STUDHOLME, GILFRED, officier et fonctionnaire, né en 1740, près de Dublin (République d’Irlande), mort célibataire le 10 octobre 1792, à Studville (Apohaqui, Nouveau-Brunswick).

Gilfred Studholme reçut une commission d’enseigne dans le 27e d’infanterie en novembre 1756, et, en mai de l’année suivante, il fut mis en poste à Halifax, Nouvelle-Écosse. En novembre 1761, il obtint le grade de lieutenant dans le 40e d’infanterie et servit dans ce qu’il décrivit comme « les campagnes coûteuses de la Martinique et de La Havane ». Quand le régiment retourna en Nouvelle-Écosse, en 1763, Studholme fut appelé à commander la compagnie stationnée au fort Frederick (Saint-Jean, Nouveau-Brunswick). À l’été de la même année, se conformant aux ordres du lieutenant-gouverneur Jonathan Belcher, de la Nouvelle-Écosse, Studholme enjoignit à un groupe d’Acadiens vivant dans la région de Sainte-Anne (Fredericton) d’aller s’établir dans d’autres parties de la province. Il ne prit, cependant, aucune mesure pour forcer leur départ, et les Acadiens restèrent. En 1765, Studholme s’embarqua pour l’Irlande avec son régiment.

On ne sait pas au juste quand Studholme revint en Nouvelle-Écosse. En septembre 1771 il passait au 24e d’infanterie et, trois ans plus tard, se retirait du service actif. Lorsque la Révolution américaine éclata, il reprit sa carrière militaire. Promu au grade d’officier dans les Loyal Nova Scotia Volunteers, il servit plus tard, avec le grade de capitaine, dans les Royal Fencible Americans, et, en décembre 1775, devint major de brigade, grade qu’il conserva jusqu’à sa retraite en 1783. Quand les forces rebelles, aux ordres de Jonathan Eddy*, tentèrent de s’emparer du fort Cumberland (près de Sackville, Nouveau-Brunswick), à la fin de 1776 [V. Joseph Goreham], l’arrivée opportune de renforts, sous le commandement du major Thomas Batt et de Studholme, les força à battre en retraite. Des corsaires américains et des Indiens, à l’incitation du rebelle John Allan*, continuèrent, cependant, à menacer les colons de la rivière Saint-Jean, si bien que Studholme s’amena dans le port de Saint-Jean, en novembre 1777, avec ordre de réparer le fort Frederick ou d’en construire un nouveau.

À cause de la situation en contrebas du fort Frederick et des dommages qu’y avaient causés les rebelles l’année précédente, Studholme décida d’élever de nouvelles fortifications. Les 50 hommes qui l’accompagnaient, aidés des habitants du lieu, entreprirent la construction du fort Howe qui devait jouer – tout autant que son commandant Studholme – un rôle important à l’appui de la cause britannique dans les années qui suivirent l’achèvement du fort. La « sécurité relative » que le fort assurait aux habitants de la région de Saint-Jean était due, selon William Odber Raymond*, à « la compétence et au zèle » de Studholme. Le fort Howe se révéla utile, également, à la mise en œuvre de la diplomatie indienne complexe de Michæl Francklin, surintendant des Affaires indiennes en Nouvelle-cosse. Studholme apporta son aide personnelle à l’exécution des programmes d’action de Francklin et joua un rôle de premier plan à la conférence indienne de juin 1780, au cours de laquelle les Micmacs et les Malécites furent neutralisés. Peu après, et non sans satisfaction, Studholme signalait à Haldimand, gouverneur de Québec, « l’amitié et la bonne conduite des Indiens dans ce district ». Studholme entretint avec le gouverneur une correspondance rendue nécessaire par une autre mission échue au fort Howe : le maintien des communications entre Halifax et Québec. Studholme portait une attention particulière à cette question et s’attira les éloges répétés de Haldimand pour son zèle et sa diligence.

Comme la guerre tirait à sa fin, Studholme s’adonna à plusieurs activités civiles. Il tenait déjà, à bail, des terres et des édifices appartenant à James Simonds* et situés à l’embouchure de la rivière Saint-Jean ; en août 1782, il reçut 2 000 acres à titre de vétéran de la guerre de Sept Ans. Peu après, il acquit 5 000 acres sur la rivière Kennebecasis, auxquelles il donna le nom de Studville. Au moment où la guerre prit fin, il s’occupait également de procurer des terres aux réfugiés loyalistes. En septembre 1783, John Parr, gouverneur de la Nouvelle-Écosse, lui confia « le soin et la direction » des colons loyalistes sur la Saint-Jean, lesquels, sous son autorité, reçurent « une cordiale bienvenue », se virent assigner des terres et remettre les matériaux pour la construction de leurs maisons. Il est étonnant de constater qu’en dépit des divisions qui existaient entre les colons et de leur antipathie à l’endroit de Parr, Studholme maintint de bonnes relations aussi bien avec les principaux Loyalistes qu’avec le gouverneur. Parr sollicita les avis de Studholme sur les communications entre Halifax et Québec, et la considération dont jouissait ce dernier auprès des chefs loyalistes devint évidente quand il fut nommé au premier Conseil exécutif de la nouvelle province du Nouveau-Brunswick. Même s’il n’y fut pas très actif, il siégea au conseil jusqu’à sa mort.

On aurait pu supposer que Studholme, officier respectable à la retraite, propriétaire de biens fonciers considérables, siégeant au conseil et possédant des amis influents, tels Ward Chipman* et Edward Winslow*, était assuré d’une existence tranquille et prospère. Mais ce ne fut pas le cas. En tant qu’agent de propriétaires fonciers absentéistes, il fut impliqué dans de nombreux litiges ; simultanément, il fut entraîné dans des disputes au sujet de ses propres terres et dut faire face à plusieurs factures impayées. Sa santé, qu’il décrivait comme « toujours précaire et facilement chancelante », se délabra et il fut fréquemment malade. Il devait constamment supplier ses créanciers de lui accorder des délais, en espérant que ses ventes de bois ou ses récoltes de chanvre amélioreraient sa situation financière. En 1790, « très durement contraint par des questions d’argent », il pouvait seulement espérer « venir à bout de [ses] dettes par la vente de [ses] terres ». Il conserva, cependant, ses propriétés de la Kennebecasis et y vécut jusqu’à sa mort, « sans femme ni enfant pour égayer sa solitude ». La notice nécrologique publiée dans la Royal Gazette and the New Brunswick Advertiser reconnut « ses manières aimables, sa bienveillance universelle et son esprit libéral [qui] le faisaient très justement aimer de tous ceux qui avaient le plaisir de faire sa connaissance ». Ses contemporains se rappelèrent et apprécièrent à juste titre les services qu’il rendit en temps de guerre et l’aide qu’il apporta aux Loyalistes, cependant qu’ils oublièrent ses échecs et ses difficultés de l’après-guerre.

William G. Godfrey

APC, MG 23, D1, 3, ff.1 169–1 186 ; 6, ff.275, 296–297, 705, 727–729, 731–732, 738, 742 ; 18, ff.71–73, 108–109 ; 23, ff.76–110, 113–117 ; D5, ff.14–17, 19–24, 61–67.— BL, Add. mss 21 723, pp.108s. ; 21 724, p.240 ; 21 809, pp.57, 67, 88, 113, 139, 144s., 160s., 179s., 186–189, 203, 209, 214s., 219–222, 226s., 230s., 233, 235s., 242–247, 259s., 284, 286, 288, 293, 306s., 309s. ; 21 810, pp.16, 31, 58, 76, 87, 107, 125, 134–136, 140s., 145s., 154s., 171, 176, 202, 208 (copies aux APC).— PANB, New Brunswick political biography, J. C. et H. B. Graves, compil. (11 vol., copie dactylographiée), IV : 40.— PRO, WO 1/6, pt.2, ff.344–346.— APC Report, 1894, 362.— Royal commission and instructions to Governor Thomas Carleton, N.B. Hist. Soc., Coll., II (1899–1905), no 6 : 406.— Sunbury County documents, N. B. Hist. Soc., Coll., I (1894–1897), no 1 : 100–118.— The James White Papers, W. O. Raymond, édit., N.B. Hist. Soc., Coll., II (1899–1905), no 4 : 45s., 64s.— Winslow papers, A.D. 1776–1826, W. O. Raymond, édit. (Saint-Jean, N.-B., 1901), 119, 147, 162, 204–206, 217, 346s., 379s.

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William G. Godfrey, « STUDHOLME, GILFRED », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/studholme_gilfred_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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