BETHUNE, ALEXANDER NEIL, ministre de l’Église d’Angleterre, évêque, né le 28 août 1800 à Williamstown, dans le canton de Charlottenburg, Haut-Canada, fils du révérend John Bethune*, loyaliste, et de Véronique Waddin ; épousa Jane Eliza, fille de James Crooks*, dont il eut dix enfants (l’un d’entre eux, Robert Henry*, fut l’un des fondateurs de la Dominion Bank où il eut un emploi de caissier pendant plus de 20 ans, et un autre, Charles James Stewart*, fut principal de Trinity College School, à Port Hope) ; décédé à Toronto, Ont., le 3 février 1879.

John Bethune, ministre de l’Église d’Écosse, émigra en Caroline où il fut aumônier d’un régiment de la milice royale. Fait prisonnier peu après le début de la guerre de l’Indépendance américaine, il aboutit à Halifax et vécut ensuite pendant plusieurs années à Montréal, où il fonda la première église presbytérienne, l’église St Gabriel Street. En 1787, il alla demeurer à Charlottenburg, où naquit Alexander Neil, le huitième de ses neuf enfants. D’autres fils se nommaient James Gray*, Angus* et John Bethune.

De 1810 à 1812, Alexander Neil étudia à l’école secondaire dirigée par le révérend John Strachan*, à Cornwall, Haut-Canada. Ce fut probablement grâce à l’influence de Strachan ainsi qu’à celle de leur mère qui avait appartenu à l’Église réformée, que John et Alexander Neil devinrent ministres de l’Église d’Angleterre. On ne possède que de très vagues renseignements sur ce que fit Alexander Neil entre 1812 et 1819. Il est possible qu’il ait continué ses études sous la direction de John, son frère aîné. Ce dernier, déjà pasteur, exerça son ministère dans les cantons d’Elizabethtown et d’Augusta à partir de 1814, et enfin à Montréal, à partir de 1818. À l’automne de 1819, Alexander Neil écrivait de Montréal qu’il avait décidé d’aller à York (Toronto) « pour se mettre à la disposition du pasteur Strachan et étudier la théologie sous sa direction, tout en lui rendant, à l’école secondaire, les services qu’on peut attendre d’un jeune homme de 19 ans ».

De 1819 à 1823, grâce à l’aide de la Society for the Propagation of the Gospel, Bethune continua d’étudier la théologie à York. Pendant cette période, il aida également le pasteur Strachan à l’église St James, en qualité de placier. Le 24 août 1823, à Québec, Bethune fut ordonné diacre par l’évêque Jacob Mountain* ; le 26 septembre 1824, ce dernier lui conféra le sacerdoce. Il reçut la charge de la paroisse de The Forty (Grimsby) où il avait passé le temps de son diaconat. Il s’occupa en même temps de la desserte de Twelve Mile Creek (St Catharines). En 1827, Bethune devint pasteur de la paroisse de Cobourg, dont il fut plus tard le recteur, et exerça son ministère à cet endroit jusqu’en 1867. En 1831, délégué de l’Église d’Angleterre de la colonie, il alla pour la première fois en Angleterre, y accompagnant l’évêque Charles James Stewart*, de Québec, auquel il servait aussi de secrétaire. Le voyage de Bethune avait pour but de défendre la cause de l’University of King’s College de York et de faire valoir les droits de l’Église d’Angleterre sur les « réserves » du clergé dans le Haut-Canada. Sur ces deux points il était à peu près du même avis que Strachan.

Durant son séjour à Cobourg, Bethune devint le premier rédacteur en chef de l’hebdomadaire Church, qui commença de paraître le 6 mai 1837. Il conserva ce poste jusqu’en 1841, date à laquelle il passa ses fonctions à un laïque, John Kent, mais en 1843 il reprit son poste de rédacteur, en faisant remarquer que « l’agitation [...] causée par le tumulte des luttes partisanes, était plus que [Kent] n’en pouvait supporter ». Le besoin de rallier des partisans pour la soutenir dans sa position concernant les réserves du clergé avait amené l’Église d’Angleterre à fonder un journal réflétant son opinion dans la province. Bethune, dont le bagage intellectuel était considérable, avouait qu’il avait étudié minutieusement toute la question, et Strachan, président du comité de direction du journal, avait trouvé en lui un homme de confiance sur qui il pouvait se reposer. En fait, c’est Strachan qui, presque toujours, orientait les éditoriaux.

Au début, le journal avait l’estime de tous les milieux ecclésiastiques, car alors, comme le rappelait Bethune, l’esprit de parti était à peu près inconnu à l’intérieur de l’Église. Mais l’opposition ne tarda pas à se manifester. C’est ainsi qu’en 1841 Featherstone Lake Osler* faisait remarquer que le Church, « sans aller jusqu’à se faire le champion des erreurs contenues dans l’hérésie d’Oxford, les excus[ait] constamment et fai[sait] passer l’Église avant le Christ alors que c’est le Christ qui aur[ait] dû être mis en évidence par l’Église. Le rédacteur [...], ajoutait-il, tout comme l’évêque dont il est un des favoris, est ultra High Church ». Pendant les 30 années qui suivirent, plus d’un demi-million d’Irlandais affluèrent dans le Canada-Ouest et l’Église d’Angleterre pencha alors fortement vers la tendance évangélique de la Low Church, et pour les gens de cette tendance, Bethune était un partisan de la High Church. é cet égard, il subissait deux influences. D’une part, en réaction contre les méthodistes, il considérait l’Église d’Angleterre comme « l’unique rempart de la foi protestante contre le despotisme et la superstition papiste, et comme la garantie de la vérité et de l’ordre selon l’Évangile contre les principes hérétiques et anarchiques de nombreux dissidents contemporains ». L’autre influence était celle de Strachan, qui montrait peu de respect pour les adhérents de la Low Church. De plus, aux yeux des méthodistes et des évangélistes, dont le nombre allait toujours croissant au sein de l’Église, Bethune était identifié au mouvement anglo-catholique qui avait pris corps à l’époque où il était rédacteur. Son désir de se montrer modéré et équitable dans son appréciation des chefs du mouvement ne faisait qu’exacerber ces sentiments. Quand il écrivit un éditorial des plus pondérés sur Henry Newman, qui était devenu catholique, Strachan lui-même lui fit des remontrances.

Le principal adversaire du Church était l’organe méthodiste, le Christian Guardian, dirigé par Egerton Ryerson*, qui rejetait énergiquement la position de l’Église d’Angleterre, à savoir qu’elle seule dans la colonie avait des droits sur les réserves du clergé. Ryerson ne faisait que refléter l’opinion des méthodistes et des autres sectes en dissidence avec les Églises légalement constituées, et s’opposait à l’aide que le gouvernement apportait aux institutions religieuses, sous prétexte que certaines de celles-ci étaient favorisées au détriment des autres ; selon eux, ces fonds publics auraient été mieux employés dans des domaines comme l’instruction publique et la construction de routes. Ryerson se prononça contre le projet de loi de 1840 selon lequel on aurait vendu les terres du clergé après que les obligations existantes auraient été honorées et l’on aurait ensuite distribué aux différentes Églises les fonds ainsi récoltés. Finalement, Ryerson décida de se soumettre à la mesure. D’un autre côté, Strachan s’opposait au projet de loi, parce que, disait-il, il privait « l’Église nationale d’environ les trois-quarts des propriétés qu’on lui avait reconnues » ; il ajoutait que le projet « tentait de faire disparaître la distinction entre le vrai et le faux [...]. Ses tendances antichrétiennes, ajoutait-il, conduisent directement à l’infidélité et sont une honte pour la législature ; c’est pourquoi, je m’y oppose absolument ». Quant à Bethune, il écrivit dans le Church : « Nous considérons qu’il est de notre devoir d’inculquer l’obéissance à cette mesure et de la considérer comme une loi du pays et d’en tirer parti le plus possible selon l’objectif poursuivi. Chez tous les esprits ouverts, on a lieu de se féliciter qu’un tel sujet de grief soit dorénavant une chose du passé. »

Bien que Bethune ait considéré les terres du clergé et les revenus des réserves non seulement comme le cadeau incontesté d’un souverain à son Église de la colonie, mais encore comme la seule garantie contre la dissidence de nombreuses organisations religieuses concurrentes, il n’était pas homme à se réjouir du fracas des batailles. Aussi, se montra-t-il visiblement soulagé devant ce qu’il pensait être le règlement définitif d’une question aussi irritante. Bethune était un homme paisible, qui désirait la stabilité et qui, dans la recherche de la tranquillité, respecterait loyalement les conditions de règlement de ce litige. Il avait épousé avec joie les vues de Strachan, mais se serait contenté d’un règlement moins heureux que celui réclamé par son supérieur.

Lorsqu’en 1839 on détacha une partie du diocèse de Québec pour créer celui de Toronto, Strachan en fut le premier évêque et Bethune devint l’un de ses aumôniers. En octobre 1841, Strachan demanda à ses aumôniers, Bethune, Henry James Grasett* et Henry Scadding*, de rédiger un projet en vue de la formation d’étudiants en théologie, en attendant la fondation d’un collège. Après que le projet eut été soumis, Strachan annonça, le 27 novembre, la nomination de Bethune comme professeur de théologie, bien que ce dernier ne possédât pas de diplôme. La Diocesan Theological Institution ouvrit ses portes à Cobourg en janvier 1842 à 15 élèves, mais l’entreprise connut des résultats médiocres. On se plaignit de la basse qualité des élèves ainsi que de la formation qui leur était donnée. Les trois premières années, Bethune fut, à la fois, principal et unique professeur et le fait que ces charges s’ajoutaient à bien d’autres qui prenaient la majeure partie de son temps explique aisément le bas niveau de l’enseignement. Mais le plus grand problème auquel Bethune eut à faire face concernait les tendances de son Église. Durant la décennie, il semble qu’une opposition de plus en plus forte se soit manifestée de la part des adhérents de la Low Church, particulièrement dans la partie ouest de la province. Les adversaires de l’école parlaient d’elle comme d’un « foyer de tractarianisme », accusation que Strachan n’hésitait pas à qualifier de fausse et de malveillante. Ces difficultés que connut Bethune prirent fin lorsque l’University of Trinity College ouvrit ses portes à Toronto en 1852, et que les deux institutions fusionnèrent.

En 1845, Strachan avait nommé Bethune commissaire ecclésiastique pour l’archidiaconat de York, avec le titre de « Reverend Official ». Strachan, écrasé par les responsabilités, n’avait jamais pu se démettre des fonctions d’archidiacre de York pour des raisons d’argent, et cet arrangement lui permettait de consacrer tout son temps à ses devoirs épiscopaux. Plus tard, en 1847, quand il démissionna de ses fonctions d’archidiacre de York, il transféra à Bethune les responsabilités de cette charge. Bethune abandonna la direction du Church et devint le principal adjoint administratif de l’évêque Strachan, tout en restant directeur du collège. Il fit régulièrement des tournées dans les paroisses, pour surveiller la construction des églises et des presbytères, vérifier les registres paroissiaux, donner des conseils sur les problèmes pastoraux et faire rapport à l’évêque. De 1847 à 1850, il visita approximativement 127 églises et stations missionnaires dans des territoires qui s’étendaient à l’ouest de la province, à partir d’Oshawa. Bethune s’acquitta de ses fonctions d’archidiacre avec application et se plongea littéralement dans les problèmes quotidiens du diocèse.

Strachan obtint du King’s College d’Aberdeen, où lui-même et le père de Bethune avaient fait leurs études, de conférer à son archidiacre un doctorat en théologie en 1847 et, dix ans plus tard, le Trinity College lui conféra un doctorat en droit canon. Au printemps de 1852, sur les ordres de Strachan, Bethune se rendit en Angleterre, afin d’obtenir un appui financier pour le Trinity College, fondé après que l’University of King’s College qu’avait créée Strachan fut laïcisée et devint l’University of Toronto. En Angleterre, Bethune fut également le porte-parole de son Église au cours de la dernière phase de la bataille au sujet des réserves du clergé. Dans ces deux tâches, il n’obtint qu’un succès mitigé. Il fut incapable d’ébranler la détermination du ministère de lord Aberdeen de se conformer aux exigences du gouvernement de Francis Hincks*. Ce dernier demandait au gouvernement anglais de promulguer une loi permettant à la législature de la colonie de régler définitivement le problème des réserves. Bethune n’obtint pas non plus la réponse qu’il espérait à ses demandes d’argent. Il était souvent, disait-il, « déconcerté et déçu », mais il ajoutait néanmoins qu’il « parviendrait à recueillir en tout £5 000 ».

En juillet 1857, on procéda à la première subdivision du diocèse de Toronto, en prenant sur ce dernier la partie sud-ouest pour en faire le diocèse de Huron. Bethune se présenta, pour la première fois, aux élections épiscopales – il se présentera deux autres fois – et fut battu par Benjamin Cronyn, un Irlandais, recteur de London. Lorsqu’en 1862, la partie orientale du diocèse de Toronto devint le diocèse d’Ontario, Bethune fut de nouveau candidat, mais se retira lorsqu’il vit que l’élection d’un autre Irlandais ne faisait aucun doute. Il s’agissait cette fois de John Travers Lewis*, âgé de 36 ans et recteur de Brockville. Dans les deux élections, Bethune fut battu par des candidats locaux qui avaient la faveur populaire. En outre, l’aile évangélique, la Low Church qui grandissait sans cesse en nombre et en influence, constituait un obstacle pour Bethune ; un bon nombre de sympathisants de cette tendance le considéraient comme un adhérent de la High Church et d’autres comme un tractarien. De plus, l’opposition que Strachan avait suscitée, par son dédain des adhérents de la Low Church et par son autoritarisme, se retournait contre Bethune, considéré par la plupart comme le favori de Strachan.

Le 21 septembre 1866, Bethune put enfin obtenir ce qu’il désirait lorsque Strachan, qui avait 88 ans, réclama l’aide d’un coadjuteur. Le synode élut Bethune au neuvième tour, mais seulement après que George Whitaker*, prévôt du Trinity College, qui avait été en tête dès le début du vote, se retira à la fin du huitième tour. Bethune s’était classé au troisième rang tant chez les ecclésiastiques que chez les laïcs, récoltant environ un quart des votes des ecclésiastiques mais seulement un cinquième des voix des laïques, et venant derrière Whitaker et Thomas Brock Fuller*. Le seul autre candidat ayant des chances d’être élu était Henry Grasett, recteur de la cathédrale St James à Toronto. Bethune prit le titre d’évêque de Niagara et fut consacré par Strachan à la cathédrale St James le 25 janvier 1867.

Plus tard dans l’année, à la première conférence de Lambeth, en Angleterre, Bethune fut délégué du diocèse de Toronto, en remplacement de Strachan dont la santé s’était affaiblie. Bethune revint à Toronto juste avant les obsèques de Strachan, qui eurent lieu le 5 novembre. Bethune succéda à son mentor le 1er novembre 1867 et, dès lors, adopta comme signature « A. N. Toronto ». Il démissionna de ses fonctions de recteur de Cobourg et d’archidiacre de York et continua d’assurer ses devoirs d’évêque jusqu’à sa mort en 1879.

Pour inaugurer l’entrée en fonction du deuxième évêque de Toronto, Bethune reçut les vœux de son clergé. Soyez assuré, disait l’adresse, de « notre respectueuse soumission, de notre respect le plus sincère pour votre personne et votre charge, et de notre intention, avec l’aide de Dieu, de faire tout notre possible pour que votre épiscopat soit une bénédiction pour vous-même et pour le diocèse ». Les événements toutefois ne répondirent pas à ces voeüx. Les laïques de la Low Church qui formaient un groupe puissant et bien organisé, alarmés des répercussions qu’avaient au Canada l’influence tractarienne et le mouvement d’Oxford, décidèrent de les combattre. Il s’éleva même une controverse au sujet des vêtements sacerdotaux, provoquée par William Arthur Johnson, le plus avancé des tractariens du diocèse. D’autre part, Grasett eut à répondre aux accusations d’avoir « dépravé la doctrine et les enseignements de l’Église », en établissant, en 1868, une organisation rivale, la Church of England Evangelical Association, qui attirait à elle les contributions en faveur des missions, au détriment de la Church Society, l’organisme officiel. En 1873, les fidèles de la Low Church fondèrent la Church Association, dont le but était de préserver les principes de la Réforme ; puis, en 1876, ils établirent un journal concurrent, l’Evangelical Churchman. En 1877, ils fondèrent la Protestant Episcopal Divinity School, qui devint plus tard le Wycliffe College et qui avait pour but de rivaliser avec le Trinity College, dans la formation des étudiants en théologie. Finalement, en 1878, les partisans de la Low Church déjouèrent les tentatives de Bethune qui voulait obtenir l’aide d’un coadjuteur et, à cette occasion, les laïques empêchèrent l’élection de Whitaker. Bethune résolut de dissoudre le synode, se résignant à rester seul jusqu’à la fin. Il protesta vainement contre les associations rivales, mais leur existence même était symptomatique des divisions profondes qui existaient dans le diocèse.

Au cours de L’épiscopat de Bethune, l’Église d’Angleterre connut en Ontario une expansion parallèle à celle de la population. En 1869, la question de la division du diocèse de Toronto fut soulevée une fois de plus. La proposition prévoyait un quadruple fractionnement. Le diocèse de Toronto conservait les comtés de Peel, de York, de Halton, d’Ontario et de Wellington. Le reste était divisé en trois districts ecclésiastiques : celui du nord, comprenant le comté de Simcoe et le territoire du district d’Algoma jusqu’au diocèse de Rupert’s Land ; puis le district de l’ouest, comprenant les comtés de Welland, de Lincoln, de Haldimand et de Wentworth ; enfin le district de l’est qui englobait les comtés de Peterborough, de Northumberland, de Durham et de Victoria. Le projet en resta là jusqu’en 1872, quand Bethune annonça que la Society for the Propagation of the Gospel était décidée à doter le nouveau diocèse d’Algoma, à condition qu’au Canada les fidèles recueillent dans le même but une somme d’au moins £4 000, avant la fin de 1875. En novembre 1872, Bethune, qui avait accepté l’offre de la Society for the Propagation of the Gospel, assista à une réunion de caractère privé avec les autres évêques, à Ottawa, où il fut décidé de se cotiser pour payer le traitement d’un nouvel évêque. Le mois suivant eut lieu l’élection pour le siège d’Algoma, mais l’évêque élu refusa le poste. On laissa aller les choses jusqu’à la réunion du synode de Toronto en juin 1873, qui autorisa le synode provincial à élire un évêque « pour le diocèse septentrional et missionnaire d’Algoma ». L’évêque Bethune fut autorisé à nommer un pasteur pour surveiller le travail jusqu’à la tenue de l’élection. Frederick Dawson Fauquier*, qui avait étudié à Cobourg sous la direction de Bethune, fut consacré premier évêque d’Algoma en octobre 1873. En 1875, on prit une partie de la circonscription ecclésiastique de l’ouest pour former le diocèse de Niagara et Fuller en devint le premier évêque.

Alexander Neil Bethune était par-dessus tout un homme doux et aimable, qui contrastait avec Strachan, le premier évêque. Selon le révérend John Langtry, « on ne pouvait trouver deux hommes plus différents, [...] l’évêque Strachan avait toujours eu un tempérament batailleur, [...] l’évêque Bethune, lui, consciemment ou non, avait pour idéal de vivre en paix avec tout le monde. C’était un homme très doué au point de vue intellectuel, d’une culture très étendue, aux manières distinguées, mais d’un caractère flegmatique et réservé [...]. Bethune ne se fâchait jamais ou presque. L’entêtement et les manières rudes des autres le désolaient et c’est pour toutes ces raisons qu’il s’attacha à mener une vie sereine ».

Bethune, qui ne possédait pas les qualités d’un stratège comme Strachan, hérita dans une large mesure de l’opposition que les méthodes et la politique de ce dernier avaient provoquée. Il eut l’infortune d’être évêque au plus fort de la tempête, et, dans d’autres circonstances, il se peut qu’il eût mieux réussi dans son épiscopat.

Bethune ne montrait pas envers les partisans de la Low Church la même antipathie que Strachan mais avait le sentiment qu’il manquait une certaine beauté dans leur liturgie et qu’ils ne se préoccupaient pas de conserver l’ordre et la discipline au sein de l’Église. L’évêque était lui-même attaché à la High Church, dans le sens qu’il tenait en grand respect l’Église, le ministère et les sacrements. Il plaçait très haut les enseignements de l’Église (en faisait même quelque chose d’unique) et n’aurait jamais permis que la doctrine de la justification par la foi, sur laquelle les évangélistes insistaient tant, soit séparée de l’Église, corps du Christ. Il fut particulièrement désolé lorsque, dans le diocèse, l’unité de l’Église, qui avait existé jusque-là, se trouva déchirée après l’établissement d’associations destinées à rivaliser avec les organisations officielles.

Par son travail, ses œuvres, son intégrité, ses manières affables et son impartialité, Bethune était pour tous un exemple. Il avait des convictions personnelles, mais c’était un homme extrêmement humble. À cette époque agitée, beaucoup considérèrent son amour pour les célébrations belles et bien ordonnées comme une preuve de son appartenance à la High Church ; pour beaucoup d’autres, au contraire, son humilité n’était que de la faiblesse. C’est pourquoi, en général, sa génération ne comprit pas son message.

Arthur N. Thompson

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Arthur N. Thompson, « BETHUNE, ALEXANDER NEIL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 26 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bethune_alexander_neil_10F.html.

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Auteur de l'article:    Arthur N. Thompson
Titre de l'article:    BETHUNE, ALEXANDER NEIL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    26 déc. 2024