Des débats sur l’avenir de la colonie ont animé tant la Rivière-Rouge que le Canada-Uni, puis le Canada, au cours des années 1850 et 1860, comme le relate la biographie du Métis Louis Riel :
Au retour de Riel [en 1868], bien des choses avaient changé. Les antipathies religieuses constituaient maintenant l’un des traits dominants de la vie de la colonie. Par ailleurs, la situation politique était instable et explosive. Un gouverneur et le Conseil d’Assiniboia, mis sur pied par la Hudson’s Bay Company, administraient toujours la colonie qui faisait partie de Rupert’s Land, territoire appartenant à la compagnie. On s’entendait sur la nécessité d’un nouvel arrangement constitutionnel, mais la question était loin d’être réglée. De plus, les vieux résidants savaient désormais que la colonie, en dépit de son isolement, faisait l’objet des visées expansionnistes des États-Unis et du Canada.
L’avocat, homme politique et agent du trésor américain Enos Stutsman a été un partisan de l’intégration de la colonie aux États-Unis :
Durant les troubles de 1869–1870 dans la Rivière-Rouge, un groupe d’Américains, dont faisait partie Stutsman, s’employa activement, à Pembina et à Fort Garry (Winnipeg), à promouvoir l’annexion de la colonie de la Rivière-Rouge aux États-Unis. Le professeur W. L. Morton a émis l’opinion que les intrigues de Stutsman avaient directement pour but d’obtenir l’intervention américaine dans l’agitation de la Rivière-Rouge et l’établissement d’une garnison militaire à Pembina, ce qui aurait favorisé la spéculation qu’il faisait sur les terrains de cette région. Alexander Begg* relate dans son journal les nombreuses visites qu’à cette époque Stutsman fit dans la colonie de la Rivière-Rouge et à Louis Riel*. Avec d’autres Américains, il fut facilement reçu par Riel aux premiers jours de l’agitation politique et il essaya de gagner le chef métis à l’idée d’une union avec les États-Unis. Il semble généralement admis maintenant que, malgré les craintes qu’il éprouvait pour les droits de son peuple advenant le rattachement de la Rivière-Rouge au Canada, Riel n’a jamais sérieusement envisagé l’annexion.
Les biographies regroupées dans les listes suivantes permettent d’en savoir davantage sur les principales conceptions qui animaient le débat autour de l'avenir de la colonie entre 1850 et 1870.