FITZGERALD, DAVID, ministre de l’Église d’Angleterre, fonctionnaire et auteur, né le 3 décembre 1813 à Tralee, comté de Kerry (république d’Irlande), fils de William Fitzgerald et d’Anne Minnitt ; en février 1843, il épousa à Kerry Charity Christina Purdon, et ils eurent six enfants dont trois fils seulement parvinrent à l’âge adulte ; décédé le 23 février 1894 à Charlottetown.

David Fitzgerald, l’aîné des garçons et le cinquième d’une famille de dix enfants, était fils d’un barrister et petit-fils d’un ministre anglican. Il fréquenta des écoles à Clonmel et à Limerick, puis en 1843 il obtint une licence ès arts au Trinity College de Dublin. Ordonné prêtre trois ans plus tard, il commença son ministère à titre de vicaire à Coltrain, dans le comté de Fermanagh (Irlande du Nord), puis il prit en charge une paroisse dans le même comté.

En 1847, Fitzgerald accepta le poste d’assistant du révérend Louis Charles Jenkins à l’église St Paul de Charlottetown. Le 3 juin, il arrivait dans cette ville avec sa femme, deux enfants et une domestique ; le 6 juin, il prononçait son premier sermon. Jenkins abandonna ses fonctions en 1854, et trois ans plus tard on élut Fitzgerald rector. Son installation eut lieu le 26 mars 1858. Pendant près de 40 ans, jusqu’à sa retraite en 1885, il remplirait ses fonctions pastorales avec fidélité et ferveur, gagnant le respect et l’estime de ses paroissiens.

Même s’il se consacra d’abord à son ministère et à l’avancement de l’Église et de ses membres, Fitzgerald s’intéressait beaucoup à l’éducation. Il établit et mit à la disposition des fidèles une bibliothèque bien garnie et participa à plusieurs sociétés qui encourageaient l’éducation chrétienne ; il fut aussi longtemps membre du bureau d’Éducation de la province, et prononça des conférences sur divers sujets. A lecture on the Reformation, paru à Charlottetown en 1859, figure parmi les sermons et les conférences qu’il aurait publiés. Le King’s College de Windsor, en Nouvelle-Écosse, lui décerna une maîtrise ès lettres ad eundem gradum en 1880, puis il obtint une licence et un doctorat en théologie l’année suivante.

Fitzgerald adhéra à de nombreuses sociétés ; la plupart d’entre elles étaient de nature religieuse ou visaient à promouvoir le protestantisme, par exemple, entre 1847 et 1886, la Diocesan Church Society de l’Île-du-Prince-Édouard et la Colonial Church and School Society (il fit partie de son comité de correspondance), ainsi que des sociétés bibliques et de propagande religieuse. Membre fondateur et soutien fidèle du Young Men’s Christian Association and Literary Institute, il appartint à la Prince Edward Island Association for Promoting Christianity amongst the Jews, et participa vers la fin de 1849 à l’organisation de la Micmac Mission, groupe protestant voué à l’amélioration du sort des Indiens de l’île [V. Thomas Irwin* ; Silas Tertius Rand*]. Il fut aussi administrateur de l’asile d’aliénés durant environ 20 ans, commissaire des terres assignées à un bénéfice ou réservées aux écoles, et aumônier du Conseil législatif en 1863–1867. Il participa activement au mouvement des Fils de la tempérance [V. James Barrett Cooper*], à titre d’aumônier et de représentant des divisions locale, insulaire et nationale. En 1861, il fut l’un des organisateurs d’un regroupement de tempérance qui demandait au gouvernement d’imposer des restrictions sur la vente d’alcool.

C’est envers la cause du protestantisme que l’engagement de Fitzgerald fut le plus ferme. Son préjugé contre les catholiques se manifesta ouvertement dans son adhésion, toute sa vie, à l’ordre d’Orange (il s’y était joint à Dublin en 1832). Aumônier de la loge de Charlottetown durant de nombreuses années, il ne renonça pas à cette fonction lorsque le lieutenant-gouverneur sir Alexander Bannerman* émit une proclamation qui désapprouvait les sociétés comme l’ordre d’Orange en raison de l’animosité qu’elles pouvaient soulever. Manifestant son désir évident de voir les habitants de l’île reconnaître le protestantisme comme « le chemin par excellence », selon ses propres termes, il se rangea du côté du parti conservateur. Quand Fitzgerald devint aumônier du Conseil législatif, Edward Whelan*, catholique de souche irlandaise et rédacteur en chef de l’Examiner de Charlottetown, affirma que c’était une récompense pour services politiques.

Vers la fin de 1856, Fitzgerald joua un rôle clé dans l’une des questions les plus épineuses de la vie politique de l’île. Alors qu’il était membre du bureau d’Éducation, il rendit publique une lettre de Mgr Bernard Donald Macdonald* au premier ministre George Coles*, lettre dans laquelle l’évêque parlait de la lecture de la Bible à l’école normale de l’île. Fitzgerald participa ensuite à une campagne en vue d’autoriser ces lectures dans toutes les écoles publiques. Le rôle de la religion dans l’enseignement allait dominer le débat politique durant 20 ans.

Une conséquence des événements de 1856 fut la « grande réunion protestante » tenue à Charlottetown le 13 février 1857 et présidée par un autre chef de file protestant, John Hamilton Gray*. Fitzgerald et les autres préconisèrent la lecture obligatoire de la Bible dans les écoles et décidèrent de fonder un périodique pour faire avancer la cause protestante. On lança cette année-là le Protector and Christian Witness, et Fitzgerald était de ceux que l’on présumait responsables de l’extrémisme du contenu. Il se peut même qu’il ait rédigé l’éditorial du 14 octobre selon lequel l’île « ne [pouvait] pas être à la fois romaine et protestante, puisqu’il s’agit de contraires ». Les ministres protestants, précisait-on, devaient « utiliser la chaire, la presse et la tribune électorale pour faire bien comprendre leurs principes. Négliger cela revenait à jouer le rôle de traîtres. »

Le journal cessa de paraître en janvier 1859, et Fitzgerald collabora alors au Monitor de J. B. Cooper. Dans des articles publiés en 1862–1863, il faisait allusion au romanisme comme à « une erreur mortelle et destructrice pour l’âme » et appelait les catholiques à se convertir à la vraie religion et les ministres à « s’éveiller à leur devoir et à parler haut pour aider ceux qui étaient tenus dans l’ignorance ». De concert avec l’Evangelical Alliance of Prince Edward Island, formée à Charlottetown en 1870, il participa au débat sur l’enseignement confessionnel dans l’île et ailleurs. En mars 1874, avec 54 autres « pasteurs chrétiens », il s’opposa publiquement aux efforts de Mgr Peter McIntyre en vue d’assurer un soutien gouvernemental aux écoles catholiques ; l’année suivante, il publia avec des membres de l’Evangelical Alliance un manifeste contre la loi fédérale qui visait à instaurer un système d’enseignement confessionnel dans les Territoires du Nord-Ouest.

Le 23 février 1894, quelques semaines après avoir été projeté hors de son traîneau, David Fitzgerald mourut des suites de ses blessures. Sa femme était décédée plusieurs mois auparavant. C’est le Daily Examiner qui, le jour de son décès, décrivit le mieux le caractère impétueux et entêté de cet homme : le « Dr. Fitzgerald possédait une grande force de principe. Tous connaissaient exactement ses opinions comme homme d’Église et comme citoyen. [Qu’il ait eu] tort ou raison, il était sincère et honnête. Son courage moral n’a jamais failli. » Dans une notice nécrologique, le Guardian fit écho à ces sentiments : « Et le jugement de tous ceux qui ont parlé de sa carrière était que ces forts traits de caractère, unis à une générosité de cœur authentique mais discrète, ont fait de lui l’une des personnalités les plus marquantes de Charlottetown au cours du dernier demi-siècle. »

Jean Layton MacKay

Grand Orange Lodge of Prince Edward Island (Charlottetown), Annual report, 1862–1863.— Î.-P.-É, Legislative Council, Journal, 1863.— Daily Examiner (Charlottetown), 13 avril 1885, 10, 20, 23 févr. 1894.— Examiner (Charlottetown), 25 déc. 1847, 1er janv., 22 févr. 1848, 16 févr. 1849, 23 févr., 9 mars 1857, 15 mars 1858, 24 janv. 1859, 19 avril, 15 juill., 12 août 1861, 13 oct. 1862, 23 févr., 9 mars 1863, 3 janv., 7 févr., 27 mars 1876.— Guardian (Charlottetown), 1er mars 1894.— Haszard’s Gazette (Charlottetown), 16 nov., 21 déc. 1852, 4 janv., 23 févr., 27 avril, 27 août, 29 oct. 1853, 4 févr., 1er nov. 1854, 11 oct. 1856.— Islander, 1847–1852, 1856–1857, 1859–1861, 29 juin 1866, 29 mars 1867, 19 août 1870, 7 mars 1873.— Monitor (Charlottetown), 1857–1865.— Patriot (Charlottetown), 10 avril 1869, 15 févr., 15 mars, 17 avril 1873, 8 avril 1885, 23 févr. 1894.— Protector and Christian Witness (Charlottetown), 4, 18, 25 mars, 20 mai, 14 oct., 4 nov. 1857, 24 févr. 1858 (copie aux PAPEI).— Protestant and Evangelical Witness (Charlottetown), 7, 28 janv., 4, 25 févr., 17 mars, 5 mai 1860, 2 janv. 1862.— Ross’s Weekly (Charlottetown), 21 janv., 15 avril, 27 mai 1861.— Royal Gazette (Charlottetown), 28 déc. 1847, 11, 25 janv., 1er févr., 2 mai, 29 août 1848, 2 janv., 1er mai 1849, 8, 22 mars 1852, 14 avril 1883.— Vindicator (Charlottetown), 19 déc. 1862, 6 févr., 22 mai, 3 juill. 1863.— Canadian biog. dict.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2.— Morgan, Bibliotheca canadensis.— P.E.I. almanac, 1853–1854 ; 1868–1881(Harvie) ; 1879–1887 (Chappelle).— P.E.I. calendar, 1862–1868, 1870–1872.— P.E.I. directory, 1864.— Univ. of King’s College, The calendar of King’s College, Windsor, Nova Scotia [...] (Halifax), 1881–1882.— W. E. MacKinnon, The life of the party : a history of the Liberal party in Prince Edward Island (Summerside, Î.-P.-É., 1973).— T. R. Millman et A. R. Kelley, Atlantic Canada to 1900 ; a history of the Anglican Church (Toronto, 1983).— Past and present of Prince Edward Island [...], D. A. MacKinnon et A. B. Warburton, édit. (Charlottetown, [1906]), 197, 231, 270, 274.— I. R. Robertson, « Religion, politics, and education in P.E.I. ».— H. J. Cundall, « The early days of the Young Men’s Christian Association and Literary Institute », Prince Edward Island Magazine and Educational Outlook (Charlottetown), 6 (1904) : 192–201.

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Jean Layton MacKay, « FITZGERALD, DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fitzgerald_david_12F.html.

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Auteur de l'article:    Jean Layton MacKay
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    20 nov. 2024