KETCHUM, SENECA, tanneur, prédicateur laïque anglican et philanthrope, né le 17 août 1772 à Spencertown, New York, fils aîné de Jesse Ketchum et de Mary (Mollie) Robbins ; il épousa Ann Mercer, fille de Thomas Mercer, pionnier du canton d’ York, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 2 juin 1850 à York Mills (Toronto).
Comme il était courant à l’époque, plusieurs membres de la famille Ketchum s’installèrent successivement dans le Haut-Canada. Seneca Ketchum arriva, dit-on, à Kingston en 1792 et y passa plusieurs années. En 1795, son oncle Joseph obtint une concession dans le canton de Scarborough. Seneca déménagea peut-être avec lui et il gagna probablement York (Toronto) au plus tard en 1797, car lui-même et son jeune frère Jesse* figuraient alors au nombre des résidents de la rue Yonge. Dès cette année-là, il s’intéressa activement à la vie de sa communauté d’adoption et devint pendant une brève période secrétaire de la Rawdon Masonic Lodge. Il se mit à acheter des terres, si bien qu’avec le temps il acquit les secteurs occupés aujourd’hui par Bedford Park et Teddington Park, dans le nord de Toronto ; de plus il ouvrit une entreprise où l’on tannait des cuirs, fabriquait des chaussures et vendait un grand nombre de marchandises. D’autres membres de sa famille, dont son père, vinrent le rejoindre en 1802.
Soit en raison du fardeau que lui imposait l’installation de sa famille, soit – selon une anecdote – par suite du tirage au sort qui lui fit perdre, au profit de Jesse, la main de la jeune et belle Ann Love, leur gouvernante, Ketchum souffrit d’une dépression nerveuse en 1803. Pourtant, il prit vite intérêt aux affaires éducatives et religieuses de son milieu. Fervent anglican, il contribua à l’achat d’un terrain à York Mills pour la congrégation St John, et fournit une bonne partie de la main-d’œuvre nécessaire à la construction de sa première église en 1817. Il ne tarda pas non plus à étendre le champ de ses activités à l’organisation de classes du dimanche et à la tenue d’offices informels dans les établissements isolés.
En 1820, Ketchum obtint une concession dans le canton de Mono, près de l’emplacement actuel d’Orangeville, et au fil des ans il multiplia ses propriétés dans la région. Il habitait toujours rue Yonge en 1830, année où il signa une pétition en faveur de la constitution d’une compagnie de routes à péage, et il y achetait toujours des terrains en 1831. Toutefois, en 1835, le missionnaire anglican Adam Elliot* le trouva dans le canton de Mono où, signala-t-il, il avait « déjà fondé plusieurs écoles du dimanche et enseigné le catéchisme anglican à plus de cent personnes ». En fait, dans son nouveau lieu de résidence, Ketchum déploya encore plus de zèle religieux qu’auparavant. En 1837, il construisit sur sa terre un temple de rondins qui fut l’ancêtre de l’église St Mark, d’Orangeville ; de plus, la tradition locale lui attribue la fondation d’au moins une demi-douzaine d’églises anglicanes dans la région. Il fit aussi plusieurs grosses donations foncières à l’Église, dans des buts aussi divers que l’entretien d’étudiants en théologie et l’ouverture d’un « Foyer du marin ».
Malheureusement, à cause même de son zèle, Ketchum finit par avoir des conflits avec les autorités ecclésiastiques. Dans les dernières années de sa vie, il fit valoir avec tant de vigueur le droit de sa localité à un ministre permanent que l’évêque John Strachan* dut mettre ses concitoyens en garde contre son exubérance. Ketchum, qui avait tant donné à l’Église, accusa amèrement Strachan d’ingratitude. Sa mort survint avant la fin de cette querelle, pendant un séjour chez son neveu par alliance, le ministre presbytérien James Harris. On l’inhuma selon le rituel anglican le 4 juin 1850 à l’église St John.
Apparemment, Seneca Ketchum ne s’était jamais remis tout à fait de ses troubles mentaux ; après sa mort, l’archidiacre Alexander Neil Bethune* le qualifia d’« homme sincère mais pas très sain d’esprit ». Cependant, personne ne mit jamais en doute sa fidélité envers l’Église, son souci particulier de la jeunesse ni sa générosité pour ses voisins. Quant à son esprit œcuménique, il le prouva par son empressement à tenir dans un temple méthodiste une école du dimanche pour les fidèles de toutes confessions ou à se servir du catéchisme presbytérien quand la chose lui semblait opportune. « Très peu de gens avaient autant que lui du lait de la tendresse humaine, et rares sont ceux qui furent aussi peu pleurés sur sa tombe » – tel fut le commentaire concis, quoique peu grammatical, de son neveu Jesse Ketchum, qui s’empressa ensuite de contester son testament.
Les contributions de Seneca Ketchum sont commémorées par un vitrail dans l’église St John, York Mills (Toronto), et par une plaque dans l’église St Mark (Orangeville, Ontario). Les deux communautés le reconnaissent comme leur fondateur. L’église St John possède un portrait le représentant.
AO, Land record index, Joseph Ketchum, Seneca Ketchum ; MS 35, letter-book, 1844–1849 ; MU 597, no 17.— APC, RG 1, E3, 100 : 153–163.— EEC, Diocese of Toronto Arch., R. W. Allen papers, 34, R. W. Allen, « Notes on the county of Simcoe » (copie dactylographiée, 1945) ; Church Soc. of the Diocese of Toronto, land reg., 1802–1859.— MTRL, E. J. Hathaway papers.— St John’s, York Mills, Indentures, 1817 ; Reg. of baptisms, marriages, and burials.— UCC-C, Perkins Bull coll.— The Stewart missions ; a series of letters and journals, calculated to exhibit to British Christians, the spiritual destitution of the emigrants settled in the remote parts of Upper Canada [...], W. J. D. Waddilove, édit. (Londres, 1838), 37, 94.— York, Upper Canada : minutes of town meetings and lists of inhabitants, 1797–1823, Christine Mosser, édit. (Toronto, 1984).— Christian Guardian, 14 avril 1841.— Globe, 4 juin 1850.— Helen Ketchum, « A resume of the ancestry of Seneca Ketchum and his brother Jesse Ketchum II [...] » (copie dactylographiée, 1959 ; copie conservée à l’église St John).— Marriage bonds of Ont. (T. B. Wilson).— W. P. Bull, From Strachan to Owen : how the Church of England was planted and tended in British North America (Toronto, 1937).— M. A. Graham, 150 years at St. John’s, York Mills (Toronto, 1966).— E. J. Hathaway, Jesse Ketchum and his times [...] (Toronto, 1929).
John Webster Grant, « KETCHUM, SENECA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ketchum_seneca_7F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/ketchum_seneca_7F.html |
Auteur de l'article: | John Webster Grant |
Titre de l'article: | KETCHUM, SENECA |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 22 nov. 2024 |