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Titre original :  Ange Duquesne Demenneville, marquis Duquesne., BM1,S5,P0631

Provenance : Lien

DUQUESNE (Du Quesne, Duqaine, Duquêne) DE MENNEVILLE, ANGE, marquis DUQUESNE, officier dans la marine et gouverneur général de la Nouvelle-France, né à Toulon, France, vers 1700, troisième fils d’Abraham Duquesne et d’Ursule-Thérèse Possel, décédé à Antony (dép. des Hauts-de-Seine, France), le 17 septembre 1778.

Depuis le début du xviie siècle, les Duquesne étaient marins, corsaires, marchands et militaires. De petite noblesse normande, la famille était huguenote, mais Abraham Duquesne accepta, à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, d’embrasser la religion catholique et de demeurer dans la marine royale. Il devint chef d’escadre et, pendant plusieurs années, occupa le poste de commandant du port de Toulon, principale base navale française de l’époque. À son exemple, quatre de ses fils se firent marins.

Pour sa part, Ange Duquesne de Menneville entra très jeune dans la marine ; en 1713, il servait comme garde-marine à Toulon. En 1726, il devint enseigne en second et, trois ans plus tard, il eut un premier contact avec le Canada alors qu’il servait sur la flûte Éléphant, sous les ordres de Louis-Philippe de Rigaud* de Vaudreuil. Ce navire, qui transportait les frères du capitaine, Pierre et François-Pierre, s’échoua près de l’île aux Grues dans le fleuve Saint-Laurent. Les circonstances de la perte du navire et le pillage de l’épave par les sauveteurs n’aidèrent ni la carrière du commandant, ni celle de Duquesne qui connut alors un ralentissement. Ce dernier n’avait pas la fortune nécessaire pour acheter des commissions. En 1735, lorsqu’il obtint son certificat de catholicité, il fut nommé lieutenant de vaisseau et commanda alors son premier navire, l’Inconnu. En 1738, il fut créé chevalier de Saint-Louis et, jusqu’en 1744, il effectua des voyages au long cours.

La guerre de la Succession d’Autriche fournit à Duquesne l’occasion de se faire valoir. Stationné à Toulon, il y fréquentait des personnages qui deviendront influents : Roland-Michel Barrin* de La Galissonière, La Jonquière [Taffanel*] et Louis-Philippe de Rigaud de Vaudreuil, qui faisaient partie, comme lui, de la flotte de Claude-Élisée de Court de La Bruyère. Duquesne se signala contre les Britanniques et les pirates africains. Reconnu pour son dynamisme, il reçut, en 1746, le grade de major et le commandement du port de Toulon. Trois ans plus tard, il abandonna ce poste pour reprendre la mer.

À l’automne de 1751, la cour, à la recherche d’un successeur pour La Jonquière, gouverneur général de la Nouvelle-France, retint la candidature de Duquesne présentée par La Galissonière. Par ce choix, elle assurait la continuité de sa politique coloniale qui visait particulièrement la protection du commerce des fourrures et l’établissement des Français dans la vallée de l’Ohio. Duquesne reçut le titre de marquis, une gratification de 15 000# et des avances totalisant 27 000#. Après plusieurs rencontres avec La Galissonière, il reçut ses instructions écrites le 15 avril 1752. Le roi lui demandait de veiller tout spécialement à assurer l’intégrité territoriale de l’Empire français d’Amérique. Il devait, en particulier, chasser les marchands britanniques de la vallée de l’Ohio et pacifier les nations indiennes hostiles depuis la rébellion de 1747 [V. Orontony*]. Le ministre Rouillé lui enjoignit de s’en remettre à l’abbé Le Loutre en ce qui concernait l’Acadie. Il lui désigna Chouaguen (ou Oswego ; aujourd’hui Oswego, New York) comme une place à prendre si les Britanniques donnaient quelque raison de représailles à la France. Finalement, il lui demanda d’aider l’intendant Bigot à restreindre les dépenses qu’entraînait le Canada. Ces instructions – largement inspirées par La Galissonière – ne contenaient cependant pas de méthodes d’action précises.

Le marquis Duquesne débarqua à Québec, le 1er juillet 1752, à la surprise générale. En effet, le baron Charles Le Moyne* de Longueuil assurait l’intérim depuis le décès du gouverneur La Jonquière, le 17 mars 1752, et, comme on ignorait que le remplacement de La Jonquière était déjà prévu, on croyait attendre longtemps la nomination d’un nouveau gouverneur. En peu de temps, Duquesne s’attira l’animosité des coloniaux. Il entreprit d’abord de mettre de la discipline dans les troupes et les milices par des revues, des inspections et un entraînement qui s’ajoutèrent à l’enrôlement de plusieurs Canadiens.

En octobre 1752, les Canadiens apprirent que Duquesne, malgré les protestations des officiers, allait lancer une expédition militaire sous les ordres de Paul Marin* de La Malgue pour occuper la vallée de l’Ohio. Marin allait commander un détachement de 2 000 hommes presque essentiellement composé de Blancs, comme l’avait exigé la cour qui désirait que la France, et non ses alliés indiens, s’opposât aux marchands britanniques. Pendant l’hiver de 1752–1753, Duquesne s’attacha à lever et équiper son armée. Il réglementa avec Bigot la vente des denrées en provenance de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), et de la Nouvelle-Angleterre. Son dessein original était simple : Marin devait emprunter la route suivie par Pierre-Joseph Céloron* de Blainville en 1749 et établir une série de forts. L’expédition de 1753–1754 rencontra des difficultés énormes et se solda par un demi-échec [V. Paul Marin de La Malgue], causant ainsi un grave préjudice à Duquesne. Le ministre de la Marine lui reprochait d’avoir manqué de prudence et surtout d’avoir choisi Marin, qui n’était pas le plus ancien des officiers du Canada. Bigot, pour sa part, dénonçait l’appareil que Duquesne avait utilisé, le jugeant trop coûteux pour régler un petit problème. Enfin, Mgr de Pontbriand [Dubreil*], évêque de Québec, avait demandé, dès l’été de 1753, l’abandon de l’expédition. Duquesne parvint cependant à convaincre Rouillé qu’il n’avait pu agir autrement dans les circonstances, et non seulement resta-t-il en charge de la Nouvelle-France, malgré ses détracteurs, mais il prépara une nouvelle expédition.

Duquesne était conscient qu’il devait agir tôt au printemps ; en effet, George Washington, envoyé du gouverneur de la Virginie, avait sommé Jacques Legardeur* de Saint-Pierre, remplaçant de Marin, de quitter le fort de la rivière au Bœuf (Waterford, Pennsylvanie). Duquesne chargea Claude-Pierre Pécaudy de Contrecœur de cette expédition ; ce dernier délogea le petit groupe de marchands britanniques et entreprit sans délai la construction du fort Duquesne (Pittsburgh, Pennsylvanie).

À la suite de la victoire de Louis Coulon* de Villiers, le 3 juillet 1754, au fort Necessity (près de Farmington, Pennsylvanie), qui entraîna la capitulation de Washington, Duquesne put clamer sa réussite. Conscient, cependant, des graves erreurs commises dans la vallée de l’Ohio, il émettait de sérieuses réserves quant à la clause de la capitulation interdisant la vallée aux Américains pour une année seulement. Ayant fait parvenir au ministre sa version de l’affaire et le journal de Washington, Duquesne, satisfait du déroulement des événements, demanda son rappel, en octobre 1754.

Duquesne apprit pendant l’hiver de 1754–1755 que les Britanniques préparaient une riposte mais, tout en lui certifiant qu’ils n’en feraient rien, le ministre Machault l’avait prévenu du départ d’Edward Braddock pour l’Amérique, à titre de commandant des forces armées. Duquesne prit donc les dispositions pour renforcer le fort Duquesne et les postes annexes, tôt au printemps. Il concentra de nouveau ses forces pour défendre la frontière sud-ouest, même s’il connaissait les mouvements des Britanniques du côté de l’Acadie et de New York. En cela, il s’en tenait à ses instructions de ne rien faire en Acadie et au lac Champlain. De plus, il savait que son successeur arriverait avec des renforts pour le Canada et Louisbourg. C’est pourquoi il confia la défense du centre aux milices, porta ses forces disponibles à l’Ouest et laissa la garde de l’Est à Louisbourg. C’était la tactique idéale pour un homme qui sous-estimait les talents militaires des Américains et qui allait être relevé.

En effet, Pierre de Rigaud de Vaudreuil débarqua à Québec, le 24 juin 1755, en l’absence de Duquesne qui ne tarda pas à revenir de Montréal. Vaudreuil ne se priva pas de critiquer les actes de Duquesne : il présenta un sombre tableau de la colonie épuisée par la dure campagne de l’Ohio, blâma Duquesne d’avoir concentré tous ses efforts dans cette région, délaissant les autres secteurs dont les forts et les postes étaient délabrés au moment où les Britanniques préparaient une offensive générale. Toutes ces critiques étaient fondées, mais la responsabilité n’incombait pas seulement à Duquesne, la cour ayant rejeté tous ses projets de réparation des défenses par souci d’économie. Vaudreuil et Duquesne ne collaborèrent pas et s’affrontèrent quelque temps. Duquesne s’embarqua pour la France, outragé de l’attitude de Vaudreuil.

En France, Duquesne s’expliqua avec le ministre de la Marine qui se montra satisfait, d’autant plus qu’en Amérique Braddock venait d’être taillé en pièces. Seul le fort Beauséjour (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) était tombé [V. Robert Monckton] ais Duquesne en rejeta la responsabilité sur Le Loutre. Il fut largement récompensé pour ses services au Canada : on lui accorda une quittance pour les 27 000# d’avance prises en 1752 et on le consulta sur les affaires canadiennes – il semble avoir rencontré Montcalm* avant le départ de ce dernier.

Duquesne reprit sa carrière active dans la marine. Nommé inspecteur général des côtes de France en avril 1756, il prit, le 23 juin de l’année suivante, le commandement par intérim de la flotte de Toulon et participa à des engagements mineurs jusqu’en 1758. Défait au cours d’un engagement avec un escadron britannique commandé par Henry Osborn, Duquesne perdit son navire, le Foudroyant, fut fait prisonnier et amené en Angleterre. Le ministre Choiseul se montra dur avec lui, mais le roi le lava de tout blâme et lui accorda une pension de 3 000#. Cette défaite mit cependant en cause sa carrière active. On connaît peu de chose de ses activités subséquentes, si ce n’est qu’en 1763 le roi le fit commandeur de l’ordre de Saint-Louis.

On fixa la retraite définitive de Duquesne au 8 avril 1776. Même s’il ne fut pas nommé lieutenant général de la Marine, à cause de la perte du Foudroyant, on lui accorda, eu égard à ses 20 campagnes, la continuation de ses honoraires de chef d’escadre et le titre honorifique de lieutenant général des forces navales. Le 4 décembre 1776, Duquesne faisait part à la cour de son intention de ne plus visiter les ports, vu son âge avancé. Il passa ses derniers jours dans l’une ou l’autre de ses résidences de Paris et d’Antony. N’ayant aucune progéniture à sa mort en septembre 1778, il laissa sa fortune, évaluée à 200 000ª, à ses neveux, nièces et serviteurs.

La carrière de Duquesne fut très active : il servit et combattit avec dynamisme. Pendant son séjour en Nouvelle-France, cet homme, autoritaire, fier mais obéissant, fut impopulaire. On dit que Bigot lui-même le craignait. Faisant passer sa mission « spéciale » avant tout, il exécuta sa tâche avec détermination, intransigeance et autorité. Préalablement averti que l’occupation militaire de la vallée de l’Ohio déplairait à plusieurs, parce que l’économie coloniale ne pouvait supporter une telle ponction de main-d’œuvre et de produits, il se méfiait des coloniaux, et ces derniers ne l’apprécièrent pas. Seules les recommandations à la clémence et à la prudence de Rouillé et de Machault adoucirent son comportement envers des soldats crasseux, des miliciens indisciplinés, des officiers insolents et des marchands sans attache profonde pour la mère patrie.

Pierre-L. Côté

AN, Col.,B, 95 ; 96 ; 97 ; 99 ; C11A, 99 ; 100.— Bégon, Correspondance (Bonnault), ANQ Rapport, 1934–1935, 271.— Coll. des manuscrits de Lévis (Casgrain), VII.— Doreil, Lettres (A. Roy), ANQ Rapport, 1944–1945.— Papiers Contrecœur (Grenier), 15, 96–98, 117–119, 223s.— W. L. Clowes, The Royal Navy ; a history from the earliest times to the present (7 vol., Londres, 1897–1903), III : 189s.— C. W. Dahlinger, The Marquis Duquesne, Sieur de Menneville, founder of the city of Pittsburgh (Pittsburgh, Pa., 1932).— Frégault, François Bigot, II. Régis Roy, Le gouverneur Du Quesne, BRH, XII (1906) : 53.

Bibliographie générale

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Pierre-L. Côté, « DUQUESNE DE MENNEVILLE, ANGE, marquis DUQUESNE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/duquesne_de_menneville_ange_4F.html.

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Auteur de l'article:    Pierre-L. Côté
Titre de l'article:    DUQUESNE DE MENNEVILLE, ANGE, marquis DUQUESNE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    19 mars 2024