MENZIES, GEORGE, imprimeur, journaliste, éditeur et poète, né en 1796 ou 1797 à Kincardine, Écosse ; le 13 février 1841, il épousa Harriet Burton ; décédé le 4 mars 1847 à Woodstock, Haut-Canada.

Le 3 avril 1846, et en maintes occasions par la suite, George Menzies fit paraître un avis dans le Woodstock Herald, and Brock District General Advertiser, dont il était le rédacteur en chef, pour annoncer la publication prévue de ses « Poetical Scraps », « pièces éparses [écrites au fil] de presque trente ans de communion avec la presse, et qui s’étaient parfois retrouvées dans certains des périodiques les plus distingués des deux hémisphères ». Il avait l’intention de publier en souscription, comme le faisaient la plupart des poètes à l’époque ; mais c’est plutôt sa femme qui, ayant pris le journal en main après sa mort, parvint à faire paraître en 1850 les poèmes de son mari, sous le titre : The posthumous works of the late George Menzies [...]. Cet ouvrage ressemble à un journal et, de ce fait, donne un aperçu de la vie religieuse, des convictions et des dispositions d’esprit d’un immigrant écossais de modeste origine qui, grâce à son ambition et à sa ténacité, a réussi à se tailler une place comme porte-parole des modérés dans la presse du Haut-Canada.

Selon la chronique nécrologique du Herald, Menzies avait reçu une formation de jardinier en Écosse et avait fait son apprentissage dans la région de Brechin. Une fois cette étape terminée, toutefois, il avait donné libre cours à son amour de l’histoire et de la littérature et parcouru le pays pour visiter les champs de bataille et les lieux célébrés par les chansons et les récits. Menzies « se cultiva » au point de devenir apte à enseigner et il occupa un poste d’instituteur en Écosse pendant plusieurs années. Même si plusieurs de ses poèmes évoquent une déception amoureuse, survenue apparemment vers la trentaine, et d’autres son attrait pour les sites « sublimes » comme les chutes du Niagara, le vrai motif de son départ pour le Haut-Canada en 1833 fut sans doute l’espoir d’y améliorer, comme tant d’autres, sa situation.

Il reste que dès son arrivée Menzies fut, semble-t-il, vraiment attiré par la région de Niagara, et que les chutes le fascinèrent toute sa vie, comme en font foi ses écrits et les curiosités littéraires, tant sérieuses que fantaisistes, qu’il collectionna sur le sujet. En 1846, il publia ces dernières dans une plaquette intitulée Album of the Table Rock [...], dans laquelle il avait inclus un guide de son cru à l’intention des touristes. Dix ans plus tôt, Menzies avait fait son apprentissage de journaliste et d’imprimeur dans la région de Niagara, au St. Catharines Journal. Par la suite, il travailla pour le Niagara Reporter et, en septembre 1837, il fonda le Niagara Chronicle avec John Simpson*. Menzies laissa ce journal en 1839 puis travailla peut-être quelque temps au Patriot de Toronto avec Thomas Dalton. En juillet 1840, associé avec Alexander Hay, il lança le Woodstock Herald, and Brock District General Advertiser, dont il était le rédacteur en chef. Après le départ de Hay en octobre 1846, Menzies continua seul jusqu’à sa mort, qui survint au début de l’année suivante.

La devise du journal, British Connection, with Responsible Government, rendait bien l’attitude modérée de son rédacteur en chef. Au correspondant qui l’accusait en novembre 1846 de rester sur la clôture, Menzies rétorqua que tel était bien le cas, mais que la clôture en question n’était rien d’autre que la constitution britannique, et que du haut de cette clôture il avait une bonne vue des troupeaux qui s’affrontaient. Telle avait toujours été sa position, disait-il en rappelant aux lecteurs son prospectus, où il avait annoncé son intention de ne pas prendre parti : « conservateur mais non sectaire, libéral mais non égalitaire ». Son désir était que les gouvernements des deux Canadas continuent de s’appuyer sur la constitution britannique, mais que l’on reconnaisse un fait : « des circonstances nouvelles peuvent commander un nouvel ensemble de tactiques ». Une telle opinion fit forcément de Menzies un adversaire du radicalisme de William Lyon Mackenzie*. Elle en fit aussi un partisan du gouvernement responsable ; en 1846 d’ailleurs, il incita le nouveau gouverneur en chef, lord Elgin [Bruce*], à faire preuve de compréhension et de décision en se ralliant à cette idée.

L’approche philosophique générale de Menzies était celle d’un presbytérien écossais austère. Les fréquentes maladies qu’il semble avoir connues avaient peut-être adouci son attitude, surtout au cours des dernières années, mais ses poèmes et ses éditoriaux indiquent plutôt qu’il menait une existence de dur labeur et qu’il croyait profondément que la vie est une épreuve et une illusion à supporter ; la seule consolation était ce « havre sûr dans un monde où le temps n’existe pas ». Même dans les textes où il s’écarte de ces thèmes, les sujets et le ton demeurent graves et mornes. On y sent un profond regret de son pays natal, des images personnelles qu’il évoque, de sa beauté pittoresque et de sa tradition de ménestrels. Même s’il mentionne avoir étudié les classiques et aimer lire les poètes britanniques de son temps, il ne faut pas s’étonner que son poète favori ait été Burns, dont il essaya parfois d’égaler les œuvres.

George Menzies n’était pas toujours d’humeur nostalgique, bien au contraire. Dans le Herald, il lui arrivait souvent de remplacer l’éditorial politique par un article au ton familier et sardonique qu’il intitulait « Extracts from an unpublished dictionary ». Chaque fois, il donnait une liste de mots (un pour chacune des lettres de l’alphabet) accompagnés de définitions qui ridiculisaient la bêtise et les prétentions des individus et des institutions. L’éloquence, par exemple, était « le pouvoir d’employer beaucoup de mots équivoques ou vides de sens, utilisé généralement au Parlement et en chaire ». Dans ce genre de rubrique ainsi que dans ses autres travaux journalistiques et poétiques, Menzies manifesta une vision fondamentalement sceptique des activités humaines et tâcha de s’ériger en « gardien du bien existant ».

Carl P. A. Ballstadt

La principale collection de la poésie de George Menzies, The posthumous works of the late George Menzies, being a collection of poems, sonnets, &c., &c., written at various times when the author was connected with the provincial press, a été publiée par sa veuve à Woodstock, Ontario, en 1850 ; une autre édition parut à Aberdeen, Écosse, en 1854. Menzies lui-même a édité et publié Album of the Table Rock, Niagara Falls, C. W., and sketches of the falls, &c. (Niagara [Niagara-on-the-Lake, Ontario], 1846).

      Chatham Gleaner of News, Literature & General Intelligence (Chatham, Ontario), 16 mars 1847.— St. Catharines Journal, 11 mars 1847.— Woodstock Herald, and Brock District General Advertiser, juill. 1840-mars 1847.— J. J. Talman, « Three Scottish-Canadian newspaper editor poets », CHR, 28 (1947) : 166–177.

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Carl P. A. Ballstadt, « MENZIES, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/menzies_george_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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