Thomas Wetmore (1767–1828) fit partie des loyalistes qui immigrèrent dans les Maritimes après la guerre d’Indépendance américaine. Il s’installa dans ce qui deviendrait Saint-Jean, étudia le droit et, grâce à son mariage, s’intégra à un large groupe de familles en vue, mais n’eut lui-même que peu d’influence. Il occupa plusieurs charges publiques, dont celles de lieutenant-colonel des unités de milice cantonnées à Saint-Jean, de procureur général et de membre de la chambre d’Assemblée et du conseil provincial. Malgré son cabinet d’avocat prospère, il mourut insolvable.

WETMORE, THOMAS, avocat, fonctionnaire, officier de milice, homme politique et juge de paix, né le 20 septembre 1767 à Rye, New York, cinquième des huit enfants de Timothy Wetmore et de Jane Haviland ; le 17 mars 1793, il épousa à Gagetown, Nouveau-Brunswick, Sarah Peters, et ils eurent 12 enfants ; décédé le 22 mars 1828 dans son domaine de Kingswood, à Kingsclear (près de Fredericton).

Thomas Wetmore vint au Nouveau-Brunswick « avec les émigrants loyalistes » en 1783 et s’établit avec son père, Timothy Wetmore, d’abord à Carleton (Saint-Jean), puis à Gagetown. Il étudia le droit dans le cabinet de Ward Chipman, fut reçu attorney en 1788 et admis au barreau en 1790. Il s’associa à son père et fut nommé surrogate adjoint, greffier de la Cour inférieure des plaids communs et registrateur du comté de Queens. En 1793, il épousa Sarah Peters, fille du juge James Peters. Cette union et les mariages qu’allaient contracter ses enfants rattachèrent Wetmore à de nombreuses familles en vue mais, pendant un bon nombre d’années, il eut peu d’influence sur les dirigeants de l’élite provinciale et ne put obtenir « les faveurs du gouvernement ». Les chances de faire carrière à Gagetown étant limitées, Timothy Wetmore finit par retourner aux États-Unis et Thomas se fixa à Saint-Jean. En 1796, on le choisit pour être greffier de la Cour suprême ; cependant, le juge en chef George Duncan Ludlow* décida que cette charge ne devait pas être occupée par un avocat en exercice. Deux ans plus tard, Thomas voulut devenir greffier du conseil municipal de Saint-Jean, pour succéder à Elias Hardy*, mais il n’avait pas assez d’influence et n’obtint pas le poste.

En 1808, une crise temporaire dans les relations anglo-américaines amena la formation de la milice provinciale, et Wetmore y servit en qualité de lieutenant-colonel et commandant des unités de milice cantonnées à Saint-Jean. Grâce à ses efforts, il se gagna l’appui du lieutenant-colonel George Johnstone, qui allait devenir bientôt l’administrateur du Nouveau-Brunswick, ainsi que celui du juge John Saunders, commandant de la milice de la région de Fredericton. L’influence de ces deux notables lui valut d’être nommé recorder de la ville de Saint-Jean ainsi que procureur général en juillet 1809 ; à ce dernier poste, il remplaçait Jonathan Bliss. Wetmore trouva la charge de recorder « pénible » et l’abandonna en 1811, mais il demeura procureur général jusqu’à sa mort. De plus, en 1809, il avait été élu dans la circonscription qui regroupait le comté et la ville de Saint-Jean et, dès janvier 1810, il participa activement aux délibérations de l’Assemblée. En 1813, à titre de procureur général, Wetmore reçut du lieutenant-gouverneur l’ordre d’aller habiter Fredericton, siège du gouvernement. Aussi, aux élections générales de 1816, il décida de ne pas poser de nouveau sa candidature dans la circonscription où il avait déjà été élu. En 1817, il fut nommé membre du Conseil du Nouveau-Brunswick et assermenté le 22 décembre. Toutefois, il ne fit jamais partie du cercle intime des conseillers du gouvernement, ni durant le mandat du major-général George Stracey Smyth ni durant celui de sir Howard Douglas*. Wetmore, qui était un ferme adhérent de l’Église établie, fut membre du conseil d’administration du Collège of New Brunswick et, pendant un certain temps, président de la filiale de Fredericton de la Society for Promoting Christian Knowledge. Il fut aussi juge de paix du comté d’York et président de la York County Agricultural and Emigrant Society. Toutefois, son principal intérêt demeurait son cabinet d’avocat. Étant donné que sa nombreuse clientèle privée l’obligeait à se déplacer, il dirigeait lui-même les poursuites judiciaires engagées par la couronne, même après qu’il fut décidé que le procureur général n’avait aucun droit, selon la loi, de monopoliser de telles causes. Son revenu, provenant surtout d’honoraires reçus pour les concessions de terres, était assez important pour qu’il refuse un poste de juge en 1815, ce qui ne l’empêcha pas de postuler la charge de juge en chef en 1822. Toutefois, c’est Saunders qui fut nommé à ce poste. Les dernières années de la vie de Wetmore ne furent pas heureuses. Son fils aîné, George Ludlow Wetmore, fut tué en duel en 1821, et sa femme mourut en 1827. Wetmore quitta alors la vie politique. Ses dépenses excédaient ses revenus, et lorsqu’il mourut en 1828 il état presque insolvable. Robert Parker* lui succéda au poste de procureur général.

En 1809, l’administrateur Martin Hunter* écrivait que Thomas Wetmore était « indubitablement le plus compétent et le plus qualifié barrister » du Nouveau-Brunswick. De fait, Wetmore était un avocat compétent sans être un membre éminent de sa profession. Apparemment, il n’a, en aucune façon, contribué d’une manière importante à l’évolution du droit ou à l’avancement de la profession d’homme de loi dans la province. Son importance comme homme politique demeure également marginale. Comme dans le cas de nombreux loyalistes de la deuxième génération, la principale raison pour laquelle il fut nommé à certains postes de préférence à d’autres fut que sa famille demeura toujours d’une « loyauté indéfectible ».

Phillip Buckner

À la UNBL, il existe une petite collection de lettres de Thomas Wetmore dans les papiers Saunders (MG H11), et une, encore plus petite, dans les papiers Winslow (MG H2). Un certain nombre de lettres écrites par Wetmore alors qu’il était procureur général se trouvent aux APNB, RG 2, RS8, attorney-general, 1/1, et d’autres éparpillées sont conservées au PRO, CO 188, et aux APNB, RG 10, RS108. On consultera aussi : N.-B., House of Assembly, Journal, 1810–1815 et 1836, app. I ; et les procès-verbaux du Conseil exécutif pour les années 1817–1828, APNB, RG 2, RS6, 2–3. La seule étude de quelque importance est celle de Lawrence, Judges of N.B. (Stockton et Raymond), même si on trouve une généalogie utile dans J. C. Wetmore, The Wetmore family of America, and its collateral branches : with genealogical, biographical, and historical notes (Albany, N.Y., 1861). [p. b.]

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Phillip Buckner, « WETMORE, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wetmore_thomas_6F.html.

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Auteur de l'article:    Phillip Buckner
Titre de l'article:    WETMORE, THOMAS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    23 déc. 2024