ALLAN, JOHN, fonctionnaire, homme politique et chef rebelle, né le 3 janvier 1747 au château d’Édimbourg, fils aîné de William Allan et d’Isabella Maxwell ; le 10 octobre 1767, il épousa Mary Patton ; décédé le 7 février 1805 à Lubec (Maine).
Officier écossais de l’armée britannique, le père de John Allan amena sa famille en Nouvelle-Écosse en 1749 ou 1750. Au début des années 1760, il reçut d’importantes concessions, à même les terres confisquées aux Acadiens dans le comté de Cumberland. Fermier, marchand et trafiquant avec les Indiens, il demeura loyal à la couronne pendant la période troublée que connut la Nouvelle-Écosse à la fin des années 1760 et au début des années 1770. John travailla avec son père tant à ses fermes qu’à son entreprise commerciale, se maria et acquit sa propre ferme. Au cours des années, il exerça entre autres les fonctions de juge de paix, de greffier de la Cour des sessions trimestrielles, de greffier de la Cour suprême et de shérif ; en 1775–1776, il représenta le canton de Cumberland à la chambre d’Assemblée.
Il est possible qu’Ahan ait reçu son éducation au Massachusetts. Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : il s’était imprégné de sentiments révolutionnaires et il avait conservé certains liens avec la Nouvelle-Angleterre. En 1775 et 1776, il participa de plus en plus, notamment avec Jonathan Eddy, à l’organisation et à la propagande révolutionnaires auprès de ses voisins insatisfaits. Il fut au nombre des habitants dissidents de la Nouvelle-Écosse qui, au début de 1776, pressèrent le Massachusetts et le Congrès continental de dépêcher une aide militaire en vue d’un soulèvement projeté. Comme l’aide ne venait pas et que son arrestation était imminente, Ahan laissa sa femme et ses cinq enfants à sa ferme d’Upper Point de Bute le 3 août 1776, traversa la baie de Fundy avec d’autres réfugiés et atteignit Machias (Maine) le 13 août. Peu après, le Conseil de la Nouvelle-Écosse offrait une récompense de £100 pour sa capture.
Allan arriva à Machias au moment où Eddy était sur le point de partir pour son expédition, vouée à l’échec, contre le fort Cumberland (près de Sackville, Nouveau-Brunswick). Ahan considérait le projet d’Eddy comme futile, son parti lui paraissant dangereusement mal équipé et, avec 28 hommes seulement, à court de personnel. Il échoua dans ses efforts pour dissuader Eddy. À la baie de Passamaquoddy et à la rivière Saint-Jean, la petite troupe, dont Allan ne faisait pas partie, s’accrut de quelques hommes, attaqua des installations et des navires britanniques ou loyaux et causa des dommages matériels ; en novembre, elle tenta vainement de s’emparer du fort Cumberland. La femme et les enfants d’Ahan durent s’enfuir dans les bois, et eurent à souffrir, avec d’autres, de l’échec de l’expédition. Mme Allan fut emprisonnée, la ferme familiale brûlée, et les récoltes, les chevaux et le bétail furent détruits ou confisqués.
Entre-temps, Allan avait quitté Machias pour Boston où il discuta avec John Adams, entre autres, de l’aide à apporter aux Indiens de l’Est dont il avait tenté d’obtenir l’appui actif à la cause révolutionnaire. Il se rendit au quartier général de George Washington, sur le fleuve Delaware, et y présenta de nouveau son plan. Reçu par le Congrès continental à Baltimore, dans la colonie du Maryland, en janvier 1777, il l’informa pleinement des possibilités qui s’offraient d’organiser les Indiens, de même que de la situation en Nouvelle-Écosse. Il y obtint quelque succès. Il fut nommé surintendant des Affaires des Indiens de l’Est et, plus tard, colonel d’infanterie. Pendant son voyage de retour, il parvint à intéresser le gouvernement du Massachusetts à son projet de s’emparer de l’ouest de la Nouvelle-Écosse et peut-être même de Halifax, d’établir des forts sur la Saint-Jean et de conduire, à partir de là, une opération qui amènerait les Micmacs et les Malécites à la cause américaine. En mars 1777, à l’instigation d’Allan, le conseil accepta de fournir des hommes et des provisions pour une expédition sur la Saint-Jean, dont Allan obtint par la suite le commandement.
L’expédition de juin et de juillet 1777 ne remporta guère plus de succès que celle de Jonathan Eddy. Les approvisionnements militaires et les recrues mirent du temps à venir ; finalement, moins d’une centaine d’hommes y prirent part. Les habitants de la Saint-Jean, à quelques exceptions près, ou restèrent loyaux envers la couronne, tels les marchands William Hazen, James Simonds* et James White, ou se tinrent d’une façon décevante à l’écart, comme les résidents de Maugerville, naguère prorévolutionnaires [V. Israel Perley], ou se montrèrent indécis, comme les Acadiens et les Indiens. Ayant atteint l’embouchure de la rivière le 2 juin, Allan la remonta et établit son quartier général au principal campement indien, Aukpaque, au-dessus de la pointe St Anne (Fredericton). Il y obtint une promesse d’appui de la part de certains chefs favorables aux rebelles, tel Ambroise Saint-Aubin*, mais il rencontra chez d’autres, comme Pierre Tomah*, de l’hostilité ou de l’hésitation. L’arrivée d’une force navale britannique accompagnée de troupes commandées par le major Gilfred Studholme* et, plus tard, la venue de renforts aux ordres de Michael Francklin*, rendirent la position d’Allan intenable. Prenant avec lui la plupart des Indiens de la Saint-Jean et empruntant une vieille route pour les canots, il se replia difficilement jusqu’à Machias. Il y arriva en août, et trouva Eddy avec des renforts destinés à l’expédition de la Saint-Jean de même qu’une ville qui se préparait à une attaque britannique. Lorsqu’enfin survint cette attaque, menée par un escadron aux ordres de sir George Collier*, Allan et ses alliés indiens jouèrent un rôle important dans ce qui se révéla, malgré certains dommages, une défense réussie. Ahan fut nommé commandant des troupes à l’est de la rivière Penobscot, poste qu’il conserva jusqu’à la fin de la guerre. En juin 1778, probablement, il retrouva sa famille.
De l’été de 1777 à la fin de 1783, devant une pression militaire et navale croissante qui s’accentua avec la prise de Penobscot (Castine, Maine) par le général de brigade Francis McLean* en 1779 et avec la campagne de Francklin en vue d’obtenir l’appui des tribus indiennes, Allan s’efforça constamment d’empêcher les Indiens de l’Est de se joindre aux Britanniques. Inondant le Massachusetts et le Congrès de lettres dans lesquelles il demandait, souvent en vain, des ravitaillements qui lui faisaient cruellement défaut, rencontrant les Indiens et leur procurant un prêtre français, faisant échec aux ruses de Francklin, parfois Allan perdait espoir. Finalement, s’il obtint peu d’aide des tribus indiennes, il réussit à empêcher la plupart d’entre elles d’apporter un secours efficace aux Britanniques. En tant que commandant à Machias, Allan avait d’autres tâches dont bon nombre visaient à tenir les Britanniques hors de la partie orientale du Maine.
Pendant les dernières années de la Révolution américaine, Allan devint de plus en plus inquiet de l’avenir de la région qu’il connaissait alors si bien. Dès 1779, il avait fait part de sa conviction que les Britanniques projetaient de garder tout le Maine jusqu’à la rivière Kennebec. Il fut apparemment le premier, du côté américain, à se rendre pleinement compte que le territoire allant de l’actuelle rivière Sainte-Croix à la Magaguadavic – situé aujourd’hui au Nouveau-Brunswick – pourrait passer illégalement, de son point de vue, aux Britanniques. En 1778, il avait rapporté l’établissement de « dissidents » à Passamaquoddy. À l’automne de 1783, il s’alarma de l’arrivée de Loyalistes à ce qui est aujourd’hui St Andrews, au Nouveau-Brunswick ; il avertit tant les colons de l’endroit que les autorités américaines qu’il s’agissait réellement là d’un territoire des États-Unis. Au cours des années 1790, il joua un rôle dans les négociations relatives aux frontières, qu’il avait d’ailleurs contribué à lancer. Ahan passa les 20 dernières années de sa vie d’abord à l’île Dudley (plus tard île Allan ; aujourd’hui île Treat), près de Lubec, où en 1785–1786 il dirigea plutôt sans succès une entreprise commerciale, comptant parmi ses clients Benedict Arnold, puis à North Lubec, sur le continent. Il obtint, à la suite de pétitions, des concessions sans grande valeur dans le Maine et l’Ohio ; il s’intéressa activement aux Indiens de son village et du pays, puis continua de se préoccuper de la question des frontières. Sa santé déclina pendant un certain temps, et il mourut en 1805.
L’apport de John Allait à la cause révolutionnaire américaine fut considérable. On le qualifia d’homme intègre et intelligent, doué d’une capacité d’exécution, de prévoyance et de sagacité. Sa persévérance dans les situations difficiles et sa loyauté envers son pays d’adoption furent remarquables. Et si la partie orientale du Maine resta aux États-Unis, il y fut pour beaucoup.
John Allan est l’auteur de « Some proposals for an attack on Nova Scotia, with some other observations respecting the province, laid before the honorable council of the Massachusetts State », N.S. Hist. Soc., Coll., 2 (1881) : 11–16.
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Alice R. Stewart, « ALLAN, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/allan_john_5F.html.
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Auteur de l'article: | Alice R. Stewart |
Titre de l'article: | ALLAN, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |