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MORPAIN, PIERRE, corsaire, capitaine de port, officier dans la marine et la milice, né le 2 février 1686 à Blaye, France, fils de Jacques Morpain, homme d’affaires et dignitaire local de modestes moyens, et de Marguerite Audoire ; il épousa à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.), le 13 août 1709, Marie-Joseph (décédée en 1726), fille de Louis Damours* de Chauffours et de Marguerite Guyon, décédé le 20 août 1749 à Rochefort, France.

Après la mort prématurée de ses parents, Pierre Morpain commença à naviguer en 1703. Il obtint son premier commandement à Saint-Domingue (île d’Haïti) en 1706, sur l’Intrépide, avec commission de poursuivre les vaisseaux anglais dans la mer des Caraïbes. Au cours de sa carrière, Morpain connut d’étonnants succès comme corsaire. En 1706, de son propre chef, il remonta vers la côte de la Nouvelle-Angleterre, où il fit deux prises importantes : un bateau d’esclaves et une frégate chargée de vivres. Ayant fait voile sur le port français le plus rapproché, il ancra à Port-Royal, en août 1707, ses deux captures à la remorque.

L’arrivée de provisions de bouche fut accueillie par les gens de l’endroit comme une manifestation de la Providence ; au cours de juin, Port-Royal avait subi le siège de 1 600 soldats de la Nouvelle-Angleterre sous les ordres de John March* et les provisions étaient épuisées. Une semaine après l’arrivée de Morpain, des forces plus considérables encore se lancèrent de nouveau à l’assaut, mais furent obligées de se retirer. Dans son rapport au ministre de la Marine, Pontchartrain, le gouverneur Daniel de Subercase déclara : Morpain avec ses flibustiers « nous aida à les bien battre et nous laissa 700 quarts de farine sans lesquels nous aurions infailliblement esté bien embarassés ».

Morpain retourna à Saint-Domingue avec ses esclaves prisonniers, mais, en 1709, il remonta de nouveau vers le nord pour croiser au large de Port-Royal, sans doute encouragé par Subercase ; il commandait alors le Marquis de Choiseul, navire qui appartenait au gouverneur de Saint-Domingue, François-Joseph de Choiseul de Beaupré. Au cours d’une seule sortie de dix jours, il coula quatre vaisseaux anglais et ramena neuf prises. Les expéditions de Morpain étaient capitales pour Port-Royal : occupée par la guerre en Europe, la France n’y avait pas expédié de ravitaillements depuis 1706. Subercase, qui s’attendait à une autre attaque sur Port-Royal et qui avait gardé bien en mémoire les exploits passés de Morpain, chercha par tous les moyens possibles à le retenir dans les parages avec ses hommes. Il écrivit à Pontchartrain : « [J’ai] par mes caresses ingagé le Sr. de Morpain [...] de demeurer isy avec nous et mesme dy prendre une fame, parce que ie luy ay fait esperer que vous auriés esgard au service qu’il a rendu à la colonie. »

Lorsqu’il devint évident que Port-Royal ne serait pas attaqué en 1709, Morpain y déposa quelques-uns de ses hommes et retourna à Saint-Domingue. Là, il dut faire face à la colère de son patron, Choiseul, qui désapprouva vertement l’emploi de ressources appartenant à Saint-Domingue au profit de Port-Royal. Peu après, Morpain quitta les Caraïbes pour de bon. En 1711, il demeurait à Plaisance (Placentia, T.-N.), où sa femme alla le rejoindre. Au cours de l’été, au moment où il commandait un petit corsaire qui ravitaillait en vivres et munitions les résistants acadiens et micmacs postés autour de Port-Royal, tombé aux mains des Anglais l’année précédente et rebaptisé Annapolis Royal, Morpain fut fait prisonnier par une frégate anglaise à la suite d’un engagement qui dura trois heures. De St John’s où on l’avait amené prisonnier, il retourna à Plaisance en 1712.

Après s’être occupé de ses intérêts dans un grand nombre d’entreprises de course à Plaisance, Morpain retourna en France plus tard en 1712 et demeura à Blaye pendant un an. Lorsque la paix revint en 1713, il semble qu’il ait cherché à obtenir un poste dans la marine régulière. En juin 1715, on le nomma plutôt capitaine de port à l’île Royale (île du Cap-Breton) et il se rendit à Louisbourg l’année suivante. Il s’occupa de tous les détails relatifs aux intérêts maritimes de la couronne à l’île Royale : les installations portuaires, la construction, l’entretien, l’armement des vaisseaux et la direction de la navigation. Il pilotait également les gros bâtiments de transport dans les différents ports de la colonie, et en surveillait le chargement et le déchargement.

Même si Morpain s’acquitta bien de ses fonctions, sa conduite, en une circonstance, accusa néanmoins un net contraste avec l’audace qu’il afficha habituellement comme écumeur de mer au début du siècle. En octobre 1717, il accepta à contrecœur de piloter, par gros temps, un bateau transportant un détachement d’officiers et de soldats le long de la côte accidentée entre Louisbourg et Port-Toulouse (St Peters, N.-É.). Le voyage dura neuf jours au cours desquels Morpain, dit-on, ne cessa de manifester sa peur sans vergogne, commit une foule d’erreurs en lisant les instruments de navigation, vit des récifs là où il n’y en avait pas et, en fin de compte, à mi-chemin, abandonna la barre. Lorsque le détachement atteignit Port-Toulouse, on le traita avec sévérité, et il fut insulté et incarcéré par Louis Denys de La Ronde. Dans le rapport qu’ils firent à la cour, le gouverneur, Saint-Ovide [Monbeton], et le commissaire ordonnateur, Pierre-Auguste de Soubras*, conclurent que « Morpain [...] s’est[ait] un peut dementy dans cette occasion ».

Morpain regagna la confiance de ses supérieurs ; en 1721, il reçut sa première commission dans la marine, celle de capitaine de flûte. Ses principales fonctions concernaient encore les détails de la navigation royale, y compris, en 1725–1727, les opérations de sauvetage consécutives au naufrage de la flûte le Chameau au large de Louisbourg, en 1725. Au cours des années 1740, il enseignait les rudiments de la navigation aux jeunes marins de la colonie.

La reprise des hostilités entre la France et l’Angleterre, en mars 1744, fournit à Morpain l’occasion de revenir au métier dans lequel il avait acquis la célébrité, et ce, en dépit de ses 58 ans. Maintenant capitaine d’un brûlot, on l’envoya en patrouille côtière et, malgré un équipement tout à fait déficient, il remporta de grands succès contre les vaisseaux de la Nouvelle-Angleterre au cours d’avril. Il prit part, en mai, à l’attaque que François Du Pont* Duvivier mena contre Canseau (Canso, N.-É.). La guerre précédente avait créé sa réputation en Nouvelle-Angleterre, où les marchands et la population laissaient maintenant leurs vaisseaux au port par crainte du redoutable « Morepang ».

Les événements de 1745 devaient cependant marquer le sommet de la carrière de Morpain. Les Français avaient fondé Louisbourg dans le but d’en faire leur forteresse stratégique au Nouveau Monde ; néanmoins, des troupes commandées par William Pepperrell réussirent à débarquer à l’île Royale et à mettre le siège devant la forteresse, en mai 1745. Morpain, qui faisait la patrouille de la côte avec la frégate Castor, était retourné à sa base à ce moment-là. La garnison de Louisbourg était complètement démoralisée ; le corps des officiers dans son entier n’avait pas le courage et l’énergie nécessaires pour faire face à la situation. En l’occurrence, le gouverneur par intérim, Louis Du Pont* Duchambon, dut s’appuyer sur Morpain plutôt que sur les officiers réguliers pour prendre charge de la défense. Sa conduite entre le 11 mai et le milieu de juin 1745 (lorsqu’il fut relevé de son poste à cause de ses querelles avec les officiers réguliers) prouve bien que le corsaire de 59 ans possédait un esprit militaire plus juste qu’aucun autre officier de la garnison de Louisbourg, malgré le peu d’orthodoxie et la témérité de quelques-unes de ses manœuvres.

Morpain et Antoine Le Poupet* de La Boularderie furent les seuls à vouloir prendre l’offensive afin d’empêcher le débarquement ennemi à la baie de Gabarus, lequel eut lieu le 11 mai. Morpain demanda 300 à 400 hommes pour l’opération, mais Duchambon, inepte et paralysé par la peur, atermoya jusqu’à ce que la tête de pont fut établie. Il accorda sur le tard 80 hommes pour marcher contre les positions anglo-américaines, mais le détachement était trop peu nombreux et la décision avait trop tardé. Lorsque la petite colonne arriva à la baie de Gabarus, les hommes de la Nouvelle-Angleterre avaient déjà fermement pris pied. La Boularderie voulut se replier immédiatement devant les rafales des mousquets. Morpain ordonna toutefois aux hommes de continuer d’avancer et subit des blessures pendant le combat. Georges Sauzy, esclave adolescent à son service, le secourut, selon La Boularderie. Ce n’est que lorsque tous ses hommes furent menacés d’anéantissement que Morpain donna l’ordre de battre en retraite, chacun à son corps défendant.

Le jour suivant, Morpain regagna Louisbourg, affranchit Sauzy, et prit aussitôt charge de toute la défense de la forteresse. Son ardeur infatigable fut une source d’inspiration non seulement pour les combattants, mais aussi pour la population en général. La popularité dont il jouissait à Louisbourg n’avait d’égal que le respect mêlé de crainte qu’on lui vouait à l’extérieur de la forteresse. Il est même entré dans l’histoire de la Nouvelle-Angleterre en même temps que les troupes victorieuses de 1745 ; cela en soi est un éloquent tribut à la défense énergique qu’il opposa pour le compte de la Nouvelle-France.

Morpain retourna en France à la suite de la chute de Louisbourg. Il prit part à une campagne au moins en Louisiane en 1748, et lorsque l’île Royale fut rendue à la France, la même année, on l’invita à reprendre son poste. Quelle qu’ait été sa décision, la mort le frappa à Rochefort en août 1749.

Bernard Pothier

AN, G5, 253, 258 ; Col., B, 42, f.559 ; 82, ff.85, 315 ; 90, f.300v. ; Col., C11B, 2, ff.176, 283–285 ; 7, ff.375–375v., 377 ; 9, f.44v. ; 20, ff.280–281 ; 23, f.85 ; 25, ff.25–26 ; 26, f.66v. ; 27, ff.191–192v. ; Col., C11C, 7, ff.12, 98–98v., 121–121v., 372 ; Col., C11D, 6, f.48 ; 7, ff.34–36, 179 ; Col., D2C, 4 ; 222/2, p.101 (copies aux APC) ; Marine, C7, 221 (dossier Morpain) ; Section Outre-Mer, Dépôt des fortifications des colonies, Am. sept., n° 216 ; G1, 406 (23 sept. 1726) ; G3, 2 055 (14 avril, 6 juill. 1712).— Boston Weekly News-Letter, 29 juin 1744.— Derniers jours de lAcadie (Du Boscq de Beaumont), 288s.— Louisbourg journals (De Forest), 130.— Pennsylvania Journal, or Weekly Advertiser (Philadelphie), 4 juill. 1744.— J. R. Dunn, The militia in Île Royale (« Canada, National Historic Sites Service, Manuscript Report », 31, [Ottawa, s.d.]).— McLennan, Louisbourg.— Rawlyk, Yankees at Louisbourg.— Robert Le Blant, Un corsaire de Saint-Domingue en Acadie : Pierre Morpain, 1707–1711, Nova Francia, VI (1931) : 193–208.

Bibliographie de la version modifiée :
Derniers jours de lAcadie (Du Boscq de Beaumont), 290.
Kenneth Donovan, « Slaves and their owners in Ile Royale, 17131760 », Acadiensis (Fredericton), 25 (19951996), no 1 : 332.Claude Massé, « Pierre Morpain, capitaine du port de Louisbourg », Hist. Québec (Montréal), 9 (20032004), no 3 : 1418.

Bibliographie générale

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Bernard Pothier, « MORPAIN, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/morpain_pierre_3F.html.

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Auteur de l'article:    Bernard Pothier
Titre de l'article:    MORPAIN, PIERRE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    2021
Date de consultation:    19 mars 2024