ci était encore très jeune, sa mère alla s’installer à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, où il fréquenta des écoles publiques. Durant sa jeunesse, il passa ses étés à chasser, à pêcher et à trafiquer avec les Indiens sur la rivière Saint-Jean et ses affluents. Ses préoccupations concernant le sort des Indiens s’accrurent à la suite d’un événement malheureux survenu en 1822, alors qu’il tua l’un d’eux par mégarde en pratiquant le tir à la cible. Très tôt il devint un grand amateur de sports et il acquit un goût prononcé pour les sciences naturelles, domaine qui allait l’intéresser durant toute sa vie.
Perley étudia le droit et fut reçu au barreau en 1830. Jeune avocat, il trouva encore le temps de poursuivre l’exploration des voies d’eau intérieures de la province et d’effectuer de fréquentes visites aux villages indiens ; en outre, il commença à recueillir, sur les ressources naturelles du Nouveau-Brunswick, des renseignements qui lui furent utiles par la suite lorsqu’il se lança dans les affaires et, plus tard, quand il devint agent d’immigration (qu’on appelait alors « agent d’émigration »).
Entre 1835 et 1838, Perley s’occupa de plusieurs entreprises commerciales qui, bien souvent, aboutirent à des échecs. Il fut secrétaire de la Lancaster Mill Company ; il acheta des moulins sur la rivière Musquash et il tenta d’exploiter des mines de charbon sur la rivière Salmon, dans le comté de Queens. Il s’associa quelquefois avec des hommes d’affaires de la Nouvelle-Angleterre et, à la fin des années 30, il fut accusé par les journaux tories d’être le principal promoteur des intérêts commerciaux des États-Unis dans la province. En 1836, il dut renoncer à l’achat de 80 000 acres de terrain dans le comté de Charlotte parce que le Conseil exécutif lui refusait la permission d’échelonner ses paiements et ne consentait pas non plus à lui rembourser l’argent versé à l’avance pour des lots qui, à l’arpentage, s’étaient révélés inutilisables. Tout au long de sa carrière, Perley affirma que le bureau des Terres de la couronne n’encourageait pas mais plutôt restreignait le développement des ressources forestières de la province et l’établissement des immigrants. Il se peut que cette attitude critique ait joué contre lui en 1836–1837, lorsqu’il tenta d’obtenir l’aide du gouvernement, car celuici se montrait déjà peu favorable aux rapports bien connus qu’il entretenait avec la Nouvelle-Angleterre et à la vente de terrains aux Américains. En outre, Perley était gêné dans la réalisation de ses projets par le fait que les investissements américains à l’étranger se faisaient rares en raison de la crise économique qui sévissait aux États-Unis à la fin des années 30. Il n’en continua pas moins de s’associer aux commerçants américains dans son propre intérêt et pour favoriser les investissements étrangers, qu’il considérait comme un outil nécessaire à la mise en valeur des ressources de la province. Cette association s’avéra profitable lorsqu’il participa aux négociations qui devaient aboutir aux accords de réciprocité de 1854.
Comme il possédait de vastes connaissances sur les établissements indiens et qu’il s’intéressait à leur sort, Perley fut nommé commissaire de la province aux affaires indiennes, poste qui n’était pas rétribué. Il prétendit avoir obtenu cette nomination en 1839, mais les documents laissent croire qu’il n’entra en fonction qu’en 1841. Avec la permission du lieutenant-gouverneur sir William MacBean George Colebrooke, il visita tous les établissements indiens de la province et, en 1842, il entreprit la rédaction d’un premier rapport dans lequel il exprimait son opposition à l’empiétement des squatters sur les terres des Indiens. Il recommanda que la couronne continuât de tenir en fidéicommis les réserves accordées aux Indiens et que ces derniers soient incités à former des villages où il leur serait possible d’envoyer les enfants à l’école et de recevoir la visite régulière d’un médecin. Il estimait que ces dispositions devaient être prises sans modifier la façon de vivre des Indiens. Encouragé par le lieutenant-gouverneur à poursuivre ses travaux de recherche, Perley visita de nouveau les établissements en 1842 et il se rendit également chez les Micmacs de l’Île-du-Prince-Édouard en 1842 et 1843. Durant ces années, il se vit offrir le poste de surintendant général des Affaires indiennes de la province du Canada ; les discussions amorcées à cet effet furent interrompues, toutefois, par la nomination d’un nouveau gouverneur, sir Charles Metcalfe*. En 1843, Perley présenta au gouvernement un second rapport détaillé concernant les réserves, dans lequel il reprenait les recommandations faites l’année précédente.
Les Indiens appréciaient les efforts de Perley et celui-ci fut fait chef des Malécites en 1839 et des Micmacs en 1840. En 1842, il fut désigné « Wunjeet Sagamore », c’est-à-dire « chef suprême ». Il passait une grande partie de son temps dans leurs villages – en février 1843, il se plaignit de ce qu’il n’avait pu « dormir dans un lit pendant deux mois entiers » – et il prenait souvent la parole, vêtu d’un costume indien, dans les assemblées de tribu.
Perley joua un rôle important dans la rédaction de la loi sur les Indiens qui fut adoptée au Nouveau-Brunswick en 1844. Dans une certaine mesure, cette loi avait été conçue pour mettre en application quelques-unes des recommandations de ses rapports ; par contre, elle devait permettre au gouvernement de vendre des terres faisant partie des réserves et de verser l’argent à un fonds qui serait utilisé au profit des Indiens. En qualité de chef honoraire, Perley critiqua vivement certains aspects de la loi. Il était d’avis que les squatters ne seraient pas expulsés du territoire des Indiens et que la vente par le gouvernement de vastes sections des réserves ne pouvait guère être à l’avantage des autochtones. Il voulut écrire au ministre des Colonies pour lui faire connaître ses objections, mais le gouverneur Colebrooke et le Conseil exécutif refusèrent de transmettre sa lettre. Un comité formé de membres du conseil fut chargé d’étudier ses critiques ; il nota dans son rapport que Perley entretenait « cette idée erronée que les dis ‘ ions [de la loi] forçaient le gouvernement à vendre les réserves indiennes et que les différentes tribus seraient ainsi privées de leurs terrains de chasse et des établissements qu’ils venaient à peine de mettre sur pied ». Le comité affirma qu’aucun gouvernement n’utiliserait ses pouvoirs pour agir dans ce sens, mais la loi, de fait, permettait au gouvernement de vendre toute partie des réserves qui, laissée aux Indiens, risquait de nuire à la colonisation.
En vertu des dispositions de la loi, Perley fut nommé commissaire aux affaires indiennes du comté de Saint-Jean. Comme il était, dans ce domaine, l’homme le plus compétent de la province, il fut également envoyé dans le comté de Northumberland, en 1845, pour étudier les prétentions des squatters aux terres des Indiens ; en septembre de la même année, il fut nommé commissaire auprès de ses homologues régionaux afin de procéder avec eux à l’application de certaines clauses de la loi. Il devait aussi visiter toutes les réserves de la province, se rendre compte dans quelle mesure les tribus indiennes s’y étaient établies et examiner les revendications des squatters. Il eut tôt fait de constater que l’opposition des gens et les hésitations du gouvernement, surtout quand il s’agissait de déplacer les squatters, rendaient difficile l’application de la loi. À la réserve Tobique, des squatters lui firent savoir qu’ils étaient prêts à brûler leurs maisons plutôt que de payer pour obtenir des titres incontestables de propriété sur les terres. En 1848, Perley signala qu’on vendait des terres à crédit sans verser un cent au fonds destiné aux Indiens. Il n’y avait donc pas d’argent pour payer les commissaires régionaux ni pour améliorer le sort des Indiens. Perley recommanda de réserver à ceux-ci autant de terres qu’il leur en fallait pour leur usage et il proposa que le gouvernement leur fournisse une rente d’un montant déterminé. Ces suggestions furent mal accueillies par le gouvernement provincial et, en juillet 1848, lorsque Perley intervint dans un conflit qui avait éclaté dans le comté de Northumberland, il reçut l’avertissement de ne plus poser de tels gestes sans l’autorisation du gouvernement. Il s’adressa alors au lieutenant-gouverneur, sir Edmund Walker Head. On ne sait pas si une rencontre eut lieu, mais Head informa peu de temps après le ministre des Colonies que les services de Perley dans le domaine des affaires indiennes ne seraient plus requis parce qu’il avait outrepassé ses fonctions en critiquant publiquement l’attitude du gouvernement à l’endroit des Indiens.
Perley avait souvent éprouvé des difficultés à se faire remettre les sommes qu’il dépensait à l’occasion de ses visites aux établissements indiens ; on lui disait qu’il serait remboursé à même le fonds destiné aux Indiens « quand l’argent serait disponible ». Il ne touchait pas de salaire régulier, mais il effectuait fréquemment des travaux juridiques qui lui étaient commandés par le gouvernement. Il continua à pratiquer le droit et à s’occuper de diverses entreprises commerciales. Après avoir participé à la fondation du Mechanics’ Institute à Saint-Jean en 1838, il prononça plusieurs conférences à cet endroit sur l’histoire et les ressources de la province. En 1844, il contribua également à la mise sur pied de la Provincial Association de Saint-Jean, qui visait principalement à la protection douanière des intérêts des industriels et des agriculteurs.
Durant les années 40, Perley était incontestablement celui qui, dans la province, connaissait le mieux les cours d’eau, les ressources naturelles et les pêcheries. Il estimait que le gouvernement ne s’était pas suffisamment employé à exploiter ces ressources. De son propre chef, en 1843, il se lança dans une étude portant sur la pêche dans le golfe du Saint-Laurent. La même année, il entreprit d’amener des immigrants à s’établir sur les terres situées près de Saint-Jean ; il recueillit les pétitions des colons qui désiraient acheter des lots dans les régions de Mechanic Settlement et de Cork ainsi que les noms de ceux qui acceptaient de signer des promesses d’achat. Après avoir contribué à la fondation des deux villages, il prit des notes à l’intention du gouvernement sur leur développement en 1843 et 1844.
Lors qu’Alexander Wedderburn* tomba malade, Perley fut nommé agent d’immigration suppléant par le gouvernement provincial en juin 1843, en raison de sa compétence, de son dynamisme et de l’intérêt qu’il portait au progrès de la province ; il devint titulaire permanent de ce poste quelques mois plus tard. Il avait alors la responsabilité de surveiller l’arrivée des immigrants et l’application des règlements de quarantaine ; il espérait également se trouver dans « une excellente position pour favoriser la colonisation et promouvoir les meilleurs intérêts du pays ». Perley se montra ferme quand il engagea des poursuites contre les capitaines et les sociétés qui ne respectaient pas les règlements du gouvernement britannique dans le transport des immigrants au Nouveau-Brunswick. Il devait s’occuper des immigrants pauvres qui arrivaient à pleins bateaux et dont un grand nombre avaient la variole, le choléra et d’autres maladies, et il demanda souvent qu’on leur vînt en aide à leur arrivée. Perley et les membres de son service pouvaient avancer de l’argent à ceux qui se trouvaient dans le besoin, mais ils n’étaient pas toujours remboursés par l’Assemblée ; en 1846, Perley menaça de démissionner pour cette raison. La question fut réglée en 1847 quand le gouvernement britannique décida de faire de lui son agent d’émigration au Nouveau-Brunswick. Avec cette seconde nomination, le salaire annuel de Perley passa de £100 à £300.
En 1847, il eut la responsabilité de trouver des foyers à 120 orphelins et il en prit deux chez lui. Avec l’appui de plusieurs médecins de Saint-Jean, il protesta mais en vain contre la décision prise par le gouvernement du Nouveau-Brunswick d’établir un poste de quarantaine sur l’île de Partridge. En 1851, il demanda au gouvernement de favoriser l’immigration de jeunes gens de Grande-Bretagne, particulièrement des jeunes filles âgées de 14 à 16 ans qui pouvaient facilement trouver du travail comme domestiques et devaient être logées dans des foyers convenables avec l’aide de comités mis sur pied dans les villes portuaires. Perley rédigea à l’intention des immigrants un manuel que le gouvernement accepta de publier en janvier 1855. En mars de la même année, il recommanda de réserver un million d’acres de terrain aux anciens combattants britanniques, mais cette demande n’eut pas de suite.
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick reconnut la compétence de Perley en faisant maintes fois appel à lui pour accomplir des tâches particulières. En octobre 1846, quand on fit le levé d’une route pour construire une voie ferrée reliant la Nouvelle-Écosse et le Bas-Canada, on lui demanda de rédiger un rapport sur les particularités de la région, les ressources minières, la fertilité du sol et les avantages offerts, sur le plan de la colonisation, par les sites où l’on prévoyait établir des stations. Il devait également étudier la possibilité de construire des voies secondaires reliant un certain nombre de villes et de villages du Nouveau-Brunswick et déterminer l’essor que ces lignes ferroviaires donneraient à la pêche dans le golfe du Saint-Laurent ainsi qu’au Labrador. Son rapport, où l’on sent l’enthousiasme qui entourait les projets de chemins de fer à cette époque, fut remis en décembre 1846 et il fut accueilli favorablement par le gouvernement et par le ministre des Colonies. Durant la même période, Perley rédigeait aussi les conclusions d’une étude sur les arbres du Nouveau-Brunswick, qui visait à encourager l’exploitation des ressources forestières ; ce rapport fut publié en 1847.
Perley s’occupa activement de quelques autres chemins de fer et il participa aux travaux de la St Andrews and Quebec Railway Company, pour le compte de laquelle, en 1847, il passa trois mois en Angleterre. En 1848, on lui demanda d’étudier la route dont John Wilkinson* effectuait le levé en vue de construire la ligne reliant Saint-Jean à Shediac, mais ce projet fut abandonné parce que la subvention accordée par la législature couvrait à peine les frais de l’arpentage. Perley assista aux assemblées tenues au sujet des chemins de fer et, notamment, à l’importante réunion qui eut lieu à Portland, dans le Maine, en 1850 [V. John Alfred Poor*]. En 1848, il persuada le gouvernement d’inviter le professeur James Finlay Weir Johnston* à venir au Nouveau-Brunswick pour y étudier les ressources agricoles de la province. En outre, il passa quelque temps à Fredericton, en 1848 et 1849, dans le but de mettre au point les modifications qui devaient être apportées aux lois concernant les immigrants et les Indiens.
Perley s’intéressa largement à un autre domaine, celui de la pêche. En 1849, il présenta un rapport sur les activités des pêcheurs de la province dans le golfe du Saint-Laurent, rapport qui fut complété plus tard par des études plus poussées. En 1848 ou 1849, il rédigea un rapport préliminaire sur la pêche dans la baie de Fundy et il établit un répertoire des poissons se trouvant dans ces eaux ; ces ouvrages furent publiés respectivement en 1851 et 1852. Comme ses travaux suscitaient des réactions favorables au Nouveau-Brunswick et en Grande-Bretagne, il fut chargé en juillet 1850 d’effectuer de nouvelles recherches sur la pêche dans la baie de Fundy chaque fois que ses fonctions d’agent d’immigration le lui permettaient. Au cours d’une étude approfondie sur la pêche en mer et en eau douce qu’il mena en 1849 et 1850, Perley parcourut quelque 900 milles, dont plus de 500 en canot. En 1851, il rédigea des directives spéciales à l’intention des gardes-pêche du comté de Charlotte et il suggéra de former des associations de pêcheurs sur le modèle des associations d’agriculteurs et d’établir des villages de pêcheurs sur la côte. Deux ans plus tard, il effectua d’autres recherches sur la côte, entre la baie de Miramichi et la baie Verte. En 1849 et 1852, il participa à la rédaction de la loi devant régir la pêche en mer et dans les cours d’eau. Entre 1852 et 1854, il contribua largement à réunir les données relatives à la pêche qui furent utilisées lors des négociations devant aboutir au traité de réciprocité conclu entre les États-Unis et les colonies de l’Amérique du Nord britannique. Au cours de ces négociations, il passa une bonne partie de son temps aux États-Unis, à la demande de l’ambassadeur britannique ; il se rendit à Washington, à New York et à Québec.
À son retour de New York, en novembre 1854, Perley s’inquiétait de son propre avenir. Exception faite du traitement qu’il touchait comme agent d’immigration, il n’avait reçu-pour toutes les tâches qu’il avait accomplies – que le remboursement de ses dépenses et il se disait « fatigué de travailler pour le public sans honoraires ni récompense ». La récompense vint en 1855 : nommé commissaire de la pêche, il fut chargé d’appliquer les dispositions du traité de réciprocité ; il recevait un salaire annuel de £300 pour ce travail et conservait son poste d’agent d’immigration. En 1857, il obtint la permission de se rendre à Londres pour régler des affaires se rapportant à ses fonctions de commissaire ; en sa qualité d’agent d’immigration, il avait en même temps pour mission d’inciter les immigrants britanniques à s’établir au Nouveau-Brunswick en publiant les données qu’il avait réunies sur les ressources de la province et en prenant les mesures nécessaires pour vendre cette documentation à Londres ainsi que dans d’autres villes et ports de mer. Perley mit de l’avant divers projets visant à favoriser l’immigration, mais la plupart d’entre eux ne furent pas acceptés par le gouvernement du Nouveau-Brunswick. L’un de ces projets, qui impliquait une assistance aux immigrants, fut rejeté sous prétexte qu’il n’allait peut-être qu’inciter un grand nombre de gens à utiliser la province comme porte d’entrée au Canada et aux États-Unis ; un autre, qui proposait de garantir du travail aux nouveaux venus dans des entreprises telles que la construction des chemins de fer, fut repoussé parce que le gouvernement n’était pas en mesure « d’assurer aux immigrants un emploi, qu’il soit permanent ou temporaire, ni un taux de salaire déterminé ».
Lorsque Perley devint commissaire de la pêche, plusieurs personnes tentèrent d’obtenir son poste d’agent d’immigration. En 1858, un grand nombre de ses alliés politiques, comme Edward Barron Chandler*, n’étaient plus au pouvoir. Les visées réformistes du nouveau gouvernement dirigé par Charles Fisher* allaient jusqu’à l’attribution d’emplois aux amis du régime et on jugea, en mai 1858, que les fonctions exercées par Perley en tant que commissaire de la pêche étaient incompatibles avec son travail comme agent d’immigration. Même si le lieutenant-gouverneur John Henry Thomas Manners-Sutton* hésitait à donner son assentiment parce que l’intéressé était à l’emploi non seulement de la province, mais aussi du gouvernement britannique, Perley fut remplacé par Robert Shives au poste d’agent provincial. Perley souhaitait conserver ses fonctions d’agent du gouvernement britannique, mais celui-ci estima que ses services, par ailleurs compétents, n’étaient plus requis puisque l’émigration avait subi une forte baisse au cours des dernières années. Il demanda alors la permission de poursuivre son travail sans recevoir de salaire, mais le gouverneur déclina sa proposition pour éviter tout conflit avec les activités de Shives.
En 1861, Perley était l’un des propriétaires d’un nouveau journal publié à Saint-Jean, le Colonial Empire, qui cherchait à promouvoir l’union des colonies, le libre-échange intercolonial, l’extension du chemin de fer, ainsi que l’exploitation des ressources minières et de la pêche. Le journal adoptait une attitude critique à l’endroit du gouvernement Fisher ; cette année-là, Perley et ses associés parvinrent à mettre au jour un scandale impliquant le bureau des Terres de la couronne, ce qui entraîna la démission de Fisher.
Poursuivant sa tâche de commissaire de la pêche, Perley se rendit à l’Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve et dans d’autres régions. À l’été de 1862, il tomba malade alors qu’il effectuait un travail d’inspection au large de la côte du Labrador, à bord du Desperate. Le capitaine voulut le conduire à Shediac où il aurait reçu les soins d’un médecin, mais il affirma que « politiquement, il serait ruiné si, cette saison-là, il ne complétait pas ses recherches et ses visites aux différentes baies et aux postes de pêche ». Il mourut à bord du vaisseau le 17 août et il fut inhumé à Forteau, dans le Labrador.
Homme énergique et doué de talents multiples, Perley écrivit un nombre prodigieux de lettres au gouvernement et à des amis sur tous les sujets se rapportant aux affaires provinciales. Durant toute sa vie, il se préoccupa du bien-être des Indiens et de l’exploitation des ressources de la province. Jusqu’à l’arrivée des réformistes, il semble avoir utilisé la forte influence dont il jouissait auprès du gouvernement pour servir avant tout ce qui lui semblait être les meilleurs intérêts de la province. Les lieutenants-gouverneurs qui se succédèrent ne manquèrent pas de reconnaître son talent et son énergie et se prévalurent de ses services. Il fut certes le plus actif des agents d’immigration qui travaillèrent pour la province. Conférencier et écrivain, il avait beaucoup lu sur tous les sujets et il publia plusieurs livres, notamment des rapports officiels, des traités d’histoire naturelle et des œuvres de fiction basées sur des légendes indiennes. Bien qu’il fût un naturaliste autodidacte, il était reconnu comme le plus grand ichtyologiste des provinces Maritimes et l’un des plus compétents en Amérique du Nord. On trouve peu d’erreurs importantes dans l’ouvrage qu’il écrivit sur les poissons du Nouveau-Brunswick. Il jeta les bases des sciences naturelles dans la province et il fut le fondateur de la Natural History Society of New Brunswick.
M. H. Perley est un écrivain prolifique qui a touché à plusieurs sujets. Parmi ses nombreux rapports qui concernent les Amérindiens, mentionnons Report on Indian settlements, &c. (Fredericton, 1842). Ses ouvrages qui concernent les pêcheries sont : Report on the fisheries of the Gulf of Saint Lawrence (Fredericton, 1849) ; Report on the sea and river fisheries of New Brunswick, within the Gulf of Saint Lawrence and Bay of Chaleur (Fredericton, 1850) ; Report upon the fisheries of the Bay of Fundy (Fredericton, 1851) ; tous ces rapports sont colligés sous le titre de Reports on the sea and river fisheries of New Brunswick (Fredericton, 1852). Il est aussi l’auteur de Descriptive catalogue (in part) of the fishes of New Brunswick and Nova Scotia (Fredericton, 1852) ; Handbook of information for emigrants to New-Brunswick (Saint-Jean, N.-B., 1854 ; Londres, 1857) ; Report on the forest trees of New Brunswick, Simmonds Colonial Magazine and Foreign Miscellany (Londres), XI (mai-août 1847) : 129–155, 314–324, 412–429 ; et de The progress of New Brunswick, with a brief view of its resources, natural and industrial, H. Y. Hind et al., Eighty years’ progress of British North America [...] (Toronto, 1863), 542–653. Il rédigea aussi plusieurs articles pour la Sporting Rev. (Londres).
N.B. Museum, Edward Barron Chandler papers, Colebrooke to Chandler (s.d.) ; Marriage register B (1828–1839), p.31 ; N.B. Hist. Soc. papers, William Crane correspondence, M. H. Perley to William Crane, 19 mars 1837 ; Indian affairs, M. H. Perley to J. S. Saunders, 17 août, 27 oct. 1846 ; M. H. Perley papers, personal correspondence, 1813–1854 (copie dactylographiée) ; Scrapbook 41, p.51 ; Tilley family papers, temperance ; Webster coll.— PANB, REX/le/l-g, Colebrooke, letterbooks, 1841–1847, pp.29–31, 35s., 51, 81, 84, 119s., 200–202, 232s., 245–247, 257, 269s., 272–276, 283, 292s., 300s., 331 ; 1841–1848, pp.19, 86, 92, 118s., 131 ; Head, letterbook, 1850–1854, pp.83s., 373 ; Manners-Sutton, letterbooks, 1854–1858, pp.57, 65, 68, 134, 137, 165, 171, 181, 200s. ; 1858–1861, pp.23, 46, 61 ; REX/mi/ex, duplicate minutes, 4, pp.39–42, 94, 158 ; 5, pp.89s., 104, 111, 160, 192, 228s., 266, 363, 389, 401, 414, 439, 449 ; 6, pp.51, 133, 230, 258, 361, 372, 447s., 481, 549 ; 7, pp.194–196, 319s., 452 ; REX/pa/Register of appointments and commissions, 1785–1840, pp.95, 141 ; 1840–1857, pp.4, 34, 38s., 44, 134–136 ; REX/pa/Surveyor general’s correspondence, 1842, II(a) ; 1843, I(a), 2–3 ; 1844, II(d) ; REX/px, 22, pp.2 842–2 845 ; 31, pp.398s., 401, 515–519 ; 32, pp.13s., 988s. ; 33, pp.151–153, 156–161, 189–191, 202–205 ; 100, pp.2 079, 2 125–2 130, 2 132–2 134 ; Indians, pp.269–273, 308–315 ; RLE/S55/zz, letter of M. H. Perley, 28 mars 1842 ; RPS, letterbook, 1842–1845, pp.216s., 476–478, 494, 499 ; 1845–1847, pp.66s., 245, 255s., 319, 498 ; 1847–1850, pp.25, 71, 146, 161, 184s., 208, 241, 295, 305, 310s., 346, 359, 385–389, 430, 443, 458, 469, 567, 668 ; 1850–1854, pp.60, 403, 465, 524, 544, 552 ; 1854–1857, pp. J 16, 229, 448, 454, 460, 490–492, 510s., 590 ; 1857–1860, pp.32, 178.— PRO, CO 188/106, 180–201, Head to Grey, 7 août 1848 ; 205–223, Memorandum on history of Indians ; 188/127, pp.544s., 547s., 585s. ; 188/131, 8 nov. 1854, pp.114s., 464–470 ; 188/133, 9 sept. 1862 ; 188/137, A. J. Thrupp to Sir A. Milne, 22 août 1862.
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W. A. Spray, « PERLEY, MOSES HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/perley_moses_henry_9F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/perley_moses_henry_9F.html |
Auteur de l'article: | W. A. Spray |
Titre de l'article: | PERLEY, MOSES HENRY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 22 nov. 2024 |