Selon l’administrateur colonial John George Lambton, 1er comte de Durham, la solution de la crise politique qui avait conduit aux rébellions de 1837 et 1838 au Bas-Canada et au Haut-Canada ne devait pas seulement passer par l’union des deux colonies [V. Les premiers promoteurs de l’union dans l’Amérique du Nord britannique] :
C’est après sa venue au Canada que Durham en arriva à la conclusion que, vue sous l’angle exclusif d’un besoin de réforme, la solution de la crise, dans le cadre des institutions britanniques, impliquait comme mesure essentielle l’instauration d’un gouvernement responsable. À l’occasion d’une visite que Durham avait faite dans le Haut-Canada, Robert* et William Warren Baldwin avaient d’ailleurs eu l’occasion d’attirer son attention sur ce point capital à leurs yeux.
En 1840, dans son « Adresse aux électeurs de Terrebonne », Louis-Hippolyte La Fontaine tenta de légitimer l’Union, alors largement honnie au Bas-Canada, en la présentant notamment comme la clé de l’obtention du gouvernement responsable :
C’est l’Union […] qui rendra possible la responsabilité ministérielle, promise au Haut-Canada, mais refusée au Bas-Canada. « Pour moi, ajoute La Fontaine, je n’hésite pas à dire que je suis en faveur de ce principe anglais de gouvernement responsable. Je vois, dans son opération, les seules garanties que nous puissions avoir d’un bon gouvernement constitutionnel et effectif. Les colons doivent avoir la conduite de leurs propres affaires. Ils doivent diriger tous leurs efforts dans ce but ; et pour y parvenir, il faut que l’administration coloniale soit formée et dirigée par et avec la majorité des Représentants du peuple. » La conclusion était nette : l’Union était le prix qu’il fallait payer pour obtenir le gouvernement responsable, « principal moteur de la constitution anglaise », et le moyen pour les Canadiens français de regagner tout ce que les recommandations moins acceptables du rapport [Durham] voulaient leur enlever.
Les biographies regroupées dans les listes suivantes permettent de prendre la mesure des débats autour de l’idée de gouvernement responsable entre 1839 et 1842 et, particulièrement, de l’impact du rapport Durham sur ceux-ci et de la place du gouvernement responsable dans les discussions sur l’Union.