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DEBARTZCH, PIERRE-DOMINIQUE, seigneur, avocat, homme politique, officier de milice, fonctionnaire et propriétaire de journaux, né le 22 septembre 1782 à Saint-Charles-sur-Richelieu, Québec, fils de Dominique Debartzch, négociant, et de Marie-Josephte Simon, dit Delorme ; décédé le 6 septembre 1846 à Saint-Marc, sur le Richelieu, Bas-Canada, et inhumé trois jours plus tard à Saint-Charles-sur-Richelieu.
L’ancêtre de Pierre-Dominique Debartzch, Dominicus Bartzsch, était originaire de la paroisse catholique de Sainte-Marie, à Danzig (Gdańsk, Pologne). On ne sait à quel moment exactement il était venu s’établir en Nouvelle-France, mais la première mention de sa présence remonte à 1752. Le 16 avril de cette année-là, Bartzsch, marchand-pelletier, avait signé à Montréal un contrat de mariage avec Thérèse Filiau, dit Dubois, fille de François Filiau, dit Dubois, marchand-menuisier. Après un certain temps, Bartzsch avait commencé à écrire son nom Bartzch et il y avait bientôt ajouté la particule de, d’où le nom de Bartzch ou Debartzch, selon l’usage des Polonais qui prétendaient faire partie de la noblesse et qui vivaient dans un milieu francophone.
Fils unique, Pierre-Dominique fait des études au Harvard College, à Boston. Puis, le 28 mars 1800, il passe un brevet de cléricature avec Denis-Benjamin Viger*. Déjà orphelin de père, il est accompagné à la ratification de cet acte de son oncle et tuteur, Hyacinthe-Marie Simon, dit Delorme, futur député de la circonscription de Richelieu à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada de 1808 à 1814. Dès cette époque, Debartzch commence à acquérir des propriétés foncières. En 1802, il prête foi et hommage pour une partie de la seigneurie de Saint-Hyacinthe. Admis au barreau le 9 juillet 1806, il part le mois suivant en voyage pour l’Europe.
De retour au Bas-Canada en 1807, Debartzch ne tarde pas à se lancer dans la politique. En 1809, il est élu en compagnie de Louis-Joseph Papineau* député de la circonscription de Kent à la chambre d’Assemblée. L’année suivante, on le réélit codéputé de la même circonscription avec Papineau. À la chambre d’Assemblée, il se range du côté du parti canadien et soutient la cause de la réforme. En 1811, le partage de la seigneurie de Saint-Hyacinthe est arrêté et Debartzch hérite des trois huitièmes de la seigneurie [V. Jean Dessaulles*], qui lui valent 88 420 arpents de terre. Durant la guerre de 1812, il sert en qualité de capitaine dans le 5e bataillon de la milice d’élite incorporée du Bas-Canada. En octobre 1813, il commande une compagnie à la bataille de Châteauguay [V. Charles-Michel de Salaberry] où il montre sa bravoure et ses qualités de chef militaire. John Douglas Borthwick écrit à ce sujet : « Tous accomplirent leur devoir [avec courage] et noblesse alors, mais une mention spéciale doit être accordée aux capitaines Ferguson [George Richard Ferguson], de Bartzch et Levesque [Marc-Antoine-Louis Lévesque]. »
Le 17 janvier 1814, Debartzch abandonne ses fonctions de député pour aller siéger comme membre du Conseil législatif, charge qu’il occupera jusqu’au 27 mars 1838. C’est certainement une distinction, surtout si l’on note que le président de la chambre d’Assemblée, Jean-Antoine Panet*, y sera nommé en 1815 et qu’un siège de conseiller sera offert à Papineau sept ans plus tard. Le 7 juin 1815, Debartzch est nommé avec Thomas McCord* et Louis-René Chaussegros* de Léry commissaire chargé de l’amélioration des communications intérieures dans la région de Montréal. Le 25 juillet de la même année, il épouse à Saint-Ours Josette, fille de Charles de Saint-Ours*, son collègue au Conseil législatif et l’un des plus riches seigneurs canadiens de l’époque, et de Josette Murray, nièce de l’ancien gouverneur James Murray*. En 1818, Debartzch prononce au Conseil législatif un discours à l’appui de la proposition de la chambre d’Assemblée qui demandait la transformation du Conseil législatif en une haute cour habilitée à instruire le procès du juge Louis-Charles Foucher, de Montréal, accusé d’avoir prévariqué dans l’exercice de ses fonctions. Le 31 mai 1819, Debartzch est nommé commissaire chargé d’examiner les titres et les réclamations des propriétaires fonciers de la seigneurie de La Salle, dans le canton de Sherrington.
En 1822, Debartzch prend une part active au vaste mouvement de protestation qui s’organise contre le projet d’union du Bas et du Haut-Canada [V. Denis-Benjamin Viger]. Le 7 octobre de cette année-là, la première assemblée antiunioniste a lieu à Montréal. Les membres présents nomment un comité composé de 18 des plus importants citoyens de la ville et de la région de Montréal, parmi lesquels figurent notamment Saint-Ours, Debartzch, Irumberry de Salaberry et Papineau. Ce comité a pour but de procéder au choix des délégués qui doivent porter en Angleterre les requêtes dénonçant le projet d’union. Michel Bibaud* dit dans sa chanson intitulée les Orateurs canadiens :
L’Aréopage,
Malgré lui, me dit-on,
Envoie un sage,
Ici, donner le ton :
Ah ! c’est D... [Debartzch],
C’est l’orateur profond.
C’est une allusion à l’intervention de Debartzch contre le projet d’union. Le même jour, les citoyens de Montréal donnent un banquet dit constitutionnel à deux hôtes d’honneur, soit Debartzch, représentant du Conseil législatif, et Papineau, représentant de la chambre d’Assemblée.
Soucieux d’agrandir son domaine foncier, Debartzch se porte acquéreur par adjudication en 1826 de la seigneurie de Saint-François, appelée aussi seigneurie de Saint-Charles. Ses préoccupations de seigneur ne l’empêchent pas de rester un partisan de la réforme. En 1830, il préside à Saint-Charles-sur-Richelieu une assemblée qui réunit les principaux habitants des comtés de Richelieu, de Verchères, de Saint-Hyacinthe, de Rouville et de Chambly ; cette assemblée adopte des propositions qui visent la réforme du Conseil législatif et du Conseil exécutif. En 1832, il préside, conjointement avec Louis Bourdages*, une assemblée des mêmes cinq comtés, qui adopte à l’unanimité 21 propositions contenant en germe les Quatre-vingt-douze Résolutions [V. Elzéar Bédard], et dont la principale réclame la suppression du pouvoir du président de l’exécutif de nommer les conseillers législatifs.
Pour promouvoir la lutte constitutionnelle, Debartzch fonde en 1833 à Saint-Charles-sur-Richelieu l’Écho du pays, un journal d’opposition au régime gouvernemental rédigé d’abord par le Français Alfred-Xavier Rambau*. D’après le Populaire de Montréal du 18 octobre 1837, des articles révolutionnaires ont été publiés dans ce journal. Debartzch, qui n’en est pas l’auteur, se prononce contre ces articles et refuse de maintenir son appui au journal qui cessera de paraître en 1836. Cette année-là, il crée dans le même village le périodique le Glaneur et il en confie la rédaction à Jean-Philippe Boucher-Belleville*. Ce journal, qui traite surtout d’agriculture, connaît une existence éphémère, puisqu’il publiera son dernier numéro en septembre 1837.
Depuis 1835, Debartzch entretient par ailleurs une correspondance « journalière », comme la décrit Charles-Ovide Perrault, député de la circonscription de Vaudreuil à la chambre d’Assemblée, avec le gouverneur lord Gosford [Acheson]. Le 22 août 1837, il est nommé au Conseil exécutif où il siégera jusqu’au 10 février 1841. Cette nomination semble indiquer chez lui un changement d’attitude politique, qui entraîne, entre autres, sa condamnation par la Minerve, organe des patriotes. Toutefois, cette nomination fait en sorte que les Canadiens se trouvent à égalité avec les conseillers anglophones.
Pendant la rébellion, Debartzch doit cependant quitter Saint-Charles-sur-Richelieu pour gagner Montréal avec sa famille. Le Canadien du 22 novembre 1837 relate que des hommes armés ont cerné sa maison et l’ont mise à sac. Debartzch réclamera plus tard une indemnité de 26 000 $ au gouvernement pour les pertes matérielles qu’il a subies pendant la rébellion. Entre-temps, en 1841, il a acquis la seigneurie de Cournoyer, qui occupe le territoire de ce qui deviendra plus tard la municipalité de Saint-Marc, où il semble qu’il se soit retiré avec sa femme et ses enfants.
Pierre-Dominique Debartzch meurt le 6 septembre 1846 à Saint-Marc, à l’âge de 63 ans. Il sera inhumé trois jours plus tard sous le banc seigneurial de l’église de Saint-Charles-sur-Richelieu. Jean-Jacques Lefebvre, dans une biographie publiée dans la Revue trimestrielle canadienne de Montréal, écrit : « En lui disparaissait l’un des personnages les plus remarquables et les plus honnêtes de la première moitié du xixe siècle au Canada. » Debartzch et sa femme ont eu quatre filles. Elmire et Caroline épousent respectivement Lewis Thomas Drummond* et Samuel Cornwallis Monk, deux avocats de Montréal, tandis que Cordelia et Louise se marient avec deux exilés polonais, Édouard-Sylvestre de Rottermund* et Alexandre-Édouard Kierzkowski*, qui laisseront leur marque dans la province du Canada.
Pierre-Dominique Debartzch serait l’auteur de Vie politique de Mr... ex-membre de la chambre d’Assemblée du B.C. [...] ([Québec, 1811]).
Son discours prononcé au Conseil législatif en 1818 a été reproduit dans Christie, Hist. of L.C. (1866), 6 : 348–352.
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Ludwik Kos Rabcewicz Zubkowski, « DEBARTZCH, PIERRE-DOMINIQUE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/debartzch_pierre_dominique_7F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/debartzch_pierre_dominique_7F.html |
Auteur de l'article: | Ludwik Kos Rabcewicz Zubkowski |
Titre de l'article: | DEBARTZCH, PIERRE-DOMINIQUE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |