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BLACKBURN, JOSIAH, éditeur, journaliste et homme politique, né le 6 mars 1823 à Londres, troisième fils du révérend John Blackburn, influent pasteur congrégationaliste, et de Sarah Smith ; le 29 mai 1851, il épousa Emma Jane Dallimore, et ils eurent deux fils et six filles, dont la journaliste Victoria Grace Blackburn* ; décédé le 11 novembre 1890 à Hot Springs, Arkansas.
Josiah Blackburn fit ses études aux écoles City of London et Mill Hill. En 1850, il immigra au Haut-Canada où, deux ans plus tard, il se joignit à son frère John au Star, à Paris, et entra aussi à l’Ingersoll Chronicle. Cette année-là, il acheta l’hebdomadaire Canadian Free Press de James Daniell, détenteur d’une hypothèque de $500 de William Sutherland, qui avait fondé le journal à London, Haut-Canada, en 1849. C’est à partir d’une petite imprimerie située à l’arrière d’un magasin de « marchandises sèches » que Blackburn exerça les fonctions de rédacteur en chef, de journaliste, de correcteur d’épreuves, de comptable, de percepteur et de solliciteur de commandes. Au début de 1854, on agrandit l’entreprise, et Blackburn commença le 5 mai 1855 à publier quotidiennement la London Free Press and Daily Western Advertiser (après 1872, la London Free Press), qui paraît encore aujourd’hui. L’hebdomadaire Canadian Free Press continua d’être publié sous divers titres jusque pendant les années 1880. Un autre frère de Josiah, Stephen, devint un de ses associés en 1858 ; il aida Josiah dans la préparation de reportages et d’éditoriaux, et s’occupa du bureau d’administration jusqu’à son départ de la firme en 1871. En 1860, le tirage total de toutes les éditions de la Free Press atteignait 3 500 exemplaires, n’étant dépassé que par le Globe parmi les journaux réformistes du Haut-Canada. En 1861, le journal, bien que solidement établi, n’avait qu’une mise de fonds de $2 000 ; Blackburn affirmait : « La qualité d’expression [de mon journal] tient lieu de capital. » Le personnel se composait de 22 personnes.
Après 1868, la Free Press continua de prospérer, dans de nouveaux locaux, malgré une vive concurrence à London. Le 3 juillet 1871, Blackburn forma une compagnie par actions, la London Free Press Printing Company, avec John K. Clare, Henry Mathewson et William Southam* comme associés ; il ne participa plus lui-même au fonctionnement quotidien du journal. Les nouvelles dispositions entraînèrent de nombreuses et importantes innovations. En 1873, le journal utilisait de nouveaux caractères et une presse neuve et innovait dans sa présentation. On introduisit une édition du soir et des manchettes en forme de pyramide et en caractères gras qui résumaient les articles du journal. Blackburn devança ses contemporains en adoptant la politique d’éviter de faire des commentaires dans les comptes rendus de discours.
Blackburn connut une carrière politique active, et la Free Press eut, dès sa parution, la réputation d’appuyer les réformistes. Le journaliste se présenta comme candidat réformiste dans Middlesex East aux élections de 1857–1858 et fut défait par Marcus Talbot, rédacteur en chef du Prototype, journal concurrent de London. Blackburn, en faveur de la réciprocité, de la réduction des dépenses, de la tempérance ainsi que de la représentation basée sur la population, s’opposait aux écoles séparées et au travail du dimanche. Selon le Hamilton Spectator, il n’aurait été au parlement que le « bouche-trou » de George Brown*.
L’année 1858 s’avéra décevante pour les réformistes et, à la fin de celle-ci, Blackburn mettait en doute les qualités de chef de Brown. À l’occasion des remous causés par le célèbre « double shuffle », il adopta une position différente de celle des autres journalistes réformistes, et en particulier de celle de Brown et du Globe. Lorsque les tribunaux confirmèrent la légalité du double shuffle, il refusa de contester les motifs des juges [V. William Henry Draper*], car il croyait que, bien que de peu de valeur et mal avisée, cette manœuvre politique n’était pas illégale. En avril 1859, Blackburn avait la conviction que Brown était un chef impossible à suivre, qui ne connaîtrait jamais le succès, surtout depuis qu’il venait de s’aliéner les réformistes du Bas-Canada. Son attaque contre Brown fit supposer dans certains milieux qu’il cherchait à opérer le regroupement du parti sous la direction de Louis-Victor Sicotte et de John Sandfield Macdonald* en utilisant la Free Press comme organe officiel. En juin, un certain nombre de journaux, dont le Hamilton Times, appuyaient la position de la Free Press.
En juillet 1859, cependant, Brown avait réaffirmé son autorité sur le parti réformiste et, en septembre, il préconisait un congrès du parti pour rapprocher les réformistes. La Free Press s’opposa aux propositions d’abandonner l’Union parce que les buts traditionnels des réformistes seraient, croyait-elle, contrariés par ce geste. Blackburn dénonçait aussi le fait que le congrès, prévu pour novembre, serait une affaire relevant du Haut-Canada à une époque où la coopération avec les habitants du Bas-Canada était essentielle et où les réformistes blâmaient le régionalisme bas-canadien. Les organisateurs du congrès traitèrent sans considération Blackburn qui, en tant que candidat réformiste et rédacteur en chef, aurait dû être un délégué ex officio et ne le laissèrent entrer au congrès que lors de l’ouverture de la réunion à tous les journalistes. La Free Press mit en doute l’interprétation que donna le Globe du compromis majeur des congressistes, lequel enjoignait la dissolution de l’Union et la création d’une « sorte d’autorité mixte ». Blackburn se moqua de l’issue du congrès et, tout particulièrement, contesta à Brown le droit de faire la loi au parti réformiste, comme si le Globe et Toronto avaient le monopole de la vérité. Que Blackburn ait songé à se présenter comme candidat indépendant à l’élection partielle dans Middlesex East en 1860 illustre son opinion que c’était « un état de choses complexe » et qu’il y avait des réformistes de toutes les nuances. En avril 1860, il soutint et collabora avec John Sandfield Macdonald qui avait boycotté le congrès réformiste.
Lorsque Macdonald et Sicotte formèrent un nouveau gouvernement en mai 1862, la Free Press en devint le porte-parole le plus officiel dans la partie ouest du Haut-Canada. La même année, Blackburn se rendit à Québec pour prendre la direction d’un journal du gouvernement. En août, on mit le Quebec Mercury en location ; Blackburn en devint l’éditeur et George Sheppard le rédacteur en chef. Le Quebec Mercury fut converti en quotidien le 12 janvier 1863 et Blackburn demeura au journal jusqu’après la démission du gouvernement de John Sandfield Macdonald et d’Antoine-Aimé Dorion*, en mars 1864.
Blackburn devint un défenseur tenace des gouvernements de coalition comme moyen le plus efficace d’obtenir des mesures de réforme pratiques à court terme. Il accepta alors avec empressement la coalition formée en juin 1864 qui avait pour objectif la confédération, même si elle incluait Brown et n’avait pas l’appui de John Sandfield Macdonald. La Free Press eut des réserves à l’endroit de la confédération jusqu’aux conférences de Charlottetown et de Québec, où on démontra le caractère pratique de cette union fédérale comportant de solides garanties pour le Haut-Canada. Supposant que confédération signifiait indépendance, Blackburn considérait que l’une des conséquences avantageuses de la confédération serait la non-participation aux affaires britanniques et la possibilité de réduire les engagements dans le domaine de la défense ; des attaques furent menées contre la Free Press, jugée partisane de l’annexion aux États-Unis, car de nombreux habitants du Haut-Canada pensaient que l’annexion suivrait l’indépendance.
La démission de Brown du cabinet de coalition en décembre 1865, ajoutée au choix de John Sandfield Macdonald comme premier ministre de l’Ontario, en juillet 1867, étaya les opinions de Blackburn et l’amena sans heurt à appuyer sir John Alexander Macdonald* et les conservateurs. Blackburn servit à l’avenir d’atout précieux pour le parti conservateur dans l’ouest de l’Ontario. Il devint un ami intime de John Carling*, député de London tant au parlement fédéral qu’à celui de l’Ontario. La Free Press avait un grand tirage à travers tout l’ouest de l’Ontario et était réputée pour émettre des jugements sains sur la politique et pour « ne jamais porter préjudice aux intérêts du parti par des considérations irréfléchies ou prématurées ». Blackburn était aussi relativement libre d’aller là où on avait besoin de lui. Un des meilleurs exemples en est le fait qu’en 1872 il se rendit à Toronto pour aider à fonder le Mail, destiné à être un organe efficace des conservateurs et un adversaire du Globe, répondant ainsi à un besoin mis en lumière par la défaite du gouvernement de John Sandfield Macdonald en décembre 1871. Blackburn demeura chef du personnel du Mail pendant environ 15 mois. Mais, même s’il fut un publiciste et un organisateur sérieux des conservateurs, Blackburn demeura consciencieux et indépendant dans son étude des questions en discussion. Partisan convaincu de la réciprocité dans les années 1850, il n’apporta, après de longues discussions, qu’un appui conditionnel à la Politique nationale dans les années 1870.
Blackburn s’intéressa toujours activement à London. En octobre 1875, il fit partie du comité exécutif de la London Musical Union. Il fut un des fondateurs de l’institut des artisans et, en 1881, membre fondateur du Board of Trade de London qu’on avait remanié. Il appuya aussi les efforts en vue de fonder une succursale de l’université provinciale à London. En compagnie de toute sa famille, Blackburn fut baptisé de nouveau dans la foi anglicane, le 23 août 1866, dans la cathédrale St Paul de London.
Pendant les années 1880, Blackburn reçut deux nominations du gouvernement. On le nomma l’un des commissaires du recensement dans l’ouest de l’Ontario en 1880, et, en 1884, l’un des commissaires chargés de mettre sur pied un bureau d’imprimerie à Ottawa. Il visita les maisons d’imprimerie du gouvernement à Washington, comme celles de certaines capitales d’états, et ses recommandations aboutirent à la création du département des Impressions et de la Papeterie publiques, en 1886.
À sa mort en 1890, Blackburn laissa des biens constitués de valeurs immobilières et personnelles s’élevant à près de $20 000 et d’actions de la London Free Press Printing Company et de la Carling Brewing and Malting Company évaluées à $35 000. Il possédait aussi 400 acres de terres agricoles au Manitoba.
L’un des plus importants journalistes de son époque, Josiah Blackburn eut aussi de l’influence dans le domaine politique, tout aussi bien comme partisan de George Brown, de John Sandfield Macdonald ou de John Alexander Macdonald. Blackburn se signala, soit dans le journalisme, soit dans la politique, par sa conviction qu’il importait de discuter rationnellement des problèmes et par sa certitude que tout ce que Toronto pouvait faire, London le pouvait aussi bien.
Arch. privées, W. J. Blackburn (London, Ontario), Josiah Blackburn letters (copies à l’UWO).— [J. S. Macdonald], « A letter on the Reform party, 1860 : Sandfield Macdonald and the London Free Press », B. W. Hodgins et E. H. Jones, édit., OH, 57 (1965) : 39–45.— London Free Press, 1852–1890.— Mail, 1872–1873.— Quebec Daily Mercury, 1862–1864.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), 1.— [Archie Bremner], City of London, Ontario, Canada : the pioneer period and the London of to-day (2e éd., London, 1900 ; réimpr., 1967).— C. T. Campbell, Pioneer days in London : some account of men and things in London before it became a city (London, 1921).— History of the county of Middlesex, Canada [...] (Toronto et London, 1889 ; réimpr., introd. par D. J. Brock, Belleville, Ontario, 1972).— E. H. Jones, « The Great Reform Convention of 1859 » (thèse de
Elwood H. Jones, « BLACKBURN, JOSIAH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/blackburn_josiah_11F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/blackburn_josiah_11F.html |
Auteur de l'article: | Elwood H. Jones |
Titre de l'article: | BLACKBURN, JOSIAH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |