Titre original :  Photograph Hon. George Coles, Montreal, QC, 1865 William Notman (1826-1891) 1865, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 8.5 x 5.6 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. I-16775.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

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COLES, GEORGE, fermier, commerçant, brasseur, distillateur et homme politique, né le 20 septembre 1810 dans l’Île-du-Prince-Édouard, fils de James Coles et de Sarah Tally, décédé le 21 août 1875 à Charlottetown Royalty, Î.-P.-É.

George Coles passa sa jeunesse à la ferme paternelle, à Charlottetown Royalty. L’île n’en était encore qu’à un stade de développement assez rudimentaire, et le jeune George, parce qu’il n’appartenait pas de par sa naissance à l’élite locale, ne reçut que peu d’instruction. À l’âge de 19 ans, il partit pour l’Angleterre où, le 14 août 1833, il épousa Mercy Haine, qui devait lui donner 12 enfants. Quelques mois plus tard, il revenait à l’Île-du-Prince-Édouard, accompagné de sa jeune femme.

Le 29 octobre 1833, Coles fit savoir au moyen d’annonces qu’il mettait en vente, chez son père, plusieurs objets qu’il avait rapportés d’Angleterre, entre autres des pipes et de l’argenterie. Au mois de juin suivant, il était en mesure d’annoncer qu’il avait ouvert un magasin à Charlottetown où l’on ne vendait que du neuf, mais à bon marché. On y trouvait des objets manufacturés importés et de l’alcool. Dix-huit mois plus tard, il faisait de la réclame pour les produits de la brasserie-distillerie qu’il avait fondée. Il semble que cette nouvelle entreprise ait prospéré, puisque en mai 1836 il remerciait publiquement ses clients de « leur appui aussi aimable qu’inattendu ». Dans les quelques années qui suivirent, la fabrication de la bière et de l’alcool devint la plus importante de ses activités commerciales, et il se mit à faire de la réclame afin de trouver où acheter des quantités de plus en plus importantes d’orge et d’avoine. Il ne se borna toutefois pas à cela : en 1840 il acheta une minoterie, et en 1843 il informa le public qu’il venait d’importer des machines à carder modernes. En outre, vers 1845, il possédait des maisons de location à Charlottetown. De plus, Coles exploitait une ferme au sujet de laquelle le rédacteur du journal The Islander écrivait en 1843 : « compte tenu de sa superficie [...], c’est l’une des mieux organisées et des plus productrices de l’île [...], un bon exemple sur une petite échelle de ce que l’on peut trouver de plus moderne en Angleterre en fait d’agriculture ». George Coles employait de 20 à 30 hommes dans ses diverses entreprises et avait investi un capital estimé à £7 000 ou £8 000.

Dans l’entre-temps Coles s’était lancé dans la politique. En 1842 il se présenta dans la circonscription rurale de New London, et fut élu député. Les feuillets électoraux qu’il distribua à cette occasion ne précisaient pas à quel parti il appartenait, mais il passait pour être opposé à la politique radicale de la confiscation des terres par l’État (escheat), politique que préconisaient un grand nombre de réformistes et qui avait trait à la question agraire, le plus important problème de l’Île-du-Prince-Édouard au début des années 40, et même tout au long de la carrière politique de Coles. En 1767, on avait divisé l’île en 67 terres d’environ 20 000 acres chacune, qui furent distribuées à un certain nombre de personnes qui prétendaient avoir droit aux largesses du gouvernement britannique. Au début de xixe siècle, il s’était fait un regroupement de ces terres, de telle sorte que quelques magnats de la finance, la plupart résidant en dehors de l’île, étaient devenus propriétaires d’immenses étendues de terre. Ils refusaient souvent de vendre, et au contraire ils affermaient leurs terres, créant ainsi une tenure rappelant la féodalité. En 1841, par exemple, moins d’un tiers des cultivateurs étaient francs-tenanciers. En donnant des terres aux propriétaires, on avait spécifié qu’ils devaient remplir certaines conditions destinées à faire progresser la colonisation de l’île et qu’ils devaient payer des redevances au gouvernement britannique. Dans bien des cas, les propriétaires avaient négligé ces obligations et les partisans de la confiscation des terres prônaient la création d’un tribunal spécial destiné à enquêter sur ces manquements. Les propriétaires coupables de négligence se verraient confisquer leurs terres qui reviendraient à la couronne, à charge pour celle-ci de les répartir entre les locataires qui deviendraient ainsi francs-tenanciers. Mais les partisans de cette mesure devraient obtenir le consentement du ministère des Colonies de Londres, où les propriétaires fonciers exerçaient une influence prépondérante. Il y avait donc deux raisons possibles pour s’opposer au mouvement en faveur de la confiscation des terres : d’une part le droit de propriété devait demeurer inviolable ; de l’autre le projet était difficilement réalisable et n’obtiendrait jamais l’assentiment du gouvernement britannique.

Chaque fois qu’il aborda le problème des terres durant son premier mandat à l’Assemblée, Coles insista sur les difficultés que soulèverait la confiscation des terres. Mais bien qu’il soutînt régulièrement les tories, il n’adopta pas la position des réactionnaires. À plusieurs reprises, il proposa des mesures destinées à préciser et à étendre les droits des locataires et des squatters. Ces derniers formaient, en 1841, 11.6 p. cent des occupants des terres. Coles voulait également voir disparaître le système de la tenure à bail. Ce conflit naissant entre Coles et le reste de l’establishment avait ses racines essentiellement dans un conflit d’intérêt. Coles incarnait un capitalisme bien différent de celui d’un James Yeo* par exemple. Ce député avait fait fortune surtout comme agent des terres, comme commerçant, et comme charretier. Les hommes dans la position de Yeo préféraient augmenter leurs bénéfices en servant d’intermédiaires au sein de l’ordre établi, plutôt que de voir cet ordre ébranlé dans ses fondements. Coles fit remarquer plus d’une fois que les agents des terres étaient encore plus déterminés que les propriétaires à conserver le statu quo.

Coles, au contraire, était avant tout un manufacturier, dont la prospérité, à titre de producteur de biens de consommation, dépendait d’un marché local prospère doué d’un pouvoir d’achat étendu. Distillateur et brasseur, il n’avait aucun intérêt à ce que les locataires et les squatters s’appauvrissent, ni à ce que le plus clair des capitaux passent à l’étranger aux mains de propriétaires absentéistes. Par conséquent, sa déclaration à l’Assemblée en 1846 affirmant que la transformation des grands domaines en terres de franc-alleu amènerait « une plus grande consommation de produits manufacturés » réflétait une tendance qui s’expliquait logiquement par les intérêts de sa classe sociale. C’est cela, et non le mépris du droit de propriété ainsi que le suggéra William Douse*, député et agent des terres, qui inspirait à Coles le désir croissant de voir abolir le système de la tenure à bail. Il fallait abandonner les relations archaïques de production d’un Douse et d’un Yeo, si l’on voulait que le capitalisme tel que l’entendait Coles puisse prospérer.

Coles prit la parole sur ce sujet fréquemment et vigoureusement à cette époque ; dès la première session à laquelle il prit part, il n’hésita pas à se mesurer à des tories aussi influents qu’Edward Palmer* sur des sujets de moindre importance. Malheureusement pour le jeune député, il fut entraîné dans une querelle avec l’orateur (président) de l’Assemblée, Joseph Pope*. Ils échangèrent plusieurs fois des paroles blessantes au cours de la session de 1845. Pope alla jusqu’à prétendre qu’un jeune homme était mort après avoir bu du whisky de Coles, accusation que ce dernier, furieux, réfuta avec succès. En 1846 Coles refusa de se soumettre à un ordre de l’Assemblée, lui enjoignant de retirer ses paroles qualifiant de « fausse » une déclaration de Pope. Cela lui valut de passer le reste de la session, soit 31 jours, sous la darde du sergent d’armes. Il n’avait certainement pas la faveur des chefs tories, car deux députés seulement s’élevèrent contre les mesures disciplinaires prises à son égard, et il s’agissait de deux réformistes.

L’obtention de la responsabilité ministérielle, que prônait Coles, fut le grand sujet des débats de la fin des années 40, et lui valut d’être projeté au premier plan de la vie politique de l’île. La lutte fut longue et dure, car ni les gens influents de l’île ni le ministère des Colonies n’étaient disposés à accorder ce genre de gouvernement : non seulement la population était-elle peu nombreuse, mais les intérêts de l’establishment dépendaient du système de la tenure des terres et ces gens redoutaient que ce ne soit là le premier problème auquel s’attaquerait un gouvernement élu par le peuple. Toutefois Coles, qui n’avait aucun intérêt comme entrepreneur à ce que le système économique en vigueur dans l’île se perpétuât, se montra réceptif lorsque, deux jours après la fin de la session de 1847, le gouverneur, sir Henry Vere Huntley*, le pria de devenir membre du Conseil exécutif. Le gouverneur était lui aussi en conflit avec Joseph Pope et le « family compact » local, et il souhaitait que Pope, qui venait de démissionner du conseil, fût remplacé par un réformiste. Coles, à cette époque, s’était séparé des tories et, durant la session qui venait de se terminer, il avait clairement adhéré aux grandes lignes du programme d’Alexander Rae, considéré comme le leader des réformistes à l’Assemblée. Huntley avait commencé par pressentir Rae en lui offrant de siéger au conseil. Rae avait refusé, mais avait recommandé Coles pour le poste. C’est ainsi que celui-ci devint le premier député à se dire réformiste à faire partie du Conseil exécutif de l’île. Mais l’alliance entre le gouverneur et les réformistes ne devait pas durer. En décembre 1847, un nouveau gouverneur, sir Donald Campbell*, qui n’avait aucune raison de s’entendre avec les rebelles contre le family compact, vint remplacer Huntley. Un an plus tard, Coles donna sa démission du Conseil exécutif de Campbell, déclarant qu’il n’avait pas confiance dans l’administration. Campbell, de son côté, fit savoir au ministère des Colonies que, Coles parti, il aurait sans doute moins d’ennuis avec le conseil.

Mais les problèmes du gouverneur, qui n’avait aucune sympathie pour le mouvement en faveur du gouvernement responsable, ne faisaient que commencer. Les réformistes avaient découvert une arme nouvelle. Au moment où Coles démissionna du Conseil exécutif, le ministère des Colonies décida que l’île était assez prospère pour assumer les frais de sa liste civile. Les réformistes exigèrent, s’ils s’acquittaient de cette obligation, qu’on accorde la responsabilité ministérielle. À mesure que la lutte devenait plus intense, au cours de la session de 1849, Coles s’affirmait de plus en plus nettement comme le chef des réformistes. Le mouvement gagnait également des appuis en dehors de l’Assemblée, et lors des élections de février 1850, le parti de Coles remporta la victoire avec une majorité de 12 sièges, soit 18 contre 6.

Lorsque la nouvelle session s’ouvrit, on se rendit aussitôt compte que Coles avait pour lui la majorité des députés lorsqu’il réclamait la responsabilité ministérielle et qu’il exprimait son manque de confiance dans le Conseil exécutif tory. Campbell refusa cependant d’accepter le programme des réformistes. Durant les deux sessions du printemps de 1850, il fut impossible au gouverneur et à l’Assemblée d’en arriver à un modus vivendi ; en conséquence, les réformistes refusèrent de voter des crédits. Après les sessions, Campbell, se rendant compte qu’il lui faudrait bien céder, suggéra au gouvernement britannique de passer une loi qui restreindrait encore plus le droit de vote, afin d’étouffer toute tendance au radicalisme. Mais lord Grey [Henry George Grey] ministre des Colonies, estimant que les élections de 1850 avaient clairement démontré que l’électorat de l’île voulait le gouvernement responsable, décida qu’il fallait par conséquent le lui accorder. Il refusa catégoriquement de suivre les conseils du gouverneur et, lorsque Campbell mourut en octobre 1850, Grey donna au nouveau gouverneur, sir Alexander Bannerman* des instructions très claires, à savoir qu’il devait accorder aux réformistes ce qu’ils demandaient.

Le 25 avril 1851, Coles prit la parole et déclara devant l’Assemblée qu’il avait formé un nouveau Conseil exécutif, jouissant de la confiance de la chambre. Coles était l’homme tout désigné pour devenir premier ministre : il avait dirigé les réformistes à l’Assemblée, pendant la campagne électorale, et à titre de président d’un comité de cinq membres de l’Assemblée, créé en 1850 afin de correspondre avec des membres du parlement britannique favorables à leur cause. De plus, il s’était toujours refusé à tout compromis avec Campbell, et avec les tories de l’endroit : ou il obtiendrait le gouvernement responsable, ou les rouages de l’administration de l’Île-du-Prince-Édouard s’arrêteraient de tourner.

Donald Creighton a écrit que « la responsabilité ministérielle n’était pas une mesure mais une méthode ». C’était un système de rapports politiques dont l’importance provenait non pas tant de son existence pure et simple, mais des changements importants auxquels il serait alors possible de procéder. Pareille forme de gouvernement ne signifierait rien pour les citoyens de la colonie si son avènement ne coïncidait pas avec de nouvelles lignes de conduite plus démocratiques que les anciennes. Coles et ses collègues en étaient fort conscients et, loin de se reposer sur leurs lauriers, une fois la lutte pour la responsabilité ministérielle terminée, ils mirent au point un vigoureux programme législatif.

La première mesure importante que prit le gouvernement de Coles fut la loi sur la gratuité scolaire en 1852. C’est un voyage au Massachusetts et dans l’Ohio, à l’automne de 1848, qui inspira cette mesure : Coles s’était alors rendu compte des bienfaits d’une instruction subventionnée par l’État et d’anciens habitants de l’Île-du-Prince-Édouard lui avaient raconté les déboires auxquels les avait exposés leur manque total d’instruction. Grâce à cette loi, l’île devint la première des colonies maritimes où le gouvernement défrayait intégralement le coût du salaire des instituteurs. Auparavant, les districts scolaires avaient été obligés d’avoir recours à l’impôt local et aux frais de scolarité. À partir de 1852, les impôts locaux ne servirent plus qu’à la construction et à l’entretien des écoles, et on supprima les frais de scolarité. En moins de deux ans le nombre des élèves inscrits dans les écoles de l’île avait doublé et, en 1855, la proportion d’écoliers par rapport à la population de l’île était censée dépasser d’un tiers celle de la Nouvelle-Écosse ou du Nouveau-Brunswick. La seconde réforme majeure était du même ordre : le droit de vote fut étendu au point de devenir quasi universel.

Le problème le plus épineux, pour le gouvernement réformiste, était celui des terres. Coles refusait la confiscation des terres et les autres solutions radicales, bien que le « caucus » libéral comptât deux radicaux ou plus pendant qu’il fut au pouvoir, dans les années 50. De la manière dont Coles la formulait, sa politique consistait à court terme à améliorer la législation, et à long terme à racheter les propriétés. Ces transactions, faites sur une base volontaire, assureraient un « honnête dédommagement » aux grands propriétaires, et permettrait de revendre les terres à leurs occupants actuels à des prix très bas. Au nombre des améliorations apportées à la législation, on peut citer la loi sur le montant des loyers, la loi du neuvième et la loi sur le dédommagement des locataires. La première de ces lois prévoyait un impôt par acre, peu élevé d’ailleurs, sur les propriétés de plus de 500 acres. Le ministère des Colonies rejeta immédiatement cette mesure. La loi du neuvième visait à réglementer le paiement des fermages. Bien qu’elle ne reçût pas l’approbation du gouvernement britannique lorsqu’elle fut votée en 1851 pour la première fois, une version révisée fut finalement acceptée. Quant à la loi sur le dédommagement des locataires, elle avait pour but d’indemniser les locataires et les squatters qui étaient expulsés, en compensation des améliorations qu’ils avaient pu apporter aux terres avant leur expulsion. Là aussi, les gens qui avaient des intérêts bien établis s’opposèrent à la loi et, en 1855, Coles soumit une mesure d’une portée beaucoup plus restreinte ; elle ne concernait que les squatters qui avaient cultivé une terre pendant une période d’au moins cinq ans, et les locataires qui avaient des baux d’une durée limitée et qui avaient été expulsés avant l’expiration de ces baux. Les squatters qui avaient passé moins de cinq ans sur une terre, les locataires qui avaient des baux de 999 ans-ce qui était chose courante-et les locataires expulsés à l’expiration d’un bail de sept ans, par exemple, n’avaient aucune protection. « Si nous demandons trop, disait Coles, nous n’obtiendrons rien. » Mais le ministère des Colonies refusa de sanctionner même cette dernière loi.

L’élément le plus important de la réforme agraire prônée par Coles fut la loi de 1853 sur le rachat des terres. Cette loi stipulait que le gouvernement pouvait racheter les propriétés de plus de 1 000 acres et les revendre aux locataires et aux squatters, après les avoir divisées en lots d’une superficie de 300 acres au maximum. En 1854, les libéraux achetèrent le domaine Worrell d’une superficie de 81 000 acres et commencèrent à le revendre [V. Pope]. Ce fut le premier achat important des années 50, et ce fut aussi le dernier : lorsque le gouvernement vota une loi en 1857 autorisant un emprunt de £100 000 destiné à de nouveaux achats, le gouvernement britannique la rejeta. D’ailleurs, même si Londres avait voulu coopérer, de nombreux propriétaires, tel sir Samuel Cunard*, n’avaient nullement l’intention de vendre. Ainsi Coles ne réussit pas à débarrasser l’île du système de la tenure à bail.

Coles fut le leader incontesté de son parti tout au long de cette période où le gouvernement s’efforça de préparer l’avenir. Il fut le défenseur le plus efficace de la politique libérale à l’Assemblée et ses discours montrent à quel point il connaissait bien tous les grands problèmes qu’on y traita. Il parlait sans ambages, et pouvait saisir tout de suite la faille dans l’argumentation de son adversaire. Le seul libéral dont le prestige pouvait se comparer au sien était le brillant journaliste. Edward Whelan*. Ce dernier cependant était souvent absent de l’Assemblée, et goûtait peu la routine de l’organisation du parti et de l’administration publique qu’il abandonnait volontiers à Coles ; les deux hommes se complétaient plutôt qu’ils ne se faisaient concurrence.

Coles et son parti demeurèrent au pouvoir jusqu’en 1859, exception faite d’une période de six mois en 1854. En juillet 1853, surtout en raison de l’augmentation subite des impôts nécessitée par la loi sur la gratuité scolaire, le parti avait été battu aux élections, et Coles lui-même avait été défait. Toutefois, à cause de la partialité du gouverneur Bannerman, le parti se maintint au pouvoir jusqu’en février 1854. Après une session du gouvernement tory, Bannerman décida, malgré l’opposition de son nouveau Conseil exécutif, de dissoudre l’Assemblée et il décréta de nouvelles élections. Il estimait que, puisque la loi de 1853 sur le droit de vote venait tout juste de prendre effet, l’Assemblée ne représentait plus l’électorat réel. Le nouveau corps électoral, plus nombreux, donna aux libéraux une majorité de 18 sièges sur 24 et Coles revint à l’Assemblée, exerçant en plus les fonctions de secrétaire colonial.

Mais, petit à petit, le gouvernement Coles avait perdu de sa vigueur. Lorsque la question de la Bible surgit vers la fin de 1856, Coles en sous-estima grandement la force explosive. La controverse débuta lors de l’inauguration de l’école normale de l’île. L’inspecteur, John Stark, qui était également surintendant du nouvel établissement, annonça que la lecture et l’explication de la Bible feraient partie du programme quotidien des élèves. Le conseil de l’Éducation désavoua aussitôt la déclaration de Stark, mais le public n’en sut rien. À la suite de cela, l’évêque catholique de Charlottetown, Mgr Bernard Donald MacDonald*, se plaignit auprès du secrétaire du conseil des déclarations de Stark. Coles eut vent de la lettre et s’arrangea pour avoir une entrevue avec l’évêque, à qui il expliqua que la déclaration de l’inspecteur ne réflétait nullement la position du gouvernement. L’évêque envoya aussitôt une courte lettre à Coles, exprimant sa satisfaction de voir qu’il y avait eu malentendu, et autorisant le premier ministre à faire part de sa rétractation à « qui de droit ». Coles négligea de le faire, ce qui eut des conséquences désastreuses pour son parti. La première lettre de l’évêque, rédigée en termes dénués de souplesse, fut déposée devant le conseil lors d’une réunion, et un ministre du culte protestant, qui en faisait partie, la publia et commença une campagne visant à rendre légale la lecture de la Bible dans les écoles publiques. Jusque-là la politique concernant l’Écriture sainte avait suivi des normes plus ou moins régulières selon l’endroit. La lettre de l’évêque, qui ne se bornait pas au cas de l’école normale, semblait constituer une menace à ce libéralisme non autorisé.

L’élément religieux en matière d’éducation devint le facteur primordial de la politique dans l’île au cours des deux décennies qui suivirent. C’était fort regrettable pour Coles, qui était vulnérable lorsqu’il s’agissait de problèmes du genre de celui de la Bible : il dirigeait un parti appuyé surtout par la minorité catholique et il était anglican. Au moment où il prit sa retraite, il avait subi à plusieurs reprises des attaques de la part des militants des deux groupes religieux. La question de la Bible fut la pierre d’achoppement de son gouvernement vers la fin des années 50, parce que les protestants quittèrent en grand nombre les rangs des libéraux. Il arriva plus d’une fois que Coles ne se rendit pas compte de la gravité du problème et de la force des passions qu’il pouvait soulever, de sorte qu’il laissa passer les occasions qui s’offraient à lui de les calmer. De plus, les libéraux se faisaient dire qu’ils se trouvaient dans une impasse à l’égard de la question des terres, et que, d’autre part, un système modifié de responsabilité ministérielle selon lequel aucun député n’aurait le droit d’avoir un poste dans la fonction publique conviendrait beaucoup mieux à l’île dont la population était peu nombreuse [V. Pope]. Lors des élections du 24 juin 1858, le gouvernement Coles ne resta au pouvoir que par une très faible majorité de 16 sièges contre 14. À cause de la démission d’un député libéral en février 1859 et de la confusion qui s’ensuivit, la session qui avait commencé ce mois-là se termina au bout de trois jours seulement. De nouvelles élections eurent lieu et, bien que Coles eût fait savoir qu’il accepterait le principe de la confiscation des terres pour résoudre le problème agraire, son parti connut une défaite humiliante aux mains des tories que dirigeait Edward Palmer.

Coles, à la tête de l’opposition, s’acquitta fort bien, surtout au cours des deux premières années, de ses fonctions de critique du gouvernement. Palmer et ses collègues réglèrent la question de la Bible à la satisfaction des deux partis en 1860, en donnant tout simplement force de loi au statu quo. Mais, cette année-là, Charlottetown eut un nouvel évêque catholique, Mgr Peter MacIntyre*. C’était un homme énergique et il était bien décidé à ce que St Dunstan’s College reçoive un appui financier du gouvernement, égal à celui qu’on accordait à Prince of Wales College, établissement d’enseignement public nouvellement fondé et non confessionnel. Ses efforts pour gagner ce point ainsi que quelques autres, toujours en matière d’éducation, de même que les écrits virulents du recteur de St Dunstan, l’abbé Angus MacDonald*, engendrèrent une querelle publique entre William Henry Pope, secrétaire colonial, et le recteur. Cela permit aux tories de mener une nouvelle campagne contre « l’agression papiste » et de rallier la majorité protestante contre Coles et contre la population catholique. Une fois de plus, la stratégie se révéla excellente et si le gouvernement Palmer conserva le pouvoir, lors des élections de 1863, en obtenant 18 sièges sur 30, c’est surtout à la question de St Dunstan qu’il le dut.

Quand dans la population on se mit à débattre la question de l’union des colonies de l’Amérique du Nord britannique dans une confédération, Coles déclara qu’il accorderait son appui à tout projet d’union qui garantirait l’abolition du système de la tenure à bail. Cela voulait tout simplement dire que si cette condition n’était pas réalisée l’union serait inacceptable. Coles demeura sur ses positions à l’égard de la confédération pendant toute sa carrière politique. À la conférence de Charlottetown et à celle de Québec, il insista, mais en vain, sur ce point. Les Canadiens lui répondirent qu’on avait déjà promis à l’Île-du-Prince-Édouard plus de subsides qu’elle n’était en droit d’en attendre. À son retour Coles amena le parti libéral, à l’exception toutefois de Whelan, à s’opposer en bloc aux Résolutions de Québec. Le gouvernement tory était profondément divisé sur la question.

Les tories n’avaient pas davantage réussi que leurs prédécesseurs au pouvoir à régler la question des terres. Ils avaient créé en 1860 une commission composée de membres éminents, dont les recommandations avaient été repoussées par le gouvernement britannique. Une délégation envoyée à Londres et composée de Palmer et de W. H. Pope n’avaient pas mieux réussi, en raison de l’intransigeance d’un groupe de propriétaires menés par Cunard. Et voilà que le gouvernement canadien ne montrait pas plus de compréhension. Les fermiers de l’Île-du-Prince-Édouard décidèrent de passer à l’action. Ils constituèrent des ligues de locataires (Tenant Leagues) dont les membres devaient jurer de refuser de payer les fermages. Durant l’été de 1865, la tension entre les différents groupes sociaux atteignit un tel point dans l’île que l’administrateur, Robert Hodgson, fit venir la garnison de Halifax pour prévenir des troubles graves. Cette mesure fut fort mal vue et vint s’ajouter aux divisions qui minaient le parti tory à propos de la confédération : il fallut procéder à de nouvelles élections en 1867, et les libéraux furent vainqueurs, remportant 19 des 30 sièges.

Coles reprit son poste de premier ministre et de secrétaire colonial le 14 mars 1867. On put croire, au début, qu’on allait restaurer l’hégémonie libérale telle qu’elle existait avant 1859. Le gouvernement en revint aussitôt aux principes de la loi sur la gratuité scolaire de 1852 qu’avaient abrogée les tories en 1863. Après s’être montré en faveur de la confiscation des terres pendant une courte période, Coles reprit son ancien programme de rachat volontaire. Il voyait donc d’un mauvais oeil le mouvement de la ligue des locataires. Leur manière de « défier ouvertement la loi » était « une honte pour la colonie ». Il était fier de ce que les plus éminents des libéraux aient « saisi toutes les occasions possibles de s’élever contre cette organisation illégale et de conseiller aux fermiers de ne pas en faire partie ». L’erreur des tories ce n’était pas d’avoir combattu le mouvement, mais d’avoir attendu trop longtemps pour le faire ; s’ils avaient eu recours plus tôt à l’autorité civile, on aurait pu éviter de faire venir l’armée. C’était là une position normale pour un homme comme Coles appartenant à la classe sociale des entrepreneurs. Tout comme dans les années 40, il n’avait pas eu intérêt à ce que s’appauvrissent les fermiers de l’île, consommateurs et acheteurs, il n’avait aujourd’hui aucun intérêt à ce qu’on portât atteinte au droit de propriété, même s’il s’agissait de propriétés appartenant à ses adversaires politiques. Ce n’était pas la création d’une union de locataires qui le troublait, prétendait-il, c’était le refus, de la part des membres, de payer des fermages que les propriétaires avaient le droit de percevoir.

Mais Coles ne devait pas jouer bien longtemps son rôle d’antan dans l’île. Ses facultés intellectuelles déclinèrent rapidement, et, durant la session de 1868, ce fut le procureur général, Joseph Hensley*, qui dirigea réellement le parti. En août, Coles donna sa démission comme premier ministre et prit rarement la parole au cours de la session suivante. À la session de 1870, il ne parut même pas au parlement. Cette sénilité précoce a été généralement attribuée au surmenage et à l’inquiétude. En 1866, il y avait eu une vague d’incendies volontaires à Charlottetown, et les établissements de Coles l’avaient échappé belle au moins une fois. Il fut sans doute également très frappé par la mort prématurée d’Edward Whelan, dans de malheureuses circonstances, le 10 décembre 1867. Quoi qu’il en soit, Coles ne recouvra jamais le plein usage de ses facultés, bien qu’il vécût jusqu’en 1875.

C’est en 1868 que s’acheva réellement la brillante carrière de Coles. Pendant plus de 20 ans, il avait joué un rôle de premier plan dans la vie publique de l’île et pendant tout ce temps il fut un personnage fort discuté. Plus d’une fois on tenta de l’exclure des délibérations de l’Assemblée, au cours des années 40 et des années 50. Il se serait battu en duel avec Edward Palmer en 1851. Il fut trouvé coupable de voies de fait et condamné à payer une amende vers 1855 ; et, au parlement même, en 1861, il provoqua James Colledge Pope* et l’invita à se battre « à l’épée ou au pistolet ». Sa carrière politique fut celle d’un homme énergique et progressiste, dans une île qu’opprimait un système de propriété terrienne rappelant la féodalité. La tâche principale qu’il s’était imposée, de concert avec la majeure partie des fermiers, c’était de briser le pouvoir des grands propriétaires et de leurs agents dans l’île. La responsabilité ministérielle, l’élargissement du droit de vote, l’instruction gratuite pour tous et la loi sur le rachat des terres constituaient pour lui des moyens d’y parvenir.

Si Coles ne réussit pas entièrement, c’est en partie à cause des limites que Whelan et lui étaient parvenus à imposer au mouvement de réforme dans l’île. Coles refusa d’accepter le radicalisme des membres de la ligue des locataires bien que leurs principes et les siens aient été, au fond, semblables. Comme eux, c’était à la domination qu’exerçaient les propriétaires qu’il s’opposait, et non au droit de propriété. Après tout, les fermiers réclamaient tout simplement le droit de devenir propriétaires. Mais Coles, vivant dans l’aisance, ne pouvait accorder son appui à la mainmise des terres par la force tandis que les locataires qui, eux, étaient dans la gêne, avaient moins de scrupules. Il est impossible de savoir si, sous la direction de Coles, la ligue serait arrivée à ses fins. Toujours est-il qu’il mourut avant que la question des terres ne trouvât sa solution.

À la mort de Coles, les journaux de l’île le couvrirent d’éloges. L’Argus en faisait « l’étoile la plus brillante qui ait jamais illuminé l’histoire politique de sa province ». Et dans l’Examiner, qui à l’époque était conservateur, on put lire « Nous n’hésitons pas à affirmer que personne, dans la colonie, n’a jamais aussi honnêtement gagné l’estime et le respect du peuple. » George Coles, l’instigateur du gouvernement responsable, de l’instruction gratuite, du droit de vote élargi et de la réforme agraire, avait transcendé les animosités diverses qu’il avait suscitées sa vie durant et était devenu le héros des deux partis.

Ian Ross Robertson

On n’a pas encore découvert de collection des papiers de George Coles. Toutes les sources manuscrites citées ici ont été consultées pour toute la durée de la carrière de Coles. Les documents les plus importants qui ont servi à la rédaction de cette biographie sont : PAPEI, Henry Jones Cundall, letter book, 27 mars 1867–26 mai 1871, pp. 137, 155 ; Report of the speeches and proceedings at the inauguration of the Normal School in Charlottetown [...], R. B. Irving, rédact. (Charlottetown, 1856), 27–29 ; Prince Edward Island, Executive Council, Minutes, 1847–1848, 1851–1859, 1867–1868.— Prince Edward Island Libraries (Charlottetown), Dr John Mackieson diaries, 25 juin 1851.— Prince Edward Island, Supreme Court, Estates Division, testament de George Coles, 3 juill. 1865.— PRO, CO 226/71, 259–261, 265–268, 287–300, 306–317, 328, 331, 332, 348–353, 358–368, 378, 451–458, 478 ; CO 226/73, 88–89 ; CO 226/83, 88 ; CO 226/90, 89–90 ; CO 226/105, 233.

Les meilleures sources de renseignements sur la carrière de Coles sont les rapports des séances de l’Assemblée de l’Île-du-Prince-Édouard et les journaux du temps. Ci-dessous on trouvera la liste des références les plus importantes sur les premières années de la vie politique de Coles, sur la position qu’il prit concernant la question des terres, d’un conseil législatif électif et du commerce avec les États-Unis, ainsi que sur les troubles mentaux qui l’affectèrent vers la fin de sa vie : Debates and proceedings of the House of Assembly of Prince Edward Island, 1855, 17, 20, 29s., 52 ; 1857, 128 ; 1859, 10, 75, 84, 90 ; 1860, 11–14, 68 ; 1861, 88, 121 ; 1862, 29 ; 1863, 33 ; 1864, 18 ; 1865, 9, 67 ; 1866, 7s., 9–13, 28s., 46s. ; 1868, 72, 224 ; 1869, 45, 200 ; 1870, 239, 241 ; 1873, 283–285, 287.— Au sujet des mesures disciplinaires prises à l’égard de Coles en 1846, de son caractère emporté, de l’abandon de son siège en 1848 et de l’élection partielle qui le lui rendit, et de sa défaite électorale en 1853, voir : Journal of the House of Assembly of Prince Edward Island, 1846, 43–46, 98 ; 1848, 6–14, 58, 166s. ; 1854, 8, 43, 58, app. L.

Si l’on s’intéresse à sa carrière d’homme d’affaires, à ses allégeances politiques, à ses opinions sur la question des terres, à l’importance qu’il attachait à l’éducation, à son opinion sur un droit de vote plus étendu et sur le commerce avec les États-Unis, à sa querelle avec Joseph Pope, à sa lutte pour obtenir la responsabilité ministérielle et aux élections partielles de 1847 et de 1848, on consultera : Colonial Herald (Charlottetown), 21 oct. 1843.— Examiner (Charlottetown), 28 août 1847, 8 janv., 15 janv., 22 janv., 29 janv., 18 mars, 17 juill., 7 déc. 1848, 1er janv. 1849, 14 août, 30 oct. 1850, 3 juill., 31 juill., 7 août, 14 août 1865.— Islander (Charlottetown), 24 nov., 1er déc. 1843, 1er mai, 8 mai, 15 mai 1846, 4 juin 1852, 10 mars 1854, 11 juin 1869.— Morning News (Charlottetown), 19 oct., 11 déc. 1844.— Patriot (Charlottetown), 12 nov. 1868, 27 avril 1871.— Royal Gazette (Charlottetown), 29 oct. 1833, 17 juin, 22 juill., 25 nov. 1834, 27 oct., 8 déc. 1835, 10 mai 1836, 5 sept. 1837, 1er sept., 15 déc. 1840, 7 juin 1842, 7 févr., 14 févr., 21 févr., 14 mars, 4 avril, 11 avril, 18 avril 1843, 5 mars, 12 mars, 20 août 1844, 18 mars, 1er avril, 15 avril, 22 avril 1845, 24 févr., 10 mars, 17 mars, 31 mars 1846, 16 mars, 23 mars, 24 avril, 27 avril, 11 mai, 15 juin 1847, 15 févr., 7 mars 1848, 9 mai 1850, 8 avril 1851, 29 janv., 23 févr., 26 févr., 5 avril, 16 avril, 17 mai 1852, 7 mars, 4 avril, 11 avril, 6 juin 1853.— Une notice nécrologique concernant Coles a paru le 23 août 1875 dans l’Examiner, les 24 août et 31 août 1875 dans l’Island Argus (Charlottetown) et le 3 sept. 1875 dans le Patriot.

Il n’existe aucune étude complète de l’Île-du-Prince-Édouard au xixe siècle. Les études les plus importantes concernant les grands problèmes de l’époque de Coles sont : Bolger, PEI and confederation.— Duncan Campbell, History of Prince Edward Island (Charlottetown, 1875), 200.— Clark, Three centuries and the Island, chap. 5, 6 ; p.95, table 3.— MacKinnon, Government of PEI, chap. 3, 5, 6, et pp.296–299.— MacNutt, Atlantic provinces, 210–212, 231–234, 252.— George Sutherland, A manual of geography and natural and civil history of Prince Edward Island for the use of schools, families, and emigrants (Charlottetown, 1861), 132–135.— D. C. Harvey, Dishing the Reformers, MSRC, 3e sér., XXV (1931), sect. ii : 37–44.— W. R. Livingston, Responsible government in Prince Edward Island : a triumph of self government under the crown (« University of Iowa studies in the social sciences », Louis Pelzer, édit., IX, no 4, Iowa City, 1931).— Robertson, Religion, politics, and education in PEI, drap. 1–7.— Nous nous sommes également servi, pour la préparation de cette étude, des ouvrages suivants : Creighton, Road to confederation, 155–157, 171, 179s.— Greenhill et Giffard, Westcountrymen in PEI, en particulier chap. 7, 8.— Waite, Life and times of confederation, 82s., 96.— H. R. Matthews, Education in Prince Edward Island (thèse de m.a., Mount Allison University, 1938), 8.  [i. r. r.]

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Ian Ross Robertson, « COLES, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/coles_george_10F.html.

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Auteur de l'article:    Ian Ross Robertson
Titre de l'article:    COLES, GEORGE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    20 nov. 2024