McLEOD, JOHN, trafiquant de fourrures, né en 1788 à Stornoway, Écosse ; décédé le 24 juillet 1849 à Montréal.
John McLeod entra au service de la Hudson’s Bay Company en 1811, en Écosse, à titre de commis aux écritures. La première partie de sa carrière fut intimement reliée à la nouvelle colonie de la Rivière-Rouge fondée par lord Selkirk [Douglas*]. Avant de se joindre au premier contingent de colons qui partirent pour la colonie en juillet, il avait aidé à recruter des hommes dans les Hébrides. Contraint d’hiverner à York Factory (Manitoba), McLeod, qui faisait route avec le gouverneur Miles Macdonell*, n’arriva pas à la rivière Rouge avant l’été de 1812. Pendant les quelques années qui suivirent, il établit des postes dans la région qui constitue aujourd’hui le sud du Manitoba, entre autres le poste de la rivière Turtle en 1812–1813 et celui de Portage-la-Prairie en 1813–1814 ; il passait cependant tous ses étés dans la colonie qui, lentement, se développait. Nommé responsable des activités de la Hudson’s Bay Company à cet endroit pour la saison de 1814–1815, il tenta de défendre la colonie contre une attaque des Nor’Westers et des Métis en juin 1815. Même si les colons furent pratiquement tous dispersés, McLeod demeura sur place avec trois compagnons pour sauver tout ce qu’il pouvait. Plus tard cet été-là, il consolida le fort de la compagnie à Point Douglas (Winnipeg) puis réouvrit la colonie avec Colin Robertson. Il passa l’hiver dans un établissement situé à plusieurs centaines de milles à l’ouest avant de se rendre au poste de la Hudson’s Bay Company à Pembina (Dakota du Nord), où il aida le nouveau gouverneur de la colonie de la Rivière-Rouge, Robert Semple*, dans son raid contre le poste que la North West Company possédait à cet endroit. McLeod ne fut pas témoin des autres ravages que subit la colonie en juin 1816, puisqu’à ce moment il emmenait des Nor’Westers en captivité à Norway House (Manitoba).
En 1816–1817, McLeod eut la charge du district de la rivière aux Anglais et hiverna à Île-à-la-Crosse (Saskatchewan). Les Nor’Westers de Samuel Black lui livrèrent là une lutte si vive qu’il fut contraint dès avril de chercher refuge au fort Carlton (Fort Carlton). Plus tard au cours de la saison, les Nor’Westers l’arrêtèrent pour avoir pris part à la confiscation de leurs biens à Pembina. Il se rendit à Montréal à l’été de 1817 pour passer en jugement et défendre les intérêts de lord Selkirk. La plainte portée contre lui fut déboutée et, en 1818, il retourna à la colonie de la Rivière-Rouge à la tête d’un important convoi qui comprenait un groupe de colons canadiens-français et les premiers missionnaires catholiques, Sévère Dumoulin* et Joseph-Norbert Provencher*. La saison suivante, il eut de nouveau la responsabilité du district de la rivière aux Anglais. Au printemps de 1819, au cours d’une visite au fort Carlton, il épousa à la façon du pays Charlotte Pruden, fille d’un fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company, John Peter Pruden*, et d’une autochtone. McLeod demeura dans le district de la rivière aux Anglais plusieurs années encore, passant certains hivers au lac Buffalo (lac Peter Pond, Saskatchewan). Il se tirait bien d’affaire puisqu’en 1819 Robertson le décrivait comme « un petit bonhomme brave et intéressé ». Après la fusion de la Hudson’s Bay Company et de la North West Company, réalisée en 1821, on le promut au rang de chef de poste dans la nouvelle entreprise.
McLeod passa la saison suivante au lac Green, au sud d’Île-à-la-Crosse, où naquit Malcolm, son premier fils. À l’automne de 1822, s’étant vu confier le district de la rivière Thompson, dont le quartier général était le poste de la rivière Thompson (Kamloops, Colombie-Britannique), il traversa les Rocheuses avec sa femme et ses deux jeunes enfants. Il aida la Hudson’s Bay Company à commencer l’exploitation de la basse vallée du Fraser en descendant le fleuve jusqu’à son embouchure en 1823 mais, dans l’ensemble, son administration n’impressionna guère le gouverneur George Simpson* lorsque celui-ci visita la côte du Pacifique en 1824–1825. Il trouva McLeod enclin au gaspillage, craintif avec les Indiens et préoccupé par ses problèmes de famille ; il s’arrangea donc pour le faire retirer de la région. McLeod semble être demeuré en territoire indien malgré le congé qu’il obtint en 1825. Il ne partit pour l’Est qu’au début de 1826, après y avoir envoyé presque toute sa famille avec le convoi d’automne, dirigé par l’agent principal James McMillan*. Au terme d’une marche pénible dans la neige épaisse des Rocheuses, McLeod et le jeune Malcolm eurent la surprise de retrouver les autres membres de la famille à Jasper House (Alberta) : bloqués par la neige, ils avaient dû passer l’hiver près du col de la Tête-Jaune où, en février, Charlotte avait donné naissance à une deuxième fille.
À l’été de 1826, John McLeod assuma la direction de Norway House et supervisa la reconstruction d’une grande partie du poste. Le missionnaire anglican David Thomas Jones célébra son mariage à l’église de l’endroit en août 1828. McLeod manifestait un grand souci pour l’éducation et le bien-être de sa famille. Pendant son congé de 1830–1831, il emmena ses deux fils en Écosse et les y inscrivit dans une école. À son retour, il se trouva relégué à une fonction relativement peu importante : la direction du district de la rivière Saint-Maurice, dans le Bas-Canada, dont le quartier général était à Weymontachingue. La description que Simpson, dans « Character book », fit de lui au cours de cette période est claire. Selon le gouverneur, McLeod demeurait un fonctionnaire médiocre, « bien intentionné » mais « tout à fait grotesque dans ses manières ». Il le trouvait tellement confus et dépourvu de talent qu’il ajoutait : « [il] devrait s’estimer chanceux d’occuper son poste actuel, qui vaut mieux que ce à quoi un homme de sa capacité peut raisonnablement aspirer n’importe où ailleurs dans le monde ». McLeod semble néanmoins avoir bien administré la traite dans son district, malgré les empiétements des petits trafiquants. Il demeura à ce poste pendant le reste de sa carrière, de plus en plus mécontent de son sort et du refus continuel de la compagnie de le nommer agent principal. McLeod estimait mériter cette promotion et en avoir besoin pour payer l’éducation de ses enfants. Il était apparemment encore au service de la Hudson’s Bay Company lorsqu’il mourut subitement du choléra en 1849, laissant sa femme et cinq enfants mineurs dans la gêne (ils avaient en tout trois fils et six filles). Malcolm McLeod, plus tard avocat à Montréal, a toujours cru que son père méritait plus de reconnaissance pour le rôle qu’il avait joué dans les débuts de l’Ouest canadien. Il conserva soigneusement ses papiers, qui contiennent une abondante correspondance avec ses compagnons de traite de Rupert’s Land.
Un volume, qui contient des extraits du journal que John McLeod tint entre 1811 et 1816, et dans lequel il décrit son voyage de Stornoway, Écosse, à la colonie de la Rivière-Rouge, a été compilé et annoté par son fils Malcolm. Le manuscrit se trouve dans les papiers John MacLeod, PAM, MG 1, D5, et il a été publié sous le titre de « Diary, etc., of chief trader, John MacLeod, Senior, of Hudson’s Bay Company, Red River settlement, 1811 », H. G. Gunn, édit., N.Dak., State Hist. Soc., Coll. (Bismarck), 2 (1908) : 115–134. On n’a pas retrouvé l’original du journal de McLeod, mais il en existe une photocopie dans ses papiers aux PAM.
ANQ-M, CE1-130, 25 juill. 1849.— APC, MG 19, A23.— PABC, Add. mss 635, box 4, folder 116, John McLeod à Ross, 1er mars 1848 ; 1249, box 2, folders 7, 13, 15 ; E/E/M22, Malcolm McLeod, Life of John McLeod Sr.— PAM, HBCA, A.10/27 : 513–513d ; D.5/10–42.— Univ. of Birmingham Library, Special Coll. (Birmingham, Angl.), Church Missionary Soc. Arch., C, C.1/0, letters and journals of William Cockran.— HBRS, 1 (Rich) ; 2 (Rich et Fleming) ; 30 (Williams).— Ranald MacDonald, Ranald MacDonald, the narrative of his early life on the Columbia under the Hudson’s Bay Company’s regime [...], W. S. Lewis et Naojiro Murakami, édit. (Spokane, Wash., 1923), 100, note 89.— George Simpson, Fur trade and empire : George Simpson’s journal [...], introd. de Frederick Merk, édit. (éd. rév., Cambridge, Mass., 1968).— [H. G. Gunn], « The MacLeod manuscript », N.Dak., State Hist. Soc., Coll., 2 : 106–114.
Sylvia Van Kirk, « MCLEOD, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcleod_john_7F.html.
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Auteur de l'article: | Sylvia Van Kirk |
Titre de l'article: | MCLEOD, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |