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CRONYN, BENJAMIN, ministre de l’Église d’Angleterre, premier évêque de Huron, né à Kilkenny, en Irlande, le 11 juillet 1802,. fils de Thomas Cronyn et de Margaret Barton, décédé à London, Ont., le 21 septembre 1871.

Benjamin Cronyn commença ses études à Kilkenny College et, à 15 ans, entra à Trinity College, à Dublin, où il reçut un baccalauréat ès arts en 1822, une maîtrise en 1825 et finalement un doctorat en théologie en 1855. Il reçut le prix de théologie en 1824. Ordonné diacre en 1825, il devint vicaire de Tunstall, à Kirkby Lonsdale, dans le Lancashire, en Angleterre, et y resta jusqu’en 1827, date à laquelle il fut ordonné prêtre ; il fut ensuite vicaire de Kilcommock, à Longford, dans le diocèse d’Ardagh, en Irlande, jusqu’en 1832.

En 1832, l’archevêque de Dublin écrivit à John Strachan* à York (Toronto) afin de savoir s’il y avait des postes vacants au Canada pour les ministres du culte protestants « qui cherchent à émigrer, parce que les troubles qui sévissent dans l’Église les ont plongés dans la misère ». Cronyn et sa famille étaient parmi les nombreux Irlandais protestants qui décidèrent d’émigrer et de se fixer dans le Haut-Canada. Ils partirent au cours de l’été de 1832 sur le Anne of Halifax qui avait été frété par un groupe d’amis. Parmi eux se trouvait Anne Margaret Hume, veuve du révérend Dominick Edward Blake, du comté de Wicklow, avec ses deux fils, le révérend Dominick Edward Blake et William Hume Blake*, et ses filles Frances Mary et Wilhelmina, la femme du révérend Charles Crosbie Brough.

Cronyn avait épousé en Irlande Margaret Ann Bickerstaff, de Lislea, à Longford, en décembre 1826. Elle mourut le 29 octobre 1866 après lui avoir donné sept enfants ; Margaret épousa le fils de William Hume Blake, Edward* ; Verschoyle épousa la sœur d’Edward, Sophia ; Rebecca épousa le frère d’Edward, Samuel Hume Blake* ; et Benjamin épousa Mary G. Goodhue, fille de George Jervis Goodhue*. Le 16 mars 1868, Benjamin Cronyn épousa Martha Collins à Dublin en Irlande. Ils n’eurent pas d’enfants.

Arrivé à York, Cronyn fit la connaissance de Strachan et de Charles James Stewart*, évêque de Québec, qui lui donna l’autorisation d’exercer son ministère à Adelaide. Un grand nombre d’amis irlandais de Cronyn s’installaient dans ce canton et on s’était apparemment entendu pour que Cronyn devienne leur pasteur. Cronyn se mit en route pour Adelaide avec sa famille, en novembre, mais la tombée de la nuit les força de s’arrêter à London. Cronyn y prêcha le lendemain et ce fut un tel succès qu’on le persuada de rester. Par la suite, Stewart autorisa ce changement, chargeant Cronyn de desservir London et les environs et envoyant Dominick Blake à Adelaide.

London avait été fondé six ans auparavant. Le révérend Benjamin Lundy, abolitionniste d’avant-garde, visita le village en 1832 et rapporta que le palais de justice venait d’être terminé, que l’on était en train de construire deux églises, trois hôtels et six magasins, et il énuméra les artisans indispensables de cette nouvelle localité ; d’après lui, il y avait dans le village 130 bâtiments environ, presque tous en bois ; il y avait deux médecins, deux avocats et on y publiait un hebdomadaire, le Sun. Il existait déjà des congrégations méthodiste, presbytérienne et anglicane dans le village, qui comptait environ 300 habitants.

Une des premières choses que fit Cronyn, au cours de l’hiver de 1832–1833, fut de déplacer et de terminer l’église que son prédécesseur, le révérend Edward Jukes Boswell, avait commencé de bâtir. On en avait mal choisi le site et Cronyn fit construire l’église St Paul (qui devait brûler en 1844 et être reconstruite en 1846) à l’endroit où se dresse aujourd’hui la cathédrale St Paul. Cronyn célébrait le culte à London et en divers endroits du canton. Son fils, Verschoyle, en parle comme d’un « cavalier intrépide » et d’un « excellent nageur », ce qui était fort nécessaire pour qui avait à parcourir une région aussi vaste.

Aux termes de l’acte constitutionnel de 1791, le gouvernement britannique avait l’autorité nécessaire pour décider de l’établissement de presbytères dans la province et pour doter de terres ces bénéfices. Ces termes de l’acte toutefois ne furent mis en œuvre qu’en 1836 lorsque sir John Colborne*, se fondant sur une dépêche de 1832 émanant du ministre des Colonies, lord Goderich, ordonna la préparation de patentes instituant 57 presbytères (Colborne n’en signa en fait que 44 avant son départ). London et le canton de London étaient du nombre. Cronyn put ainsi avoir deux revenus, étant le seul ministre du culte du Haut-Canada à se trouver dans cette situation. Il abandonna la cure du canton (aujourd’hui la paroisse St John of Arva) en 1841. En 1838, il put augmenter ses revenus en assumant les fonctions d’aumônier militaire de London. Le ministère de la Guerre avait jugé bon, en 1832, de ne plus nommer d’aumônier militaire pour certaines garnisons canadiennes et d’avoir recours à un « ministre de la localité qui appartiendrait à l’Église établie ». (Lorsque l’archidiacre Alexander Neil Bethune prêcha à St Paul, en 1848, l’armée constituait la plus grande partie de la congrégation.)

L’appui de l’Angleterre était, à cette époque, indispensable à l’Église du Haut-Canada et, en janvier 1837, Cronyn accompagna William Bettridge en Angleterre pour demander de l’aide. Ils se séparèrent en juillet et Cronyn se rendit en Irlande pour s’occuper de certaines affaires de famille et continuer à recruter des hommes et à trouver de l’argent.

La population de l’ouest du Haut-Canada augmentait rapidement et il devint clair, en 1847, qu’il fallait diviser le diocèse de Toronto. Mais on se heurta à des obstacles financiers et juridiques. Strachan se chargea de surmonter les obstacles juridiques, en obtenant en 1857 l’adoption d’une loi qui ne laissait aucun doute quant au droit qu’avait l’Église canadienne de siéger en synode afin d’élire des évêques, au lieu de laisser à l’Angleterre le soin de les nommer. Cronyn s’occupa des problèmes financiers. Avec d’autres membres du clergé et des laïcs de l’ouest du diocèse, il organisa un comité financier épiscopal qui réunit les £10 000 qu’exigeait la couronne, et c’est à lui que revient le crédit de ce succès. Les obstacles une fois surmontés, le synode de Toronto se réunit le 17 juin 1857 pour fonder le diocèse actuel de Huron, nom que Strachan avait choisi et qu’il employait déjà en mai. Le nouveau diocèse comprenait les 13 comtés du sud-ouest de la province.

Le choix de l’évêque suscita dans les pages du London Free Press et dans d’autres journaux de la région une controverse fort peu convenable et qu’on pourrait presque qualifier d’injurieuse et de diffamatoire. Les articles furent publiés sous forme de brochure un peu avant l’élection de l’évêque. On avait avancé les candidatures de Bethune et de Cronyn et les partisans se groupèrent selon leur appartenance à la High Church ou à la Low Church. Bethune, qui était le favori de Strachan, fut attaqué en raison de l’appui qu’il apportait au puseyisme et au mouvement tractarien ainsi qu’à des croyances qui « glissaient vers Rome ». Quant à Cronyn, il fut assimilé à « la clique calviniste ». La dispute théologique dégénéra en attaque personnelle contre Cronyn que l’on accusa de négliger ses devoirs envers ses paroissiens, envers les détenus de la prison et envers la garnison alors qu’il était aumônier. On le traita de spéculateur foncier et on l’accusa de « s’approprier pour son usage personnel les biens de sa paroisse ».

Cronyn avait, il est vrai, assumé un grand nombre de responsabilités au début de son séjour à London. Il s’occupa des prisonniers condamnés à mort pour la part qu’ils avaient prise aux événements de 1837–1838, et les soldats de la garnison assistaient aux offices qu’il célébrait. Il est impossible de dire quelle attention il accorda à ses autres fonctions d’aumônier. Ses transactions foncières furent compliquées, profitables et, selon certains, parfois un peu douteuses. Dans une lettre au London Free Press, les marguilliers de St Paul réfutèrent ces accusations, déclarant fermement que c’était les intérêts de l’Église et non le goût de la spéculation qui avaient poussé Cronyn à faire des transactions à propos de terres qui acquirent de la valeur par la suite.

Le 8 juillet 1857, les délégués – 42 pasteurs qui desservaient 39 paroisses du nouveau diocèse et deux laïcs de chaque paroisse (ils n’avaient droit qu’à un vote pour eux deux et, s’ils ne pouvaient se mettre d’accord, ils devaient s’abstenir) – se réunirent à St Paul. L’évêque Strachan présida à l’élection : 22 membres du clergé et 23 laïcs votèrent en faveur de Cronyn, 20 pasteurs et 10 laïcs en faveur de Bethune. Six paroisses n’avaient pas voté, sans doute parce que les délégués n’avaient pu se mettre d’accord. Cronyn fut ainsi élu au premier tour de scrutin.

On a tenté d’expliquer de bien des manières ce résultat. Le vote du clergé fut fortement influencé par le nombre de ministres irlandais dans le nouveau diocèse. Sur les 42 ministres qui votèrent, neuf sortaient de Trinity College à Dublin, et au moins six autres étaient soit Irlandais, soit d’ascendance irlandaise. Les membres du clergé irlandais de la Low Church partageaient plutôt les vues de Cronyn que celles de Bethune. De plus, la somme nécessaire à la création du diocèse avait été réunie sur place et les donateurs laïcs eux aussi préféraient Cronyn qu’ils connaissaient et qui avait dirigé la campagne de souscription.

Cronyn fut consacré à Lambeth, le 28 octobre 1857, par l’archevêque de Cantorbéry qui représentait la reine Victoria. Il fut le dernier évêque canadien qui dut passer en Angleterre pour y être consacré. Il en profita pour se rendre en Irlande où il recruta Edward Sullivan*, le futur évêque d’Algoma, James Carmichael, qui devait devenir évêque de Montréal, et John Philip DuMoulin, plus tard évêque de Niagara. À son retour, il fut intronisé dans la cathédrale St Paul, le 24 mars 1858.

Dans l’allocution qu’il prononçait devant le clergé de son diocèse, lors de sa première visite pastorale en juin 1859, Cronyn mentionnait quelques-unes de ses activités : « Depuis le mois d’avril 1858, j’ai rendu visite à quatre-vingt-quatre congrégations de ce diocèse, j’ai prêché 130 sermons, confirmé 1 453 personnes, consacré cinq églises et deux cimetières, ordonné quinze diacres et trois prêtres et, afin d’accomplir tout cela, j’ai parcouru 2 452 milles. » En même temps, il précisait ses opinions évangéliques. Il insistait sur l’importance de la prédication, disant que « parmi les nombreuses sources de grâce que Dieu donne à son Église, la prédication de la Parole est une des plus essentielles. La chaire est le champ de bataille du pasteur ». Il condamnait « la confession entendue par un prêtre et suivie de l’absolution », « les pénitences et les mortifications », « le purgatoire et ses milliers d’années de tourment », insistant à la place sur la nécessité de la conversion. Les Trente-neuf articles étaient pour lui « l’ultima ratio en fait de doctrine » et il ajoutait : « si l’un de nos rituels est rédigé en une langue ambiguë et semble en contradiction avec les déclarations si nettes des articles, nous devons l’interpréter à la lumière de ces derniers ».

Son évangélisme fut la cause d’un différend entre lui et Strachan. En 1858, quelques diplômés du Trinity College de Toronto, collège fondé par l’évêque Strachan, avaient exprimé des opinions à propos du caractère et des doctrines de l’Église catholique qui avaient profondément troublé Cronyn ; ce dernier en conclut que ces opinions étaient dues à l’enseignement qu’ils avaient reçu. En avril 1860, il écrivit à Strachan qu’il désapprouvait le collège « à bien des points de vue » et refusait de désigner les cinq conseillers qu’il avait le privilège de nommer. Au synode de Huron, en juin 1860, un des ministres relevant de Cronyn, le révérend Adam Townley, de Paris, soumit une proposition qui disait entre autres : « Le présent synode prie respectueusement monseigneur [Cronyn] d’adopter les moyens que, dans sa haute sagesse, il jugera les meilleurs afin d’assurer la collaboration pleine et entière de tous les ecclésiastiques à Trinity College de Toronto. » Un délégué laïque demanda à Cronyn son avis sur la motion. Il répliqua qu’il ne pouvait donner son approbation : « Je pense qu’il existe un danger pour les jeunes hommes qui reçoivent leur instruction dans cet établissement et plus particulièrement pour ceux qui se destinent au ministère ecclésiastique. » Il déclara aussi que sous aucun prétexte il ne consentirait à y envoyer un de ses fils et qu’il ne voyait aucune possibilité de modifier l’enseignement qui s’y donnait.

Dans sa lettre pastorale de juillet 1860, Cronyn rappela ce qu’il avait dit au synode de juin et attaqua le « catéchisme du principal », mis, selon lui, entre les mains de tous les étudiants de Trinity College. Il considérait les idées que contenait ce catéchisme comme « fausses et contraires au protestantisme » et dangereuses à l’extrême. Cette attaque entraîna une longue controverse entre Cronyn et George Whitaker*, le principal de Trinity College, dont parlèrent les journaux ainsi qu’un certain nombre de brochures. Le conseil d’administration de Trinity College finit par soumettre les documents incriminés aux évêques de l’Amérique du Nord britannique, en leur demandant de se prononcer et de dire s’ils estimaient que la doctrine émise par le principal avait quoi que ce soit de « faux, de contraire aux Écritures, aux enseignements de l’Église d’Angleterre, contenait des tendances dangereuses ou risquait de conduire au catholicisme romain ». L’opinion des évêques, sur laquelle Cronyn marqua sa dissidence, fut que plusieurs points de l’enseignement du principal avaient trait à des sujets que l’Église ne traitait pas en général mais qui pouvaient fort bien faire l’objet de l’enseignement d’un professeur de théologie. Il ne s’agissait toutefois là que d’opinions personnelles.

La méfiance qu’éprouvait Cronyn à l’égard de Trinity College et le besoin urgent d’augmenter le nombre de membres du clergé dans son diocèse l’amenèrent à envisager la fondation de son propre collège où l’on formerait des jeunes gens au ministère sous ses yeux. Dans son allocution au synode de 1862, il avoua qu’il caressait ce projet depuis quelque temps déjà. En 1863, il n’y avait que 76 pasteurs dans le diocèse et plus de 50 cantons n’étaient pas desservis par un ministre du culte. Il était évident que l’on avait besoin d’un collège de théologie.

Déjà, en 1861, Cronyn s’était assuré les services du docteur Isaac Hellmuth*, l’homme tout désigné, pour solliciter l’aide financière de l’Angleterre pour la construction de ce nouvel établissement. En 1862, Hellmuth persuada le révérend Alfred Peache, de Downend, à Bristol, homme fort riche, de donner la somme de £5 000 pour fonder dans le nouveau collège une chaire de théologie qui porterait son nom. Les titulaires (et Hellmuth fut le premier d’entre eux) devaient être « ministres de l’Église unie d’Angleterre et d’Irlande, avoir des principes strictement protestants et évangéliques, être connus pour leur science, leur piété et la rectitude de leur vie et s’engager à continuer dans cette voie en observant les règles formulées dans les Trente-neuf Articles interprétés dans leur simplicité et dans leur clarté absolues ». La Colonial and Continental Church Society, dont Hellmuth avait fait partie, se montra dès le début favorable à la fondation du collège. L’importance qu’on attachait aux « principes protestants et évangéliques » suscita de la part de l’Angleterre un appui financier qu’on n’aurait certainement pas eu autrement. Cronyn fit une demande de charte au parlement et, le 5 mai 1863, le décret constituant officiellement le Huron College reçut l’approbation royale. Le collège ouvrit ses portes le 2 décembre.

Cronyn était tellement intransigeant en matière de théologie qu’il considéra avec méfiance l’invitation que lui fit l’archevêque de Cantorbéry d’assister à la première conférence de Lambeth en septembre 1867. Ce congrès avait été organisé à la suggestion du synode de la province du Canada qui avait proposé la convocation d’une « conférence pananglicane des évêques », afin d’y traiter des problèmes communs à tous les diocèses [V. Beaven] et, entre autres, de la décision prise en 1865 par le Conseil privé dans la cause de Mgr Colenso. Cette décision mettait en question la validité de tous les documents nommant les évêques des colonies autonomes. Un autre problème était la controverse théologique qui avait résulté de la publication, en 1860, de Essays and reviews.

Cronyn donna sans ambages son avis sur la conférence projetée dans son discours au synode de 1867 : « Il est évident que Sa Grâce désire que tous comprennent bien qu’il s’agit là surtout d’une rencontre sociale [...]. Bien entendu, toutes les tendances, admises ou non dans l’Église, y seront représentées, depuis le quasi-catholicisme de ceux qui osent déclarer qu’ils célèbrent la messe dans nos églises en y brûlant de l’encens et en rendant un culte idolâtre aux espèces consacrées, jusqu’aux efforts timides et malhonnêtes de novateurs débutants qui tentent, petit à petit, d’introduire les rites honnis et condamnés des anciens temps et qui finiront par déprotestantiser notre église, en habituant nos fidèles à la liturgie romaine et en détruisant ainsi l’œuvre de la Réforme. » II n’était d’ailleurs pas le seul à manifester son opposition car ni l’archevêque de York ni le doyen de Westminster n’acceptèrent de collaborer.

Le synode pria néanmoins Cronyn d’assister à la conférence, ce qu’il fit « avec beaucoup de méfiance et d’hésitations ». Il ne fut toutefois pas mécontent des séances et, à la demande de la Colonial and Continental Church Society, il prêcha « dans les deux églises anglaises » de Paris. Il visita l’exposition qui y avait lieu cette année-là et fut surpris de voir que « la diffusion de la parole divine et de publications religieuses variées » se poursuivait activement. Il fut moins heureux de ce qu’il vit à St Alban dans le quartier de Holborn, à Londres. Il quitta cette église, humilié et peiné, et plus que jamais persuadé qu’il fallait se garder d’introduire « la moindre innovation rappelant les superstitions qui se rapprochent tellement du rite romain ».

Pendant son séjour en Angleterre, Cronyn eut une entrevue avec le secrétaire de la Society for the Propagation of the Gospel qui lui apprit que la société avait décidé de fixer sa contribution annuelle au diocèse de Huron, de £1 200 qu’elle était, à £800. Cela voulait dire que dix missionnaires ne bénéficieraient plus de l’aide qu’ils avaient reçue jusque-là. Afin de compenser cette perte, Cronyn suggéra au synode de 1868 de faire un appel général au diocèse. La réponse du synode à sa requête fut le lancement d’une campagne de souscription à un « fonds de secours » qui avait réussi à recueillir près de $30 000 à la fin de 1869. Cronyn conseilla alors de constituer un fonds suffisamment important pour qu’il y ait « une modeste fondation permanente dans le diocèse », car les contributions volontaires n’avaient jamais pu suffire aux besoins spirituels de la population. En 1871, le fonds se montait à $68 000. Une fois encore, comme en 1854, Cronyn avait fait preuve de son habileté à réunir des fonds.

On peut se rendre compte de la contribution de Cronyn à son diocèse en lisant le rapport qu’il soumit à son dernier synode, en 1871. À l’époque, il y avait 88 ministres du culte en fonctions et un pasteur à la retraite. Au cours de l’année précédente, Cronyn avait procédé à 1 371 confirmations, prêché 65 sermons, prononcé 43 allocutions devant des confirmands, ordonné 7 prêtres et 6 diacres, consacré 6 églises, ouvert 2 églises au culte, rendu visite à 67 congrégations dans 10 comtés et parcouru 3 355 milles.

Les opinions évangéliques de Cronyn, que partageaient les premiers membres du clergé irlandais de son diocèse et leurs successeurs, persistèrent grâce à l’enseignement qui se donnait à Huron College. Ces principes ont fortement marqué la théologie du diocèse de Huron longtemps après la mort de Cronyn. Mais il faut se garder de le juger seulement d’après ses idées dans le domaine de la théologie. Sur le plan pratique, son apport fut durable et inestimable. Le nombre de ministres du culte, dans le nouveau diocèse, avait plus que doublé en 1871. Il avait ouvert plus de 101 églises et le nombre des paroisses, pendant la même période, était passé de 39 à 160. Les 15 paroisses qui restaient sans pasteur montraient qu’on avait encore besoin d’environ huit ministres de plus. Le Huron College que Cronyn avait fondé de son propre chef, forma et donna pendant de longues années des ministres du culte non seulement au diocèse mais encore à toute l’Église canadienne et aux missions. C’est du Huron College que, grâce aux efforts de Hellmuth, naquit l’actuelle University of Western Ontario, qui est devenue non confessionnelle en 1908.

Cronyn savait juger les hommes et recruter des gens de valeur. Six d’au moins 83 pasteurs qu’il ordonna durant son épiscopat devaient devenir évêques à leur tour. En plus des trois volontaires qu’il avait ramenés d’Irlande après sa consécration, il ordonna John McLean*, Maurice Scollard Baldwin* et William Cyprian Pinkham. Il fut infatigable dans ses efforts pour recueillir des fonds. Selon Philip Carrington, « le nouveau diocèse de Huron, avec son vaillant et énergique évêque, devint une pépinière de prêtres pour tout le Canada. Cronyn fut un bon combattant et un grand pêcheur d’hommes ».

James J. Talman

La seule collection des papiers de Cronyn se trouve à la bibliothèque de Huron College à London (Ont.). Il s’agit d’un petit nombre de documents et de lettres relatant la vie quotidienne et les affaires de la famille pendant quatre générations. Au siège synodal du diocèse de Huron on peut trouver des copies de lettres de Cronyn couvrant la période de 1858 à 1867 et traitant de questions diocésaines. Les papiers et les copies de lettres de John Strachan aux PAO contiennent des renseignements sur Cronyn de 1840 à 1865. Cronyn fut un auteur de brochures prolifique. Il fit connaître ses idées et ses activités de façon détaillée dans les discours qu’il prononça au synode et qui n’ont pas toujours été publiés.  [j. j. t.]

Benjamin Cronyn, The bishop of Huron to the clerical and lay gentlemen composing the Executive Committee of the Synod of the Diocese of Huron (s.l., 1860) ; [——], Bishop of Huron’s objections to the theological teaching of Trinity College, as now set forth in the letters of Provost Whitaker [...] (London, C.-O., 1862) ; A charge delivered to the clergy of the Diocese of Huron, in St. Paul’s Cathedral, London, Canada West, at his primary visitation, in June, 1859 (Toronto, 1859).— The bishop of Huron and Trinity College, Toronto ([London, C.-O., 1860]).— The bishop of Huron’s objections to the theological teaching of Trinity College, with the provost’s reply (Toronto, 1862).— James Bovell, Defence of doctrinal statements ; addressed to the right rev. the lord bishop of Toronto, the right rev. the lord bishop of Huron, and the Corporation of Trinity College [...] (Toronto, 1860).— The episcopal controversy ; being a series of letters written by the respective friends of the Ven. Archdeacon Bethune, D.D., and Dr. Cronyn, rector of London ; the two candidates for the bishopric of the western diocese (London, C.-O., 1857).— The gospel in Canada : and its relation to Huron College [...] (London, C.-O., [1865 ?]).— The judgments of the Canadian bishops, on the documents submitted to them by the Corporation of Trinity College, in relation to the theological teaching of the college (Toronto, 1863).— [J. T. Lewis], A letter to the right rev. the lord bishop of Huron by the lord bishop of Ontario [s.l., s.d.].— [A Presbyter], Strictures on the two letters of Provost Whitaker in answer to charges brought by the lord bishop of Huron against the teaching of Trinity College (London, C.-O., 1861).— The protest of the minority of the Corporation of Trinity College, against the resolution approving of the theological teaching of that institution (London, C.-O., 1864).— Adam Townley, A letter to the lord bishop of Huron : in personal vindication ; and on the expediency of a new diocesan college (Brantford, C.-O., 1862).— George Whitaker, Two letters to the lord bishop of Toronto, in reply to charges brought by the lord bishop of Huron against the theological teaching of Trinity College, Toronto (Toronto, 1860).

Appendix to journal of the House of Assembly of Upper Canada, 1836, app. 106, p.60.— London Free Press, 8 juill.–10 juill. 1857 ; 23 sept. 1871.— Minutes of the Synod of the Diocese of Huron (Church of England), 1858–1871 (London, Ont., 1862–1871).— R. T. Appleyard, The origins of Huron College in relation to the religious questions of the period (thèse de m.a., University of Western Ontario, 1937).— A. H. Crowfoot, Benjamin Cronyn, first bishop of Huron (London, Ont., 1957).— C. H. Mockridge, The bishops of the Church of England in Canada and Newfoundland [...] (Toronto, 1896), 150–162.— J. J. Talman, Huron College, 1863–1963 (London, Ont., 1963).— J. J. et R. D. Talman, « Western » – 1878–1953 (London, Ont., 1953).— Verschoyle Cronyn, The first bishop of Huron, London and Middlesex Hist. Soc. Trans., III (1911) : 53–62.— S. W. Horrall, The clergy and the election of Bishop Cronyn, Ont. Hist., LVIII (1966) : 205–220.

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James J. Talman, « CRONYN, BENJAMIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cronyn_benjamin_10F.html.

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Auteur de l'article:    James J. Talman
Titre de l'article:    CRONYN, BENJAMIN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    19 mars 2024