END, WILLIAM, avocat, homme politique, magistrat, né aux environs de 1800 à Limerick en Irlande ; épousa en 1827 Lucy Morse à Amherst, N.-É. ; mourut assassiné le 14 décembre 1872, à Bathurst, N.-B.
On ignore tout des circonstances qui amenèrent William End au Nouveau-Brunswick de même que la date de son arrivée. Il étudia le droit avec William Botsford* à Dorchester et fut reçu avocat le 20 février 1823. Il exerça d’abord sa profession à Saint-Jean et, après son admission au barreau le 17 février 1825, il alla se fixer à Newcastle. Il remplit les fonctions de greffier de la paix pour le comté de Gloucester de 1827 à 1847 et de registrateur de 1837 à 1841 ; il fut alors nommé conseiller de la reine puis, en 1848, procureur de la couronne pour Gloucester.
William End fut élu à l’Assemblée du Nouveau-Brunswick en 1830. Il y représenta Gloucester jusqu’en 1850, puis de nouveau de 1854 à 1861. Sa réputation de « défenseur fougueux et loquace des petites gens » prit naissance au cours de sa première campagne électorale ; il avait alors joué avec astuce sur les sentiments religieux et patriotiques des populations acadienne et irlandaise du comté. End aurait, semble-t-il, qualifié la puissante Cour de magistrat de « système scandaleux, corrompu et pourri, manœuvré par M. [Hugh] Munro », magistrat en chef et, en même temps, son adversaire. De même, « il écuma de colère et de rage » contre la tyrannie qu’exerçaient certains commerçants influents, tels que Robert Ferguson* et Alexander Rankin*, qui, de connivence avec les magistrats, avaient tendance à fouler aux pieds les susceptibilités de la majorité indigente de Gloucester.
Toutefois, d’une manière générale, à l’Assemblée, End « travailla et vota avec le groupe dominant », ce qui amena le libéral James Hannay* à voir en lui « un homme sans principes qui prenait le parti des gens au pouvoir parce qu’il croyait y trouver son avantage personnel ». Ainsi End appuya l’administration sur la question explosive des terres de la couronne et il se montra favorable à l’imprudente nomination d’Alfred Reade au poste de secrétaire de la province en 1845 par William Colebrooke*, beau-père de l’intéressé ; de même, appuya-t-il vigoureusement le privilège dont se prévalut John Henry Thomas Manners-Sutton pour dissoudre l’Assemblée, en 1856.
En 1846, End soutint avec enthousiasme la décision d’affecter £1 000 à l’érection d’un monument en hommage aux Loyalistes mais, en 1833, il avait protesté contre le déploiement qui entoura la célébration du 50e anniversaire de l’arrivée des Loyalistes pour rappeler à la population le labeur et les peines des Anglais, des Écossais et des Irlandais. C’est peut-être symptomatique de l’attitude générale prévalant au Nouveau-Brunswick qu’il ne soit pas venu à l’idée du député de Gloucester d’inclure dans son énumération les Acadiens qui constituaient tout de même la plus forte proportion de ses électeurs. Avant 1860, les Acadiens, comme groupe ethnique, ne furent presque jamais mentionnés dans les débats politiques du Nouveau-Brunswick. Ce n’est que vers la fin de la carrière de William End que le groupe acadien commença timidement à participer à la vie de la province.
End fut défait en 1850 mais se représenta en 1854. En dépit de son solide conservatisme (il s’opposait avec véhémence à ce qu’on transférât au Conseil exécutif le pouvoir de présenter des projets de loi concernant les dépenses gouvernementales), End, se souvenant de sa récente défaite, appuya le retour au pouvoir de Charles Fisher en 1854 et fut lui-même élu. Au cours des élections de 1856, dites les élections du « rhum », End, qui était favorable à l’abolition de la prohibition, fut réélu, mais perdit son siège lorsque ses adversaires contestèrent avec succès son élection. Il fut reporté à l’Assemblée aux élections de 1857 et siégea jusqu’à la dissolution en 1861. En tout, William End représenta la circonscription de Gloucester pendant 26 ans. En 1862, ses anciens collègues le nommèrent secrétaire légiste à l’Assemblée.
On possède peu de renseignements sur la vie privée de William End. Il n’existe pas, semble-t-il, de documents établissant qu’il eut des enfants, mais sa femme avait une fille issue d’un premier mariage. Les renseignements sur sa carrière d’avocat sont vagues. On sait qu’il possédait des biens immobiliers d’un bon rapport et qu’il avait fait d’autres investissements ; on sait aussi qu’il vécut à Saint-Jean de 1841 à 1843 et aux États-Unis de 1850 à 1854. Avec la Confédération, il devint le premier à occuper le poste de greffier de comté et, au moment de sa mort, il était magistrat « stipendiaire » et aussi membre du conseil d’administration de Bathurst Grammar School.
William End mourut tragiquement à Bathurst, dans son cabinet en flammes, assassiné par un jeune homme, James Meahan, fils, qu’il avait récemment condamné à quatre mois de détention dans la prison du comté. Même si à l’époque le drame souleva l’indignation populaire, il appert, d’après les commentaires des journaux, que dès 1872 la carrière politique de William End était tombée dans l’oubli presque complet. Sir Howard Douglas* était d’avis que William End, bien que « très intelligent », était « enclin à se montrer importun et factieux [...] ». George Edward Fenety* voyait en lui « un homme supérieurement doué qui semblait manquer de jugement au bon moment ».
APC, FM, 24, A17 (Papiers Harvey), 1re sér., 1 ; 2e sér., 6.— Gloucester County Court (Bathurst, N.-B.), Gloucester County Records, 1–21.— N. B. Museum, Folder 58, actes d’enregistrement des terres du comté de Westmorland, 1784–1828 ; Folder 64, item 37 (William End à sir John Harvey, 25 juin 1838) ; Folder 90, nominations ; New Brunswick, Gloucester County land grants ; Linking the past with the present, séries d’articles par E. S. Carter qui commencèrent à être publiés dans le Telegraph-Journal de Saint-Jean le 6 nov. 1929 ; New Brunswick Historical Society Papers, Packet 4 (Collection Steeves), item 10 ; Howard P. Robinson papers, History of Albert County (manuscrit dactylographié par W. C. Milner, vers 1933).— PRO, CO 188/41, 188/43, 188/71, 188/72, 188/91, 188/104— Fenety, Political notes and observations.— Journal of the House of Assembly of New Brunswick, 1831–1862.— New Brunswick Courier (Saint-Jean, N.-B.), 1830–1865.— New Brunswick Royal Gazette (Fredericton), 1830–1870.— Morning Freeman (Saint-Jean, N.-B)., 17 déc. 1872, 15 févr. 1873.— Saint John Daily Telegraph and Morning Journal, 16 déc., 26 déc. 1872, 15 févr. 1873.— Telegraph Journal (Saint-Jean, N.-B.), 17 mars, 16 juin 1931.— An almanack for the year of our Lord, 1828 [...] for [...] Saint John, N.B. [...] (Saint-Jean, N.-B.).— Lovell’s province of New Brunswick directory for 1871 (s.l., s.d.).— The New Brunswick almanac and register for [...] 1849 (Saint-Jean, N.-B., 1848).— Hannay, History of New Brunswick, II.— Lawrence, Judges of New Brunswick (Stockton).— MacNutt, New Brunswick.
Bernard Pothier, « END, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/end_william_10F.html.
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Auteur de l'article: | Bernard Pothier |
Titre de l'article: | END, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 16 nov. 2024 |