COY (Coye), AMASA (Amassa, Amasy), marchand, né le 31 juillet 1757 à Pomfret, Connecticut, fils aîné de J. Edward Coy (McCoy) et d’Ama (Amy) Titus, et frère de Mary Coy* ; en 1797, il épousa Elizabeth Holly, et ils eurent un fils et deux filles, puis en 1808 Mary Spafford Smith, née Barker, et de ce mariage naquirent deux fils ; décédé le 18 juillet 1838 à Fredericton.

En 1763, Amasa Coy accompagna ses parents au village de Maugerville, dans ce qui était alors la colonie de la Nouvelle-Écosse [V. Israel Perley*]. Ils rapportèrent par la suite avoir failli y mourir de faim pendant les premières années. Plus tard, ils s’établirent dans le canton de Gage. Comme la plupart des habitants de la vallée de la Saint-Jean originaires de la Nouvelle-Angleterre, les Coy sympathisèrent avec les colons américains au moment de la Révolution. Amasa lui-même connut la défaite aux côtés de Jonathan Eddy* devant le fort Cumberland (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) en 1776. Dans un rapport soumis au major de brigade Gilfred Studholme* en 1783 sur les demandes de concessions foncières et la loyauté des candidats, on peut lire, sous la mention de celle que présentèrent Coy et l’un de ses frères en vue d’obtenir 200 acres de terre dans le canton de Gage, cette précision : « Amasa a pris les armes contre le fort à Cumberland. » Leur père, selon le même rapport, était « membre d’un comité de rebelles ».

J. Edward Coy avait participé à la fondation de la communauté congrégationaliste de Maugerville dans les années 1760 et, avec sa femme, il allait signer en 1789 le nouveau covenant de cette congrégation. Durant les premières années d’existence du village, la congrégation domina la vie locale et imposa sa discipline aux individus, mais les tensions de la guerre brisèrent son unité. Les visites de l’évangéliste Henry Alline* en 1779 au 1781 soulevèrent des querelles doctrinales et réveillèrent l’intérêt pour les questions spirituelles. L’arrivée des loyalistes en 1783 mit encore plus en évidence les différends théologiques et les divisions entre Églises.

Lorsque ses compatriotes venus de la Nouvelle-Angleterre, qui parvenaient mal à s’intégrer à la nouvelle société loyaliste, commencèrent à se préoccuper de questions doctrinales, Amasa Coy emprunta la voie de la modération. Il était associé à la fois à un groupe de disciples d’Alline, qui venaient de Waterborough et de Gagetown, et aux traditionalistes qui réorganisèrent la communauté congrégationaliste et réinstallèrent le temple à Sheffield en 1789 [V. David Burpe]. À l’époque de son premier mariage, il quitta Gagetown pour la paroisse de Queensbury, dans le comté d’York, où il participa en 1800 à la fondation de la congrégation baptiste calviniste de Prince William. Celle-ci se joignit à la Baptist Association of Nova Scotia and New Brunswick, que créèrent cette année là des ministres qui avaient laissé officiellement les New Lights (disciples d’Alline) pour se rattacher aux associations baptistes calvinistes de la Nouvelle-Angleterre. Selon l’historien David Graham Bell, ce revirement était dû en partie à un désir de respectabilité, car le mouvement de la « nouvelle loi » avait conduit certains New Lights à manifester concrètement leur croyance selon laquelle la conversion dispensait d’obéir aux règles morales et religieuses.

En 1808, Coy fit à Fredericton l’acquisition de quatre lots situés près de Province Hall et des casernes de l’armée, ce qui était avantageux du point de vue commercial. Deux ans plus tard, il s’installa dans cette ville et acheta les droits sur 37 acres de terre au bord de la route qui menait à l’emplacement du futur King’s College (construit dans les années 1820). À mesure que la ville s’étendait, il profita de la mise en valeur de ces terrains. De plus, il ouvrit rue Queen un magasin qui, en 1825, s’appelait Stewart and Coy, merchants. Son fils Asa et son gendre Thomas B. Smith étaient ses associés dans certaines activités commerciales. Amasa et Asa Coy figurèrent en 1834 au nombre des fondateurs de la Central Bank of New Brunswick [V. Henry George Clopper]. Deux ans plus tard, Asa devint le premier président de la Bank of Fredericton.

En 1813, Amasa Coy fit partie du groupe qui projetait de construire un temple baptiste à Fredericton ; il offrit même le terrain sur lequel l’édifice allait s’élever. La congrégation baptiste de Fredericton fut fondée en 1814 (elle comptait alors 13 membres) ; Coy put s’y joindre deux ans plus tard, après avoir obtenu son congé de la congrégation de Queensbury. Aux yeux des autorités, à l’époque, les congrégations baptistes calvinistes étaient proaméricaines, donc potentiellement déloyales. Par la suite, elles pâtirent du fait que l’opinion publique les confondait avec d’autres congrégations de la vallée de la Saint-Jean qui, tout en portant le vocable de baptistes, n’étaient pas aussi bien structurées que les congrégations de la Baptist Association ou transgressaient la règle qu’adopta cette dernière en 1809, laquelle réservait la communion aux baptisés par immersion. Peu à peu cependant, grâce aux efforts qu’ils déployèrent pour adapter à un contexte urbain un mouvement né dans les régions isolées, les baptistes calvinistes virent leur respectabilité reconnue. Leur Église prit un essor rapide, à tel point qu’au moment de la mort de Coy ils possédaient à Fredericton un séminaire, dirigé par le révérend Frederick William Miles, qui menaçait l’hégémonie des anglicans sur l’enseignement supérieur, et qu’ils avaient leur mot à dire dans l’administration politique de la province. En mettant une part de sa fortune au service de ses coreligionnaires, Coy les avait aidés à devenir des citoyens à part entière et à influer sur le cours de la vie du Nouveau-Brunswick.

D. Murray Young

APNB, MC 1, Coy family, two files ; MC 239 ; RG 7, RS69, A, 1795–1796, J. E. Coy ; RS75, 1838, Amasa Coy.— Conn. State Library (Hartford), Indexes, Barbour coll., Pomfret vital records, 1 : 38 ; Conn. church records, Abington Congregational Church (Pomfret), 3 : 277.— PRO, CO 188/32, George Best à la SPG, 27 avril 1825.— UNBL, MG H9, H. A. Bridges, « Brief history of the First Baptist Church of Sheffield – sometimes referred to as the Canning Church or the Waterbury Church » (copie dactylographiée, s.d.) ; Waterborough Baptist Church records, 1800–1832 (copie dactylographiée, s.d.).— The Newlight Baptist journals of James Manning and James Innis, D. G. Bell, édit. (Saint-Jean, N.-B., 1984).— « Sunbury County documents », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 1 : 100–118.— Royal Gazette (Fredericton), 25 juill. 1838.— Hill, Old Burying Ground.— The old grave-yard, Fredericton, New Brunswick : epitaphs copied by the York-Sunbury Historical Society, Inc., L. M. Beckwith Maxwell, compil. (Sackville, N.-B., 1938).— Bill, Fifty years with Baptist ministers. I. L. Hill, Fredericton, New Brunswick, British North America ([Fredericton, 1968]), 49.— W. D. Moore, « Sunbury County, 1760–1830 » (thèse de m.a., Univ. of N.B., Fredericton, 1977).

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D. Murray Young, « COY (Coye), AMASA (Amassa, Amasy) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/coy_amasa_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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