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GRASETT, HENRY JAMES, ministre de l’Église d’Angleterre et éducateur, né le 18 juin 1808 à Gibraltar, fils aîné des 14 enfants de Henry Grasett, chirurgien du 48e d’infanterie, et d’Ann Bligh Stevenson ; le 17 octobre 1837, il épousa Sarah Maria, fille de John Stewart*, président du Conseil exécutif du Bas-Canada, et ils eurent huit enfants ; décédé le 20 mars 1882 à Toronto.
Henry Grasett amena sa famille à Québec en 1814, et Henry James y fit ses études à la Royal Grammar School. De 1825 environ à 1830, grâce à une bourse de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, Grasett étudia la théologie sous la tutelle de l’évêque Charles James Stewart*. En 1830, il s’inscrivit au St John’s College à l’University of Cambridge, et y obtint un baccalauréat ès arts en 1834, une maîtrise ès arts en 1842, un baccalauréat en théologie en 1853, ainsi qu’un doctorat honorifique en théologie en 1877. Il revint à Québec en 1834 et fut ordonné diacre le 19 mai de cette année, puis prêtre, le 8 juin 1835, par l’évêque Stewart. En 1835, Grasett commença sa longue carrière à Toronto en remplissant les fonctions de vicaire du rector John Strachan* à St James. Grasett devint aumônier personnel et théologien de Strachan en 1839, rector et aumônier de la garnison en 1847, et doyen en 1867. Malgré des différences dans leur façon d’exercer le ministère, toutes ces années-là, Grasett travailla de très près avec Strachan. Les deux hommes – le premier évêque et le premier doyen de Toronto – sont enterrés sous l’autel de St James.
Comme beaucoup de ministres du culte du xixe siècle, Grasett s’intéressa vivement au domaine de l’éducation. Sans doute grâce à l’influence de Strachan, il se joignit au Home District Board of Education dans les années 1840 et en fut élu annuellement président, de 1851 jusqu’à sa mort. L’établissement en 1871 du Toronto (plus tard Jarvis) Collegiate Institute et la nomination d’Archibald MacMurchy comme rector de cette école, qui acquit par la suite la réputation de dispenser un enseignement de haut niveau, comptent parmi ses réalisations les plus remarquables. Grasett œuvra également à l’échelon provincial. Sur la recommandation de Strachan à Egerton Ryerson, Grasett fut nommé en 1846 au bureau d’Éducation du Haut-Canada nouvellement créé (rebaptisé conseil de l’Instruction publique en 1850), conseil qui devait aider le surintendant de l’Éducation à organiser et administrer le système scolaire public. Il resta membre du conseil jusqu’à ce que ce dernier fût remplacé par le département de l’Éducation en 1875, et il en fut, à l’occasion, le président. En 1872, Grasett, en sa qualité de président, à l’occasion d’une visite officielle à Toronto du gouverneur général lord Dufferin [Blackwood*J, résuma les réalisations du conseil : création d’écoles normales et modèles, préparation de lois et de règlements nécessaires pour diriger le système scolaire, choix des manuels et des livres de récompense, et leur autorisation, inauguration de bibliothèques scolaires, améliorations considérables dans les installations, maîtres plus instruits, plus compétents et aux méthodes pédagogiques améliorées. Toujours, selon Grasett, « nous avons eu pour objectif d’inventer et d’élaborer un système d’éducation universel et sain fondé sur des principes chrétiens, pénétré d’un esprit de loyauté affectueuse envers le trône et d’attachement à l’unité de l’Empire ».
La haute silhouette légèrement voûtée de Grasett marchant d’un pas pressé dans les rues de Toronto était un spectacle familier ; sa gentillesse et sa générosité lui attirèrent de nombreux amis. Pourtant, il était timide, réservé en public et presque muet lorsqu’il s’agissait de prendre la parole à l’improviste. Ses sermons, quoique d’un style limpide et coulant, étaient destinés à satisfaire l’intelligence plutôt qu’à susciter des émotions. Grasett était de tendance Low Church, provenant sans doute de sa première formation reçue de Stewart ainsi que de l’atmosphère religieuse du St John’s College, et c’est ce qui explique sa grande popularité auprès des laïques de Toronto, à une époque où la plupart des membres du clergé du diocèse étaient de tendance High Church. Dans les années 1850 et 1860, il fut un membre éminent du comité exécutif des sociétés non confessionnelles Upper Canada Tract et Upper Canada Bible, que les adhérents de la High Church évitaient. L’atmosphère protestante et les décorations de la cathédrale St James de Toronto, dont il était responsable, étaient source de contrariété pour les adhérents de la High Church. Grasett, qui faisait partie de la « corporation » du Trinity College, appuya l’évêque Benjamin Cronyn* du diocèse de Huron lorsque celui-ci attaqua la théologie High Church du directeur George Whitaker. En 1866, Grasett fut candidat Low Church à l’élection de l’évêque coadjuteur du diocèse, mais sans succès.
En tant que ministre du culte le plus marquant du diocèse à faire partie du groupe Low Church, Grasett joua un rôle de premier plan dans une nouvelle campagne militante pour faire obstacle aux progrès du ritualisme. Il fut président de l’Evangelical Association, fondée en 1869 dans le but d’éveiller le protestantisme chez les laïques. Lorsque ce groupement fit place en 1873 à la Church Association of the Diocese of Toronto, Grasett participa à la rédaction de ses statuts et fut le seul ministre du culte parmi les trois vice-présidents. L’association comprenait quelques-uns des laïques anglicans les plus éminents de Toronto à l’époque : William Henry Draper*, Casimir Stanislaus Gzowski*, Daniel Wilson*, Edward* et Samuel Hume Blake*, George Taylor Denison* et John George Hodgins*. Pendant les années 1870, leurs efforts furent remarquables de dynamisme et remportèrent des succès extraordinaires. Une campagne de propagande massive fut entreprise ; en 1876, l’Evangelical Churchman fut créé ; un fonds de mission, qui se trouvait hors du pouvoir du synode diocésain malgré les protestations de l’évêque Alexander Neil Bethune*, soutint les nouveaux ministres évangéliques. Grasett faisait partie du comité de ce fonds et, au printemps de 1875, Bethune le prit à partie : une commission nommée par l’évêque fit enquête sur lui sous l’inculpation de « dépraver » la doctrine et la discipline de l’Église. L’inculpation fut finalement abandonnée parce qu’il n’y avait pas eu violation du droit canonique, mais seulement après des mois d’une violente controverse dans les journaux.
À la mort de Bethune en 1879, la Church Association put revendiquer le mérite du choix de son successeur. Elle organisa un bloc important de délégués laïques à l’élection épiscopale où un candidat devait avoir une majorité de suffrages des laïques comme du clergé. Pendant les 23 premiers tours de scrutin, les laïques empêchèrent que l’on choisît un candidat High Church, quoique George Whitaker en premier, Joseph Albert Lobley ensuite eussent reçu 80 p. cent environ des suffrages du clergé. Arthur Sweatman*, évangélique modéré, obtint finalement une majorité de la part du clergé, à condition qu’à la suite de son élection la Church Association fût dissoute. Pendant l’élection, Grasett avait mis la salle paroissiale de St James à la disposition de l’association pour ses réunions et ses assemblées.
L’élection de Sweatman fut sûrement agréable à Grasett mais il avait probablement tiré davantage de satisfaction de sa nomination, à l’automne de 1874, à la présidence du comité de la Church Association sur l’éducation ecclésiastique. Les évangéliques, se méfiant du Trinity College, désiraient un séminaire à eux. Sous la conduite inquiète de Grasett et en dépit de l’animosité de Bethune, le comité fit de la Protestant Episcopal Divinity School une réalité dès octobre 1877. Le directeur, James Paterson Sheraton*, aidé d’un personnel restreint, avait commencé à donner des cours à St James cet été-là à neuf candidats à l’ordination. Grasett était l’un des membres du conseil d’administration du séminaire ; il enseigna la théologie pastorale. Au moment de sa mort, l’établissement (rebaptisé Wycliffe College en 1885) était sur le point d’emménager dans, – ses propres bâtiments dans Queen’s Park.
La création du séminaire permit aux deux traits caractéristiques de la vie publique de Grasett de se manifester, à savoir l’éducation et le christianisme protestant. Quoique ministre anglican, il rejeta les thèses historiques et théologiques progressant dans la direction du catholicisme. Il désavoua fermement la doctrine de la succession apostolique et définit l’Église visible du Christ en des termes libres et de grande portée. Wycliffe College devait perpétuer le protestantisme évangélique au sein de l’Église et ce fut précisément parce qu’il partageait cette orientation que Grasett put s’associer, à Toronto et au sein du conseil de l’Instruction publique, avec des hommes d’autres sectes protestantes pour édifier le système scolaire public de l’Ontario fondé sur leurs principes chrétiens communs.
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H. E. Turner, « GRASETT, HENRY JAMES (1808-1882) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/grasett_henry_james_1808_1882_11F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/grasett_henry_james_1808_1882_11F.html |
Auteur de l'article: | H. E. Turner |
Titre de l'article: | GRASETT, HENRY JAMES (1808-1882) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 16 nov. 2024 |