Les origines de la Politique nationale
Une décennie avant la confédération, John Alexander Macdonald était en faveur d’une stratégie particulière de développement économique qui comportait des tarifs douaniers, la croissance de la population et des projets tels qu’un chemin de fer transcontinental. Ses biographes expliquent ce plan :
En outre, le gouvernement Cartier-Macdonald manifesta son souci des affaires en adoptant tout un éventail de mesures destinées à stimuler la croissance économique. Parmi celles-ci, il faut signaler non seulement son appui constant au chemin de fer du Grand Tronc, mais aussi, dans le budget présenté par l’inspecteur général William Cayley en 1857 et qu’Alexander Tilloch Galt fit adopter l’année suivante, le premier régime tarifaire qui autorisait la « protection accessoire » pour l’industrie canadienne. En 1861, Macdonald déclara que ce régime (qui préfigurait la Politique nationale des années 1870) était à l’origine « des nombreuses manufactures de toutes sortes qui [avaient] surgi dans les deux sections de la province ».
Les libéraux d’Alexander Mackenzie remportèrent les élections fédérales de 1874, juste au moment où le Canada commençait à afficher un déclin économique. Leur budget de 1876 n’inclut pas d’augmentation des tarifs. Ce fut alors que les conservateurs de Macdonald firent campagne avec un programme de tarifs et de dépenses appelé la Politique nationale. Cette stratégie devint la politique du gouvernement après le retour des conservateurs au pouvoir en 1878 et resterait la base du développement économique du Canada pour un siècle. Ces mesures s’avérèrent cruciales pour des hommes d’affaires tels que William Eli Sanford :
Membre du parti réformiste (libéral) depuis longtemps, Sanford avait même été président de l’association locale. Cependant, lorsqu’en 1876 les libéraux décidèrent de maintenir les droits tarifaires en vigueur, il résolut, tout comme George Elias Tuckett, fabricant de cigares de Hamilton, d’appuyer les conservateurs et la Politique nationale que sir John Alexander Macdonald était en train de mettre au point. En 1880, donc deux ans après le retour des conservateurs au pouvoir, les ventes de Sanford doublaient, tout comme le nombre de ses employés, qui passa de 1 000 à 2 000.
En 1881, toujours grâce à la Politique nationale, Sanford put inaugurer à Hamilton et à Toronto les premiers d’une chaîne de magasins de vêtements au détail appelés Oak Hall, nom qui devint vite synonyme de qualité et de prix raisonnables.
Afin de protéger les manufacturiers canadiens contre la concurrence étrangère, le gouvernement de Macdonald imposa des droits tarifaires élevés sur les importations de matériaux et de produits finis. L’ex-ministre de l’Agriculture, John Henry Pope, appuya cette option :
En 1876, il endossa les idées de Macdonald et de Tupper qui seraient à l’origine de la Politique nationale : si les Américains étaient résolus d’écarter les produits canadiens des marchés des États-Unis, le Canada devait, à son tour, restreindre l’accès des Américains aux marchés canadiens.
Parmi les agriculteurs canadiens qui accueillirent favorablement cette position figure Edward Cochrane :
[Il] appuyait vigoureusement le gouvernement de sir John Alexander Macdonald*. Par exemple, en 1886, il fit valoir aux Communes les avantages de la Politique nationale pour le milieu agricole mais, par loyauté, il en tut les faiblesses.
Le Parti conservateur de Macdonald alléguait que la Politique nationale, conjuguée au lien avec la Grande-Bretagne et à la résistance aux pressions culturelles et économiques des États-Unis, était la clé de voûte de la survie du Canada. Ces questions demeureraient importantes pour Macdonald jusqu’à ses dernières élections fédérales, en 1891.
Pour en savoir davantage sur la Politique nationale de Macdonald, veuillez consulter les biographies suivantes.