SEMPLE, ROBERT, gouverneur des territoires de la Hudson’s Bay Company, né le 26 février 1777 à Boston, fils de Robert Semple et d’Anne Greenlaw ; décédé le 19 juin 1816 dans la colonie de la Rivière-Rouge (Winnipeg).

Les parents de Robert Semple épousèrent la cause loyaliste ; dans le sillage de la Révolution américaine, sa famille retourna en Angleterre. Devenu marchand, Semple voyagea beaucoup, en Europe, en Afrique, au Proche-Orient et en Amérique du Sud. À l’époque des guerres napoléoniennes, le fait d’être né en Amérique lui donna la possibilité de se rendre dans des pays européens fermés aux sujets britanniques. De ces expériences surgirent un certain nombre de livres, qu’il publia de 1803 à 1814. C’est probablement grâce à ses relations commerciales qu’il attira l’attention de lord Selkirk [Douglas], mais on n’a jamais pu savoir selon quels critères le comte fut amené à le faire nommer gouverneur des territoires de la Hudson’s Bay Company. Quoi qu’il en soit, Semple fut nommé le 12 avril 1815, et son salaire fixé à £1 500 par année.

À ce moment-là, la colonie de la Rivière-Rouge était établie depuis quelques années. Les premiers colons écossais de Selkirk y étaient arrivés à l’été de 1812, sous la conduite de Miles Macdonell*, et d’autres groupes avaient suivi. Semple atteignit York Factory (Manitoba) en août 1815, avec un nouveau groupe de colons, pour la plupart originaires du Sutherland. Il y apprit que la colonie avait été détruite par une attaque menée sous l’initiative de la North West Company [V. Duncan Cameron* (mort en 1848)], dont les membres se croyaient sérieusement menacés par la présence d’un établissement de la Hudson’s Bay Company sur leur ligne de ravitaillement. Au moment où Semple arriva dans la colonie de la Rivière-Rouge, en novembre, Colin Robertson*, fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company qui faisait route de Montréal à la région de l’Athabasca, avait commencé à rétablir la colonie. À la mi-décembre, Semple se rendit au fort Daer (Pembina, Dakota du Nord), où l’on avait envoyé les colons pour l’hiver, à cause du manque de nourriture ; au début de 1816, il entreprit une tournée des postes de la compagnie sur la rivière Qu’Appelle et dans le haut de l’Assiniboine. Il retourna dans la colonie de la Rivière-Rouge à la fin de mars. Plus tôt, le même mois, Robertson s’était emparé du fort Gibraltar appartenant aux Nor’Westers, au confluent des rivières Rouge et Assiniboine. Semple approuva ce geste : c’était, disait-il, une mesure qu’il avait « pleinement décidé » de prendre et qu’il croyait justifiée autant que nécessaire.

Les relations entre Semple et Robertson étaient sans aménité. Selon Alexander McDonell*, successeur de Semple, ils ne furent jamais « intimes », et leurs différends s’accrurent face à l’hostilité des Métis et de la North West Company. Les historiens ont dépeint Semple comme un homme vain, indécis, qui ne comprit pas jusqu’où iraient les Nor’Westers pour détruire la colonie de la Rivière-Rouge. D’après le jugement de Robertson, c’était « un Anglais fier, plutôt trop conscient de ses talents ». Au début, Semple s’inclina devant la supériorité de Robertson concernant la connaissance du pays, mais, par la suite, il décida de faire valoir sa propre autorité. Les deux hommes espéraient gagner les Métis à leur cause en les détachant des Nor’Westers ; Robertson attribua l’échec de cet objectif au mépris de Semple pour les Métis. Robertson souhaitait bloquer les rivières et empêcher les Métis de ravitailler en pemmican les convois de la North West Company en route vers l’Ouest. Semple se préoccupait davantage des vivres destinés à la colonie que des rivières à bloquer. Il était au courant des attaques qu’entendaient mener les Métis – lesquels avaient été encouragés par la North West Company à se considérer comme une nation qui avait des droits territoriaux – mais il hésita entre deux solutions : attaquer le premier ou chercher la conciliation. Dégoûté par l’hésitation de Semple, Robertson quitta la colonie le 11 juin 1816. Il était disposé à y retourner, mais Semple lui dit qu’on n’avait point besoin de lui.

Le 19 juin 1816, une bande de quelque 60 ou 70 Métis qui, sous la conduite de Cuthbert Grant*, apportaient du pemmican des plaines pour le convoi de la North West Company, arrivèrent sur le territoire de la colonie. Bien qu’il eût été au courant de leur approche et qu’il eût pu s’attendre à une attaque, Robert Semple ne conçut aucun plan de défense. En compagnie de 25 colons et employés de la Hudson’s Bay Company, mais évidemment sans aucune intention belliqueuse, il alla à la rencontre des Métis le long de la rivière Rouge, dans un secteur connu sous le nom de Seven Oaks (Winnipeg). Il était trop tard quand il prit conscience du danger et qu’il envoya chercher un canon à l’arrière. Une altercation entre lui et l’un des Métis dégénéra en une escarmouche au cours de laquelle le gouverneur et environ 20 hommes de son parti furent tués. Le fort Douglas, quartier général de la colonie, tomba le lendemain, et les colons se dispersèrent de nouveau. Selkirk eut plus tard la conviction que la North West Company avait récompensé certains de ceux qui avaient participé au massacre. Deux des hommes de Grant subirent leur procès à York (Toronto), de même que six Nor’Westers, pour complicité. Tous furent acquittés. À la bataille de Seven Oaks, la violence qui avait marqué la lutte pour la traite des fourrures dans le Nord-Ouest toucha son sommet ; elle fut une des causes déterminantes de la fusion des deux compagnies, en 1821.

Hartwell Bowsfield

Robert Semple est l’auteur de plusieurs récits de voyage, dont Walks and sketches at the Cape of Good Hope ; to which is subjoined a journey from Cape Town to Blettenberg’s Bay (Londres, 1803) ; Observations on a journey through Spain and Italy to Naples ; and thence to Smyrna and Constantinople : comprising a description of the principal places in that route, and remarks on the present natural and political state of those countries (2 vol., Londres, 1807) ; A second journey in Spain, in the spring of 1809 ; from Lisbon, through the western skirts of the Sierra Morena, to Sevilla, Cordoba, Granada, Malaga, and Gibraltar ; and thence to Tetuan and Tangiers (Londres, 1809) ; Sketch of the present state of Caracas ; including a journey from Caracas through La Victoria and Valencia to Puerto Cabello (Londres, 1812) ; et Observations made on a tour from Hamburg, through Berlin, Gorlitz, and Breslau, to Silberberg ; and thence to Gottenburg (Londres, 1814). Il est aussi l’auteur de Charles Ellis, or the friends ; a novel (2 vol., Londres, 1806).

APC, MG 19, E1, sér. 1, 4 : 1442–1452, 1652s. ; 5 : 1711–1722 ; 6 : 2180, 2403s. ; 7 : 2711–2717, 2735–2752 (transcriptions).— Edinburgh Rev. (Édimbourg et Londres), 11 (1807–1808) : 88–100 ; 15 (1809–1810) : 384–396.— Report of trials in the courts of Canada, relative to the destruction of the Earl of Selkirk’s settlement on the Red River ; with observations, Andrew Amos, édit. (Londres, 1820), viii.— DNB.— Encyclopedia Canadiana.— J. M. Gray, Lord Selkirk of Red River (Toronto, 1963), 131, 138–148.— M. A. MacLeod et W. L. Morton, Cuthbert Grant of Grantown, warden of the plains of Red River (Toronto, 1963), 33–52.— C. [B.] Martin, Lord Selkirk’s work in Canada (Toronto, 1916), 96–98, 107–113.— Morton, Hist. of Canadian west (1973), 573–577.

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Hartwell Bowsfield, « SEMPLE, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/semple_robert_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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