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MORRISON, THOMAS DAVID, fonctionnaire, médecin et homme politique, né vers 1796 à Québec, fils de William Morrison ; le 2 septembre 1818, il épousa à York (Toronto) Effie Gilbert, née Patrick ; décédé le 19 mars 1856 à Toronto.
Thomas David Morrison naquit à Québec où son père était conducteur principal de travaux au génie royal au moment de sa mort, qui survint en 1842. Durant la guerre de 1812, le jeune Morrison fut commis à l’approvisionnement du service de santé de l’armée britannique ; après sa démobilisation, il devint en 1816 commis au bureau de l’arpenteur général à York. En 1818, il épousa la sœur de William Poyntz Patrick, greffier de la chambre d’Assemblée et méthodiste éminent. Morrison, qui était auparavant de foi anglicane, participa cette année-là à la fondation de la première Église méthodiste d’York. En juin 1822, il fut congédié par l’arpenteur général Thomas Ridout* pour avoir utilisé un « langage » et exprimé des « avis tout à fait déplacés dans la bouche d’un employé des services publics de Sa Majesté ». Quelque temps après son congédiement, il se serait rendu aux États-Unis pour suivre un cours de médecine. De retour à York, il fut soumis à un examen, le 5 juillet 1824, par Christopher Widmer, Grant Powell* et Robert Charles Horne* du Médical Board of Upper Canada, et il obtint l’autorisation de pratiquer « la médecine, la chirurgie et l’accouchement ».
Morrison devint un médecin prospère, avec une large clientèle en ville et « dans la campagne, sur la rue Yonge Nord ». Membre actif de la profession, il siégea au bureau spécial de santé mis sur pied à York pendant l’épidémie de choléra de 1832 et il participa courageusement à la lutte contre la forte recrudescence de cette maladie en 1834. En 1832, il s’était joint à ses amis et collègues médecins William Warren Baldwin* et John E. Tims pour diriger le York Dispensary qui avait ouvert ses portes le 22 août. L’établissement resta ouvert environ huit mois, période durant laquelle des médicaments gratuits furent prescrits et distribués à 746 patients, au prix de £118 3 shillings 4 pence. Au début de 1836, Morrison fut nommé au Médical Board, fonction qu’il occupa jusqu’à l’hiver de 1837–1838. Il prit part à d’autres activités communautaires : il fut vice-président de la société biblique, membre du conseil d’administration du York Général Burying Ground et commissaire d’une école publique.
En politique, Morrison joua un rôle important dans le mouvement réformiste des années 1820, même s’il ne montra pas les qualités de chef de William Lyon Mackenzie*, ni les capacités intellectuelles de Baldwin, de John Rolph* ou de Marshall Spring Bidwell*. Orateur talentueux, il était très en demande dans un milieu préoccupé de politique où les assemblées et les démonstrations publiques se faisaient de plus en plus nombreuses.
Morrison chercha d’abord à se faire élire député d’York aux élections provinciales de 1828, au milieu des violentes protestations qui faisaient suite à la révocation du juge John Walpole Willis* par le lieutenant-gouverneur sir Peregrine Maitland. Un comité de réformistes radicaux, comprenant Mackenzie, Jesse Ketchum* et Francis Collins*, se réunit à York en janvier pour choisir un candidat devant faire la lutte au procureur général John Beverley Robinson*, un des principaux responsables de la révocation de Willis. Certains réformistes proposèrent le nom de Robert Baldwin, qui était plus modéré, mais le choix se porta sur Morrison. William Warren Baldwin, père de Robert et candidat dans Norfolk, procéda à la nomination de Morrison sur la tribune électorale, ce qui était peut-être une preuve de la solidarité et de la détermination des réformistes. Malheureusement, les efforts accomplis dans York s’avérèrent inutiles : Robinson fut élu par 110 voix contre 93. Le résultat fut mis en doute par Morrison, qui fit état de votes illégaux et de prétendues irrégularités commises par le directeur du scrutin, William Botsford Jarvis*. La cause de Morrison fut plaidée avec éloquence par les Baldwin, mais l’élection de Robinson fut confirmée. Les réformistes, toutefois, avaient remporté la majorité des sièges de la province ; ils conservèrent cet avantage jusqu’en 1830 et le retrouvèrent de 1834 à 1836.
Aux premières élections municipales tenues à Toronto en 1834, Morrison fut élu échevin dans le quartier St Andrew et siégea à un conseil dominé par les réformistes. Lorsque le choix d’un maire fut débattu au conseil, il vota en faveur de Mackenzie. Ayant adopté un rôle d’intermédiaire, toutefois, il se vit confier la tâche de lire au conseil la lettre de démission que John Rolph avait rédigée en tant qu’échevin parce qu’il s’attendait à devenir maire : Aux élections provinciales de 1834, les réformistes balayèrent les quatre circonscriptions du comté d’York, et Morrison obtint finalement un siège, soit la circonscription de 3rd York. Il fut réélu échevin en 1835 puis en 1836, année où les réformistes reprirent la majorité qu’ils avaient perdue l’année précédente au conseil municipal. En janvier 1836, Morrison fut élu maire pour une période d’un an.
Durant le mandat de Morrison comme maire, le conseil consacra une partie de son temps aux affaires municipales, comme la construction d’une usine de distribution d’eau et l’éclairage des rues au gaz, mais à l’instar des conseils précédents, il se préoccupait aussi des débats politiques provinciaux [V. William Lyon Mackenzie]. À titre de maire, en février 1836, Morrison adressa une lettre de bienvenue, pleine d’optimisme, au nouveau lieutenant-gouverneur, sir Francis Bond Head*, qui, espérait-on, allait obtenir des réformes. Lorsque John Rolph, John Henry Dunn et Robert Baldwin démissionnèrent du Conseil exécutif le mois suivant et que Mackenzie fut défait aux élections provinciales tenues en juillet (résultat attribuable, selon lui, au fait que le lieutenant-gouverneur était « intervenu à tort dans l’élection »), les réformistes utilisèrent encore une fois le conseil municipal comme tribune. Cet été-là, Morrison fut réélu à la chambre d’Assemblée et, après l’expiration de son mandat à la mairie, il ne siégea plus au conseil municipal.
En 1837, pendant que les exigences réformistes se faisaient plus pressantes, Morrison continua de jouer un rôle important dans les affaires publiques, spécialement à l’Assemblée. En tant que membre du groupe radical, toutefois, il commençait à hésiter. Il participa à la réunion des réformistes qui fut tenue à la brasserie de John Doel* en juillet et il appuya la proposition faite par Mackenzie de féliciter les réformistes du Bas-Canada. Non sans hésitation, il signa ensuite la déclaration réformiste qui avait été rédigée au cours de cette réunion et il devint membre du Central Vigilance Committee. Il présida une seconde réunion tenue à la brasserie de Doel en octobre, mais cette fois il refusa de soutenir Mackenzie dans son projet de révolte.
À l’instar de plusieurs réformistes importants de la ville, comme Rolph, Bidwell et William Warren Baldwin (de qui, probablement, il prenait conseil), Morrison était peu disposé à participer ouvertement au projet de Mackenzie qui voulait lever des troupes dans les campagnes et marcher sur Toronto. Selon Charles Lindsey*, il « resta chez lui » durant la tentative avortée de soulèvement. Après l’effondrement de la rébellion, il fut néanmoins arrêté par la milice le 6 décembre et, n’étant pas admis à caution, il demeura en prison jusqu’au moment de son procès, le printemps suivant.
Le procès de Morrison pour haute trahison s’ouvrit le 24 avril 1838 dans une atmosphère assombrie par l’exécution de Samuel Lount* et de Peter Matthews*, qui avaient été pendus 12 jours plus tôt. En fait, Morrison luttait pour sa vie. Et sa défense, menée par Robert Baldwin, était rendue plus difficile par la preuve compromettante que constituait sa signature au bas de la déclaration réformiste de juillet 1837 et par les propos que Mackenzie tenait de l’autre côté de la frontière. Finalement, il fut trouvé non coupable, même si le jury s’enquit de la possibilité de le déclarer coupable de non-dénonciation de haute trahison, ce qui était un délit de moindre gravité. La perspective de subir un procès sous cette inculpation terrifia Morrison qui croyait, selon John Ryerson*, que puisqu’« ils étaient résolus à le détruire et qu’ils allaient y parvenir, il était préférable pour lui de partir comme M. Bidwell l’avait fait ». Le 29 avril 1838, il quitta Toronto pour les États-Unis.
Morrison passa cinq années en exil ; il s’établit dans le nord de l’état de New York, près de Batavia, où il fut en mesure de pratiquer la médecine après un certain temps. De toute évidence, toutefois, il n’était pas heureux et il caressait le projet d’aller s’installer dans le Michigan. En 1843, après la promulgation de l’amnistie par le gouvernement canadien, il retourna à Toronto où il se refit une clientèle. Contrairement à Rolph et, plus tard, à Mackenzie, il ne chercha pas à reprendre la vie publique. Il se consacra à sa carrière médicale ; il fit partie de conseils d’administration d’hôpitaux et donna des cours à la Toronto School of Medicine fondée par Rolph. En 1851, la lutte menée par Rolph contre la faculté de médecine de l’University of Toronto [V. Christopher Widmer] valut à Morrison d’être nommé au nouveau Médical Board of Upper Canada. Il mourut de paralysie à sa maison de la rue Adelaide, le 19 mars 1856.
La carrière politique de Thomas David Morrison était inextricablement liée au sort du mouvement réformiste qui fut écrasé dans la province en 1837. À l’apogée de sa vie publique, en 1836–1837, il joua un rôle qui, sans être capital, s’avéra important dans la tournure des événements. Il fut un honnête soutien pour les grands hommes dont il était entouré et qui, contrairement à lui, poursuivirent leur carrière politique après la défaite subie en décembre 1837.
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Victor Loring Russell, « MORRISON, THOMAS DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/morrison_thomas_david_8F.html.
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Auteur de l'article: | Victor Loring Russell |
Titre de l'article: | MORRISON, THOMAS DAVID |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 22 déc. 2024 |