La presse
Au xixe siècle, les taux d’alphabétisation étaient élevés au Canada, et la presse partisane occupait une place importante dans la politique et la vie quotidienne. John Alexander Macdonald compta d’abord sur le Toronto Daily Mail, qu’il aida à fonder, pour diffuser son message. Quand son rédacteur en chef non conformiste, Edward Farrer, adopta une orientation indépendante au milieu des années 1880, Macdonald se tourna vers l’Empire, établi en 1887.
William Southam et un groupe de conservateurs de Hamilton, en Ontario, achetèrent le Hamilton Spectator en 1877 à des fins politiques :
[Southam] impressionna ses bailleurs de fonds en plongeant dans la campagne électorale de 1878 et en attaquant le gouvernement libéral d’Alexander Mackenzie*. Le Spectator tourna en ridicule les droits de douane modiques instaurés par Mackenzie en vue de protéger l’industrie canadienne et défendit la Politique nationale de sir John Alexander Macdonald*, plus musclée. Southam voyait clairement le lien entre le protectionnisme conservateur et la possibilité pour Hamilton de devenir le centre industriel et manufacturier du Canada. Dès le moment où il prit la direction du Spectator, celui-ci fut un organe puissant du Parti conservateur. Le journal publia des listes de libéraux tombés en disgrâce et croisa le fer avec le journal libéral de Hamilton, le Times. Pour que tout le monde comprenne bien, Southam coiffait ses éditoriaux d’un titre provocateur, « Notre cri de guerre : Protégeons les industries canadiennes », surmonté du pavillon rouge du Canada, le Red Ensign.
Les journaux francophones occupaient également la scène politique partisane, comme le montre cet extrait de la biographie de Joseph Tassé :
En décembre 1868, Tassé entra au journal la Minerve à Montréal, qui appartenait à Duvernay et à son frère Louis-Napoléon. Ancienne tribune des partis patriote et réformiste des Louis-Joseph Papineau* et Louis-Hippolyte La Fontaine*, la Minerve, qui maintenait encore sa prééminence parmi les journaux de langue française de Montréal, était devenue le porte-parole officieux du parti conservateur de George-Étienne Cartier* et John Alexander Macdonald.
Joseph-Israël Tarte était un autre propriétaire de journal partisan, mais à Québec :
Grâce à des fonds avancés par le Parti conservateur, [Tarte] devient propriétaire du Canadien et de son édition hebdomadaire, le Cultivateur, le 12 juin 1875. Le 17 juillet suivant, il s’associe à Louis-Georges Desjardins. Tarte s’occupe de la rédaction, un peu de la comptabilité et il mendie auprès d’Hector-Louis Langevin et de Thomas McGreevy* les contrats d’impression et les dons qui permettent au Canadien de survivre financièrement.
Avec ses caricatures publiées à Toronto, dans le magazine Grip, et reproduites dans de nombreux journaux, le libéral John Wilson Bengough compte parmi les critiques les plus marquants de Macdonald :
Sa sévérité envers [les conservateurs] s’accentua après le scandale du Pacifique, en 1873, qui permit à Bengough d’exprimer, surtout par des illustrations, une indignation sans bornes. Ce fut d’ailleurs à la faveur de cette controverse que le Grip conquit un vaste lectorat. Souvent reproduites, les caricatures dessinées par Bengough pendant cette période captaient les traits dominants de Macdonald. Son nez proéminent, son regard sournois, sa coiffure à la mode et son allure nonchalante contrastaient, par exemple, avec l’air intègre du presbytérien écossais Alexander Mackenzie*. « Je reconnais volontiers avoir pris l’argent et corrompu les électeurs, déclare le Macdonald de Bengough. Où est le mal ? » Bien sûr, il ne posait cette question que pour la forme.
Pour en savoir plus sur Macdonald et la presse, veuillez consulter les biographies suivantes.