POWELL, GRANT, médecin, chirurgien, officier de milice, fonctionnaire, juge et juge de paix, baptisé le 30 mai 1779 à Norwich, Angleterre, troisième fils de William Dummer Powell* et d’Anne Murray ; le 1er mai 1805, il épousa Elizabeth Bleeker (Bleecker) d’Albany, New York, et ils eurent quatre fils et six filles ; décédé le 10 juin 1838 à Toronto.

Grant Powell fit ses études en Angleterre puis on le plaça comme apprenti chez un chirurgien de Norwich. À la fin de son stage, écrivit l’une de ses tantes en 1799, il « ne comprenait pas suffisamment sa profession pour être de quelque manière indispensable » à son maître et avait £80 de dettes. L’incompétence et la dilapidation allaient marquer toute sa carrière. Sa famille, malgré ses relations, ne parvint pas à le placer dans l’armée britannique et son père, juge dans le Haut-Canada, ne put rien obtenir pour lui ni dans sa province ni dans la voisine. Powell partit donc pour les États-Unis, où il tenta sa chance à plusieurs endroits avant de commencer, en avril 1803, à pratiquer la médecine à Stillwater, dans l’état de New York. Ce ne fut pas un succès, et il s’endetta encore lourdement. À 30 ans, notait sa mère, il était « le seul [de ses] fils à avoir encore besoin de conseils ou d’assistance ». Sa belle-famille refusait de l’aider et son père ne lui trouvait toujours pas de poste. Il songea à s’installer à Albany ou à York (Toronto), mais ses projets échouèrent.

En 1810, Powell abandonna son cabinet et partit pour Montréal, où la mort d’un médecin (probablement Charles Blake*) lui offrit bientôt l’occasion de se tailler une place. Plein d’espoir et promettant d’être prudent, il commença à exercer et, en mars 1812, on le nomma examinateur en médecine du district de Montréal. Lorsque la guerre éclata, en juin, il quitta Montréal et, plus tard au cours de l’été, probablement sur la recommandation du major général Isaac Brock*, il devint chirurgien suppléant de la marine provinciale à York. À la première prise d’York par les Américains, en avril 1813, on pilla sa maison, et à la deuxième, en juillet, lui-même et John Strachan* agirent à titre de porte-parole civils de la ville investie, que les Britanniques avaient quittée. Powell demeura chirurgien suppléant tout au long de l’hiver mais perdit son poste lorsque, par suite du remplacement de la marine provinciale par la marine royale, des médecins militaires britanniques arrivèrent dans le Haut-Canada. Durant le reste de la guerre, il servit à titre de chirurgien dans le Volunteer Incorporated Militia Battalion.

En mai 1813, donc pendant les hostilités, le père de Powell parvint finalement à l’aider en obtenant pour lui le poste de greffier de la chambre d’Assemblée, assorti d’un salaire annuel de £250 ; en avril, il avait été nommé official principal (juge) de la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments. Nommé juge de paix l’année suivante, il devint en 1818 juge d’un tribunal de district. Au fil du temps, il appartint à plusieurs bureaux, commissions, conseils et sociétés. Selon sa mère, il « refusait » d’exercer la médecine depuis février 1818, mais il demeura lié à sa profession en tant que membre du Médical Board of Upper Canada (1819–1838) et du conseil de l’hôpital d’York (1821) ainsi qu’à titre d’officier de santé d’York et des environs (1832–1833). Il s’intéressait avant tout aux charges publiques et à la vie politique. En 1827, il quitta son poste à l’Assemblée pour devenir greffier du Conseil législatif, charge qu’il conserva jusqu’à sa mort. D’allégeance tory, il appuya en 1828 l’élection de John Beverley Robinson* et en janvier 1830 la candidature du shérif William Botsford Jarvis*, qui avait épousé sa nièce.

En 1819, à l’âge de 40 ans, Grant Powell semblait enfin installé et envisageait l’avenir avec optimisme. Cependant, il avait à faire vivre une famille de plus en plus nombreuse, et l’argent lui filait toujours entre les doigts, peu importe la somme dont il disposait. En 1826, l’Assemblée refusa d’augmenter son salaire, ce qui fut un dur coup. Son père craignait qu’il n’ait « hypothéqué son avenir » et nota alors que le versement des arriérés de sa demi-solde de chirurgien dans la milice constituerait pour lui un « secours appréciable ». Toujours aux crochets de son père, Powell faisait des prélèvements sur son héritage et lui demandait de l’aide pour ses enfants. Ce furent peut-être son sentiment d’échec et ses constantes inquiétudes financières qui firent de lui un quinquagénaire « intolérable, sarcastique et hautain », comme le disait sa mère à son frère. Powell devint irascible et très pointilleux sur les égards qu’on lui devait : en 1837, il démissionna du conseil du King’s College après avoir vu son nom inscrit à la suite de ceux de membres nouvellement nommés. À la même époque, il critiqua le lieutenant-gouverneur sir Francis Bond Head*, ce qui « l’exposa à l’indifférence et à l’incivilité », écrivit plus tard sa mère. Sa mort laissa sa famille dans une pénible situation financière. Son fils William Dummer, appuyé par le juge en chef Robinson, demanda qu’on le nomme greffier du Conseil législatif et sa veuve voulut toucher une pension, mais ni l’un ni l’autre ne furent écoutés.

Geoffrey Bilson

Academy of Medicine (Toronto), ms 137 (délibérations du Medical Board of Upper Canada, 1819–1848).— AO, MU 1532 ; MU 1537 ; RG 22, sér. 94, 2 : 208 ; sér. 155.— APC, RG 4, B28, 47 : 272–275 ; RG 5, A1 : 19098–19100, 70543, 108854–108855 ; C1, 2, file 291 ; 6, file 603 ; RG 8, I (C sér.), 84 : 221–222, 228–229, 248–249 ; 1168 : 292 ; 1717 : 65 ; RG 19, E5(a), 3745, claim 335 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 64, 74, 182, 219.— MTRL, W. D. Powell papers.— Norfolk Record Office (Norwich, Angl.), Archdeacon’s transcript for Norwich, St Clements, reg. of baptisms, 30 mai 1779.— Arthur papers (Sanderson), 1 : 195–196.— H.-C., House of Assembly, App. to the journal, 1839, 2, part. ii : 844.— [Anne Murray] Powell, « Letters of Mrs. Wm. Dummer Powell, 1807–1821 », Janet Carnochan, édit., Niagara Hist. Soc., [Pub.], no 14 ([1906]) : 1–40.— Select British docs. of War of 1812 (Wood), 1 : 397 ; 2 : 190–193.— Town of York, 1815–34 (Firth).— Patriot (Toronto), 12 juin 1838.— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology (1967).— Chadwick, Ontarian families, 1 : 32–34.— Toronto directory, 1833–1834 ; 1837.— R. J. Burns, « The first elite of Toronto : an examination of the genesis, consolidation and duration of power in an emerging colonial society » (thèse de ph.d., Univ. of Western Ontario, London, 1974).— Canniff, Medical profession in U.C., 559–562.— W. G. Cosbie, The Toronto General Hospital, 1819–1965 : a chronicle (Toronto, 1975).— A history of Upper Canada College, 1829–1892 ; with contributions by old Upper Canada College boys, lists of head-boys, exhibitioners, university scholars and medallists, and a roll of the school, George Dickson et G. M. Adam, compil. (Toronto, 1893), 52.— W. R. Riddell, The life of William Dummer Powell, first judge at Detroit and fifth chief justice of Upper Canada (Lansing, Mich., 1924).— Robertson’s landmarks of Toronto, 1 : 188–189, 193 ; 3 : 288.— Scadding, Toronto of old (Armstrong ; 1966).— F. N. Walker, Sketches of old Toronto (Toronto, 1965).

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Geoffrey Bilson, « POWELL, GRANT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/powell_grant_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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