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BALDWIN, MAURICE SCOLLARD, ministre de l’Église d’Angleterre, évêque et auteur, né le 21 juin 1836 à Toronto, quatrième fils de John Spread Baldwin et d’Anne Shaw ; le 4 septembre 1861, il épousa à St Thomas, Haut-Canada, Maria Ermatinger (décédée en 1863), et ils eurent une fille, puis le 21 avril 1870, Sarah Jessie Day, et de ce second mariage naquirent trois filles et un fils ; décédé le 19 octobre 1904 à London, Ontario.
Maurice Scollard Baldwin était apparenté à deux grandes familles torontoises : Æneas Shaw* était son grand-père maternel, William Warren Baldwin* et Augustus Warren Baldwin* étaient ses oncles, et Robert Baldwin* était son cousin. Il fit ses études à Toronto, à l’Upper Canada College et au Trinity College (licence ès arts en 1859, maîtrise ès arts en 1862 et doctorat en théologie en 1882), où sa prédilection pour les dévotions de style méthodiste – réunions de fidèles chez des particuliers et sermons sur le salut – en fit tiquer plusieurs. On dit que John Strachan*, l’évêque de Toronto, refusa de l’ordonner parce qu’il était de tendance évangélique. Baldwin commença donc à exercer son sacerdoce dans le diocèse de Huron, dans le sud-ouest de la province, au sein de l’équipe d’énergiques ministres évangéliques dont l’évêque Benjamin Cronyn* s’entourait. Cronyn le consacra diacre en 1860, l’ordonna prêtre en 1861 et le nomma, en 1860, vicaire de l’église St Thomas, à St Thomas, où il resta jusqu’en 1862. Ensuite, Baldwin exerça des fonctions à Port Dover en 1862–1863, à Port Stanley en 1863–1864, et de nouveau à Port Dover en 1864–1865. Puis il s’installa à Montréal. Rector de l’église St Luke de 1865 à 1870, il se fit connaître comme le plus grand prédicateur anglophone de la ville. On l’appela ensuite à la cathédrale Christ Church, où il devint sous-vicaire de 1870 à 1872, rector de 1872 à 1883 et doyen en 1882–1883. Lorsque, en 1874, l’évêque Ashton Oxenden* affirma que l’évêché avait des droits sur la cathédrale, Baldwin se signala en lui résistant. Finalement, il contribua à la négociation de la « convention de Montréal », qui délimitait les pouvoirs de l’évêque et ceux de la congrégation de la cathédrale.
En 1883, le synode du diocèse de Huron élut Baldwin à la succession de l’évêque démissionnaire, Isaac Hellmuth. Comme il le déclara au synode cinq ans plus tard, c’était « d’abord et avant tout [à] la vie spirituelle du diocèse » qu’il voulait consacrer ses efforts. D’ailleurs, ses contemporains estimaient que, de tous les évêques anglicans du Canada, il était celui dont « l’esprit [était] le plus tourné vers les choses spirituelles », comme le disait le London Free Press. Il prononçait couramment trois sermons par dimanche, prenait souvent la parole tous les soirs de la semaine dans les églises paroissiales et dirigeait fréquemment des retraites, soit pour le clergé, les doyennés ou d’autres groupes. En raison de sa tournure d’esprit, il attribuait la plupart des difficultés de l’Église à une foi trop tiède. Il déplorait que l’on ait tendance à prendre les décisions d’ordre ecclésiastique en fonction de principes matériels, comme si la grande question devait être : « Comment faire en sorte que cela rapporte ? » Il soutenait avec ardeur les missions intérieures et étrangères, les écoles du dimanche et la tempérance. De plus, il appuyait le mouvement de l’époque en faveur des diaconesses.
Bien que Baldwin n’ait guère aimé l’administration, il savait reconnaître les bons administrateurs et tirer parti de leurs compétences. Pendant son épiscopat, le diocèse de Huron, comme d’autres diocèses à l’époque [V. Arthur Sweatman], modernisa ses modes de gouvernement, de financement et de comptabilité. Baldwin transforma en excédent le déficit dont il avait hérité, et dès 1887, Huron fut le premier diocèse anglican au Canada à garantir des appointements minimaux à son clergé. Comme le projet de cathédrale lancé par Hellmuth menaçait l’équilibre du budget, il y mit fin en 1887 et redonna le statut de cathédrale à l’église St Paul de London, s’inspirant de la « convention de Montréal » pour en distinguer les attributs cathédraux et paroissiaux.
En outre, Baldwin fit participer davantage son synode au gouvernement diocésain que Hellmuth ne l’avait fait. En 1885, le synode avait adopté un règlement inspiré de celui de la Chambre des communes (ce fut peut-être la seule assemblée délibérante religieuse du Canada à le faire). Les débats étaient réputés y avoir la plus haute tenue de tout l’anglicanisme canadien. De plus, le synode de Huron fut le premier à adopter, en 1886, une proposition en vue d’amalgamer l’Église d’Angleterre au Canada de l’Atlantique au Pacifique, et en 1902, il fonda la première section d’un organisme qui allait prendre une part importante à la vie de l’Église, l’Anglican Young People’s Association.
Baldwin tenait particulièrement à donner à son diocèse un caractère résolument canadien. Lui-même en fut le premier évêque né au pays, et il préférait recruter des ministres canadiens plutôt que britanniques. À ce propos, il eut quelques expériences qui le piquèrent au vif, dont la démission, en 1890, du directeur britannique du Huron College, Richard Gooch Fowell, qui « n’aim[ait] pas le Canada ou, plus exactement, les Canadiens ». Il demanda au parrain anglais du collège, le révérend Alfred Peache, de nommer un Canadien à la succession de Fowell, mais en vain.
Ses contemporains connaissaient surtout Baldwin en tant que prédicateur et le tenaient pour l’un des plus grands orateurs du courant évangélique de l’époque. Ses sermons imprimés montrent qu’il maîtrisait l’art de la prédication : construction claire, langage imagé, exemples attrayants, humour, actualité des sujets et, surtout, sincère dévotion pour les Saintes Écritures. L’entendre était particulièrement impressionnant. Le révérend Dyson Hague a évoqué ses « accents d’insistance », son intensité et « une cadence, une musicalité [...] qui faisaient que l’on restait fasciné jusqu’au point culminant » de son discours. En ce temps-là, peu de prédicateurs canadiens étaient autant en demande, au pays comme à l’étranger.
En qualité de président du conseil du Huron College, Baldwin exerçait une grande influence sur les affaires de la Western University of London, Ontario. Les historiens James J. et Ruth Davis Talman ont qualifié d’« oscillante » son attitude envers l’établissement. En 1884–1885, au lieu de remettre au collège le produit des quêtes diocésaines du Vendredi Saint, il l’affecta à d’autres fins. De plus, il empêcha Hellmuth de demeurer chancelier et désaffilia le collège de l’université, ce qui la força à abandonner à peu près totalement l’enseignement des arts. Par contre, en 1891, il aida l’université à amasser des fonds, puis en 1895, il y réaffilia le Huron College et relança la faculté des arts. Le revirement de Baldwin reflète sans doute davantage un changement de conjoncture que d’opinion. En 1884, le Huron College, en difficulté, pouvait espérer être autorisé à s’affilier à la University of Toronto, en plein essor. Mais une fois que la loi de 1887 sur la fédération des universités eut exclu cette possibilité, Baldwin donna son appui à l’université locale, d’autant plus que la situation financière du diocèse s’améliorait. Les Talman ont aussi mis en doute son intérêt pour l’éducation, et pourtant il avait quelque chose de l’universitaire : il lisait le grec et l’hébreu bibliques, donna des conférences de théologie au Huron College et publia un essai sur les principes de la traduction de la Bible.
Maurice Scollard Baldwin mourut en 1904 après une attaque d’apoplexie qui l’avait laissé paralysé et fut inhumé au St James’ Cemetery de Toronto. Il avait été un mentor et un modèle dans la période faste du protestantisme évangélique au Canada. Les adeptes d’autres Églises trouvaient inspiration dans ses sermons et reconnaissaient la qualité de ses écrits. Chez les anglicans, le parti de la Basse Église le présenta, tant de son vivant qu’après sa mort, comme un exemple de ce que devait être un pasteur protestant. On retenait par-dessus tout, pour employer un mot cher à son époque, sa « gravité », sa foi, ses valeurs spirituelles, son humilité. Il importe moins de noter que sa contribution durable sur le plan de la pensée, de l’organisation et de l’administration, fut plus modeste.
Sept des publications de Maurice Scollard Baldwin sont disponibles sur microfiche à l’ICMH et sont mentionnées dans le Répertoire, y compris Correspondence between the Most Rev. the Metropolitan and the Rev. the Rector of the parish of Montreal (Montréal, 1874), qui traite de son différend de 1874 avec Oxenden. Les rapports annuels de Baldwin au synode sont imprimés dans Église d’Angleterre au Canada, Diocese of Huron, Journal of the synod (London, Ontario), 1883–1904 ; ceux de 1883–1893 ont été reproduits par l’ICMH.
Les EEC, Diocese of Huron Arch., qui se trouvent au Huron College (London), détiennent deux cahiers de correspondance et quelques autres archives du diocèse du temps de l’épiscopat de Baldwin. Dyson Hague a rédigé une biographie favorable intitulée Bishop Baldwin, a brief sketch of one of Canada’s greatest preachers and noblest church leaders (Toronto, 1927).
Des sources donnent 1879 comme année de l’accession de Baldwin au diaconat de Montréal ; la date correcte se trouve dans Evangelical Churchman (Toronto) du 22 juin 1882, et dans Journal du synode de Montréal mentionné ci-dessous.
AN, RG 31, C1, 1891, London, Ward 2 : 16 (mfm aux AO).— AO, F 980, MU 4952 (renferme deux courtes lettres sans intérêt) ; RG 22, Ser. 321, no 8130.— EEC, Diocese of Huron Arch., Bishops’ letter-books, 1890–1917, particulièrement 8 mars, 9 avril 1890 ; Executive committee, minutes.— Daily Mail and Empire, 20 oct. 1904.— Globe, 20 oct. 1904.— London Free Press, 20 oct. 1904 : 6.— Toronto Daily Star, 20 oct. 1904 : 9.— Canadian Churchman, 27 oct. 1904 : 645s.— A jubilee memorial : the story of the church and first fifty years of the diocese of Huron, 1857–1907 (London, [1907] ; exemplaire aux EEC, General Synod Arch.).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Chadwick, Ontarian families, 2.— Église d’Angleterre, Diocese of Montreal, Journal of the synod, 1872–1882.— Église d’Angleterre au Canada, Diocese of Huron, Journal of the synod, 1883–1905, particulièrement 1888 : 27 ; 1897 : 22.— J. C. Farthing, Recollections of the Right Rev. John Cragg Farthing, bishop of Montreal, 1909–1939 (Toronto, 1945).— In memoriam Maurice S. Baldwin, third bishop of Huron ([London, 1904 ?] ; exemplaire aux EEC, General Synod Arch., Toronto).— Souvenir of the Right Rev. Maurice S. Baldwin, D.D., bishop of Huron (Montréal, 1884).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).— J. J. Talman, Huron College, 1863–1963 (London, 1963).— J. J. Talman et Ruth Davis Talman, « Western » – 1878–1953 : being the history of the origins and development of the University of Western Ontario during its first seventy-five years (London, 1953).
Alan L. Hayes, « BALDWIN, MAURICE SCOLLARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/baldwin_maurice_scollard_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/baldwin_maurice_scollard_13F.html |
Auteur de l'article: | Alan L. Hayes |
Titre de l'article: | BALDWIN, MAURICE SCOLLARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |