HICHÉ, HENRY, marchand, seigneur, notaire royal, procureur du roi, subdélégué de l’intendant, conseiller au Conseil supérieur de Québec, né à Paris vers 1672, fils de Bernard Hiché, bourgeois, et de Marie-Catherine Masson, décédé à Québec le 14 juillet 1758.
Arrivé au Canada vers 1700 dans des circonstances inconnues, Henry Hiché exerçait à Québec, en 1704, les fonctions de commis au magasin du roi. En 1707, il passait en Acadie à titre de secrétaire du nouveau gouverneur de cette colonie, Daniel d’Auger* de Subercase. À la suite de la prise de Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) en 1710 par les Anglais, Hiché revint à Québec. Négociant, il entretint des relations d’affaires non seulement avec des marchands canadiens mais aussi avec des commerçants martiniquais. Il semble que ses activités commerciales lui permirent de réaliser d’importants bénéfices puisque, lors de la signature de son contrat de mariage, le 20 juillet 1713, à Québec, il déclarait au notaire Louis Chambalon* posséder 60 000# en biens meubles et immeubles. Dans cette somme était incluse la seigneurie de Kamouraska « prisée et estimée » à 15 000#, que Louis Aubert Duforillon et Barbe Leneuf de La Vallière et de Beaubassin venaient, le même jour, de donner à Henry Hiché, à condition qu’il s’engageât à marier leur nièce, Marguerite, fille de Jean-Paul Legardeur* de Saint-Pierre. La cérémonie du mariage eut lieu le 24 juillet suivant dans l’église Notre-Dame de Québec. Hiché conserva cette seigneurie jusqu’au 15 septembre 1723, alors qu’il la vendit à Louis-Joseph Morel de La Durantaye pour la somme de 15 000#.
Le 28 septembre 1726, l’intendant Dupuy*, nouvellement arrivé dans la colonie, nommait Henry Hiché substitut de Jean-Baptiste-Julien Hamare* de La Borde, procureur du roi à la Prévôté et à l’Amirauté de Québec, lequel passait en France. Hiché, sur l’ordre de l’intendant, dut abandonner temporairement ses fonctions de notaire royal qu’il exerçait depuis le 25 juin 1725, pour se consacrer entièrement à ses nouveaux postes qu’il remplit jusqu’au 20 avril 1728 ; le roi nomma alors Nicolas-Gaspard Boucault procureur en titre, Hamare ayant décidé de ne plus revenir en Nouvelle-France. Hiché reprit la pratique du notariat. Compétent et expérimenté, bien au fait des usages judiciaires du pays, il fut appelé souvent à représenter certains particuliers devant les tribunaux civils de Québec. C’est ainsi qu’en 1730 il fut le procureur de l’ex-intendant Dupuy rappelé en France deux ans plus tôt.
Au printemps de 1736, l’intendant Hocquart* proposa Henry Hiché au ministre de la Marine, Maurepas, pour remplir les fonctions de procureur du roi à la Prévôté et à l’Amirauté de Québec, à la place de Boucault appelé à d’autres fonctions. Hocquart était satisfait du travail accompli par Hiché qui avait continué à exercer officieusement les fonctions de substitut du procureur du roi à l’occasion de certaines affaires jugées par l’intendant. Hiché fut nommé à la Prévôté le 27 mars 1736, et à l’Amirauté le 3 avril suivant. Il abandonna alors l’exercice du notariat.
Le 4 avril 1739, l’intendant Hocquart, qui avait, semble-t-il, pleine confiance en Hiché, en fit son subdélégué pour la ville et le gouvernement de Québec. Il devait à ce titre « connaître de toutes les affaires personnelles et sommaires entre les habitants de la ville et du gouvernement de Québec ». L’intendant Bigot*, tout comme son prédécesseur, fit confiance à Henry Hiché puisque, le 1er septembre 1748, peu de temps après son arrivée dans la colonie, il lui octroyait – ainsi qu’au lieutenant général de la Prévôté de Québec, François Daine – une commission de subdélégué pour la ville et le gouvernement de Québec. Déjà âgé de 76 ans, Hiché semble avoir exercé ces fonctions avec plus ou moins d’assiduité. Le 23 novembre 1753, il invoqua son âge avancé (81 ans) pour obtenir de l’intendant Bigot que son gendre, Jean-Baptiste-Ignace Perthuis, remplît les fonctions de substitut du procureur du roi à la Prévôté de Québec. Finalement, à l’âge de 82 ans, le 15 mai 1754, il fut nommé par Louis XV conseiller au Conseil supérieur de Québec. Cette nomination venait couronner une carrière de près de 30 ans au service du roi. Son gendre lui succéda aux postes de procureur du roi à la Prévôté et à l’Amirauté de Québec. Henry Hiché siégea au Conseil supérieur de Québec jusqu’à sa mort survenue à Québec le 14 juillet 1758. Membre de l’élite québécoise, il eut le privilège insigne d’être inhumé, le lendemain, dans l’église Notre-Dame de Québec.
Sa longue carrière au service du roi ne l’empêcha pas de s’occupper des ses affaires personnelles. L’intendant Hocquart pouvait écrire à Maurepas, le 12 octobre 1735, que Hiché possédait un revenu qui pouvait le « soutenir honorablement ». Propriétaire de la « Maison Blanche », située alors sur la rue Saint-Vallier, et aussi de tous les terrains qui en dépendaient, par sentence d’adjudication de la Prévôté de Québec sur les biens du défunt Louis Aubert Duforillon, oncle de sa femme, Henry Hiché put spéculer sur ces terres. Il en concéda plusieurs, tant et si bien que le secteur avoisinant la « Maison Blanche » prit à la fin le nom de faubourg Saint-Henry ou faubourg Hiché. Riche propriétaire terrien, il put, en 1742, doter très avantageusement sa fille Marie-Josephte-Madeleine lorsqu’elle épousa Perthuis. Elle reçut la maison en pierre et le terrain voisins de la maison paternelle, lesquels étaient évalués à 3 000# En plus il lui donna une rente annuelle de 502#. Il dota aussi très honorablement trois de ses filles qui devinrent religieuses à l’Hôpital Général de Québec. Il dut verser pour chacune d’elles une dot variant entre 2 500 et 3 000#.
Homme à l’aise et membre de l’élite administrative et commerciale de la société canadienne, Henry Hiché possédait à sa mort pour 3 219# 15s. 6d. de biens meubles dont 696# 11 s. 6d. en argent liquide, 609# 2s. 6d. en argenterie, 496ª en vêtements et 791# 10s. en mobilier pour sa chambre et son cabinet. Ces deux pièces contenaient quelques articles de luxe dont une pendule, un miroir de cinq pieds de haut sur deux pieds de large et deux « Tableaux represent. le Roi et la Reine ». De son mariage avec Marguerite Legardeur naquirent dix enfants dont trois lui survécurent Mme Perthuis, Marguerite-Françoise de Saint-Henri et François-Gaspard. Ce dernier fut blessé à la bataille de Sainte-Foy le 28 avril 1760 et se rendit peu après en France où il mourut ; sa veuve, Charlotte Soupiran, épousa à Québec le 10 décembre 1764 Joseph Arnoux.
AN, Col., B, 29, ff.2, 4v. ; 45, ff.799, 948 ; Col., C11A, 120, ff.230, 254v.s., 283v. ; D2C, 222/1, p. 305 ; E, 43, ff.7, 8 ; 221 (dossier Henry Hiché) (copies aux APC).— ANQ, Greffe de R.-C. Barolet, 18 juill. 1758 ; Greffe de Nicolas Boisseau, 16 sept. 1742 ; Greffe de Louis Chambalon, 20 juill. 1713 (donation et contrat de mariage) ; Greffe de François Genaple de Bellefonds, 4 nov. 1704 ; Greffe d’Henry Hiché, 1725–1736 ; Greffe de J.-C. Louet, 23 août 1727 ; NF, Coll. de pièces jud. et not., 755v., 861, 948, 1675, 2 052v., 2 079, 2 140, 2 409, 3 954.— Recensement de Québec, 1744 (RAPQ), 52.— Gareau, La Prévôté de Québec, RAPQ, 1943–1944, 109ss.— P.-G. Roy, Inv. ins. Cons. souv., 185, 216, 267 ; Inv. jug. et délib., 1717–1760, II : 95, 96 ; III : 148, 149 ; VI : 175 ; VII : 2s. ; Inv. ord. int., I, II, III, passim.— Tanguay, Dictionnaire.— D’Allaire, L’Hôpital Général de Québec, 114s.— La famille Hiché, BRH, XLI (1935) : 577–606.— P.-G. Roy, Henry Hiché, conseiller au Conseil supérieur, BRH, XXXIII (1927) : 193ss.
André Lachance, « HICHÉ, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hiche_henry_3F.html.
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Auteur de l'article: | André Lachance |
Titre de l'article: | HICHÉ, HENRY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |