THOMPSON, TOLER (Tolar), agent de développement agricole, né vers 1780 à Upper Sackville, Nouveau-Brunswick, fils unique de John Thompson et de Mary Toler, veuve de John Grace ; il épousa Alice Charters, et ils eurent huit enfants ; décédé le 23 juin 1846 et inhumé à Sackville Parish, Nouveau-Brunswick.

Toler Thompson est reconnu, au Nouveau-Brunswick, pour les travaux d’aménagement qu’il fit dans les marais Tantramar de l’isthme Chignecto. Les Acadiens, de la fin du xviie siècle jusqu’à leur déportation en 1755 [V. Robert Monckton*], avaient quelque peu exploité ces marais. Ils avaient élevé des bâtiments de ferme sur les terres sèches et rendu arables une partie des terres basses, donc inondées, au moyen d’aboiteaux ou digues à vannes équilibrées. Ces vannes se fermaient sous la pression de la marée montante et s’ouvraient, à marée descendante, pour libérer l’eau douce retenue. Les premiers colons anglophones, venus surtout de Nouvelle-Angleterre puis du Yorkshire, en Angleterre [V. Charles Dixon*], recoururent au même système. Cependant, la région était encore assez marécageuse au début du xixe siècle. En 1816, le missionnaire méthodiste Joshua Marsden notait que se rendre à Tantramar causait « à la fois des difficultés et de la fatigue, car le marais était souvent inondé ». « En ces occasions, poursuivait-il, j’étais obligé d’avoir un guide, qui tenait un long bâton qu’il plongeait régulièrement un peu en avant de son cheval, car les eaux où nous avancions étaient vaseuses, pour vérifier la direction des ruisseaux et empêcher que nous tombions dans l’un d’eux par inadvertance. »

Thompson, qui appartenait à la deuxième génération de fermiers des marais, entreprit, pour accroître la superficie des terres arables, divers travaux fort utiles. Ainsi il définit la topographie des marais, ou leur configuration de drainage potentielle, creusa des fossés d’assèchement (dont certains servirent aussi de canaux de transport) et construisit des chemins. Il conçut en outre, pour fertiliser ces terres marécageuses, une méthode qui consistait à les inonder en y amenant périodiquement l’eau limoneuse de la baie de Fundy. Une fois précipités les solides et éléments nutritifs en suspension, l’eau salée était évacuée. Les résidents de la région de Tantramar sont encore reconnaissants à Thompson des riches pâturages et terres de culture qu’ils possèdent aujourd’hui.

On a peu de détails sur les activités de Thompson. Lorsqu’il demanda une concession foncière à l’arpenteur général George Sproule*, en 1817, il précisa avoir entrepris la construction d’une route qui menait de la rivière Great Bridge à Point Midgic (Midgic) et y avoir déjà investi £364. Dans un document présenté à l’appui de cette requête, William Botsford*, membre d’une influente famille de la région, disait que Thompson, « personne pleine d’initiative et de diligence », s’employait depuis environ trois ans à creuser au bout du marais de Sackville un grand fossé « qui [était] déjà et sera[it] encore fort utile à la population et lui a[vait] coûté beaucoup en termes de temps et d’argent ». La même année, Thompson reçut du gouvernement une subvention de £100 pour sa route. En 1817–1818, il travailla au creusage d’un canal entre le ruisseau Mud et le lac Rush, sous la direction des inspecteurs de la « grand-route » et des commissaires des égouts de la région ; en 1822, il tentait toujours d’obtenir le paiement intégral de ses services. En 1821, il avait redemandé de l’aide au gouvernement afin de poursuivre la construction de sa route, pour laquelle il avait encore dépensé £136. Ses ouvrages, notait-il, permettaient aux colons d’occuper des terres non concédées, facilitaient le transport du bois et d’autres matériaux ; ils laissaient entrer la marée, « qui inond[ait] certaines terres, et la boue déposée par ce moyen en [ferait] de bonnes et fertiles prairies » ; enfin, ils empêchaient les inondations qui avaient déjà endommagé la route principale vers Halifax. On ignore le résultat de sa requête.

Selon une tradition populaire assez confuse, qui comporte de nombreuses variantes, Toler Thompson aurait été le petit-fils du pair irlandais John Toler, 1er comte de Norbury. La fille du comte, Mary, se serait enfuie avec John Grace, valet ou cocher de son père, pour se rendre dans la partie néo-écossaise de l’isthme Chignecto, où son mari se serait noyé trois ans plus tard. Par la suite, à Upper Sackville, au Nouveau-Brunswick, elle aurait épousé John Thompson, du Yorkshire. Aussi captivante qu’elle soit, cette histoire n’est guère crédible puisque John Toler ne se maria qu’en 1778, soit environ deux ans avant la naissance de Toler Thompson.

R. J. Cunningham

La tradition familiale concernant Toler Thompson nous a été rapportée par J. Toler Thompson de Moncton, N.-B., au cours d’une série d’entrevues qu’il nous a accordées. Il nous a aussi permis de consulter un calepin de notes, apparemment compilées au début des années 1900 par un autre descendant, Cogswell A. Sharpe, qui nous a fourni des détails supplémentaires.  [r. j. c.]

APNB, RG 4, RS24, S29-P5, S30-P38.— Westmorland Hist. Soc. (Dorchester, N.-B.), Grave marker for Tolar Thompson.— Joshua Marsden, The narrative of a mission to Nova Scotia, New Brunswick, and the Somers Islands, with a tour to Lake Ontario [...] (Plymouth Dock [Plymouth], Angl., 1816 ; réimpr., New York, 1966).— W. C. Milner, History of Sackville, New Brunswick (Sackville, 1934) ; « Records of Chignecto », N.S. Hist. Soc., Coll., 15(1911) : 74–75.— C. W. Moffat, « Shall we establish an endowment to the memory of Tolar Thompson ? », Tribune-Post (Sackville), 2 juin 1947.

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R. J. Cunningham, « THOMPSON, TOLER (Tolar) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/thompson_toler_7F.html.

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Titre de l'article:    THOMPSON, TOLER (Tolar)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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