Titre original :  Thomas Ridout. Landmarks of Toronto : a collection of historical sketches of the old town of York from 1792 until 1833, and of Toronto from 1834 to 1914, volume 2, by J. (John) Ross Robertson. Toronto: J.R. Robertson, 1894.
Source: https://archive.org/details/landmarksoftoron02robe/page/n581/mode/2up.

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RIDOUT, THOMAS, fonctionnaire et homme politique, né le 17 mars 1754 à Sherborne, comté de Dorset, Angleterre, fils de George Ridout ; vers 1776, il épousa une prénommée Isabella, et ils eurent un fils, Samuel Smith*, puis le 26 mai 1789 Mary Campbell, et de ce mariage naquirent cinq filles et sept fils, dont George* et Thomas Gibbs* ; décédé le 8 février 1829 à York (Toronto).

En 1774, Thomas Ridout immigra dans la colonie du Maryland où l’un de ses frères aînés, déjà établi comme fonctionnaire à Annapolis, lui fournit l’argent nécessaire pour se lancer dans le commerce de transport avec les Antilles et la France. En se concentrant sur ses affaires, il évita apparemment la crise de conscience que la révolution causait à bien des Américains, surtout à ceux qui étaient arrivés de Grande-Bretagne depuis peu. À la fin de la guerre d’Indépendance, durant laquelle il avait poursuivi ses activités commerciales dans l’Atlantique, Ridout était considéré comme un ami et un partisan de la nouvelle nation américaine.

Cependant, en 1787, Ridout entreprit vers l’ouest un voyage qui allait modifier son avenir et son allégeance. En effet, en décembre de cette année-là, il partit pour le nouvel établissement du Kentucky. Officiellement, il allait recouvrer certaines dettes commerciales, mais il portait aussi sur lui des lettres d’introduction, dont une de George Washington lui-même, indiquant que son but était d’ « explorer [l’établissement] et peut-être de s’y installer ». Quels qu’aient été ses projets à l’origine, ils s’écroulèrent lorsqu’en mars 1788 il fut capturé par des Indiens chaouanons sur l’Ohio, avec un petit groupe de voyageurs. Contrairement à plusieurs de ses compagnons, Ridout échappa à la mort ; après trois mois de captivité, il fut amené à Detroit, que les Britanniques occupaient encore, et remis en liberté.

Dès la mi-juillet, Ridout se trouvait à Montréal. Or, lord Dorchester [Guy Carleton*] était justement en train de constituer quatre nouveaux districts judiciaires dans l’ouest du Québec. On envisageait de créer dans cette région une colonie distincte, et Ridout fut peut-être poussé à rester par la qualité de l’accueil qu’il reçut et par la possibilité d’obtenir un emploi sur le nouveau territoire. Ayant épousé en mai 1789 la fille d’un loyaliste, Mary Campbell, il songeait dès la fin de l’année à s’établir en permanence en Amérique du Nord britannique. En 1792, il obtint un poste au commissariat de l’armée britannique et s’installa avec sa jeune famille à Newark (Niagara-on-the-Lake) pour se joindre à la nouvelle administration que le premier lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, John Graves Simcoe*, mettait sur pied.

En 1793, Ridout entra au bureau de l’arpenteur général à titre de commis principal. Malgré ces débuts modestes et la concurrence de l’arpenteur général adjoint William Chewett*, qui avait une meilleure, formation et se voyait confier plus de responsabilités, il ne tarda pas à gravir les échelons du service. En 1799, 1802 et 1807, pendant les absences des titulaires réguliers, lui-même et Chewett agirent conjointement comme arpenteurs généraux. En 1807 également, Ridout réussit à éviter d’être mêlé à la querelle qui opposait le lieutenant-gouverneur Francis Gore* et l’arpenteur général Charles Burton Wyatt*. Gore suspendit Wyatt et, pendant un certain temps, le fils aîné de Ridout, qui était alors un des arpenteurs provinciaux adjoints. À l’automne de 1809, après avoir assuré conjointement pendant deux ans la direction du service à titre intérimaire, Ridout se rendit en Angleterre, avec l’appui de Gore, afin de faire pression pour obtenir le poste d’arpenteur général. Ses démarches ayant porté fruit, il fut officiellement nommé en septembre 1810 ; il allait occuper cette fonction jusqu’à sa mort.

Les activités de Ridout à l’extérieur du service d’arpentage rendent probablement mieux compte de l’importance croissante qu’il acquérait dans la jeune société du Haut-Canada. En 1796, il devint registrateur du comté d’York ; en 1798, un an après s’être installé dans la nouvelle capitale, il fut nommé sergent d’armes de la chambre d’Assemblée ; en 1800, il devint greffier de la paix du district de Home.

Aux élections législatives de 1812, Ridout remporta la victoire dans East Riding of York and Simcoe contre Joseph Shepard* qui, selon les termes de Ridout, représentait la « faction démocratique » et avait l’appui de Joseph Willcocks*. Il ne se porta pas candidat aux élections de 1816 et céda sa place à son fils George, qui était de tendance modérée et vaguement allié à William Warren Baldwin* ; George fut toutefois défait par Peter Robinson*. Ridout ne fit plus jamais campagne, mais il fut nommé au Conseil législatif en 1825 et y siégea jusqu’à sa mort.

Ridout était plutôt âgé pour participer activement à la guerre de 1812, mais il soutint ses fils dans leurs diverses entreprises et devint lui-même membre du conseil d’administration de la Loyal and Patriotic Society of Upper Canada. Dix ans plus tard, il fut nommé au sein de la commission chargée d’examiner les réclamations en dommages de guerre. En 1822, il fit partie de la Clergy Reserves Corporation et, en 1827, il fut nommé au premier conseil d’administration du King’s College, se joignant ainsi aux initiatives de John Strachan* en faveur de l’Église d’Angleterre.

Thomas Ridout travailla assidûment pour s’établir dans la nouvelle colonie. À force de persévérance et d’application, il se tailla dans l’administration publique et la société naissantes du Haut-Canada une place pour lui-même et sa famille, ses fils George et Thomas Gibbs surtout. Même s’il se considérait comme un homme à l’esprit indépendant, qualité que ses enfants manifestèrent plus souvent que lui, il était en fait un de ces nombreux fonctionnaires subalternes qui, par leur soutien constant et leurs opinions conservatrices, permirent à l’oligarchie coloniale qui allait être connue sous le nom de family compact d’acquérir un pouvoir de plus en plus grand.

Robert J. Burns

AO, ms 537.— Loyal and Patriotic Soc. of U.C., Report, with an appendix, and a list of subscribers and benefactors (Montréal, 1817), 42–43.— Ten years of Upper Canada in peace and war, 1805–1815 ; being the Ridout letters, Matilda [Ridout] Edgar, édit. (Toronto, 1890).— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology (1967), 24–25, 34, 105, 148, 164.— Cowdell Gates, Land policies of U.C.— Craig, Upper Canada, 12, 133–134.

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Robert J. Burns, « RIDOUT, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ridout_thomas_6F.html.

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Auteur de l'article:    Robert J. Burns
Titre de l'article:    RIDOUT, THOMAS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    20 déc. 2024