MACDONALD, ANDREW ARCHIBALD, marchand, homme politique et fonctionnaire, né le 14 février 1829 à Brudenell Point, Île-du-Prince-Édouard, premier enfant de Hugh Macdonald et de Catharine Macdonald ; le 25 novembre 1863, il épousa à Georgetown, Île-du-Prince-Édouard, Elizabeth Lee Owen*, et ils eurent quatre fils ; décédé le 21 mars 1912 à Ottawa.

Andrew Archibald Macdonald appartenait à une dynastie qui, pendant plus d’un siècle, domina la vie politico-économique de la portion centrale du comté de Kings. Son grand-père paternel, Andrew, tacksman et marchand des Highlands, immigra à l’Île-du-Prince-Édouard en 1806 avec une quarantaine de parents. Il acheta 10 000 acres de terres sur les lots 8 et 52 ainsi que l’île de Panmure, où lui-même et sa famille s’établirent. Avec ses fils Angus et Hugh, il créa une entreprise de commerce et de construction navale. En 1829, lorsqu’Andrew Archibald vit le jour, son grand-père était à la retraite, et Hugh exploitait l’entreprise avec Angus. Ces deux notables catholiques furent parmi les premiers députés de leur confession religieuse à être élus à la Chambre d’assemblée de l’île en 1830.

En immigrant à l’Île-du-Prince-Édouard, les Macdonald conservèrent une partie du prestige qu’ils avaient outre-Atlantique. Avec quelques autres familles, dont leurs cousins les MacDonald de Tracadie [V. John MacDonald* of Glenaladale], ils formaient dans la petite colonie une sorte d’aristocratie catholico-écossaise. En raison de leur relative aisance et de leur fier lignage, les autres Highlanders catholiques leur manifestaient du respect, sinon de l’obéissance ; la hiérarchie ecclésiastique coloniale, dominée par des Écossais des Highlands, leur montrait de la considération, sinon de la déférence, et la « respectable » société protestante les acceptait, quoique parfois avec réticence.

La petite enfance de Macdonald se déroula dans une belle maison de briques, au milieu de serviteurs. Il eut des précepteurs et fréquenta à Georgetown une école d’aspect rudimentaire, mais une série de revers financiers subis par sa famille l’empêcha de poursuivre ses études. En 1844, à l’âge de 15 ans, on l’envoya travailler à Georgetown dans un magasin qui appartenait à un cousin. À la mort de celui-ci, en 1851, il reprit le commerce et, peu après, il forma la A. A. Macdonald and Brothers avec ses deux frères, Archibald John et Augustine Colin. L’entreprise prit de l’expansion et se diversifia. Entre 1850 et 1870, Andrew Archibald fut copropriétaire de 20 navires ; certains avaient été construits pour l’exportation, mais la plupart servaient au transport. Sa compagnie expédiait des céréales, des pommes de terre et du bois en Nouvelle-Angleterre, à Terre-Neuve et en Grande-Bretagne. Elle importait des produits manufacturés qu’elle vendait dans ses magasins de Georgetown et de Montague Bridge (Montagu). En outre, dans les années 1860 et 1870, elle fit la pêche au maquereau dans le golfe du Saint-Laurent.

Grâce au commerce et à ses antécédents familiaux, Macdonald eut un bon tremplin pour faire son entrée en politique. En 1854, il se fit élire député de Georgetown and Royalty à l’Assemblée. Du fait qu’elle appartenait à une lignée de propriétaires terriens, sa famille penchait du côté des conservateurs, mais lui-même suivit la tradition des catholiques de l’île en soutenant les libéraux, qui furent portés au pouvoir sous la direction de George Coles*. Bien que Macdonald n’ait pas pris souvent la parole en Chambre, les traits caractéristiques de sa carrière parlementaire étaient déjà apparents : style concis, arguments raisonnés, adhésion déclarée aux désirs de ses électeurs.

Macdonald fut réélu en 1858. L’année suivante, il remporta encore la victoire, mais l’un des candidats défaits contesta son élection et, après un débat animé, la Chambre, dominée par les conservateurs, lui retira son siège. Battu au scrutin de 1863, qui se déroula au milieu de slogans contre « l’agression papiste » [V. William Henry Pope*], Macdonald remporta un siège quelques semaines plus tard au Conseil législatif, qui était électif depuis peu, mais fut délogé encore une fois. À l’élection partielle qui s’ensuivit, il fut élu sans opposition. Cette suite d’épreuves semble l’avoir fortifié : au cours de la session législative de 1864, il s’imposa comme chef de l’opposition au Conseil législatif. À la suite de la reprise du pouvoir par les libéraux de Coles en 1867, il entra au Conseil exécutif (le 2 avril) et devint leader du gouvernement au Conseil législatif.

La carrière politique de Macdonald coïncida avec l’une des périodes de l’histoire de l’Île-du-Prince-Édouard où les luttes entre partis furent les plus vives. De 1863 à 1873, années critiques, quatre grandes questions dominèrent les débats : les terres, la Confédération, les chemins de fer et l’éducation. Chacune, à elle seule, aurait mis à l’épreuve le plus stable des gouvernements. Entremêlées comme elles l’étaient, elles sapèrent le régime des partis, encore tout jeune dans la colonie.

En tant que marchand, Macdonald avait avantage à ce que les petits propriétaires terriens soient prospères ; il était donc gagné à la réforme agraire qui éliminerait le régime de tenure à bail en vigueur dans la colonie. En tant que propriétaire, cependant, il réprouvait le radicalisme manifesté par la ligue des locataires (Tenant League) vers 1865 [V. Edward Whelan*]. Pour lui, la solution était que les grands propriétaires puissent vendre volontairement leurs terres au gouvernement. En 1875, lorsque le gouvernement de son beau-frère Lemuel Cambridge Owen fit adopter une loi qui les obligeait à vendre, il fut chargé, à titre de mandataire public, de surveiller la liquidation des dernières propriétés.

Pareille modération n’était pas possible en matière d’éducation. Tout au long des années 1860, l’évêque catholique de Charlottetown, Peter McIntyre*, avait fait campagne pour le financement public des écoles confessionnelles. Macdonald réussit à éluder la question pendant quelque temps, mais, au bout du compte, les pressions associées à son affiliation religieuse eurent raison de sa loyauté envers son parti. En 1870, quand le caucus libéral refusa d’approuver l’octroi d’une aide gouvernementale au St Dunstan’s College, établissement catholique, Macdonald et George William Howlan* amenèrent les membres catholiques du caucus à s’allier aux conservateurs de James Colledge Pope*, ce qui entraîna la démission du gouvernement de Robert Poore Haythorne*. La coalition des catholiques avec les conservateurs n’avait rien de naturel, et elle tint seulement grâce à un engagement étonnant : ne pas soulever la question de la Confédération ni la question scolaire avant les élections générales. Bien qu’il n’ait plus été leader gouvernemental au Conseil législatif, Macdonald joua un rôle prépondérant dans le gouvernement Pope. Très favorable à la construction d’un chemin de fer transinsulaire, il garda bonne réputation malgré les accusations de corruption qui entraînèrent la chute de ce gouvernement en mars 1872.

L’affaire du chemin de fer eut beau tourner mal, elle causa à Macdonald beaucoup moins de problèmes que la question des écoles confessionnelles. Au début des années 1870, McIntyre réclamait un réseau complet d’écoles confessionnelles financé par les fonds publics. La polarisation de l’opinion plaçait Macdonald dans une position difficile. Malgré sa foi, il ne se considérait pas avant tout comme un homme politique « catholique ». En tentant à la fois de conserver son intégrité politique et de remplir son devoir de catholique, il se brouilla avec le redoutable évêque.

Évincés du pouvoir à cause du chemin de fer, les partisans de James Colledge Pope se trouvèrent libérés de leur promesse de ne pas soulever la question scolaire. Pendant l’été de 1872, leur caucus essaya de séduire les quatre catholiques du nouveau gouvernement Haythorne en adoptant une proposition en faveur de l’octroi de subventions aux écoles confessionnelles. Macdonald fit partie de la délégation qui transmit officieusement cette offre de l’opposition à l’évêque. Les négociations échouèrent ; le caucus retira sa proposition, sans pour autant cesser de faire miroiter des concessions.

À l’approche de l’entrée de l’Île-du-Prince-Édouard dans la Confédération, McIntyre intensifia ses pressions sur les hommes politiques catholiques pour qu’ils précipitent d’une façon quelconque l’adoption d’une loi sur les écoles confessionnelles. Macdonald et d’autres offrirent en avril 1873 de former un bloc catholique indépendant à l’Assemblée. Encore confiant de pouvoir arracher une loi aux conservateurs, l’évêque les pressa plutôt d’aider Pope, qui tentait de former un gouvernement au lendemain de sa victoire aux élections, dont l’enjeu avait été les conditions de l’union avec le Canada. De fait, Macdonald, George William Howlan et William Wilfred Sullivan acceptèrent d’entrer au Conseil exécutif. Toutefois, quand il vit que les écoles confessionnelles ne figuraient pas dans les « meilleures conditions » promises par Pope, McIntyre, furieux, exigea de tous les députés catholiques qu’ils se retournent contre le gouvernement Pope. Macdonald refusa, comme d’autres conservateurs catholiques. Il s’était déjà prononcé en faveur de la Confédération et ne voulait pas déclencher une autre crise politique. McIntyre, dit-on, l’accusa de « trahison et [de] duperie ». Attaqué sans relâche par le journal de l’évêque, le Herald de Charlottetown, Macdonald se résigna à écrire une longue lettre au rédacteur en chef pour justifier sa conduite, ce qui n’était pas dans ses habitudes.

De son temps, Macdonald se fit connaître surtout en raison de la question scolaire, mais aujourd’hui, on se souvient de lui principalement à cause de son rôle dans l’admission de l’Île-du-Prince-Édouard au sein de la Confédération. À titre de chef de l’opposition au Conseil législatif, il fut l’un des cinq délégués de l’île à la conférence de Charlottetown, en septembre 1864. À la reprise des pourparlers à Québec, le mois suivant, il figurait parmi les sept représentants de sa colonie. Les notes sommaires qu’il prit au cours de cette rencontre sont l’une des principales sources qui permettent de reconstituer les négociations. Si l’on excepte une suggestion novatrice – que toutes les provinces aient une représentation égale à la Chambre haute fédérale –, il prit une part plutôt modeste à cette conférence.

À Charlottetown, Macdonald s’était opposé catégoriquement à l’idée d’union législative. À l’ajournement de la conférence de Québec, son opinion était faite aussi sur l’union fédérale. Selon lui, même si, en adhérant à cette forme d’union, l’Île-du-Prince-Édouard recevait des fonds pour racheter le reste des propriétés louées à bail, elle aurait peu de pouvoir réel et de ressources, car elle était petite et serait soumise à une double imposition. Dans les années suivantes, il demeura un anticonfédérateur déclaré ; d’après lui, l’île ne gagnerait rien à faire partie du dominion et la très grande majorité des habitants s’opposaient à ce qu’elle y entre. Seule la faillite qui menaça la colonie en 1873 à cause de son énorme dette ferroviaire le convertit (comme la plupart des insulaires). Et, même alors, il continua de réclamer des modalités qui permettraient au gouvernement provincial de poursuivre ses activités « sans recourir à l’imposition locale ». Ce fut le gouvernement libéral de Haythorne qui négocia les conditions avec le Canada, mais l’île entra dans la Confédération sous le gouvernement conservateur de Pope. Et ce fut Macdonald qui, le 26 mai 1873, proposa au Conseil législatif d’entériner les modalités définitives de cette entrée. Cependant, il abandonna la vie politique avant le 1er juillet 1873, date à laquelle l’Île-du-Prince-Édouard devint officiellement une province canadienne. En effet, Pope l’avait nommé maître général des Postes dans l’espoir de calmer l’irritation engendrée chez les catholiques par sa politique ambivalente en matière d’éducation. Cette fonction prit le titre de maître fédéral des Postes de Charlottetown au moment où l’île fut admise dans le dominion.

Vers 1871, Macdonald avait quitté Georgetown pour s’installer à Charlottetown. Il se retira de la A. A. Macdonald and Brothers et ouvrit une épicerie de gros à Charlottetown avec son beau-frère A. Wallace Owen. Au plus tard en 1878, la Macdonald and Owen fit faillite, ce qui porta un dur coup à la situation financière de Macdonald. Jusqu’à la fin de ses jours, son traitement de fonctionnaire constituerait la majeure partie de ses revenus. À sa rémunération s’ajouta, le 1er août 1884, le prestige d’accéder au poste de lieutenant-gouverneur de l’île. Si l’on excepte le fait qu’il bannit l’alcool de sa résidence officielle, son mandat de cinq ans fut sans histoire. Le 11 mai 1891, il accéda au Sénat. Malade dans ses dernières années, il mourrait à Ottawa en 1912.

Un des rivaux d’Andrew Archibald Macdonald dans la course aux charges publiques écrivit en 1889 : « Un membre quelconque de cette famille a-t-il des prétentions particulières auprès de la province ou du Parti libéral-conservateur ou leur a-t-il jamais rendu un service remarquable, il est difficile de le dire, mais, dans le comté de Kings, [ces gens] ont surtout la réputation de veiller à leurs propres intérêts. » Voilà un commentaire bien désobligeant sur Macdonald. Après tout, durant dix années critiques, il fut au cœur de la vie de l’Île-du-Prince-Édouard. S’il s’occupa de ses propres intérêts, il le fit toujours, semble-t-il, en se laissant guider aussi par son sens de l’honneur et son civisme. De plus, en cette époque de virulentes querelles entre partis, il conserva le respect d’un grand nombre de citoyens à cause de son intégrité et de sa compétence. À la fin de sa vie, il était devenu une sorte de curiosité : le seul survivant des Pères de la Confédération à part sir Charles Tupper. Cet ancien anticonfédérateur mourut fier d’avoir contribué à la fondation du Canada moderne.

G. Edward MacDonald

Comptant parmi les derniers survivants des pères de la Confédération, Andrew A. Macdonald fut sollicité pour l’obtention d’information de première main. Ses publications sur le sujet comprennent « The confederation movement in Prince Edward Island », dans Canada, an encyclopædia (Hopkins), 5 : 431–434 ; « Confederation by one of its makers », Canadian Colliers (Toronto), 43 (1909), n° 15 : 20s. ; et, document le plus important, « Notes on the Québec conférence, 1864 », A. G. Doughty, édit., CHR, 1 (1920) : 26–47.

Le journal personnel de Macdonald pour les mois de janvier à avril 1870 fut transcrit par George Leard et publié sous le titre « Ships and weather, by a Father of Confederation », dans Guardian of the Gulf (Charlottetown), 28–30 janv. 1952.

AN, RG 42, 1352–1371 (mfm au PARO).— Arch. privées, G. E. MacDonald (Charlottetown), A. J. Macdonald, notice biographique sans titre, 1909 (photocopie).— PARO, Ace. 2323/6 ; Acc. 2654/224a ; RG 5, minutes, 1867–1873 ; Supreme Court, estates div. records, liber 19 : f.60 (mfm).—PRO, CO 226/106 : 225–226 (mfm au PARO).— Examiner (Charlottetown), 16 nov. 1857, 26 janv., 9 févr., 13 juill. 1863, 4 mars 1872, 1er août 1884.— Haszard’s Gazette (Charlottetown), 24 juin 1854.— Herald (Charlottetown), 24 mai 1871, 17 juill. 1901.— Islander (Charlottetown), 11 janv. 1856, publié par la suite sous le titre Prince Edward Islander, 28 nov. 1873.— Patriot (Charlottetown), 27 mars 1869, 22 mars 1912.— Prince Edward Island Register (Charlottetown), 23 mai 1826.— Vindicator (Charlottetown), 2 déc. 1863.— J. M. Bumsted, « Parliamentary privilege and electoral disputes on colonial Prince Edward Island, part two », Island Magazine (Charlottetown), n° 27 (printemps-été 1990) : 15–2l.— Canadas smallest province : a history of P.E.I., F. W. P. Bolger, édit. ([Charlottetown], 1973).— CPG, 1891.— Î.-P.-É., House of Assembly, Debates and proc., 1856–1859 ; Journal, 1859, app. A ; Legislative Council, Debates and proc., 1863–1873 ; Journal, 1863–1873.— [Archibald Irwin], « Our prominent men – xii : Hon. A. A. Macdonald », Prince Edward Island Magazine and Educational Outlook (Charlottetown), 6 (1904) : 25–30.— Past and present of Prince Edward Island [...], D. A. MacKinnon et A. B. Warburton, édit. (Charlottetown, [1906]), 570–572.— I. R. Robertson, « Religion, politics, and education in Prince Edward Island from 1856 to 1877 » (mémoire de m.a., McGill Univ., Montréal, 1968).

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G. Edward MacDonald, « MACDONALD, ANDREW ARCHIBALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_andrew_archibald_14F.html.

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Auteur de l'article:    G. Edward MacDonald
Titre de l'article:    MACDONALD, ANDREW ARCHIBALD
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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