MONIC, JOSEPH DE, officier et administrateur, gouverneur par intérim de Plaisance (Placentia) de 1697 à 1702, né probablement entre 1650 et 1660, fils de Jean de Monic et de Marguerite de Cornet, d’Oloron dans le Béarn, décédé à Bayonne le 17 octobre 1707.
Avant son arrivée au Canada, en 1687, en qualité de capitaine des troupes de la marine, Monic avait eu un brevet d’officier dans l’armée régulière, ayant fait campagne, à partir de 1675, en Flandre, en Allemagne et en Lorraine comme lieutenant dans le régiment de Champagne, puis avait été promu capitaine en 1686. Trois ans après son arrivée au Canada, il prit part à la défense de Québec lors de l’attaque de Phips* et, en raison de son expérience et de sa conduite, il devint major des troupes à Québec, en mars 1691. Le 13 décembre de la même année, il épousait dans la même ville Jeanne Dufresnoy Carion, veuve du célèbre Jacques Le Moyne* de Sainte-Hélène. Monic se rendit en France en 1693 pour des raisons de santé et pour s’occuper d’affaires personnelles. Par la suite il fut en service commandé dans le port de Rochefort. En 1697, on l’affecta à Plaisance pour commander par intérim, en l’absence du gouverneur Jacques-François de Brouillan [Monbeton], charge qu’il occupa jusqu’en 1702 (bien qu’on lui permît de passer quelques hivers en France). Si l’on en croit les personnes qui traitèrent avec lui, ce furent là cinq années orageuses.
D’un caractère arrogant et emporté, Monic tenait beaucoup à ce qu’on lui témoignât le respect dû à son rang, insistance imputable peut-être au caractère temporaire de son commandement. S’il avait eu des rapports plus cordiaux avec ses subordonnés, on aurait pu lui accorder le titre, le prestige et les responsabilités allant avec sa position ; Pontchartrain [Phélypeaux] avait laissé entendre en maintes occasions que Monic avait de grandes chances de succéder à Brouillan. Mais quand vint le temps de nommer le successeur de ce dernier, le choix tomba sur Auger de Subercase, qui avait remplacé Monic à Québec ; ce sont les événements de 1700 et de 1701 qui ont en grande partie déterminé ce choix.
En 1699, malgré les allégations d’autres officiers qui mettaient en doute son honnêteté, Monic avait été en tête de la liste des candidats éventuels à la nomination au poste de gouverneur. En 1700 cependant, les conflits de personnalités entre le commandant et ses principaux officiers s’ajoutaient aux épreuves courantes de la vie à Plaisance et les échos de leurs disputes parvinrent à Versailles. Selon ce qu’écrivait Monic, Pastour de Costebelle n’avait aucun sens du devoir ni aucune formation militaire régulière, et il était intolérable qu’une personne d’aussi petite naissance que L’Hermitte soit parvenue à un poste de commandement. De son côté, Costebelle accusait Monic de dureté, comme le firent d’ailleurs Joseph de Monbeton* de Saint-Ovide, Durand de La Garenne et L’Hermitte qui avaient tous été emprisonnés, parfois durant plusieurs semaines, par le commandant. Pour tenter de remédier à la pénurie des vivres, Monic avait acheté du ravitaillement de secours d’un huguenot de Boston nommé Faneuil (le père ou l’oncle de Peter). Bien que les motifs de Monic aient pu comporter une part d’altruisme, un sens de l’administration et un certain profit pour lui-même, ses agissements furent considérés par ses compagnons d’armes comme un commerce frauduleux, dont il tirait des bénéfices. Comme beaucoup d’officiers avaient recours à ce genre de transactions pour augmenter leur solde, Pontchartrain était enclin à se montrer indulgent en pareil cas, mais il avait déjà averti Monic que, s’il ne traitait pas ses subordonnés avec justice, Plaisance serait le dernier endroit où il aurait un poste de commandement. En privé, il blâmait Monic bien plus que les autres pour ces querelles mais, au grand jour, il réprimandait les subordonnés pour leur conduite.
Il est probable que, pour le ministre, l’incompatibilité d’humeur et l’insubordination empêchaient de mener à bonne fin des entreprises comme la construction rapide et la réparation des fortifications, de même que le maintien d’une défense suffisante de la colonie pendant cette construction. En outre, il fallait entretenir un hôpital, accroître le nombre des missionnaires, trouver des fournisseurs pour les compagnies de la garnison, établir le roulement du personnel entre la Nouvelle-France et Terre-Neuve, répartir équitablement parmi les habitants les grèves pour le séchage du poisson, empêcher les Anglais de chasser à la Trinité et de faire du commerce à Plaisance, surveiller les cabarets et mettre un frein à l’exploitation dont les officiers se rendaient coupables envers leurs hommes. En mars 1702, Pontchartrain décida de rappeler Monic et, au début de 1703, ce dernier retourna en France où, après un voyage à Bayonne, il reprit son service à Rochefort. Le 9 mai 1707, il fut fait chevalier de Saint-Louis. Il mourut à Bayonne le 17 octobre de la même année.
[En citant BN, MS, NAF 9 277 (Margry), f.88, LeBlant, dans Philippe de Pastour de Costebelle (p.88), indique que le mariage de Monic eut lieu le 13 octobre 1691, ce qui est impossible, si le contrat de mariage fut signé le 12 décembre 1691 (AJM, Greffe d’Antoine Adhémar). Le mariage eut probablement lieu le 13 décembre 1691. f. j. t.]
AJM, Greffe d’Antoine Adhémar, 12 déc. 1691, 31 mai 1692 ; Greffe de Bénigne Basset, 1er déc. 1692, 14 juill. 1695. — AN, Col., B, 16, f.26 ; 17, f.64 ; 19, ff.158v., 162v. ; 20, ff.115v., 156, 172v., 176v., 190v. ; 22, ff.65, 133v., 187v., 198, 211v., 220, 221 ; 23, ff.31v., 129, 161, 163, 165, 172v., 178v., 184v., 293, 295v., 302v. ; 27, f.334v. ; Col., C11C, 2, ff.156, 160 ; 3, ff.3, 16, 24, 39, 69, 152, 172, 216, 227, 264, 268, 291 ; Col., D2C, 47 (1692, 1693, 1694, 1699) ; 222 ; Col., F3, 4, f.343 ; Marine, C7, 213, ff.1, 2. — P.-G, et A. Roy, Inv. greffes not., I : 301, 309 ; V : 150, 160,174. — La Morandière, Hist. de la pêche française de la morue.
F. J. Thorpe, « MONIC, JOSEPH DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/monic_joseph_de_2F.html.
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Auteur de l'article: | F. J. Thorpe |
Titre de l'article: | MONIC, JOSEPH DE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |