ANDREWS, ISRAEL DE WOLFE, consul des États-Unis, envoyé extraordinaire et lobbyist, né à Eastport (Maine) en mai 1813 et mort le 17 février 1871 à Boston.
Bien qu’Américain, Israel de Wolfe Andrews avait des liens étroits avec l’Amérique du Nord britannique par sa grand-mère et par son père. Dans sa jeunesse, il se lança dans un commerce « qui consistait plus ou moins à faire de la contrebande », et les difficultés qu’il rencontra le convainquirent de la nécessité d’adapter, en Amérique du Nord, les échanges économiques à la géographie.
Nommé consul des États-Unis à Saint-Jean, N.-B., en 1843, Andrews se rendit compte que le commerce et la pêche créaient un climat nuisible aux bonnes relations anglo-américaines. Cette situation ne s’améliora qu’après la signature du traité de réciprocité de 1854. Andrews contribua à l’élaboration de ce traité en fixant ce qui en constitua par la suite le contenu, en prêtant son concours aux négociations et en travaillant à sa ratification. Les revendications fondamentales des États-Unis, qui servirent ultérieurement de base au traité, furent formulées dès 1848 par Andrews dans une lettre adressée au secrétaire d’État américain, James Buchanan. Quand un projet fut finalement élaboré en 1853 par le secrétaire d’État, William Learned Marcy, et l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Washington, sir John Fiennes Twisleton Crampton, Andrews était présent. Il déploya de vigoureux efforts pour faire ratifier le traité. Au Congrès, il chercha à susciter une attitude favorable en présentant deux rapports qu’il avait eu à préparer sur la question du commerce en sa qualité d’envoyé extraordinaire auprès du département du Trésor. Il s’efforça de toucher les milieux intéressés en veillant à ce que des articles favorables à la réciprocité soient publiés dans les journaux les plus importants, et en exerçant sa force de persuasion sur des membres influents du pouvoir exécutif américain. Quand le traité fut prêt à être ratifié, il fit pression, dans les provinces maritimes, sur des personnalités comme William Hayden Needham et Moses Henry Perley*, dont la prise de position face aux revendications américaines en matière de pêcheries serait décisive. Il travailla aussi sans relâche, pendant l’été de 1854, à recueillir des voix au Sénat en faveur de la ratification du traité.
Andrews dépensa follement à cette occasion – entre $50 000 et $60 000, estime-t-on, pour le compte du gouvernement américain et $40 000 pour celui du gouvernement canadien – ce qui lui valut une réputation peu enviable auprès de ses contemporains comme lord Elgin [Bruce*] et auprès des historiens. Cependant, même s’ils allaient à l’encontre du bon sens, ses actes reposaient sur des convictions solides. Ses écrits personnels et les cartes qui accompagnaient son second rapport révèlent son option « continentaliste ». Il pensait que la nature avait doté le cœur de l’Amérique du Nord de deux artères, le Mississippi et le Saint-Laurent, et que les hasards de la politique avaient placé ces deux voies fluviales entre des mains différentes. Conscient des entraves politiques que constituaient les liens étroits entre la Grande-Bretagne et ses colonies, Andrews chercha à favoriser la coopération économique.
Le 10 mars 1855, Andrews fut nommé consul général des États-Unis auprès des provinces britanniques d’Amérique du Nord, poste qui fut créé à la suite du traité et qu’il occupa jusqu’au 11 juillet 1857, date à laquelle il donna sa démission. Par la suite, il poursuivit ses activités de lobbyist. En 1860, par exemple, il envoya une requête au Congrès dans laquelle il protestait contre une dénonciation possible du traité de réciprocité. En 1862, il présenta au secrétaire d’État William Henry Seward un historique des négociations qui avaient abouti à la signature de ce traité. Il correspondit, de 1861 à 1863, avec John Albion Andrew, alors gouverneur du Massachusetts, s’entretenant des tensions que la guerre de Sécession faisait subir aux relations anglo-américaines. Israel Andrews s’efforça aussi, semble-t-il, de favoriser l’unité de l’Amérique du Nord pendant la guerre de Sécession. Cet idéal de « continentaliste » qu’il poursuivit avec enthousiasme et assiduité peut paraître étrange aujourd’hui, car les générations suivantes n’ont pas retenu ses théories. En eût-il été autrement, on aurait salué Andrews comme un prophète plutôt que de la reléguer au rang de fripon.
APC, FM 24, A16 (Papiers Elgin ; correspondance au sujet du traité de réciprocité de 1854).— Communication from the secretary of the treasury, transmitting, in compliance with a resolution of the Senate of March 8, 1851, the report of Israel D. Andrews, [...] on the trade and commerce of the British North American colonies, and upon the trade of the Great Lakes and rivers ; [...] (Washington„ 1853).— Diplomatic correspondence of the United States, Canadian relations, 1784–1860, W. R. Manning, édit. (4 vol., Washington, 1945), III, IV.— T. C. Keefer, A sketch of the rise and progress of the reciprocity treaty ; with an explanation of the services rendered in connection therewith (Toronto, 1863).— Report of the secretary of the treasury in answer to a resolution of the Senate calling for information in relation to the trade and commerce of the British American colonies with the United States and other countries since 1829 [...] ([Washington, 1851]).— I. W. D. Hecht, Israel De Wolfe Andrews and the reciprocity treaty of 1854 (thèse de m.a., University of Rochester, 1961).— D. C. Masters, The reciprocity treaty of 1854 : its history, its relation to British colonial and foreign policy and to the development of Canadian fiscal autonomy (Londres, New York et Toronto, 1936).— C. C. Tansill, The Canadian reciprocity treaty of 1854 (« Johns Hopkins University Studies in Hist. and Pol. Sci. », XL, Baltimore, 1922).— R. W. Winks, Canada and the United States : the Civil War years (Baltimore, 1960).— I. W. D. Hecht, Israel D. Andrews and the reciprocity treaty of 1854 : a reappraisal, CHR, XLIV (1963) : 313–329.— T. H. Le Duc, Correspondence – I. D. Andrews and the reciprocity treaty of 1854, CHR, XV (1934) : 437s.— D. C. Masters, A further word on I. D. Andrews and the reciprocity treaty of 1854, CHR, XVII (1936) : 159–167.— W. D. Overman, I. D. Andrews and reciprocity in 1854 : an episode in dollar diplomacy, CHR, XV (1934) : 248–263.
Irene W. D. Hecht, « ANDREWS, ISRAEL DE WOLFE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/andrews_israel_de_wolfe_10F.html.
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Auteur de l'article: | Irene W. D. Hecht |
Titre de l'article: | ANDREWS, ISRAEL DE WOLFE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |