LAFRAMBOISE, MAURICE (baptisé Maurice-Alexis), avocat, homme politique, propriétaire d’un journal et juge, né à Montréal le 18 août 1821, fils d’Alexis Laframboise, marchand, et de Lucie-Angélique, fille de Gabriel Cotté*, décédé à Montréal le 1er février 1882.

Après des études classiques au petit séminaire de Montréal de 1831 à 1840 et une période d’apprentissage du droit, Maurice Laframboise est admis au barreau le 9 décembre 1843. Établi à Saint-Hyacinthe, il épouse en 1846 Rosalie Dessaulles, fille du seigneur Jean Dessaulles* et de Rosalie Papineau, sœur de Louis-Joseph Papineau*. Il s’occupe des affaires de la seigneurie Dessaulles jusqu’en 1852. À ce moment, la seigneurie est divisée entre les enfants Dessaulles : Louis-Antoine*, l’aîné, en reçoit la moitié, tandis que Rosalie et Georges-Casimir se partagent également l’autre moitié.

À Saint-Hyacinthe, Laframboise pratique le droit en société avec Jean-Baptiste Bourgeois et Augustin-Cyrille Papineau, fils de Denis-Benjamin Papineau*. De 1857 à 1860, il est maire de la ville, succédant à son beau-frère Louis-Antoine Dessaulles qui a occupé ce poste depuis le moment de l’érection civile en 1849. Lors des élections générales de 1857–1858, Laframboise se présente comme candidat libéral dans Bagot, comté voisin de Saint-Hyacinthe, et il est élu, alors que Dessaulles, membre important du parti « rouge », y a été défait de justesse en 1854. Réélu aux élections générales de 1861, puis de 1863, il doit se présenter de nouveau devant ses électeurs cette année-là, ayant accepté, après les élections générales, de devenir commissaire des Travaux publics dans le ministère libéral de John Sandfield Macdonald* et d’Antoine-Aimé Dorion*. Il l’emporte alors avec 58 p. cent des voix contre le docteur Jean-Baptiste Desrosiers, beau-frère de George-Étienne Cartier*. Mais le gouvernement Macdonald-Dorion devra abandonner le pouvoir au printemps de 1864. Laframboise laisse son poste le 29 mars et, la même année, la famille Laframboise quitte Saint-Hyacinthe pour Montréal.

Député de l’opposition, Maurice Laframboise est l’un des adversaires les plus importants de la confédération. Afin de combattre ce projet, il fait partie du Club Saint-Jean-Baptiste [V. Ludger Labelle*] avec Médéric Lanctot*, rédacteur de l’Union nationale, et les députés Joseph-François Perrault (Richelieu) et Alexandre Dufresne (Iberville). En 1865, à la chambre d’Assemblée du Canada-Uni, lors des débats relatifs au projet de confédération, il fait de longues interventions. Il y soutient qu’on doit en appeler au peuple pour décider d’une question de cette importance, que l’autorité d’un gouvernement central et l’addition des provinces Maritimes seraient dangereuses pour « la religion », « la nationalité » et « les institutions du Bas-Canada », et que le plan de confédération correspond aux moyens évoqués dans le rapport de Durham [Lambton*] pour « anéantir la nationalité française en ce pays ».

Aux élections de l’été de 1867, immédiatement après la Confédération, Laframboise, candidat libéral dans Bagot au fédéral, doit s’avouer vaincu par Pierre-Samuel Gendron, avec 43 p. cent des suffrages. Malgré cette défaite, il demeure l’un des membres influents du parti libéral. Durant la campagne électorale provinciale de 1871, avec les députés libéraux élus en 1867 Pierre Bachand* (Saint-Hyacinthe) et Félix-Gabriel Marchand* (Saint-Jean), il est très actif dans la région de l’Yamaska et du Richelieu, et il est lui-même élu député du comté de Shefford. À la fin de 1871, au moment de la formation du parti national, regroupant surtout des libéraux modérés et quelques conservateurs, et de la disparition du journal le Pays, encore associé au « rougisme », Laframboise travaille à la naissance du National, porte-parole du parti dont le premier numéro paraîtra le 24 avril 1872 et dont il sera le propriétaire-éditeur. Laframboise et le rédacteur en chef du nouveau journal, Charles Laberge*, ancien collaborateur de l’Ordre, défendront à la fois les thèses des nationaux et celles des libéraux modérés.

À l’Assemblée législative du Québec, le député Laframboise s’exprime, avec d’autres libéraux, en faveur de la réforme de la loi électorale et de l’éducation commerciale et industrielle. Parallèlement, il s’intéresse au développement économique régional de Saint-Hyacinthe, dont les milieux d’affaires voient le progrès du côté de l’industrie et des chemins de fer. Il est l’un des promoteurs en 1872 du chemin de fer de Philipsburg, Farnham et Yamaska, mais le projet échouera. Avec son beau-frère, Georges-Casimir Dessaulles, maire de la ville, et Pierre Bachand, il est l’un des principaux actionnaires de la Maison de banque R. St-Jacques et Cie, société en commandite fondée pour « faire le commerce d’argent » à Saint-Hyacinthe et reconnue juridiquement en 1873 sous le nom de Banque de Saint-Hyacinthe.

À l’approche des élections provinciales de 1875 et pour faire contrepoids au Club Cartier, les libéraux fondent le Club national de Montréal, où l’on discute de politique et organise les tournées de propagande. Laframboise dote le Club national, qui regroupe surtout des jeunes, d’une bibliothèque. Cette année-là, les journaux conservateurs dénoncent les chefs libéraux, particulièrement Toussaint-Antoine-Rodolphe Laflamme* et Louis-Amable Jetté*, mais aussi Laframboise, qui auraient, à la faveur du projet d’élargissement du canal de Lachine en 1874 et de la présence du parti libéral au pouvoir à Ottawa, tenté de réussir une spéculation avantageuse (c’est le « job du canal de Lachine »). Laframboise est toutefois réélu, sans concurrent, député de Shefford.

Le nom de Laframboise est évoqué pour le poste de lieutenant-gouverneur du Québec, à la mort de René-Édouard Caron* le 13 décembre 1876, mais ce sera Luc Letellier de Saint-Just qui sera choisi. Il en sera de même pour le poste de lieutenant-gouverneur du Manitoba, avant la nomination effective de Joseph-Édouard Cauchon. Quand Letellier provoque, en 1878, le retrait du ministère conservateur de Charles-Eugène Boucher* de Boucherville, Henri-Gustave Joly* ne retient pas Laframboise comme membre de son cabinet, mais c’est celui-ci qui, à l’Assemblée, annonce la composition du ministère libéral. Laframboise espère alors devenir président de l’Assemblée, puis, cette possibilité ne s’étant pas réalisée, il pense à remplacer Letellier comme lieutenant-gouverneur, mais encore une fois ses espoirs seront déçus.

Toutefois, le gouvernement d’Alexander Mackenzie*, avant de se retirer à la fin de 1878, nomme Laframboise juge de la Cour supérieure pour le district de Gaspé. Le 22 février 1879, le National, qui éprouve d’ailleurs des difficultés financières, publie son dernier numéro. Honoré Beaugrand* prendra la relève du journalisme libéral à Montréal avec la Patrie. Laframboise meurt à Montréal le 1er février 1882, à l’âge de 60 ans.

Laframboise eut six enfants. Une de ses filles épousa Louis-Onésime Loranger, procureur général dans le ministère provincial de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, et un de ses fils, Jules, fut directeur de la succursale de la Banque canadienne de commerce à Saint-Hyacinthe, de 1895 à 1924. Durant de longues années, le parc Laframboise avec sa piste de courses de chevaux rappela aux Maskoutains que Maurice Laframboise avait été le premier animateur du Turf Club, qui attirait autrefois à Saint-Hyacinthe les membres des grandes familles de la région et même les officiers des troupes anglaises stationnées à Montréal jusqu’en 1871.

Jean-Paul Bernard

ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 18 août 1821.— APC, MG 30, D1, 17 : 304–306.— Canada, prov. du, Parl., Débats parl. sur la confédération.Gazette, 2 févr. 1882.— Le Journal de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, Québec), 13 août 1863.— La Minerve, 2 févr. 1882.— Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, 2 févr. 1882.— L’Opinion publique, 28 nov. 1878, 9 févr. 1882.— Beaulieu et J. Hamelin, La presse québécoise, II : 188s.— J. Desjardins, Guide parl.Dominion annual register, 1882.— P.-G. Roy, Les juges de la prov. de Québec, 70s., 290s., 424s.— Album souvenir ; St-Hyacinthe, 1748–1948 (s.1.n.d.), 69, 99.— J.-P. Bernard, « La pensée des journalistes libéraux de Saint-Hyacinthe, 1853–1864 » (thèse de m.a., univ. de Montréal, 1958) ; Les Rouges, 146–150, 188–192, 221, 225–230, 233s., 295–311.— C.-P. Choquette, Histoire de la ville de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, 1930), 58, 262–269, 413s, 474s.— M. Hamelin, Premières années du parlementarisme québécois, 122131, 194s., 210s., 218–221, 232s., 252, 276, 304, 309.— Laurent Lapointe, « La formation de la Banque de St-Hyacinthe et le développement économique régional (1850–1875) » (thèse de m.a., univ. de Montréal, 1976), 102, 131.— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, I : 51, 53s., 193, 196, 205, 207, 216 ; II : 17, 63, 94, 108, 134s., 165, 177 ; III : 149 ; Hist. de Montréal, II : 381 ; III : 28s., 64–67, 92s., 97.— É.-Z. Massicotte, « Une société politique secrète à Montréal ; le Club Saint-Jean-Baptiste », BRH, 21 (1915) : 134–138.

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Jean-Paul Bernard, « LAFRAMBOISE, MAURICE (baptisé Maurice-Alexis) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/laframboise_maurice_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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