PERLEY (Pearley), ISRAEL, meunier, fonctionnaire et arpenteur, né le 21 juillet 1738 à Boxford, Massachusetts, fils aîné de Thomas Perley et d’Eunice Putnam ; vers 1764, il épousa Elizabeth Mooers (Moores), et ils eurent sept fils et autant de filles ; décédé le 30 août 1813 à Maugerville, Nouveau-Brunswick.
Fils d’un fermier et fonctionnaire local, Israel Perley fut élevé à Boxford, où les traditions de la religion congrégationaliste et de l’instruction élémentaire qui avaient cours en Nouvelle-Angleterre laissèrent leur marque. Il atteignit l’âge de la maturité pendant la guerre de Sept Ans et servit quelque temps comme officier dans les troupes provinciales, bien qu’on ne sache en quel endroit. La rareté des terres dans l’est du Massachusetts, durant les décennies 1750 et 1760, amena Perley et d’autres soldats licenciés à chercher ailleurs de meilleures conditions ; ils se tournèrent vers la Nouvelle-Écosse, où beaucoup d’entre eux avaient servi. Perley, qui avait étudié l’arpentage, fut nommé en 1761 à la tête d’un groupe de 12 hommes en vue de rechercher des terres convenables dans la vallée de la Saint-Jean (Nouveau-Brunswick). Ils voyagèrent, par voie de terre, de Machias (Maine) à l’embouchure de l’Oromocto, avant de retourner au Massachusetts. L’année suivante, Perley comptait au nombre des 20 personnes qui remontèrent la Saint-Jean jusqu’à la pointe St Anne (Fredericton), où un groupe nombreux d’Indiens leur fit rebrousser chemin. Ils s’établirent à 12 milles environ au-dessous de la pointe St Anne et, à la suite d’annonces publiées dans des journaux de Boston, ils furent rejoints en 1763 par environ 200 autres personnes que Perley amena du Massachusetts. Comme le gouvernement de la Nouvelle-Écosse tardait à octroyer des concessions, la région que les colons avaient choisie ayant déjà été réclamée par un groupe de soldats licenciés de l’armée régulière, Perley et quatre autres signataires adressèrent une pétition au Board of Trade, à Londres. Leur demande fut agréée en 1764 avec l’aide, à ce que crurent les colons, de Joshua Mauger*, le principal négociant londonien à commercer avec la Nouvelle-Écosse. Les colons reconnaissants adoptèrent pour leur village le nom de Maugerville.
À l’instar d’autres communautés de la Nouvelle-Écosse établies à cette époque, Maugerville fut modelé sur le système des cantons de la Nouvelle-Angleterre. À titre d’un des premiers concessionnaires, Perley compta parmi les « propriétaires » de la ville. Ceux-ci avaient la maîtrise des terres communes ou indivises, lesquelles comprenaient notamment des lots éloignés de la rivière, derrière la ligne d’établissement, et aussi des îles dans la rivière. Le sol se révéla le plus riche de la province et, dès 1767, les récoltes furent remarquables, même celles qui provenaient de terres non labourées. Perley cultiva la terre, travailla comme arpenteur et se joignit à d’autres dans l’exploitation de moulins à farine et de scieries. Comme propriétaire, il fut amené à jouer un rôle de premier plan dans l’organisation politique aussi bien que dans le progrès économique de la ville. En 1770, il fut élu député de la circonscription de Sunbury à la chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse, mais il ne siégea probablement jamais. Vers la même époque, il devint juge de paix. Moins de trois ans après la création de l’établissement, Perley et les autres colons avaient fondé une communauté congrégationaliste ; Perley en devint l’un des conseillers presbytéraux. Au début des années 1770, ils firent venir leur premier pasteur, un compatriote de la Nouvelle-Angleterre, du nom de Seth Noble.
La force des liens de Perley et de sa communauté avec la Nouvelle-Angleterre fut pour eux la cause d’une première crise. Au début, lorsque les révolutionnaires du Massachusetts se plaignirent de l’oppression britannique et de la violation de leurs droits, les colons de Maugerville, isolés et peu nombreux, ne dirent rien. Mais dès que les protestations aboutirent à la guerre ouverte et conduisirent au bord de l’indépendance, Perley et ses voisins se crurent obligés d’agir. Probablement sous l’influence de Noble, les colons de Maugerville se réunirent à la mi-mai 1776 – à la veille de la Déclaration d’indépendance – pour examiner la question de leur allégeance. Perley, dont le père était un révolutionnaire actif au Massachusetts et dont l’oncle, Israel Putnam, devint général américain, pencha du côté des rebelles. Il fit office de secrétaire de l’assemblée et formula clairement les résolutions rejetant le droit du Parlement britannique de légiférer pour les colonies, affirmant le bien-fondé de la résistance des Américains, demandant l’annexion de Maugerville par le Massachusetts et promettant que les colons participeraient au « combat pour la liberté », même au prix de leurs fortunes et de leurs vies. L’assemblée choisit Perley comme membre d’un comité de 12 personnes chargées de l’organisation civile et militaire de la ville. Mais l’éloignement rendait impossible toute véritable alliance. En dépit de l’activité des navires de course yankees dans les eaux de la Nouvelle-Écosse, du vif désir de certains habitants de Machias, à la frontière, de venir en aide aux rebelles de la Nouvelle-Écosse et du soutien de la Général Court of Massachusetts, la colonie du Massachusetts fut incapable d’aider les colons de Maugerville ou de répondre à leur demande d’annexion. La faible attaque militaire contre le fort Cumberland (près de Sackville, Nouveau-Brunswick), que mena Jonathan Eddy avec l’appui de quelques habitants de la région frontière du Maine, d’un certain nombre d’Indiens et d’une poignée de rebelles de la Nouvelle-Écosse, dont 27 hommes de Maugerville, fut aisément repoussée par les Britanniques. Rien n’indique que Perley fût de leur nombre.
Lorsque le colonel Arthur Goold (Gould), du Conseil de la Nouvelle-Écosse, vint enquêter à Maugerville en mai 1777 au sujet d’une « affaire illégale », les colons, dont Perley qui joua de nouveau un rôle de premier plan, acceptèrent de reconnaître encore une fois l’autorité britannique. Promettant la clémence et une réconciliation rapide à ceux qui prêteraient le serment d’allégeance, Goold trouva Perley et les autres chefs « rebelles » disposés à se soumettre. Perley écrivit, au nom de ses concitoyens, qu’ils avaient agi ainsi parce qu’ils s’étaient sentis coupés de l’autorité britannique et qu’ils avaient été intimidés par les corsaires de la Nouvelle-Angleterre. Il conseilla que fût accordée une amnistie, sans qu’on tentât de distinguer les gens loyaux des autres. Goold accepta et, à la fin de mai 1777, il avait fait prêter le serment d’allégeance à la plupart des habitants. Perley, toutefois, découvrit qu’il n’était guère protégé par l’amnistie. Comme secrétaire des assemblées de Maugerville, il avait signé les procès-verbaux, de même que toute la correspondance ; il pouvait dès lors être accusé d’avoir entretenu une « correspondance secrète avec les ennemis rebelles de Sa Majesté ». Le 16 octobre 1778, il comparut devant la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse sous ce chef d’accusation ; mais devant l’impuissance de la couronne à fournir des preuves contre lui, la cour le relâcha sur son propre cautionnement. Perley rentra chez lui, et l’affaire fut apparemment enterrée.
Lorsque les Loyalistes américains eurent grossi la population de la vallée de la Saint-Jean, après 1783, et qu’ils eurent réclamé avec succès la création d’une nouvelle province, Israel Perley fut, grandement sollicité pour ses talents d’arpenteur. Étant un des adjoints de George Sproule, arpenteur général du Nouveau-Brunswick, en 1786, Perley arpenta des terres dans diverses parties de la province, notamment dans la vallée de la Miramichi, et obtint une concession de 1 000 acres en bordure de la rivière Gaspereau, dans l’actuel comté de Queens. Même s’il travaillait pour la couronne, il s’opposa aux efforts des Loyalistes en vue d’acquérir pour l’Église d’Angleterre les terres que possédait sa propre Église, et il demeura un congrégationaliste convaincu. Perley vécut les dernières années de sa vie dans sa ferme de Maugerville, où il mourut en 1813.
APNB, RG 10, RS107/5/1, 1 : 278.— Common Clerk’s Office (Saint-Jean, N.-B.), Index of marriages and deaths, C. Ward, compil., 1972 (copie au Musée du N.-B.).— Musée du N.-B., F41 ; F49 : nos 156, 263A, 265, 285 ; History of Maugerville, 1788–1928 ; Perley family papers ; Petitions, Northumberland County, nos 72, 401 ; Queen’s County, no 317 ; York County, no 521 (extraits) ; Quinton family papers, John Quinton diary (copie dactylographiée).— PANS, RG 1, 409, Arthur Gould aux habitants de Maugerville, 9, 14, 17, 20 mai 1777 ; Israel Perley à Gould, 12 mai 1777 ; Perley et al. à Gould, 18 mai 1777 (mfm au Musée du N.-B.) ; RG 39, J, 1 : 332.— American arch. (Clarke et Force), 5e sér., 1 : 703–706.— « Documents of the Congregational Church at Maugerville », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 1 : 119–152 ; no 2 :153–159.— [Israel] Perley, « Justice Perley’s court documents », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 1 : 96–99.— Directory of N.S. MLAs.— A genealogical chart of the male descendants of Allen Perley, G. A. Perley, compil. (Fredericton, 1877).— Brebner, Neutral Yankees.— History and genealogy of the Perley family, M. V. B. Perley, compil. (Salem, Mass., 1906). Cet ouvrage s’avère la généalogie la plus complète de la famille, mais la plus grande part de la matière concernant le Nouveau-Brunswick provient plus de la tradition orale que de la recherche originale [s. e. p.].— Maugerville, 1763–1963, I. L. Hill, compil. (Fredericton, 1963).— L. M. B. Maxwell, An outline of the history of central New Brunswick to the time of confederation (Sackville, N.-B., 1937).— M. H. Perley, On the early history of New Brunswick : a portion of a lecture delivered before the Mechanics’ Institute, St. John, in 1841 [...] (Saint-Jean, 1891). La communication semble être basée sur la tradition orale et est la source probable de la plupart des faux renseignements répétés ailleurs [s. e. p.].— Raymond, River St. John (1910).— J. C. Webster, The forts of Chignecto : a study of the eighteenth century conffict between France and Great Britain in Acadia ([Shediac, N.-B.], 1930).— James Hannay, « The Maugerville settlement, 1763–1824 », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 1 : 63–88.— « Observer » [E. S. Carter], « Linking the past with the present », Telegraph-Journal (Saint-Jean), nov. 1929-déc. 1931.— S. E. Patterson, « In search of the Massachusetts-Nova Scotia dynamic », Acadiensis (Fredericton), 5 (1975–1976), no 2 : 138–143.
Stephen E. Patterson, « PERLEY (Pearley), ISRAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/perley_israel_5F.html.
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Auteur de l'article: | Stephen E. Patterson |
Titre de l'article: | PERLEY (Pearley), ISRAEL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 22 déc. 2024 |