BOTSFORD, WILLIAM, homme politique, fonctionnaire et juge, né le 29 avril 1773 à New Haven, Connecticut, fils d’Amos Botsford* et de Sarah Chandler ; il épousa en 1802, probablement à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, Sarah Lowell Murray, née Hazen, dont il eut huit fils et une fille ; décédé le 8 mai 1864 à Westcock, comté de Westmorland, Nouveau-Brunswick.
La famille de William Botsford s’établit à Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse, en 1782, puis à Westcock, près de Sackville, Nouveau-Brunswick, en 1784. William fit ses études à Yale College où il reçut un premier diplôme en 1792 et une maîtrise ès arts en 1796. Il étudia le droit à Saint-Jean, dans le cabinet de Jonathan Bliss*, procureur général à cette époque et plus tard juge en chef, et fut admis au barreau en 1795.
Le 12 mai 1795, Botsford fut nommé greffier adjoint à la Cour suprême et registraire adjoint à la Cour de l’Amirauté. En 1803, lors de la nomination de Gabriel George Ludlow* au poste de président du Conseil du Nouveau-Brunswick, Botsford lui succéda comme juge à la Cour de vice-amirauté, fonction qu’il remplit pendant cinq ans. La célèbre affaire Falmouth fut le point culminant de cette phase de sa carrière. Depuis un certain nombre d’années, des habitants du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse affrétaient des navires américains pour faire entrer en contrebande aux États-Unis leurs produits. L’échange des marchandises se faisait aux îles de la baie de Passamaquoddy, partie du territoire revendiquée à la fois par le Maine et le Nouveau-Brunswick. Bien décidé à faire disparaître ce commerce, George Leonard*, le zélé surintendant du commerce et des pêcheries, fit, en 1805, saisir le Falmouth, sloop américain engagé dans le commerce du plâtre, à Snug Cove sur l’île Moose. L’agent du navire américain était Colin Campbell, percepteur des douanes à St Andrews, Nouveau-Brunswick, et la cargaison appartenait à son fils. Il s’agissait de déterminer si l’île Moose était territoire américain et si les arrangements commerciaux tolérés par les douaniers britanniques depuis plusieurs années étaient conformes à la loi. Dans son jugement, Botsford appuya le geste de Leonard et blâma les agents des douanes d’avoir outrepassé leur autorité. Sa décision fit valoir les droits de la Grande-Bretagne sur l’île Moose et les eaux environnantes. La légalité du jugement ne fut pas mise en cause, mais ses répercussions politiques et économiques parvinrent jusqu’à Londres et Washington. Le ministère des Colonies ordonna à Leonard de cesser de saisir des navires, de sorte que les Américains et les commerçants de la région eurent la voie libre jusqu’au jour où le litige frontalier fut finalement réglé en 1842.
Botsford résigna ses fonctions à la Cour de vice-amirauté en 1808 et alla s’établir à Westmorland avec sa famille, pour se rapprocher de son père dont la santé se détériorait, et également pour s’occuper des intérêts considérables qu’il détenait dans la région dans le domaine de l’exploitation forestière et du transport maritime. À la mort de son père en 1812, William fut élu à l’Assemblée pour représenter le comté de Westmorland. Quatre ans plus tard, il fut nommé solliciteur général, devenant ainsi membre du conseil. L’année suivante, on le désigna comme président (orateur) de la chambre, poste que son père avait occupé pendant 26 ans.
En 1823, une vacance survint à la Cour suprême. Ludlow avait recommandé que Botsford soit nommé à un poste à la cour dès 1807, mais à la surprise de l’establishment judiciaire qui favorisait Botsford, le lieutenant-gouverneur, George Stracy Smyth*, nomma Edward James Jarvis*. Un ami du père de Botsford, James Morse, du comté de Cumberland, Nouvelle-Écosse, mit à contribution des amis influents à Londres, dont le duc de Wellington, pour empêcher la ratification de la nomination de Jarvis, et, en avril 1823, Botsford fut élevé à la magistrature à sa place. La même année, il fut également nommé juge assesseur à la Cour de la chancellerie. Selon la coutume, il devint membre du conseil, poste qu’il occupa jusqu’à sa démission en 1834. En 1832, il fut désigné comme vice-président de la Cour du gouverneur et du conseil qui entendait et jugeait les causes relatives au mariage et au divorce.
À cause de ses connaissances en droit et de l’humanité dont il faisait preuve dans ses fonctions, on le tenait en très haute estime dans toutes les classes de la société. En 1827, il présida le célèbre « Masonic Trial », procès en libelle concernant un document qu’un franc-maçon avait lu dans une loge et qui contenait des accusations contre un autre franc-maçon. La défense soutenait qu’il n’y avait eu aucune publication du contenu puisque la réunion avait été tenue à huis clos. La cause était sans précédent, mais dans son allocution au jury, Botsford déclara que le fait de lire les accusations devant un certain nombre de personnes constituait une publication aux yeux de la loi. Le défendeur dut payer un penny d’indemnité.
Botsford voulut prendre sa retraite en 1836, mais il en fut empêché, faute de pension de retraite. Cependant, en 1845, considérant que son âge l’empêchait d’assumer ses fonctions, il les résigna. Le lieutenant-gouverneur demanda à l’Assemblée de prendre en considération l’octroi d’une pension à Botsford, mais celle-ci rejeta sa proposition par un vote de 14 contre 13. Botsford en fut profondément déçu, mais même les lettres du ministre des Colonies ne réussirent pas à convaincre l’Assemblée qui craignait d’établir un dangereux précédent.
Botsford passa le reste de sa longue vie à Westcock, où il œuvra activement comme laïc au sein de l’Église d’Angleterre. Plusieurs des fils de Botsford parvinrent à un rang éminent dans divers domaines : Bliss*, avant d’entrer dans la magistrature, fut président de l’Assemblée ; Hazen et Chipman y siégèrent également ; Amos Edwin* devint sénateur ; LeBaron fut un médecin bien connu, et Blair remplit les fonctions de shérif et de directeur du pénitencier de Dorchester.
N.B. Museum, Botsford family papers, 1784–1839 ; Chipman family papers, 1764–1879 ; Hazen family papers, 1720–1889.— PANB, RJU/S/ju.— Ward Chipman, The question relating to the right of the United States of America to the islands in Passamaquoddy Bay (1805) (copie au PRO, CO 188/13).— F. C. Bell, A history of old Shediac, New Brunswick (Moncton : N.-B., 1937).— J. W. Lawrence, Footprints ; or, incidents in the early history of New Brunswick (Saint-Jean, N.-B., 1883) ; Judges of N.B. (Stockton), 77, 211, 280–299.— MacNutt, New Brunswick, 139s., 187–189, 228.
C. Alexander Pincombe, « BOTSFORD, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/botsford_william_9F.html.
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Auteur de l'article: | C. Alexander Pincombe |
Titre de l'article: | BOTSFORD, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |