HANNAY, JAMES, avocat, rédacteur en chef et auteur, né le 22 avril 1842 à Richibucto, Nouveau-Brunswick, fils du révérend James Hannay et de Jane Salter ; en 1864, il épousa Margaret Ross, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé dans la nuit du 11 au 12 janvier 1910 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, et inhumé à Fredericton.
James Hannay père immigra dans l’est du Nouveau-Brunswick en 1833 en tant que ministre presbytérien, mais en 1845, il retourna en Écosse, où son fils James passa une bonne partie de ses jeunes années. De retour au Nouveau-Brunswick dès la fin des années 1850, le jeune James Hannay termina ses études à la Saint John Grammar School. Après avoir travaillé un moment pour les commerçants de nouveautés John Boyd* et Thomas Wilder Daniel*, il commença un stage de droit chez son oncle David Shank Kerr, avocat réputé de Saint-Jean. Reçu attorney le 15 octobre 1866, il fut admis au barreau le 12 octobre 1867. La même année, il succéda à John Campbell Allen* au poste de sténographe officiel de la Cour suprême. Dans le cadre de cette fonction, qu’il exerça jusqu’en 1873, il produisit ce qui forme maintenant les volumes 12 et 13 des New Brunswick Reports.
Pendant son stage, Hannay avait subvenu à ses besoins en écrivant dans la presse de Saint-Jean, à l’instar de beaucoup d’étudiants en droit du Nouveau-Brunswick au xixe et au début du xxe siècle. Il obtint son premier emploi régulier de journaliste en 1872, au St. John Daily Telegraph and Morning Journal de William Elder*. De 1883 à 1885, il travailla à la rédaction de la Montreal Herald and Daily Commercial Gazette et, de 1885 à 1888, au Brooklyn Daily Eagle de Brooklyn (ville de New York). Il retourna ensuite à Saint-Jean pour devenir rédacteur en chef de la Gazette ; c’est à ce moment-là qu’il délaissa les libéraux pour appuyer les libéraux-conservateurs. En 1893, il entra au Daily Telegraph, où il resta jusqu’à sa retraite à la toute fin du siècle. Il lui arriva, a-t-on dit, de collaborer simultanément à deux journaux.
Hannay pratiqua le journalisme durant plus d’un quart de siècle, mais il vécut assez longtemps pour voir sa réputation d’historien éclipser son travail de journaliste. Dans ses premiers ouvrages – une édition du récit de captivité de John Gyles* et une histoire de l’Acadie, publiées respectivement en 1875 et en 1879 –, il montre, à l’égard des peuples autochtones et du Régime français, un enthousiasme bien caractéristique de la fin de l’époque romantique. Son histoire de l’Acadie est écrite dans un style ferme, car il s’attachait à « retrac[er] la version originale du moindre énoncé et [... 1 ne se content[ait] pas de rapporter un fait trouvé dans un livre lorsqu’il [était] possible de faire autrement », mais souvent, par la suite, il tomba dans le journalisme historique. Dans les années 1890, il s’intéressait à une période plus tardive, celle des loyalistes. William Odber Raymond* qui était alors en train de s’approprier l’histoire du Nouveau-Brunswick loyaliste, trouvait les ouvrages de Hannay d’un antiaméricanisme déconcertant, quoiqu’il y ait vu un « antidote sain » au ton hagiographique que l’on prenait habituellement pour parler des loyalistes.
Au fil de ses recherches historiques, Hannay nota que les archives publiques anciennes du Nouveau-Brunswick étaient entreposées dans des conditions « très peu sûres et inadéquates ». Comme il avait exprimé son inquiétude à ce sujet, les responsables des archives du dominion le chargèrent en 1906 de mener une enquête de deux ans sur les archives publiques des provinces Maritimes. Toutefois, il consacra surtout sa retraite à préparer une histoire du Nouveau-Brunswick en deux volumes, qui parut en 1909. Dans cet ouvrage au ton résolument whig, Hannay vantait le pedigree du parti réformiste/libéral de la province tout en s’en prenant à l’influence de « Downing Street » et à ce qu’il appelait le family compact du Nouveau-Brunswick. Avec son discernement coutumier, Raymond estima que Hannay était « passablement radical » et que « tout [...] ce qui allait à l’encontre de ses opinions, il l’attaquait dans un esprit qui semblait par moment presque vindicatif ». Hannay ressuscitait James Glenie*, qui avait complètement sombré dans l’oubli au Nouveau-Brunswick, et en faisait un martyr précoce du fanatisme tory. Quant aux caricatures qu’il faisait d’Albert James Smith* et de ses collègues anticonfédérateurs, elles étaient si cinglantes que les historiens n’allaient pas résister à la tentation de les citer encore et encore. Sa biographie de Lemuel Allan Wilmot*, qui date de 1907, et celle de sir Samuel Leonard Tilley*, parue en 1897 et en 1907, sont superficielles et sans valeur. Son History of the War of 1812 [...], publiée en 1901, vaut uniquement parce qu’elle est l’une des seules à présenter le point de vue d’un Anglo-Canadien sur le conflit.
En tant que journaliste, James Hannay fut en son temps le plus prolifique vulgarisateur de l’histoire du Nouveau-Brunswick. En tant qu’historien, par contre, il ne fut, comme Raymond s’en plaignait à William Francis Ganong*, qu’un « écrivassier » – un « Écossais têtu comme une mule [qui... abordait] un sujet dans le but d’étayer les opinions qu’il a[vait] exprimées précédemment plutôt que dans l’esprit d’un honnête chercheur ». Ce furent Raymond et Ganong qui dégagèrent l’historiographie néo-brunswickoise du journalisme et la firent entrer dans l’ère du professionnalisme. Les énergiques gribouillis de Hannay ne survécurent guère à cette transition.
Il n’existe pas d’importante collection regroupant les papiers Hannay. Les brouillons rassemblés par James Hannay pour son enquête sur les archives publiques dans les Maritimes, ainsi que divers manuscrits personnels, sont conservés aux APNB, MC 64. On trouve au Musée du N.-B. sept boîtes contenant les textes dactylographiés de son histoire du Nouveau-Brunswick, des loyalistes et de l’Acadie, ainsi qu’un certain nombre de documents et un petit dossier sur sa correspondance personnelle. Les rapports que Hannay a présentés à la direction fédérale des archives sont conservés aux AN, MG 9, A10 (dossiers du Nouveau-Brunswick), B7 (Nouvelle-Écosse), et C5 (Île-du-Prince-Édouard). Tout de suite après, en 1909, Hannay a présenté d’autres rapports sur le Manitoba, la Saskatchewan (E2) et la Colombie-Britannique (F4).
Une liste partielle des publications d’Hannay figure dans New Brunswick history : a checklist of secondary sources, H. A. Taylor, compil. (Fredericton, 1971), et dans deux suppléments, E. L. Swanick, compil. (1974 et 1984). Ses poèmes les plus connus, tous écrits entre 1868 et 1873, ont paru dans un recueil intitulé Ballads of Acadia (Saint-Jean, N.-B., 1909). L’ouvrage intitulé History of New Brunswick (en deux tomes) a été publié la même année. Les études biographiques de Hannay sur les dirigeants réformistes/libéraux ont paru sous les titres The life and times of Sir Leonard Tilley, being a political history of New Brunswick for the past seventy years (Saint-Jean, 1897) et Wilmot and Tilley (Toronto, 1907) ; la dernière était un article rédigé pour la série « Makers of Canada ». La plupart des articles de revue de Hannay ont été publiés dans trois magazines de Saint-Jean réputés à l’époque ; le Maritime Monthly, le New Brunswick Magazine et l’Acadiensis. De tous les textes rédigés par Hannay en histoire, ceux qui demeurent les plus utiles sont « The Maugerville settlement, 1763–1824 », N.B. Hist. Soc., Coll. (Saint-Jean) : 63–88, et la collection de documents en appendice (pages 89–152), qu’il a édités. [d. g. b.]
APNB, RS32, C.— Musée du N.-B., W. F. Ganong papers, 15 : 67 ; box 10, folder 1 ; Hannay, James,
D. G. Bell, « HANNAY, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hannay_james_13F.html.
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Auteur de l'article: | D. G. Bell |
Titre de l'article: | HANNAY, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |