Henri Bourassa, homme politique, journaliste, auteur et conférencier, a été un adversaire virulent et inlassable des suffragistes :
[E]n avril [1899], [Bourassa] prononce une conférence à Ottawa, qu'il répétera à Montréal en mai, dans laquelle il flagelle le féminisme naissant et incite la femme à se détourner des charges publiques pour se consacrer au foyer familial.
La résistance au suffrage féminin n’a pas seulement été masculine. Plusieurs femmes, comme Clementina Trenholme (Fessenden), s'y sont en effet vigoureusement opposées :
Dans une série de lettres aux journaux, [Clementina Trenholme] expliqua que les femmes se leurraient en croyant que voter leur donnerait du pouvoir, car seuls les hommes étaient en position d’appliquer les lois. Le mouvement des femmes était acceptable dans la mesure où il renforçait l’influence féminine dans la sphère domestique, mais le « suffragisme », écrivit-elle en 1913 dans le Hamilton Spectator, était « seulement un premier pas vers le socialisme, l’agnosticisme, l’anarchie, le féminisme, toutes choses qui, individuellement et ensemble, mèner[aient] au « démembrement de l’Empire ».
Pour leur part, Marie Lacoste (Gérin-Lajoie) et les suffragistes de la province de Québec ont fait face à des adversaires résolus, dont l’épiscopat, qui ont retardé jusqu’en 1940 l’obtention du droit de vote :
Bien [que Marie Gérin-Lajoie] connaisse depuis longtemps l'hostilité de l'épiscopat québécois envers le suffrage des femmes, la vigueur de la campagne médiatique antisuffragiste la surprend. Certains évêques usent de tout leur pouvoir pour convaincre leurs ouailles que le droit de vote des femmes est contraire à la doctrine catholique.
Comme d’autres femmes, l’écrivaine Félicité Angers, dite Laure Conan, a exprimé sa relative indifférence face à la question du suffrage féminin :
[D]ans le Coin du feu de Montréal, en décembre 1893, Laure Conan répond à Joséphine Dandurand [Marchand] : « Je vous avoue, madame, que le droit de voter me semble pour nous assez peu désirable. Mais, si jamais il nous était accordé – ce dont je n’ai cure – c’est ma conviction que les femmes n’en pourraient guère user plus mal que les hommes. »
La journaliste Catherine (Kathleen Blake) Ferguson, dite Kit Coleman (Willis ; Watkins ; Coleman), a quant à elle connu une période de doutes avant d’appuyer la cause du droit de vote :
[Kathleen Blake Ferguson] ne prit pas position publiquement en faveur du suffrage féminin avant 1910, en partie parce que le Mail et le Mail and Empire s’y opposaient farouchement. En outre, elle ne savait trop dans quelle mesure les femmes – et les journalistes « objectifs » – devaient se mêler de politique. Ses hésitations ne s’expliquent pas uniquement par son tempérament ou par des considérations professionnelles : bon nombre de ses contemporaines étaient déchirées entre les nouvelles possibilités qui s’offraient aux femmes et les modèles plus effacés de féminité qu’on leur avait inculqués dans leur enfance.
Pour prendre la mesure de l’opposition masculine et féminine à l’obtention du droit de vote, de même que de l’indifférence et des doutes exprimés par certaines femmes à son égard, nous vous invitons à consulter les biographies suivantes.