Bas-Canada
L’Acte constitutionnel de 1791 permit de former un Parlement bicaméral avec assemblées élues dans les nouvelles colonies du Bas et du Haut-Canada. Pierre-Stanislas Bédard fut élu à la première Assemblée. Prenant appui sur des autorités britanniques et d’autres entités constitutionnelles, il travailla assidûment à défendre les droits et prérogatives de l’Assemblée, et affirma qu'ils représentaient le meilleur moyen de protéger les Canadiens français et leur mode de vie :
La conception de la liberté qui, selon lui, était à la base de la constitution britannique n’était pas d’essence démocratique avant tout, mais plutôt un modèle d’équilibre de l’organisation de la vie politique : « Nous jouissons maintenant d’une constitution où tout le monde est à sa place, et dans laquelle un homme est quelque chose. Le peuple a ses droits ; les pouvoirs d’un gouverneur sont fixés et il les connaît ; les grands ne peuvent pas aller au delà des bornes que la loi met à leur autorité [...] C’est qu’il existe un équilibre tellement ménagé entre les droits du peuple et les siens, que s’il va au delà des bornes que la constitution lui a assignées [...] le peuple a un moyen sûr et juste de l’arrêter dans sa marche. » [...]
Au début du xixe siècle [...], Bédard maintient sa foi dans la constitution britannique, dans les principes qui la fondent et, en particulier, dans celui de l’équilibre des pouvoirs qui ne fait que transposer sur le plan politique les rapports de force dans la société : « Nous regardons notre constitution actuelle comme celle qui est la plus capable de faire notre bonheur, et notre plus grand désir serait d’en pouvoir jouir suivant l’intention de Sa Majesté et de son Parlement. » Cependant, au cours de ces années cruciales, Bédard se dégage de la cohorte des députés et s’affirme comme le chef d’un parti politique naissant dont l’idéologie est en train de se former [...] Bédard possède la conviction que la source du problème canadien-français et du nationalisme tels qu’ils émergent alors est politique avant d’être sociale. À propos de la constitution de 1791 qui devait en principe traduire sur le plan du pouvoir les forces sociales existantes, il écrit dans le mémoire [au prince régent en 1814] : « malheureusement, la manière dont elle a été administrée, jusqu’ici, lui donne un effet bien opposé à cette intention ».
Pour en savoir davantage sur la politique réformiste dans le Bas-Canada, nous vous invitons à consulter les biographies qui suivent.