STEELE, ELMES YELVERTON, officier de marine, fermier, homme politique et fonctionnaire, né le 6 février 1781 à Colford (Coleford), Gloucestershire, Angleterre, l’un des dix enfants d’Elmes Steele, médecin, et de Mary Benfield ; il épousa, en 1809, Elizabeth Seeley Coucher, qui lui donna six enfants, puis, en secondes noces, en 1847, Anne MacIan Macdonald, dont il eut également six enfants ; décédé le 6 août 1865, dans le canton de Medonte, Haut-Canada.

Nombreux furent ceux qui embrassèrent une carrière militaire dans la famille Steele. Cinq des six frères d’Elmes s’engagèrent dans l’armée ou la marine ; son oncle, Samuel, avait servi au Canada en 1760 avec Jeffery Amherst*. Il était donc naturel qu’Elmes choisisse de faire carrière dans la marine royale ; il y entra comme élève officier en 1798. Après avoir servi avec distinction sur différents bâtiments pendant les guerres napoléoniennes, il accéda au grade de capitaine. Il fit l’objet de plusieurs citations pour avoir pris part à une expédition sur les côtes d’Espagne, pour avoir escorté un convoi jusqu’à Québec, en 1805, comme lieutenant sur le Mercury, et pour avoir servi comme officier canonnier à bord du Leopard, lorsque celui-ci ouvrit le feu sur le navire américain Chesapeake en juin 1807.

Après la bataille de Waterloo, Steele fut mis en demi-solde et s’établit en France avec sa famille. En 1830, alors qu’il se trouvait en Angleterre pour y exercer son droit de vote (accordé en 1812), en tant que citoyen d’honneur de la ville de Gloucester, la révolution éclata à Paris et sa famille vint le rejoindre en Angleterre. En 1832, il vint au Canada avec son fils John, pour y réclamer une des terres qui avaient été offertes aux officiers britanniques. Il jeta son dévolu sur une terre de 1000 acres, située dans le canton de Medonte, au nord du lac Simcoe. Le reste de la famille vint le rejoindre en 1833.

En 1837, Steele rassembla des volontaires à Medonte, pour aider à réprimer la rébellion dirigée par William Lyon Mackenzie. Tous ceux qui étaient en état de porter les armes se rendirent à pied à Barrie, où on leur distribua des fusils, puis jusqu’à Newmarket, où ils apprirent la défaite des rebelles. Steele et un de ses amis continuèrent jusqu’à Toronto pour affaires, passant en chemin devant les ruines encore fumantes de la taverne de John Montgomery*. Steele quitta la marine en 1838, avec le grade de commandant, et, tout en demeurant pendant 20 ans lieutenant-colonel de la milice du comté de Simcoe, il se consacra aux affaires publiques.

Nommé magistrat en 1833, il fit également beaucoup pour encourager les travaux publics. Dans une pétition en 1839, Steele et les autres signataires soutinrent qu’une voie navigable reliant le lac Huron à la baie de Quinte, en empruntant la rivière Severn, le lac Simcoe et la rivière Trent, ouvrirait de nouvelles terres à la colonisation et augmenterait ainsi la valeur de la production et des exportations de blé. Ils y déclaraient également que grâce à cette voie navigable le trajet serait plus court et plus économique pour le commerce entre le Haut et le Bas-Canada et les états qui se développaient rapidement à l’ouest des États-Unis, que sa construction créerait des emplois pour les travailleurs immigrés et, qu’en cas de guerre avec les États-Unis, elle constituerait un moyen de communication sûr entre les Grands Lacs canadiens.

Le 15 octobre 1839, Steele fut choisi pour présider une réunion qui se tint à la taverne Finch, sur la rue Yonge, et au cours de laquelle les réformistes approuvèrent la recommandation de lord Durham [Lambton*] en faveur d’un gouvernement responsable. L’irruption d’une troupe de tories, menés par le shérif du district, William Botsford Jarvis, interrompit la réunion. La mort d’au moins un des réformistes, qui n’était pas armé, fit scandale dans la province, et Steele acquit la réputation d’être un réformiste convaincu, bien qu’il n’ait jusque-là joué aucun rôle dans la vie politique de la province. Par la suite, les réformistes appuyèrent fermement sa candidature aux élections de 1841, dans le comté de Simcoe. Il promit de défendre les intérêts locaux, en réclamant, par exemple, des routes et des pensions, questions qui intéressaient particulièrement les colons dont beaucoup étaient, comme lui, d’anciens militaires. Il avait, déjà en 1839, accusé son opposant tory, William Benjamin Robinson*, d’être très lié au « Family Compact » dont il dénonçait les méfaits, à savoir « la prodigalité menant la province à la faillite [...] les procédés despotiques [...] l’orgueil et la suffisance intolérable ». Steele défendait les petits propriétaires fonciers qui avaient été marqués du « signe de la rébellion » et soutenait l’union des deux Canadas qui, selon lui, « ramènerait à leur juste place dans l’échelle sociale tous les membres de la faction dominante ». Une fois à l’Assemblée, Steele réussit à obtenir une route convenable entre Toronto et Orillia et il fit campagne pour le rétablissement des pensions même si les vétérans de l’armée et de la marine les avaient engagées pour s’établir au Canada. Il ne se présenta pas aux élections de 1844, ayant été accusé par certaines personnes de la région de soutenir lord Sydenham [Thomson*] plutôt que Robert Baldwin*. Il choisit alors de se consacrer à ses fonctions de juge de paix, d’encourager les projets locaux sans caractère politique et d’aider l’église anglicane du canton de Medonte qu’il avait dotée. Il passa une partie de ses dernières années à l’endroit qui devait plus tard devenir Orillia.

Les fils de Steele, et plus particulièrement le major général sir Samuel Benfield Steele*, perpétuèrent la tradition familiale en se distinguant dans la carrière militaire et le fonctionnarisme.

Ronald J. Stagg

Une collection de documents, remise par Harwood Steele au DBC, a été d’une grande utilité pour la rédaction de cette biographie. Ces documents comprennent des notes, des copies de manuscrits et des photocopies des documents imprimés, dont l’article inédit de Katherine Day, The letters of Capt. Steele’s daughters, présenté devant les membres de l’Orillia Hist. Soc., le 19 mars 1953.

Elmes Steele, To W. B. Robinson, esq., M.P.P. (in-plano, 30 oct. 1839).

Mirror (Toronto), 26 févr. 1841.— Orillia Packet (Orillia, Ont.), 26 mars 1908.— The Toronto almanac and royal calendar, of Upper Canada [...] (Toronto), 1839.— A. F. Hunter, A history of Simcoe County (2 vol., Barrie, Ont., 1909 ; réimpr., 2 parties en 1 vol., 1948).— Elmes Henderson, The public services, &c., of Commander Elmes Steele, R.N., OH, XXIV (1927) : 373–380.— Pioneer and Hist. Soc., Pioneer Papers (Barrie, Ont.), 4 (1911).— M. E. Wilson, The Steele family, OH, XXXIV (1942) : 117–120.

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Ronald J. Stagg, « STEELE, ELMES YELVERTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/steele_elmes_yelverton_9F.html.

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Auteur de l'article:    Ronald J. Stagg
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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