L’ascension sociale et politique de George-Étienne Cartier découle notamment de la formation qu’il reçoit de 1824 à 1835. Celle-ci lui permettra de nouer des alliances avec le monde des affaires et de la politique à Montréal dans la première moitié du xixe siècle.
Les études classiques (1824–1831)
En l’absence d’école dans son village natal de Saint-Antoine-sur-Richelieu, George-Étienne reçoit son instruction primaire de sa mère, Marguerite Paradis, puis, en 1824 :
[il] entra au collège de Montréal, dirigé par les sulpiciens, avec lesquels il resta lié toute sa vie. Il fut un écolier appliqué et brillant. Il termina ses études secondaires en 1831 et s’initia ensuite au droit dans l’étude d’Édouard-Étienne Rodier*.
L’initiation au droit (1831–1835)
En entamant son stage en 1831, Cartier grossit les rangs d’un cabinet réputé et prestigieux, soit celui d’Édouard-Étienne Rodier. La biographie de ce dernier donne une idée du réseau professionnel et social dont Cartier pourra bénéficier à l’aube de sa carrière :
[Rodier] reçoit enfin sa commission d’avocat le 28 mai 1827 et décide d’exercer sa profession à Montréal. Fin causeur aux talents oratoires déjà reconnus, il élargit son influence en s’établissant un réseau important de relations et de solides amitiés parmi les membres des professions libérales les plus titrés de sa génération. Il parvient ainsi à se constituer rapidement une clientèle importante […] Une vie nouvelle commence pour lui : celle d’un jeune avocat brillant, reconnu, adopté par les gens de sa profession.
Les premières armes en politique (1834–1835)
Cartier est officiellement reçu avocat le 9 novembre 1835 :
[…] et commença à exercer sa profession avec son ancien patron [, Édouard-Étienne Rodier], tout en continuant à s’intéresser activement aux luttes qui marquèrent, surtout dans la région de Montréal, ces années de grande effervescence.
Déjà, alors qu’il était étudiant, Cartier avait travaillé, aux élections de 1834, en faveur de Louis-Joseph Papineau et de Robert Nelson.
Pour Cartier, les années d’initiation au droit et à la pratique juridique sont donc aussi celles où il prend goût et s’initie à la politique aux côtés de Rodier, dont cet extrait de la biographie montre qu’il était déjà un acteur important en politique :
Au cours des années 1827–1830, l’avocat [Rodier] appuie ouvertement Louis-Joseph Papineau* qui tente de raffermir son autorité et d’unifier le parti canadien, devenu en 1826 le parti patriote. Un nouveau journal de combat, la Minerve, défend les politiques prônées par Papineau. Rodier se montre extrêmement sensible à ces nouvelles orientations et vient rejoindre les rangs du parti patriote dont il représente la relève et la tendance radicale avec Louis-Hippolyte La Fontaine*, Augustin-Norbert Morin*, Charles-Ovide Perrault, Jean-Olivier Chénier, Clément-Charles Sabrevois* de Bleury, Wolfred* et Robert* Nelson, et Cyrille-Hector-Octave Côté […]
Le 24 juin 1834, il prend la parole au premier banquet de la Saint-Jean-Baptiste, à Montréal [V. Jean-François-Marie-Joseph MacDonell*]. Puis, aux élections tenues à l’automne, il fait preuve d’une activité débordante. Partout où il passe, il subjugue les électeurs et il est réélu facilement dans sa circonscription. L’orateur éloquent de la chambre d’Assemblée se double alors d’un orateur populaire.
Au banquet de la Saint-Jean-Baptiste de 1835, Cartier et Rodier font tous deux des interventions mémorables :
[Le premier] fit entendre un autre chant patriotique de sa composition intitulé Avant tout je suis Canadien, qui devint plus tard un hymne de ralliement pour les Fils de la liberté, association de militants canadiens-français à laquelle Cartier appartenait [V. Leblanc].
[Le second] se fait particulièrement remarquer par son discours de clôture […] Il s’y déclare en désaccord avec les positions officielles de l’Église sur le pouvoir civil et réitère sa foi en la souveraineté du peuple, source naturelle et légitime de tout pouvoir. De ce fait, Rodier représente de plus en plus cette minorité agissante au sein du parti patriote qui souhaite changer les institutions politiques coloniales et chambarder la structure sociale.
Pour en savoir davantage sur les années de formation de Cartier, nous vous invitons à consulter les listes de biographies suivantes.