FORGET, AMÉDÉE-EMMANUEL (baptisé Emmanuel-Amédée-Marie), avocat, fonctionnaire et homme politique, né le 12 novembre 1847 à Marieville, Bas-Canada, fils de Jacques-Jérémie Forget et de Marie-Flavie Guenette ; le 17 octobre 1876, il épousa à Montréal Henriette-A. Drolet, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 8 juin 1923 à Ottawa.
Né dans une famille de fervents catholiques, Amédée-Emmanuel Forget fréquenta l’école de village à Marieville, l’école militaire de Québec et le collège de Marieville. Son père, instituteur, l’envoya à l’occasion séjourner dans une famille à St Albans, au Vermont, pour qu’il maîtrise l’anglais. Pendant un moment, Forget songea à la prêtrise, mais il opta plutôt pour le droit, qu’il étudia au cabinet de Joseph-Adolphe Chapleau* à Montréal. Admis au barreau en 1871, il continua de travailler avec Chapleau et l’accompagna à Winnipeg en 1874 pour assurer la défense d’Ambroise-Dydime Lépine et de ses compagnons métis. L’Ouest l’intriguait ; il envisagea d’y faire carrière. Grand et mince, il avait l’air digne. Ceux qui le connaissaient le disaient charmant et plein d’égards ; il était réputé pour son esprit, son ingéniosité et ses talents de diplomate. Ses collègues avocats le croyaient destiné à une brillante carrière au tribunal. Bon nombre d’entre eux furent surpris de le voir lorgner vers la fonction publique.
Grâce à leur triomphe aux élections fédérales de 1874, les libéraux purent offrir des nominations de faveur à leurs fidèles. Forget, qui en était un, ne tarda pas à faire valoir ses prétentions. Il s’adressa à ses relations au sein du gouvernement en leur rappelant qu’il était bilingue et avait travaillé pour le parti pendant la campagne électorale. Ses démarches portèrent fruit : le 21 mai 1875, il fut nommé secrétaire de la commission qui recenserait les colons sang-mêlé habilités à recevoir des concessions foncières en vertu de l’Acte du Manitoba. Arrivé dans cette province de l’Ouest en juin, il était chargé des paroisses de langue française avec le commissaire Matthew Ryan. En janvier 1876, leur mission était accomplie. Forget rentra alors au Québec et pratiqua le droit à Saint-Hyacinthe avec Honoré Mercier* en attendant d’obtenir un autre emploi qu’il avait sollicité. Ottawa avait décidé de créer un nouveau conseil pour gouverner les Territoires du Nord-Ouest. Le 7 octobre 1876, David Laird*, alors ministre de l’Intérieur, accéda aux fonctions de lieutenant-gouverneur et de surintendant des Affaires indiennes. Forget devint à la fois son secrétaire et le greffier du conseil. Il déménagea sans délai, avec sa toute nouvelle épouse, et passa l’hiver au fort Livingstone (Livingstone, Saskatchewan), où la séance inaugurale du conseil se tint le 8 mars 1877. Il dut notamment rédiger les premières ordonnances et aider à la réinstallation du gouvernement à Battleford (Saskatchewan) dans le courant de l’été.
Les Forget achetèrent une ferme et se mêlèrent à l’intense vie sociale de Battleford. En plus de son travail au conseil, Forget assistait Laird dans ses relations avec la population autochtone, ce qui supposait des voyages pour aller verser les paiements annuels promis par traité. Laird trouvait ces tâches fastidieuses et démissionna de la surintendance des Affaires indiennes en février 1879, mais il resta lieutenant-gouverneur. Ce printemps-là, le bison disparut, et des Amérindiens affamés commencèrent à se rendre à Battleford. Leur présence inquiétait les colons ; Henriette-A. Forget, par exemple, n’osait plus sortir de chez elle. De pénibles négociations eurent lieu, puis les visiteurs regagnèrent leurs réserves après avoir reçu des provisions. L’expérience acquise alors par Forget auprès des autochtones lui servirait dans les années subséquentes. Au cours d’une visite estivale à Edmonton avec Laird, lui-même et sa femme rencontrèrent Edgar Dewdney*, venu assumer la nouvelle fonction de commissaire aux Affaires indiennes. À la fin de 1881, Dewdney reçut, en plus, le titre de lieutenant-gouverneur. Même si ces nominations provenaient d’un gouvernement conservateur, celui de sir John Alexander Macdonald*, Forget demeura greffier du conseil.
La décision de construire le chemin de fer canadien du Pacifique dans la partie sud des Prairies entraîna la création d’une nouvelle capitale, Regina. Les Forget s’y installèrent en février 1883. À mesure que s’accroissaient le nombre de conseillers élus et le volume des lois, les attributions de Forget augmentèrent ; « excellent fonctionnaire » selon Dewdney, il s’en tirait sans difficulté. Entre autres initiatives, le conseil créa un réseau d’enseignement. En 1884, une loi institua un bureau d’Éducation divisé en une section protestante et une section catholique, chacune ayant autorité sur ses enseignants, ses écoles et son programme [V. Charles-Borromée Rouleau*]. Représentant de la section catholique à compter de 1886, Forget défendit avec conviction le caractère confessionnel et bilingue du réseau, de plus en plus contesté par l’élément anglo-protestant de la population. En 1892, le bureau fit place au conseil de l’Instruction publique, seule instance décisionnelle en matière d’éducation. Forget s’opposa vivement à ce changement et, de concert avec la hiérarchie catholique, tenta – en vain – de le faire révoquer. Nommé malgré lui au Conseil de l’instruction publique, il y resta pour défendre les droits des catholiques, sans jamais montrer autant d’intransigeance que certains membres du clergé. Ainsi, il n’avait rien contre les manuels prescrits par le conseil, mais dénoncés entre autres par le père Hippolyte Leduc.
Pendant l’été de 1884, Dewdney avait commencé à s’inquiéter : les Métis du district de Saskatchewan, disait-on, s’agitaient. L’incertitude entourant la propriété des terres était leur principal grief. Le tumulte parut s’intensifier à compter de l’arrivée de Louis Riel* en juillet. Dewdney décida d’envoyer des enquêteurs sur place. Forget, connu des Métis en raison de son travail au Manitoba, était l’un de ces délégués. Au cours de la semaine qu’il passa en septembre dans la région de Batoche et de Saint-Laurent (St-Laurent–Grandin), il s’entretint avec plusieurs membres de la communauté métisse, notamment Riel et Gabriel Dumont*, et suggéra la nomination de Riel au conseil territorial. Cette proposition, écartée par Riel, n’avait pas reçu l’aval des autorités, mais elle était révélatrice de la manière dont celles-ci pensaient pouvoir neutraliser le chef métis. Dans son rapport à Dewdney, Forget fit observer que les Métis étaient remplis de détermination et que la liste de leurs revendications s’allongeait. En annexe du rapport se trouvait une pétition contenant les demandes précises de Riel sur la question des terres. Forget s’alarmait surtout de voir que l’influence des missionnaires déclinait depuis l’arrivée de Riel. Il proposa une aide immédiate en matière d’éducation et d’agriculture ainsi que des mesures sur la question foncière. Le gouvernement tergiversa : la commission chargée de régler les revendications foncières des Métis, et dont Forget était l’un des trois membres, fut formée seulement en mars 1885. Elle avait pour mandat de confirmer la propriété des terres déjà occupées et d’offrir des certificats de concession en guise de compensation pour les titres aborigènes. Lorsqu’elle entama ses travaux, en avril, le soulèvement du Nord-Ouest était déjà commencé. La tâche des commissaires, compliquée de beaucoup par l’éparpillement de la population et par la rébellion, se poursuivit jusque dans le courant de l’année suivante. Entre-temps, l’insurrection avait été matée et Riel, condamné à la pendaison. La cause des Métis avait beaucoup de sympathisants chez les Canadiens français, dont Forget. Il alla voir Riel plusieurs fois dans sa cellule de Regina au cours de l’automne de 1885 et ne cacha pas qu’il s’opposait à son exécution. En montant sur l’échafaud, le 16 novembre, Riel demanda au père Alexis André* de remercier Forget et sa femme pour leur gentillesse. Par la suite, Dewdney nota que Forget était amer et estima qu’on ne pouvait plus lui faire entièrement confiance.
En 1888, Dewdney quitta ses fonctions pour entrer au cabinet fédéral. Dès lors, il n’y eut plus cumul des postes de lieutenant-gouverneur et de commissaire aux Affaires indiennes. Le premier fut confié à Joseph Royal*, député canadien-français aux Communes, et le second au commissaire adjoint Hayter Reed*. Comme certains s’opposaient à ce que la fonction de lieutenant-gouverneur et celle de greffier du conseil soient exercées en même temps par des Canadiens français, Forget fut relevé de son poste et nommé, à compter du 3 août 1888, commissaire adjoint aux Affaires indiennes. En 1893, une fois que Reed fut parti occuper à Ottawa le poste de surintendant général adjoint des Affaires indiennes, Forget fut placé à la tête du bureau des Affaires indiennes à Regina. En octobre 1895, il devint commissaire aux Affaires indiennes du Manitoba, du district de Keewatin et des Territoires du Nord-Ouest.
Jamais Forget ne dévia de la ligne de conduite du département des Affaires indiennes : surveillance étroite et tutelle coercitive en vue de l’assimilation. Son langage trahissait les préjugés courants à l’endroit des autochtones – « un peuple qui, il y a une génération, était formé de sauvages quasiment sans retenue », disait-il. Dans les réserves, il cherchait des signes de progrès tels « le désir d’accumuler des biens » ou le déclin du paganisme et de l’influence des sorciers guérisseurs. Son rapport sur l’année 1896 exprimait beaucoup d’optimisme quant à la capacité des écoles techniques d’« élever une race inculte et [d’]éradiquer le nomadisme et autres penchants naturels que des siècles de vie sauvage et barbare [avaient] solidement implantés ». La formation acquise dans ces écoles était censée mener à l’autosuffisance, principalement par l’agriculture. Forget croyait que les Amérindiens pouvaient être de bons cultivateurs, mais la politique agricole de son département manquait de cohérence. Reed avait insisté pour qu’ils travaillent la terre avec de simples outils plutôt qu’avec de la machinerie moderne – il leur fallait devenir des paysans frugaux avant d’évoluer jusqu’au stade de fermiers prospères – et, en partant pour Ottawa, il ordonna à Forget de s’en tenir à cette règle. Comme la politique agricole suscitait de l’opposition aussi bien de la part des agents que des Amérindiens, Forget avait des doutes sur elle, mais il tentait consciencieusement de l’appliquer. Lorsque les requêtes visant à obtenir l’autorisation d’utiliser de la machinerie se faisaient trop nombreuses, il lui arrivait de céder, à la condition que les intéressés aient essayé de moissonner à la main et que les récoltes aient risqué de se perdre. À cause des rapports des agents, il était bien conscient que la politique départementale ne faisait que décourager les Amérindiens de se tourner vers l’agriculture.
Fonctionnaires et missionnaires convenaient presque tous que, en laissant les autochtones continuer à tenir des cérémonies comme la danse du Soleil et la danse de la Soif, on compromettait leur assimilation culturelle et religieuse. Une modification apportée en 1895 à la loi sur les Indiens prohibait les rites de torture et de remise de présents qui faisaient partie de ces cérémonies, ce qui donnait aux autorités un certain pouvoir contre de telles pratiques. Forget pressait ses agents d’invoquer la loi dans tous les cas où les cérémonies présentaient des aspects « interdits et révoltants » et de recourir à l’article qui défendait de passer sur le territoire des réserves afin de tenir les visiteurs à l’écart et, donc, de limiter l’assistance aux rassemblements. Il veillait à ce que les langues de bœuf remises aux Pieds-Noirs soient fendues pour qu’elles ne puissent pas être utilisées au cours de la danse du Soleil et était d’accord pour que les danseurs ne reçoivent pas les rations qui leur étaient destinées. Cependant, il était assez pragmatique pour comprendre la nécessité de tolérer des cérémonies à l’occasion, à des conditions bien précises. Les ententes conclues avec les Pieds-Noirs étaient suivies d’appels incitant les « meilleurs éléments » des réserves à exercer leur influence pour contrer l’organisation d’autres danses dans l’avenir. Le département approuvait le « discernement » dont Forget faisait preuve.
La victoire de Wilfrid Laurier* et des libéraux en 1896 fit grand plaisir à Forget, qui était un ami du nouveau premier ministre. En outre, elle lui ouvrit l’accès à de l’avancement – perspective particulièrement importante pour un libéral qui peinait depuis longtemps dans une bureaucratie dominée par les conservateurs – et elle pava la voie à sa contribution la plus durable à l’administration des Affaires indiennes : une restructuration radicale des activités dans l’Ouest. Le nouveau ministre de l’Intérieur et surintendant général des Affaires indiennes, Clifford Sifton, était résolu à comprimer le budget de fonctionnement du département, surtout dans les Prairies, où les obligations découlant des traités et les mesures de sécurité coûtaient cher. Heureux de lui rendre service, Forget dressa le plan directeur. Le bureau du commissaire aux Affaires indiennes fut réinstallé à Winnipeg en 1897 et ramené à des dimensions plus modestes ; son rôle se limiterait désormais à inspecter des agences et des écoles. La surintendance du Manitoba fut abolie et on ferma des agences. En l’espace de deux ans, 57 employés démissionnèrent ou furent congédiés, et les agents, commis et instructeurs agricoles subirent des diminutions de salaire. Ces mesures permirent effectivement d’économiser, mais il devint évident que la restructuration visait aussi à éliminer les conservateurs. Les postes vacants étaient confiés à des libéraux. Tout disposé à distribuer des parts du gâteau, Forget accepta des candidats choisis par d’influents libéraux de l’Ouest tels Frank Oliver* et James Hamilton Ross*. En outre, il prescrivit aux agents, dans une circulaire, de ne signer des contrats d’approvisionnement qu’avec des partisans du gouvernement. Un employé mécontent – qui, soupçonnait-il, figurait sur la liste de licenciement – remit une copie de cette note de service à la presse, ce qui le contraria.
Forget souffrait depuis quelques années d’une infection chronique de la moelle épinière qui déconcertait ses médecins et nuisait à son travail. La présence des libéraux au pouvoir lui permettait cependant d’escompter une charge moins lourde. Le successeur de Royal au poste de lieutenant-gouverneur, Charles Herbert Mackintosh*, devait prendre sa retraite en 1898. Forget fit savoir à Laurier et à Sifton que cette fonction l’intéressait, mais, à sa grande déception, elle alla plutôt à un libéral ontarien, Malcolm Colin Cameron*. Il reprit espoir à la mort de Cameron en septembre 1898. Cette fois, ses attentes furent comblées ; sa nomination entra en vigueur le 13 octobre. Dans l’ensemble, la presse de l’Ouest accueillit bien la nouvelle, mais des voix discordantes se firent entendre. Des journaux conservateurs accusèrent Forget d’avoir fait preuve de partialité au bureau des Affaires indiennes. En plus, de l’avis de certains catholiques, il s’était rendu coupable d’une « vile trahison » en appuyant le compromis conclu par Laurier et Thomas Greenway* en 1897 sur la question des écoles du Manitoba.
Pour l’essentiel, les obligations de Forget étaient de nature courante et protocolaire. Depuis qu’un amendement à l’Acte des Territoires du Nord-Ouest avait consacré le gouvernement responsable en 1897, le lieutenant-gouverneur ne pouvait plus prendre d’initiative en matière politique. Sa sinécure comportait des bénéfices importants. Par exemple, il occupait la résidence du gouverneur à Regina. Cette maison, une des plus belles de l’Ouest, devint le théâtre de réceptions somptueuses. Forget adorait son nouveau rôle. Quelquefois empêché, par son état de santé, de s’acquitter de ses devoirs, il ne manqua pourtant pas de visiter bon nombre des localités de son domaine. Dans les écoles, les foires agricoles et les autres manifestations où il se rendait, il prononçait de pompeux discours émaillés de ces ingrédients tant prisés des auditoires : des éloges de la région et des déclarations marquées par un impérialisme chauvin. Lui qui affichait ses titres d’authentique citoyen du Nord-Ouest n’hésitait jamais à vanter le potentiel de ce coin de pays – au point que, par moments, ses auditeurs n’en croyaient pas leurs oreilles. Ainsi, au cours d’une visite à Montréal en 1904, il déclara que la pauvreté n’existait pas dans les Territoires du Nord-Ouest.
Les liens d’amitié entre Forget et Laurier ne furent pas d’une importance négligeable à compter de 1898. Laurier lui faisait confiance et sollicitait son avis sur le bien du parti et sur de délicates questions territoriales comme la langue, la religion et les écoles. À l’approche de la fin de son mandat, il fut question de le nommer au Sénat, mais Forget préférait conserver son poste. Il n’avait pas bien géré ses finances, expliqua-t-il à Laurier, et il serait en meilleure position pour planifier sa retraite si on lui offrait un deuxième mandat. Le premier ministre accepta. Forget prêta serment le 4 avril 1904 à Montréal, où il était allé se faire soigner.
Aux élections générales de novembre, Laurier obtint la majorité des sièges. Les Territoires du Nord-Ouest avaient alors dix députés aux Communes, dont sept libéraux : le premier ministre était donc assuré de pouvoir orienter à sa guise l’avenir politique de la région. Les lois d’autonomie de 1905 constituèrent l’Alberta et la Saskatchewan en provinces. Forget apprit en juillet 1905 que Laurier entendait le nommer lieutenant-gouverneur de la Saskatchewan. Il n’avait pas sollicité ce poste mais l’accepta avec gratitude. Laurier et le juge en chef Arthur Lewis Watkins Sifton assistèrent à son installation à Regina le 4 septembre. Vu sa fonction, Forget put influer sur la composition du premier gouvernement de la province. En toute logique, le poste de premier ministre aurait dû aller à l’ex-premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Frederick William Gordon Haultain*, mais c’était un conservateur, et il s’opposait à deux dispositions des lois d’autonomie : la sauvegarde du principe des écoles confessionnelles et le maintien, sous l’administration du gouvernement fédéral, des terres et des richesses naturelles. Forget craignait de le voir fomenter du désordre à ce propos. Comme la plupart des sièges de la Saskatchewan aux Communes étaient détenus par des libéraux, il se sentit justifié de confier la charge de premier ministre au chef libéral Thomas Walter Scott*. De manière assez prévisible, la presse conservatrice désapprouva ce choix. Le Mail and Empire de Toronto dénonça Forget en disant qu’il était l’« instrument » de Laurier. Des caricatures montrèrent Haultain devant un peloton d’exécution où se trouvait Forget. Cependant, la défaite du Parti des droits provinciaux de Haultain aux élections de décembre donna raison à Forget.
Le 29 mars 1906, Forget inaugura la première session de l’Assemblée législative. Les rites attachés à sa fonction – par exemple lire le discours du trône ou ratifier des lois – ne lui étaient que trop familiers, et il les exécuta avec sa dignité coutumière jusqu’à la fin de son mandat le 13 octobre 1910. Toujours affligé de problèmes de santé, il avait commencé à passer ses étés à Banff, en Alberta, pour profiter des bienfaits des sources sulfureuses. Une fois à la retraite, il élut domicile à cet endroit avec sa femme. Dès le début de 1911, Laurier l’informa qu’un siège vacant au Sénat – un de ceux de l’Alberta – lui était destiné. Forget s’installa à Ottawa et prit place dans la Chambre rouge en mai 1911. Il ne s’y distingua pas. Son seul discours notable – une défense du compromis Laurier-Greenway – fut prononcé en 1912, après quoi la maladie l’emporta peu à peu. Décédé en 1923 dans sa maison de la rue MacLaren, il fut inhumé au cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal. Sa femme, Henriette-A. Drolet, entra dans un couvent ; elle y resta jusqu’à son décès en 1928.
Amédée-Emmanuel Forget fut un fonctionnaire d’importance moyenne qui occupa néanmoins des charges de rang élevé au Manitoba, dans les Territoires du Nord-Ouest et en Saskatchewan à l’époque des pionniers. Sa réussite s’explique à la fois par sa compétence, par son charme et par les hasards de la politique fédérale. Ses collaborateurs l’aimaient. Cependant, le rôle qu’il joua de 1896 à 1898 dans le système des dépouilles au département des Affaires indiennes ternit sa réputation.
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E. Brian Titley, « FORGET, AMÉDÉE-EMMANUEL (baptisé Emmanuel-Amédée-Marie) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/forget_amedee_emmanuel_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/forget_amedee_emmanuel_15F.html |
Auteur de l'article: | E. Brian Titley |
Titre de l'article: | FORGET, AMÉDÉE-EMMANUEL (baptisé Emmanuel-Amédée-Marie) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 16 déc. 2024 |