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JOHNSTON, JAMES FINLAY WEIR, chimiste agricole, minéralogiste et auteur, né le 13 septembre 1796 à Paisley, Écosse ; en 1830, il épousa l’une des filles de Thomas Ridley, de Durham, Angleterre ; décédé le 18 septembre 1855 à Durham.

James Finlay Weir Johnston passa son enfance à Paisley et à Kilmarnock, en Écosse, ainsi qu’à Manchester. En dépit d’une formation scolaire restreinte, il s’inscrivit comme étudiant en théologie à l’University of Glasgow en 1823 et subvint à ses besoins en travaillant comme précepteur. Il obtint une maîtrise ès lettres et une médaille d’argent en philosophie en 1826, mais resta inscrit à l’université jusqu’en 1828. Il dirigea une école à Durham de 1825 à 1830 ; son mariage, cette année-là, lui apporta un « revenu suffisant » qui lui permit d’abandonner la direction de l’école et de poursuivre des travaux en chimie.

En 1833, après avoir étudié avec le célèbre chimiste suédois Jöns Jacob Berzelius, Johnston fut chargé de cours de chimie et de minéralogie à l’University of Durham, qui venait d’être fondée, et il conserva ce poste jusqu’à sa mort. Fellow des sociétés royales de Londres et d’Édimbourg, Johnston le fut aussi de sociétés de géologie et de chimie ; il devint membre honoraire de la Royal Agricultural Society of England, membre étranger de l’Académie royale des sciences agricoles de Suède et occupa le poste de chimiste auprès de l’Agricultural Society of Scotland. Grand voyageur et homme hautement respecté, Johnston chercha à mettre en application ses connaissances scientifiques et publia un grand nombre d’ouvrages extrêmement populaires sur la chimie agricole. De son vivant, Catechism of agricultural chemistry and geology fit l’objet de 33 éditions en anglais. Publié pour la première fois en 1844, cet ouvrage fut traduit dans de nombreuses langues et largement utilisé dans les écoles des deux côtés de l’Atlantique. Parmi les autres publications de Johnston, deux eurent une certaine influence : Lectures on agricultural chemistry and geology [...], publié en 1841, avec des éditions subséquentes, et The chemistry of common life, ouvrage en deux volumes, dont le premier parut en 1853 et le second en 1855, ayant également eu d’autres éditions. Il prépara aussi des articles et des exposés pour la Royal Society de Londres, la British Association for the Advancement of Science, la Royal Agricultural Society, le Blackwood’s Edinburgh Magazine et l’Edinburgh Review, de Londres et d’Édimbourg.

En 1848, à l’invitation de la New York State Agricultural Society, Johnston projeta de visiter l’Amérique du Nord. Le Nouveau-Brunswick, inclus plus tard dans son itinéraire, souffrait alors d’une récession causée par la réduction du tarif préférentiel de la Grande-Bretagne sur le bois d’œuvre, ce qui avait provoqué le déclin du commerce du principal produit de la colonie. On y manifestait un très vif intérêt pour la revitalisation de l’économie de la province, on répétait des arguments éculés en faveur d’une autosuffisance de l’agriculture et on déplorait la lenteur de l’immigration. Des rapports de fonctionnaires et de profanes attribuaient cette lenteur à un « manque d’information [en Grande-Bretagne] sur la situation et les ressources » du Nouveau-Brunswick. Quand, à la fin de 1848, on apprit à Saint-Jean la nouvelle du voyage de Johnston, Moses Henry Perley* et d’autres membres de la société d’agriculture de la région y virent l’occasion de faire connaître les ressources agricoles du Nouveau-Brunswick et demandèrent au lieutenant-gouverneur, sir Edmund Walker Head*, d’inviter Johnston dans la colonie. La chambre d’Assemblée accepta de financer l’entreprise et, en juin 1849, à quelques semaines de son départ, Johnston accepta de faire un rapport sur les possibilités agricoles de la province.

Ni Johnston ni les autorités du Nouveau-Brunswick ne se rendirent clairement compte de la portée de leur arrangement. À son arrivée, Johnston reconnut que « l’étendue de la province et la lenteur des déplacements allaient [le] contraindre [...] à consacrer au travail quelques mois de plus » qu’il avait prévu. Le coût pour le gouvernement s’éleva finalement à £500, sans compter les frais de voyage de Johnston et de ses assistants sur place, James Robb* et James Brown* ; l’énergie de Johnston et sa perspicacité lui permirent cependant de s’acquitter de sa tâche avec une promptitude remarquable. Il consacra une bonne partie du mois de septembre et le début du mois d’octobre 1849 à son travail dans l’état de New York, mais il passa 53 jours, d’août à novembre, à parcourir quelque 2 000 milles sur les routes du Nouveau-Brunswick. Au cours des six semaines précédant Noël, il écrivit son rapport, compte rendu général et pourtant assez détaillé. Son évaluation des possibilités de la province était fondée sur la conviction que la structure géologique révélait les capacités agricoles d’un territoire. Il consacra beaucoup d’efforts à déchiffrer la géologie encore mal connue du Nouveau-Brunswick et annexa des cartes géologiques et pédologiques à son rapport. Mais à cette méthodologie déductive s’ajoutait un empirisme inductif. Johnston chercha les réponses à une série de questions qu’il avait publiées dans des journaux de la province, rendit visite aux représentants des sociétés d’agriculture locales, parla avec de nombreux fermiers au cours de ses voyages et se montra un observateur inlassable des paysages qui s’offraient à lui. En fait, pour Johnston, la principale qualité de Notes on North America, agricultural, economical, and social résidait dans la présentation de « renseignements pratiques » sur le Bas-Saint-Laurent et le Nouveau-Brunswick, lesquels lui avaient été révélés par son « œil d’agronome ».

C’est une évaluation optimiste des capacités agricoles du Nouveau-Brunswick que Johnston rendit publique dans un discours prononcé à Saint-Jean en décembre 1849 et dans son rapport publié en 1850. Selon cette évaluation, les sols du Nouveau-Brunswick étaient plus productifs que ceux des états de New York et de l’Ohio, les fermiers du Nouveau-Brunswick obtenaient de plus grands profits financiers que les fermiers du Haut-Canada, et la terre pouvait faire vivre une population éventuelle de quatre millions d’habitants. Ces conclusions reçurent un très bon accueil dans toute la province, où l’économie en pleine léthargie semblait laisser peu d’espoir de progrès et de prospérité. On dénonça les sceptiques qui insinuaient que Johnston avait recueilli ses informations auprès des fermiers les plus prospères possédant les meilleures terres de la province, et on signala aux colons de la province les recommandations du rapport en faveur d’une agriculture plus scientifique. L’enthousiasme pour les questions agricoles s’accrut. Peu après l’arrivée de Johnston dans la province, James Robb avait joué un rôle prépondérant dans la fondation de la New Brunswick Society for the Encouragement of Agriculture, Home Manufactures, and Commerce. En 1851 fut publiée une édition néo-brunswickoise des Elements of scientific agriculture [...] de John Pitkin Norton, un étudiant de Johnston. On publia une deuxième édition du rapport plus tard en 1850, comprenant 10 000 exemplaires destinés à être distribués en Angleterre. Treize ans plus tard, James Brown remit d’autres exemplaires du rapport à des communautés britanniques afin de promouvoir l’immigration vers le Nouveau-Brunswick, et le Catechism de Johnston parut à Saint-Jean en 1861.

Les buts immédiats de la visite de James Finlay Weir Johnston au Nouveau-Brunswick se réalisèrent. Sa compétence et son expérience insufflèrent un regain d’énergie à ceux qui, dans la province, défendaient l’idée d’une agriculture améliorée, et ses écrits contribuèrent à faire connaître la colonie en Grande-Bretagne. Mais, à long terme, l’effet créé par Johnston fut limité. L’immigration et l’agriculture scientifique restèrent toutes deux choses relativement rares dans le Nouveau-Brunswick de la fin du xixe siècle, et l’expérience révéla que Johnston avait fait une évaluation beaucoup trop optimiste des possibilités agricoles de la province.

Graeme Wynn

James Finlay Weir Johnston écrivit beaucoup sur l’application de la science à l’agriculture. Les ouvrages suivants, publiés à l’origine à Édimbourg et à Londres, comptent parmi ceux qui eurent le plus d’influence : Lectures on agricultural chemistry and geology [...] (1841) ; Catechism of agricultural chemistry and geology (1844) ; et The chemistry of common life (2 vol., [18531855]), dont on tira de nombreuses éditions. Le DNB et le National union catalog donnent quelques indications quant à la portée et à la popularité de ses écrits, mais aucun de ces ouvrages ne fournit une liste complète.

Les principales publications nord-américaines de Johnston sont : Report on the agricultural capabilities of the province of New Brunswick (1re et 2e éd., Fredericton, 1850) ; et l’ouvrage en deux volumes Notes on North America, agricultural, economical, and social (Édimbourg et Londres, 1851 ; aussi publié à Boston, 1851). De plus sa conférence de Saint-Jean fut publiée sous le titre de The agricultural capabilities of the province of New-Brunswick, British North America ; an address delivered before the Mechanics’ Institute of the city of Saint John, New-Brunswick, on Friday evening, December 21st, 1849 (Saint-Jean, 1850), comme le furent deux éditions de sa conférence devant la New York State Agricultural Society. Lectures on the general relations which science bears to practical agriculture, delivered before the New-York State Agricultural Society (New York, 1850) reproduit apparemment le texte même de Johnston, tandis qu’une version intitulée Lectures on the general relations of science to agriculture-[...] delivered before N.Y. State Agricultural Society, January, 1850, rapportée par Sherman Croswell (Albany, N.Y., 1850), fut publiée par la société.

L’influence du séjour de Johnston en Amérique du Nord se mesure à la popularité de l’ouvrage de son élève, J. P. Norton, Elements of scientific agriculture [...], d’abord publié à Albany en 1850, dont on tira par la suite de nombreuses éditions en Amérique et qui parut dans une édition à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, en 1851, et au fait qu’on publia la 40° édition de l’ouvrage de Johnston, Catechism of agricultural chemistry and geology, pour usage dans les écoles du Nouveau-Brunswick (Saint-Jean, 1861).

APNB, RG 2, RS7, 31–32 ; RG 3, RS13, A7.— Gentleman’s Magazine, juill.–déc. 1855 : 545.— Northumberland Agricultural Soc., Report (Miramichi, N.-B.), 1849–1850.— « Professor Johnston’s last work », Blackwood’s Edinburgh Magazine (Édimbourg et Londres), 78 (juill.–déc. 1855) : 548–561.— Saint John Agricultural Soc., Annual report ([Saint-Jean]), 1848 ; Proceedings at the annual meeting, with the report of the directors (Saint-Jean), 1850.— New-Brunswick Courier, 1849–1850.— Graeme Wynn, « The assault on the New Brunswick forest, 1780–1850 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1974).— C. A. V. Barker, « M. A. Cuming, V. S. (Edin.), M. R. C. V. S. : a biography and the inducement to settle in New Brunswick in 1852 », Canadian Veterinary Journal (Ottawa), 17 (1976) : 123–135.

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Graeme Wynn, « JOHNSTON, JAMES FINLAY WEIR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/johnston_james_finlay_weir_8F.html.

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Auteur de l'article:    Graeme Wynn
Titre de l'article:    JOHNSTON, JAMES FINLAY WEIR
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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