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AUGER DE SUBERCASE, DANIEL D’, capitaine de compagnie et major des troupes au Canada, gouverneur de Plaisance (Placentia) puis d’Acadie, né à Orthez, France, le 12 février 1661, de Jourdain et de Marie ou Madeleine de Boyrie, baptisé huit jours plus tard au temple protestant d’Orthez, et inhumé à Cannes (Cannes-Écluse), département de Seine-et-Marne, le 20 novembre 1732.
Le nom originel de cette famille était Dauger, transformé plus tard en d’Auger. Jean Dauger, riche marchand et bourgeois de Nay, en Béarn, fit l’acquisition de plusieurs terres nobles, dont l’abbaye laïque de Subercase, près d’Asson. Il fut anobli à ce titre, le 6 juillet 1616, et siégea aux États de Béarn. Ses deux fils, Jean et Jourdain, héritèrent de ses domaines.
Daniel d’Auger de Subercase servit d’abord une dizaine d’années dans l’armée de terre, et nous le voyons capitaine au régiment de Bretagne en 1684. Entré peu après dans la marine, il recruta pour le Canada une compagnie de 50 hommes, dont il obtint le commandement. À peine débarqué à Québec, il partit en campagne avec sa recrue, contre les Tsonnontouans (Sénécas) [V. Brisay de Denonville]. À l’été de 1689, à Verdun, il commandait un camp volant de 200 hommes. Après l’attaque de Lachine, au mois d’août, Subercase voulut poursuivre les Iroquois (Haudenosaunee) mais Rigaud de Vaudreuil le lui défendit. L’année suivante, on le retrouve à l’île d’Orléans pour y prévenir un débarquement de Sir William Phips*. Trois ans plus tard il était nommé lieutenant de vaisseau, puis promu major des troupes, en remplacement de Joseph de Monic, avec une gratification de 500#. Il déploya beaucoup d’activité dans cet emploi, mais son caractère difficile lui amena de longs démêlés avec Louis Tantouin de La Touche, commissaire de la Marine. En 1696, il participa, à titre de major général, à l’expédition dirigée par Frontenac [Buade*] contre les Onnontagués (Onondagas). Le gouverneur et l’intendant le recommandèrent au ministre, en demandant pour lui une augmentation d’appointements et en l’envoyant en France porter leurs dépêches et rendre compte de l’état des troupes. Il était de retour au Canada la même année. Le 15 octobre 1700, son nom figurait, avec ceux des principaux officiers de la colonie, sur la liste des actionnaires de la Compagnie de la Ferme du roi. Le 1er avril 1702, il succédait à Joseph de Monic, au gouvernement de Plaisance, avec 1 700# d’appointements et de gratification. Il passa immédiatement en France, afin d’y régler des affaires personnelles, et ne prit possession de son poste que l’année suivante. Philippe Pastour de Costebelle assura l’intérim.
À son arrivée à Plaisance, Subercase trouva l’établissement dans un piteux état. Joseph de Monic, administrateur intérimaire depuis cinq ans, n’avait fait que se quereller avec ses officiers. Les pieux et les plates-formes du fort étaient pourris, et les remblais s’écroulaient sous l’action de la mer. La garnison de 150 hommes était mal recrutée, mal armée, mal logée, et beaucoup de soldats désertaient chez l’ennemi. La population civile manquait régulièrement de vivres et de marchandises, et subissait l’exploitation des marchands. La première préoccupation de Subercase fut de mettre la colonie en état de défense. Quelques semaines après son arrivée, en août 1703, Plaisance échappa de justesse à un siège. Deux navires anglais vinrent d’abord croiser au large. Subercase put rappeler à temps les pêcheurs français et seuls quelques vaisseaux furent pris, ainsi que le poste de Saint-Pierre. Par une incursion contre Forillon (Ferryland), il obtint ensuite des prisonniers et apprit d’eux qu’une flotte de 33 voiles, réunie à Saint-Jean sous le commandement de l’amiral John Graydon, avait mission d’attaquer le poste français. De fait, le 24 août, trois navires venaient mouiller devant le Petit Plaisance. Mais l’équipage d’un navire malouin capturé par les Anglais les avertit que la place était prête à résister. Ces navires n’osèrent attaquer et se contentèrent de guetter les bateaux de pêche. Finalement, l’arrivée de deux navires de guerre français, le Juste et le Hasardeux, les persuada de s’éloigner. Subercase, soulagé, s’occupa aussitôt de consolider ses positions.
Par des mesures énergiques, il améliora l’existence et le moral des soldats. Pendant l’hiver, avec le concours des habitants, et à l’aide de matériaux trouvés sur place, il fit refaire les fortifications et les protégea par une digue. Il se préoccupa aussi du ravitaillement, en implantant la culture des céréales, afin de pouvoir élever et nourrir des volailles, des brebis et des bestiaux. Il fit dessécher un marais et y établit des jardins potagers, où il récolta des légumes, pour nourrir les habitants. Ces ressources, ajoutées aux fruits de la pêche, pouvaient suppléer en partie à l’insuffisance des approvisionnements venus de France.
Dès son arrivée, Subercase avait proposé à la cour d’attaquer Saint-Jean. L’expédition fut autorisée et préparée en 1704. Cent Canadiens et membres des Premières Nations vinrent du Canada, commandés par Josué Dubois* Berthelot de Beaucourt. Avec les soldats de la garnison, les habitants, les pêcheurs et les membres des Premières Nations, l’expédition comprenait 450 hommes. Parmi les officiers se trouvaient Jacques Testard de Montigny et Jacques L’Hermitte, qui avaient fait partie de l’expédition de Monbeton de Brouillan et de Pierre Le Moyne d’Iberville, en 1696. Retardée par des pluies continuelles et par les difficultés d’approvisionnement, l’expédition ne se mit en route que le 8 janvier. Un brigantin, portant un mortier et des bombes, se rendait en même temps à la baie des Taureaux (Bay of Bulls). La marche, par un froid rigoureux, à travers une forêt enneigée coupée de rivières qu’il fallait traverser à gué, fut excessivement pénible. Les troupes prirent la baie des Taureaux et le Petit Havre (Petty Harbour) et, le 31 janvier, se trouvèrent à une lieue de Saint-Jean. On avait décidé de tenter une attaque surprise, à l’aube du 1er février. Mais les guides connaissaient mal la région, les abords n’avaient pas été suffisamment reconnus, la distance était plus considérable que prévu, et la difficulté de la marche dans la neige disloqua les troupes. L’avant-garde arriva seule en vue du fort et fut accueillie par un feu bien nourri. Subercase se rabattit sur le port et les maisons du bourg, qu’il occupa, ainsi que deux batteries, mais n’osa attaquer le fort. Il attendit vainement pendant 33 jours l’arrivée du brigantin. Il voulut enfin tenter une escalade, mais dut y renoncer devant l’opposition des membres des Premières Nations et des miliciens commandés par John Moody et Robert Latham. Comme la saison de pêche approchait, il fallut abandonner le siège. Le gouverneur envoya cependant Montigny, avec un détachement de 70 hommes, vers le nord de l’île, afin de détruire les établissements des baies de La Conception et de La Trinité. Tous les postes furent détruits jusqu’à Bonavista, sauf Carbonear. Au total, l’expédition prit 1 200 prisonniers, qu’on dut relâcher, faute de vivres pour les nourrir ; 80 seulement furent amenés à Plaisance. Elle avait encloué ou jeté à la mer 40 canons, brûlé un navire, pris ou détruit 2 000 chaloupes et 200 chariots. Le pillage ne rapporta que 2 600# en numéraire, mais Subercase estimait à quatre millions les dommages causés à l’ennemi. Ces dévastations cependant ne pouvaient faire oublier que Saint-Jean, le centre de résistance, demeurait intact et que la campagne avait raté son objectif principal. Cet insuccès relatif n’en valut pas moins à Subercase des compliments du ministre, mitigés d’une pointe de regret.
Cette expédition assura un peu d’aisance à la colonie. Les prisonniers anglais fournirent aux pêcheurs une main-d’œuvre appréciée, et le moral des troupes s’en trouva restauré. Subercase, avec l’aide de maçons venus de France, fit reconstruire en pierre une partie du fort. Il encouragea aussi l’organisation d’équipages corsaires, formés de Canadiens, de jeunes aventuriers de Plaisance et de Micmacs venus du Cap-Breton. Ces partis harcelèrent les établissements anglais, tant sur mer que sur terre. Un recensement de 1705 mentionne 450 habitants, répartis dans les divers postes français de Terre-Neuve. Plusieurs habitants, dont le gouverneur lui-même, maintenaient des exploitations de pêche importantes ; quelques marchands commerçaient avec le Canada et un début d’agriculture commençait à s’organiser. Le gouverneur projetait d’établir un hôpital, afin de soigner les malades de la place et des navires pêcheurs ; il proposait de le confier aux Hospitalières de Québec et d’imposer, pour en assurer la subsistance, un tribut d’un quintal de morue par vaisseau. Ainsi, malgré la guerre, la colonie s’affermissait peu à peu, quoique dans un équilibre encore très précaire. Les conditions d’existence, matérielle et morale, s’étaient améliorées. Enfin, phénomène nouveau, le gouverneur et les officiers vivaient en harmonie. L’ordre et la paix régnaient parmi cette population hétéroclite de soldats, de pêcheurs, de flibustiers et de membres des Premières Nations. Ces résultats étaient dus pour une bonne part à l’énergie du gouverneur, à son courage et à son dévouement au service du roi. Ce furent sans doute ces mérites que la cour voulut récompenser en le nommant chevalier de Saint-Louis en 1705, et en lui accordant, le 10 avril 1706, le gouvernement de l’Acadie, vacant depuis la mort de Brouillan.
Le nouveau gouverneur aborda à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) le 28 octobre. Par son attitude conciliante, il créa une excellente impression sur Simon-Pierre Denys de Bonaventure, administrateur de la colonie, et sur Mathieu de Goutin, mais il trouvait le pays dans un état misérable. On manquait de tout et il dut faire acheter secrètement à Boston des bas et des souliers pour les officiers. Afin de subvenir à ses besoins et à ceux de l’administration, il emprunta 1 000# et fabriqua pour 6 000# de monnaie de carte. Le fort, rongé par les pluies, s’éboula en trois endroits. L’esprit de chicane régnait dans la population et dans la garnison, tandis que les Anglais menaçaient constamment la colonie par leurs navires corsaires et leurs vaisseaux de guerre, croisant en maîtres à proximité des côtes. Reprenant les idées de Brouillan et de Bonaventure, Subercase proposa de peupler la côte de l’Est, d’y bâtir un fort puissant, et même d’y transporter la capitale. Il demandait des présents pour les Premières Nations et la nomination d’un officier français, Bernard-Anselme d’Abbadie de Saint-Castin, pour les commander. Au cours de l’automne, il fit réparer les fortifications, achever la frégate la Biche et demanda un équipage et des troupes à Québec. Au printemps suivant, Vaudreuil lui envoyait en effet 60 Canadiens, matelots et soldats. Ce renfort survenait à point car, le lendemain de son arrivée, le 6 juin (26 mai, ancien style), le colonel John March, avec une vingtaine de navires et 1 600 hommes, arrivait de Boston à l’entrée du bassin de Port-Royal.
Leur supériorité numérique permettait aux assaillants d’espérer une victoire facile. Mais le gouverneur organisa vigoureusement la défense : il appela tous les habitants au fort, envoya plusieurs détachements harceler l’ennemi et dirigea lui-même plusieurs sorties. Au cours de l’une d’elles, il eut son cheval tué sous lui. Ces escarmouches causèrent des pertes assez sérieuses aux ennemis. Ils avaient cependant établi des retranchements et, le 16 juin, tentèrent un assaut que l’artillerie du fort arrêta. En même temps, Saint-Castin, à la tête d’un parti de 35 hommes, habitants et Abénaquis, réussit à faire tomber dans une embuscade une troupe occupée à brûler des maisons, et tua 10 ou 12 hommes. Cette intervention, s’ajoutant à la rumeur d’un fort rassemblement de 300 à 400 habitants et d’une centaine d'Abénaquis, acheva d’enlever tout courage aux assiégeants. Ils regagnèrent leurs navires et levèrent l’ancre. Les assiégés n’avaient eu qu’un seul tué et quelques blessés. Les assaillants avaient perdu 40 à 50 hommes, mais ils avaient causé des dégâts importants en incendiant beaucoup de maisons, en tuant les bestiaux, en arrachant les blés et les plantations.
Le répit qui suivit fut de courte durée. Le gouverneur de Boston, Joseph Dudley, ne voulut pas accepter l’humiliation de cet échec. Il persuada son conseil d’envoyer un renfort de 600 hommes à March, et lui ordonna de reprendre l’attaque. La flotte, renforcée de quelques unités, reparut donc devant Port-Royal, le 20 août suivant, et opéra son débarquement sur la rive opposée. Le colonel Wainwright, commandant sous les ordres de March, fit ensuite établir des campements en face et au-dessus du fort, avec l’intention de forcer le passage. Subercase envoya aussitôt un parti de membres des Premières Nations et d’habitants, qui surprit l’avant-garde, lui tua six hommes et fit deux prisonniers. La garnison, de son côté, canonna si vigoureusement les positions des ennemis qu’elle les força à se retirer dans les bois. Ils redescendirent alors vers leurs navires, où un fort détachement traversa la rivière. Saint-Castin, posté en cet endroit avec une soixantaine d’Abénaquis, les accueillit de plusieurs décharges de mousquets et, devant la supériorité du nombre, se retira lentement, en tiraillant. Afin de prévenir un assaut contre le fort, Subercase sortit avec 250 hommes et fit ériger de solides retranchements au Ruisseau du Moulin (Allain River). Les ennemis hésitèrent devant cet obstacle et commencèrent à se replier. Le Poupet de La Boularderie et Saint-Castin s’élancèrent pour leur couper la retraite, avec 60 hommes, et tombèrent, par mégarde, au milieu d’une troupe beaucoup plus nombreuse, en train de se reposer dans un champ de blé. Il s’ensuivit un vif combat corps à corps, à coups de haches et de crosses de fusils, au cours duquel La Boularderie et Saint-Castin furent blessés, avec une quinzaine de leurs compagnons. L’enseigne Antoine de Saillans, blessé gravement, mourut quelques jours plus tard. Les ennemis, dans cette seule journée, avaient perdu 120 hommes. Ils demeurèrent encore quelques jours sans rien tenter et, comme les Français recevaient constamment de nouveaux renforts de membres des Premières Nations et d’habitants, ils craignirent d’être pris à revers et se rembarquèrent le 1er septembre. Subercase, en appréciation de sa conduite au cours de ces deux sièges, reçut de la cour une gratification de 2 000#, transformée plus tard en une pension de 600#.
L’automne suivant fut plutôt pénible à Port-Royal. Les deux sièges avaient ruiné un bon nombre d’habitants, pour lesquels le gouverneur réclama en vain une indemnité. Le navire d’approvisionnement, la Loire, n’apporta aucune marchandise. Le gouverneur dut donner ses draps et ses chemises aux malades, et vendre sa vaisselle d’argent pour payer les réparations du fort. En 1708 et 1709, la France, éprouvée par des revers en Europe, ne put envoyer aucun renfort sérieux : les nouvelles recrues n’étaient que des enfants, les deux tiers des fusils crevaient entre les mains, les soldats et les officiers ne recevaient plus leur solde. Subercase sut heureusement obtenir le concours des corsaires de Saint-Domingue, surtout de Pierre Morpain*, qui apportèrent à Port-Royal des vivres, des étoffes et des munitions. Saint-Castin et le gouverneur lui-même armèrent des navires en course et opérèrent plusieurs prises. Mais ces courses provoquaient des représailles et un gros raid, mené du Canada, sous la direction de Jean-Baptiste Hertel de Rouville, alarma encore les colonies anglaises. Samuel Vetch et Francis Nicholson allèrent en Angleterre demander des secours et reçurent bon accueil. Subercase, prévoyant de nouvelles attaques, demanda aussi assistance en France. Le ministre lui répondit que les finances étaient épuisées et que « le roi abandonnerait la colonie, si elle continue d’être aussi à charge. » Habitants et soldats eurent l’impression d’être abandonnés par Louis XIV qui ne payait même plus ses dettes. Le mécontentement et la discorde se répandirent à nouveau. Les membres du clergé et les officiers dénoncèrent le gouverneur à la cour, l’accusant d’imposer son arbitrage dans le règlement des procès, d’abuser de son autorité, de tolérer le libertinage et l’abus des boissons enivrantes. De son côté, Subercase se plaignait de ses officiers : l’un des capitaines était un faible d’esprit, un deuxième avait nettement perdu la raison ; d’autres étaient malhonnêtes ou négligents, l’ingénieur était un excentrique, et le gouverneur déclarait qu’il aurait « autant besoin de petites maisons que de casernes ». Une épidémie de fièvre pourprée décima Port-Royal et vint achever d’abattre le moral de la population.
C’est dans ces circonstances que la flotte du général Francis Nicholson parut devant Port-Royal, le 5 octobre 1710. Elle comprenait 2 000 hommes de débarquement (3 400 d’après Subercase), formés d’un régiment de réguliers anglais et de quatre régiments de miliciens, levés par le Massachusetts, le Connecticut, le Rhode Island et le New Hampshire, et montés sur 36 vaisseaux dont sept navires de guerre. Subercase avait moins de 300 hommes à leur opposer : environ 150 soldats de garnison, une centaine de miliciens, un petit nombre de Canadiens et quelques flibustiers. Les Premières Nations, mal récompensées de leur concours aux sièges précédents et mécontentes du bas prix qu’offraient les Français pour leurs castors, demeuraient éloignées. Les Anglais débarquèrent des deux côtés de la rivière et Subercase, peu sûr de ses soldats, n’osa tenter aucune sortie ; aucun ne serait revenu ! Les Anglais marchèrent aussitôt vers le fort, mais un vif tir d’artillerie bloqua leur avance. Ils durent se mettre à couvert, creuser des tranchées, dresser des batteries, bref, entreprendre un siège en règle. Au bout de quelques jours, ils réussirent à ériger une batterie à l’abri du feu français, dans une dénivellation de terrain, d’où ils canonnèrent le fort, et une galiote y lança des bombes pendant plusieurs nuits. Ce bombardement produisit un effet désastreux sur le moral des assiégés. Charles de Saint-Étienne de La Tour fut gravement blessé et une bombe emporta un angle du magasin à poudre. Les habitants affolés demandèrent au gouverneur de se rendre et, le soir même, cinq soldats et 50 miliciens désertèrent. Le lendemain, Subercase convoqua un conseil d’officiers et tous émirent l’avis de demander une capitulation. De son côté, Nicholson envoya une sommation. Subercase, tout en refusant de reconnaître les prétendus droits contenus dans cette sommation, accepta le principe d’une reddition. Il y eut échange d’otages et de parlementaires, et la capitulation fut discutée et signée le 13 octobre. Cette capitulation, assez libérale, accordait les honneurs de la guerre ; le gouverneur pouvait conserver six canons et deux mortiers, à son choix ; les habitants, dans un rayon de trois milles, pouvaient garder leurs biens et demeurer à Port-Royal, en prêtant serment d’allégeance ; sinon ils avaient deux ans pour se retirer. La garnison, comprenant 156 soldats, sortit tambour battant et drapeau au vent, traînant un petit mortier. L’honneur était sauf, mais le spectacle de ces soldats affamés et en guenilles, dont un bon nombre n’étaient que des adolescents, attrista même les vainqueurs. En remettant les clefs du fort à Nicholson, Subercase exprima l’espoir de revenir lui rendre visite au printemps suivant ! Le colonel Vetch prit le commandement du fort, avec une garnison de 450 hommes. La garnison française, les officiers civils et quelques familles, formant un peu plus de 250 personnes, s’embarquèrent pour la France sur trois navires ; ils arrivèrent à Nantes le 1er décembre. Subercase, accusé de négligence par quelques officiers, et blâmé par Vaudreuil et le ministre, fut traduit en conseil de guerre à Rochefort, mais rapidement acquitté.
Au début de 1711, Pontchartrain, tardivement convaincu de l’importance de l’Acadie, esquissa de vagues projets pour reprendre Port-Royal. Dans ce dessein, il voulut envoyer Subercase servir à Québec, sous les ordres de Vaudreuil, tout en lui conservant ses appointements de gouverneur. Mais Subercase, dégoûté, refusa. Deux ans plus tard, le traité d’Utrecht cédait définitivement l’Acadie à l’Angleterre. Nous savons peu de chose sur les années qui suivirent le retour de Subercase en France. Il se retira du service et vécut dans ses terres du Béarn. En 1716, le ministre écrit à Beauharnois* de le consulter, afin de préparer de nouveaux plans pour la reprise de l’Acadie. En 1719, il résidait à Jurançon, près de Pau. Il continuait de toucher une pension de capitaine, de 600# par an. Il fut inhumé à Cannes (Seine-et-Marne) le 20 novembre 1732. Une dalle funéraire y marque son tombeau, dans l’église de ce village. Il avait épousé Marie-Anne Du Bourget, et ils avaient eu un fils, pour lequel Subercase demandait un brevet d’enseigne, dans une lettre de 1707. Il avait aussi plusieurs neveux, dont l’un, dit le « chevalier de Subercase », servit quelque temps sous ses ordres à Plaisance puis retourna en Béarn. Subercase fut le dernier et probablement le plus remarquable gouverneur de l’Acadie française.
AN, Col., B, 11–32 ; Col., C11C, 4–5 ; Col., C11D, 5–7 ; Marine, B2, 167, f.122 ; Marine, B2, 223, f.595 ; Section Outre-Mer, Dépôt des fortifications des colonies, carton 2, nos 67–68 ; G1, 2 053, pièce 14.— BN,
Bibliographie de la version modifiée :
Arch. départementales, Pyrénées-Atlantiques (Pau et Bayonne, France), « État civil », Orthez, 12 févr. 1661 : earchives.le64.fr/archives-en-ligne/etat-civil-search-form.html (consulté le 8 avril 2021).
René Baudry, « AUGER DE SUBERCASE, DANIEL D’ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 26 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/auger_de_subercase_daniel_d_2F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/auger_de_subercase_daniel_d_2F.html |
Auteur de l'article: | René Baudry |
Titre de l'article: | AUGER DE SUBERCASE, DANIEL D’ |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 2022 |
Date de consultation: | 26 déc. 2024 |