BOTSFORD, AMOS EDWIN, cultivateur, officier de milice, juge de paix, juge, homme politique et homme d’affaires, né le 25 septembre 1804 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, deuxième fils de William Botsford* et de Sarah Lowell Murray, née Hazen ; en septembre 1864, il épousa à Sackville, Nouveau-Brunswick, Mary Arabella Allison, née Cogswell, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 19 mars 1894 au même endroit.

En 1808, Amos Edwin Botsford alla habiter avec sa famille à Westcock, au Nouveau-Brunswick, où son grand-père Amos Botsford* s’était installé en 1790. Il fréquenta la Westmorland Grammar School et étudia un peu le droit avec son père. Il exerça ensuite le métier de cultivateur et en vint à exploiter des centaines d’acres de terre fertile dans les régions marécageuses et les plateaux de Tantramar. Au cours des années 1830, il fut juge de paix et doyen des juges à la Cour inférieure des plaids communs du comté de Westmorland. Toujours sur le plan local, il servit dans le 2nd Battalion of Westmorland County Militia et devint capitaine en 1823. Neuf ans plus tard, il accédait au grade de lieutenant-colonel et succédait à son père à la tête de cette unité, commandement qu’il conserverait jusqu’en 1867.

Comme sa famille s’intéressait activement aux affaires publiques, il était inévitable que Botsford tentât sa chance dans l’arène politique. Candidat aux élections de 1830, il fut défait dans la circonscription de Westmorland qu’avaient occupée son grand-père et son père. Trois ans plus tard, il devint membre du Conseil législatif et le demeura jusqu’à la Confédération. Il siégea également au Conseil exécutif de 1838 à 1840.

À titre de conseiller, Botsford représenta parfois le Nouveau-Brunswick à des pourparlers interprovinciaux et internationaux. En 1836, par exemple, avec Edward Barron Chandler*, il fut nommé commissaire pour régler la question de la frontière avec la Nouvelle-Écosse ; en 1839, il se rendit à Québec pour déterminer la frontière entre le Bas-Canada et le Nouveau-Brunswick et, la même année, à Washington, à titre de commissaire chargé d’examiner un problème frontalier. Le lieutenant-gouverneur, sir Edmund Walker Head*, lui confia en 1852, en raison de « sa discrétion et de son intelligence », l’une de ses missions les plus importantes. Il devait représenter la province aux entretiens sur la réciprocité, à Washington.

Ardent partisan de Samuel Leonard Tilley et de la Confédération, Botsford combattit son jeune frère Bliss*, qui représentait l’opposition à ce projet au sein de la chambre d’Assemblée. En avril 1866, il présenta au Conseil législatif une proposition qui demandait l’union fédérale des provinces, motion qui fut adoptée. Après la chute, ce même mois, du gouvernement anticonfédéral d’Albert James Smith*, le lieutenant-gouverneur Arthur Hamilton Gordon* invita Botsford à former un nouveau gouvernement, mais il refusa. Aux élections suivantes, la campagne qu’il mena pour Tilley n’eut pas beaucoup de succès dans le comté de Westmorland, où furent élus quatre adversaires du projet confédératif, dont son frère. C’est quand même Tilley qui fut porté au pouvoir et la thèse de la Confédération l’emporta. En mai 1867, une proclamation royale nomma Botsford au premier Sénat canadien. Malgré son style relativement effacé en chambre, il y remplit les fonctions de président à deux reprises : du 3 au 5 juin 1872 et du 16 février au 19 avril 1880.

Botsford servit activement l’Église d’Angleterre à titre de laïque. Il fréquentait l’église St Ann à Westcock, construite en 1817 sur un terrain donné par son père. Il se joignit d’ailleurs à ce dernier comme marguillier et, jusqu’à sa mort, prêta son concours à l’entretien des églises anglicanes de sa région. Son attachement à l’Église d’Angleterre le mena, en mars 1845, à un affrontement avec Humphrey Pickard*, directeur de la Wesleyan Academy de Sackville. Ayant entendu dire que l’aumônier de cette école, Albert Des Brisay*, avait « recours à une méthode des plus singulières pour gagner les élèves à la foi méthodiste, en exploitant craintes et passions de la jeunesse », Botsford voulut dissuader le conseil d’accorder une subvention de £300 à l’école. Malgré la vigueur avec laquelle Pickard se défendit de « porter atteinte aux principes religieux des jeunes issus de familles membres d’autres confessions », Botsford refusa de revenir sur ses affirmations. Rien ne prouva, cependant, que Des Brisay avait fait du prosélytisme et le gouvernement continua à verser des subventions à la Wesleyan Academy.

Dans le domaine agricole, Botsford ne se limita pas à l’exploitation de sa grande ferme. Membre actif de la Sackville and Westmorland Agricultural Society, il représenta le comté de Westmorland au sein de la Chambre d’agriculture provinciale établie en 1859 par le gouvernement et dont il fut même président un certain temps. En exerçant une surveillance étroite sur les subventions gouvernementales versées aux sociétés agricoles régionales, la chambre favorisait les nouvelles cultures, l’importation d’animaux reproducteurs et la culture de racines comestibles utilitaires. Quand Botsford fit partie du comité de planification, elle entreprit également de tenir une exposition provinciale annuelle, et la première eut lieu le 1er octobre 1861.

Au cours de la seconde moitié du xixe siècle, les perspectives d’avenir s’améliorèrent de façon spectaculaire dans le monde des affaires néo-brunswickois, surtout après l’adoption de la Politique nationale de sir John Alexander Macdonald, en 1879. Tout ce qu’il fallait pour assurer le développement commercial de la province, c’était l’ambition et le capital des entrepreneurs, et Botsford fut l’un de ceux qui s’engagèrent dans l’aventure. Il concentra son action à Moncton, en investissant de fortes sommes dans la Moncton Gas Light and Water Company, la Moncton Cotton Manufacturing Company et l’Acadia Sugar Refinery. Il possédait aussi des actions de la Sackville Electric Light and Telephone Company. Mais le projet le plus important où il s’engagea fut celui du chemin de fer destiné à relier le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard. Quand cette dernière entra dans la Confédération, en 1873, elle reçut la promesse d’un « lien permanent » avec le continent et, l’année suivante, quelques-uns des citoyens les plus en vue de Sackville se groupèrent pour élaborer le projet d’un embranchement de l’Intercolonial qui relierait Sackville et Cape Tormentine, point du continent le plus rapproché de l’île. Botsford se joignit au riche homme d’affaires Josiah Wood*, de Sackville, ainsi qu’à plusieurs autres pour réunir les fonds nécessaires à l’entreprise, et la New Brunswick and Prince Edward Railway Company fut constituée juridiquement au mois d’avril 1874. Botsford en devint président par la suite. Les plans de la nouvelle société furent toutefois menacés par la rivalité de la ville d’Amherst, en Nouvelle-Écosse, centre industriel en pleine expansion situé à dix milles de Sackville et presque à la même distance du cap. Cette menace s’intensifia après la nomination, en 1879, de Charles Tupper*, représentant d’Amherst à Ottawa, au poste de ministre des Chemins de fer et des Canaux. Il fallut dix ans de lutte avant que Wood, principal promoteur politique du chemin de fer, n’obtienne l’appui fédéral au projet. On inaugura la ligne le 20 novembre 1886.

À l’instar de son père et de son grand-père, Amos Edwin Botsford appuya les conservateurs, défendit les intérêts du monde agricole, favorisa le développement régional et soutint l’Église d’Angleterre. Il vécut, toutefois, dans un contexte économique différent suscité par l’arrivée des chemins de fer et la création d’entreprises manufacturières. C’est à Sackville qu’il mourut, à l’âge de 89 ans, emporté par des complications consécutives à une maladie cardiaque et à une bronchite aiguë. On l’inhuma au Rural Cemetery de Saint-Jean.

Lorna E. Milton Oulton

AN, MG 24, A20, 3, Head à A. E. Botsford, 7 avril 1852 ; G24 ; MG 26, A, 139, A. E. Botsford et Josiah Wood à Charles Tupper, mars 1882 ; MG 27, I, D15, A. E. Botsford à George Kerr, s.d. ; RG 31, C1, 1861, Sackville.— APNB, MC 1156, X : 28, 51 ; RG 7, RS74, 1895, A. E. Botsford.— Borderer, and Westmorland and Cumberland Advertiser (Sackville, N.-B.), 13 janv. 1865.— Chignecto Post and Borderer (Sackville), 2 juin 1870, 22, 29 mars 1894.— New-Brunswick Courier, 29 mars, 12 avril 1845.— CPC, 1881 ; 1891.— D. R. Facey-Crowther, « The New Brunswick militia : 1784–1871 » (thèse de m.a., Univ. of N.B., Fredericton, 1965).— D. [W.] Jobb, « Josiah Wood [1843–1927] : « A cultured and honoured gentleman of the old school », (thèse de b.a., Mount Allison Univ., Sackville, 1980).— MacNutt, New Brunswick.— D. [W.] Jobb, « The politics of the New Brunswick and Prince Edward Island Railway, 1872–1886 », Acadiensis (Fredericton), 13 (1983–1984), no 2 : 69–90.

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Lorna E. Milton Oulton, « BOTSFORD, AMOS EDWIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/botsford_amos_edwin_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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