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Titre original :  Le clan Papineau-Dessaulles et les rébellions de 1837-1838

Provenance : Lien

DESSAULLES, JEAN, agent seigneurial, officier de milice, seigneur et homme politique, né en 1766 à Saint-François-du-Lac, Québec, fils de Jean-Pierre De Saulles et de Marguerite Crevier Décheneaux ; décédé le 20 juin 1835 à Saint-Hyacinthe, Bas-Canada.

Le père de Jean Dessaulles, ayant « formé le dessein d’aller dans les païs étrangers », avait obtenu, le 18 décembre 1759, de la communauté de Fenin, en Suisse, une lettre attestant son origine et sa moralité. Selon la tradition familiale, il était alors militaire et huguenot. Établi au pays à l’époque de la Conquête, il devint marchand. Son fils Jean fit ses études chez les sulpiciens au collège Saint-Raphaël, à Montréal, de 1779 à 1781.

Vers 1780, la famille de Dessaulles vint s’installer dans la seigneurie de Saint-Hyacinthe, qu’administrait alors Marie-Anne Crevier Décheneaux, veuve de Jacques-Hyacinthe Simon, dit Delorme. Jean semble avoir considéré sa tante comme une deuxième mère, même si ses parents étaient encore vivants. Adulte, il travailla pour elle, peut-être comme préposé au fonctionnement du moulin à scier, sûrement comme agent seigneurial dans les années 1796–1798. Jusque-là, Mme Delorme avait eu recours au curé de la paroisse Saint-Mathieu, à Belœil, François-Xavier Noiseux, qui desservit Saint-Hyacinthe de 1777 à 1783.

En 1795, Dessaulles acheta une terre et, l’année suivante, il obtint de Mme Delorme une concession dans le village. Le 7 janvier 1799, dans l’église de Saint-Hyacinthe, il épousa Marguerite-Anne Waddens, fille de feu Jean-Étienne Waddens*. En un peu plus de deux ans, il perdit trois enfants de même que sa femme en 1801.

Mme Delorme mourut aussi en 1801. Son fils Hyacinthe-Marie finit par conserver les cinq huitièmes de la seigneurie, tandis que trois huitièmes allèrent à Pierre-Dominique Debartzch*, petit-fils issu d’un mariage antérieur de Jacques-Hyacinthe Simon, dit Delorme. Dessaulles continua d’être agent de la seigneurie pour le compte de son cousin Delorme, qui fut député de la circonscription de Richelieu à compter de 1808. Major du bataillon de milice de Saint-Hyacinthe au début de la guerre de 1812, Dessaulles remplaça le lieutenant-colonel Delorme, qui était alors malade, à la tête du bataillon le 26 mars 1813. En 1814, pressentant sa mort, Delorme, qui était célibataire, décida de sa succession : il écarta Debartzch et institua plutôt son cousin Dessaulles légataire universel et héritier de tous ses droits et prétentions dans la seigneurie. Ce dernier devint ainsi, à un peu moins de 50 ans, propriétaire d’un grand manoir et de droits seigneuriaux importants. La mise aux enchères de ses propres biens montre la transition à une nouvelle condition.

Dessaulles fut un seigneur actif. Il acheta, vendit, concéda des terres. Pour les seules années 1826 et 1827, par exemple, les archives notariales témoignent de 200 concessions. Il s’occupa de la construction d’un chemin, d’une digue et d’un moulin à scier. Il céda des droits sur une île pour permettre la construction d’un pont, et sur des terrains qui allaient servir à l’aménagement d’un marché et d’un palais de justice. Il connaissait bien les problèmes des censitaires, ses rapports avec eux étaient simples et on lui reconnaissait un esprit de justice.

Le 21 février 1816, Dessaulles avait épousé à Montréal Marie-Rosalie Papineau, fille du notaire Joseph Papineau* et sœur de Louis-Joseph*. La même année, il fut élu député de la circonscription de Richelieu, qui avait déjà été représentée par Delorme et par Louis Bourdages et qui faisait partie de la zone d’influence de la famille Papineau. À compter de 1830 et jusqu’en 1832, il représenta la circonscription de Saint-Hyacinthe, détachée de celle de Richelieu en 1829. Moins instruit, moins loquace, plus modéré aussi, Dessaulles ne s’illustra pas à la chambre d’Assemblée autant que son beau-frère Papineau, ni que Bourdages. Au manoir, la jeune Mme Dessaulles animait la vie familiale et sociale, et s’intéressait aux affaires de la seigneurie. Dès 1820, son frère André-Augustin Papineau fut chargé de s’occuper des arrérages et des concessions. Pendant des décennies, les Papineau et les Dessaulles furent étroitement liés.

À la fin de 1831, le gouverneur Matthew Whitworth-Aylmer* invita Dessaulles à faire partie du Conseil législatif ; il espérait ainsi répondre aux critiques de la chambre en ouvrant les portes du conseil à un certain nombre de Canadiens en vue. Dessaulles entendait rester libre d’exprimer son opposition concernant la place qu’occupait le conseil dans l’appareil politique, mais il estimait qu’« il va[lait] mieux que des hommes amis de la Chambre d’assemblée entrent au Conseil pour effectuer un rapprochement désirable entre les deux corps que de les voir sans cesse en lutte et en opposition ». Il fut nommé au début de 1832. Cinq mois plus tard, Papineau, alors leader du parti patriote à l’Assemblée et partisan d’un Conseil législatif électif, semblait éviter, dans une lettre, à la fois de féliciter et de blâmer Dessaulles, l’invitant plutôt à démissionner rapidement comme député et à collaborer à son remplacement par un candidat « patriotique, énergique et national ». De fait, le rôle de Dessaulles au conseil fut sans éclat, comme celui d’ailleurs des autres conseillers francophones, qui furent le plus souvent absents pendant les années 18321835.

Les origines paternelles de Dessaulles, ses contacts avec Antoine Girouard, curé de Saint-Hyacinthe et fondateur du collège local, et son mariage avec la pieuse Marie-Rosalie Papineau confirment l’intérêt qu’il porte à la religion et au clergé. Dessaulles avait connu Girouard au collège Saint-Raphaël. À titre d’agent seigneurial, il avait été mêlé à l’achat du terrain sur lequel Girouard entendait construire son collège. Devenu seigneur, Dessaulles fit remise de rentes à l’institution. Girouard fut parrain de son fils aîné, Louis-Antoine*. Curé et seigneur collaborèrent au moment de la formation de nouvelles paroisses. Tous deux firent partie en 1829 et 1830 des syndics choisis afin de promouvoir l’instruction primaire et l’établissement d’écoles à Saint-Hyacinthe. Était-ce seulement bon voisinage et solidarité d’intérêts ? Il y a peut-être plus, mais il semble que la chaleur dans les relations avec le clergé ait été davantage le fait de la seigneuresse que du seigneur.

Le 20 juin 1835, après une maladie qui durait depuis six mois, Dessaulles mourut au manoir seigneurial ; il fut inhumé dans l’église paroissiale. Marie-Rosalie Papineau lui survécut jusqu’en 1857. Ils avaient eu cinq enfants, dont trois étaient encore vivants : Louis-Antoine, bien connu comme membre influent du parti rouge et comme adversaire du clergé en politique ; Rosalie, épouse de Maurice Laframboise*, homme politique et juge ; Georges-Casimir, membre important des milieux d’affaires de la ville de Saint-Hyacinthe à la fin du xixe siècle, maire et sénateur.

Deux des petites-filles de Jean Dessaulles occupent une place dans l’histoire des lettres québécoises et des mouvements féministes. Caroline-Angélina*, fille unique de Louis-Antoine, publia en 1939 Quatre-vingts Ans de souvenirs, ouvrage qui rappelle certains éléments de l’action féminine au début du xxe siècle. Henriette*, fille de Georges-Casimir, signa pendant une quinzaine d’années, sous le pseudonyme de Fadette, une intéressante chronique littéraire dans le journal montréalais le Devoir.

Jean-Paul Bernard

ANQ-M, CE1-51, 21 févr. 1816 ; CE2-5, 7 janv. 1799, 23 juin 1835.— Arch. de la Soc. d’hist. régionale de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, Québec), Sér. 2, Dossier 34.7 Sér. 16, Dossier 10.— ASSH, Fg-4, A-64 ; B, dossier 1 239 ; dossier 2 : 79–80.— George Allsopp, « Lettre de George Allsopp à M. Dessaulles, député », BRH, 40 (1934) : 319–320.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— Desjardins, Guide parl.— Turcotte, le Conseil législatif, 19, 113.— Suzanne Bédard, Histoire de Rougemont (Montréal, 1978).— [C.-A. Dessaulles] Mme F.-L. Béique, Quatre-vingts Ans de souvenirs (Montréal, [1939]), 120–130.— C.-P. Choquette, Histoire de la ville de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, 1930).— Henriette Dessaulles, Fadette : journal d’Henriette Dessaulles, 1874/1880 (Montréal, 1971), 13–17, 285–289.— Gérard Filteau, Histoire des Patriotes (3 vol., Montréal, 1938–1939), 1 : 199–201.— Gérard Parizeau, les Dessaulles, seigneurs de Saint-Hyacinthe ; chronique maskoutaine du XIXe siècle (Montréal, 1976).— Taft Manning, Revolt of French Canada.— Louise Voyer, Saint-Hyacinthe : de la seigneurie à la ville québécoise ([Montréal], 1980).

Bibliographie générale

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Jean-Paul Bernard, « DESSAULLES, JEAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dessaulles_jean_6F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Paul Bernard
Titre de l'article:    DESSAULLES, JEAN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    19 mars 2024